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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
30 juin 2012

L’ENVOÛTEMENT DES CASSE-COU par Joe Krapov

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A la consultation médico-psychologique, dans un des immeubles qui entourent la dalle Kennedy à Rennes, M. et Mme Becdelièvre assistent, quelque peu dépassés, à ce dialogue entre la doctoresse et leur fils Kevin pour lequel ils sont venus. L’enfant, quelque peu agité, couvert de sparadraps, de griffures et de mercurochrome sur les genoux et les coudes , ne cesse de se tordre les bras au-dessus de la tête pour poser devant chacun de ses yeux un cercle constitué de son pouce et son index joints. Ca lui fait une paire de lunettes et une belle tête de débile, d’autant plus qu’alternativement il tire la langue, sourit béatement, fait d’atroces grimaces avec sa bouche.

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- Tu dis qu’il y a une voiture au-dessus du lac ?
- Oui, c’est une voiture bleue Spécial Deluxe immatriculée US 1941. Avec Papa, maman et oncle Steve à l’intérieur.
- Ni mon épouse, ni moi, intervient le père, n’avons de frère prénommé Steve ou Stephen ou Stéphane !
- Ce ne sont pas ces parents-ci, continue Kevin, c’est mon autre père et mon autre mère. Maman a un chapeau et papa à l’arrière passe sa tête dehors et me regarde. Je ne sais pas comment il font : l’auto est trop petite pour eux ! C’est une Chevrolet. Elle vole au-dessus du lac et ils sourient tous les trois. Plus tard, moi aussi je veux devenir pilote de stock-car !

MIC 2012 06 25 B Le lac

 

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- Il y a bien une photo de lac dans sa chambre mais il n’y a aucune voiture à voler au-dessus. Juste une barque attachée à un ponton ! commente la mère.

- Est-ce que tu sais où ils vont ainsi, tes autres père et mère et ton oncle Steve ?
- Ils vont voir Mémé qui est dans son assiette.
- Tu veux dire qui n’est pas dans son assiette ?
- Si, elle est dans l’assiette, assise sur un fauteuil avec des accoudoirs noir. On dirait qu’elle chante ou qu’elle danse ou qu’elle sourit, ravie, à celui qui vient de lui offrir la montre qu’elle porte au milieu du bras.
- Ma mère n’a jamais eu de montre, se défend le père.
- Et la mienne ne se fiait qu’à l’horloge du salon ! ajoute la mère
- Peux-tu m’en dire plus, Kevin ? C’est très important, tu sais ?

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- Non, parce qu’il va falloir que j’aille me coucher ; le soleil se décline sur la ferme de Jackie Blue dans les Lowlands !

- Tu es sûr ? Les Lowlands ? Où est-ce que ça se trouve ce pays ?
- Ben, près de Cobblestone mountain, c’te question ! Là où oncle John élève des poulets ! ne regarde pas en bas, qu’il dit tout le temps, et tiens bien la corde sinon les huit casse-cou vont tomber dans le lac !
- Vous savez docteur, si vous continuez à le laisser causer, il va aussi vous parler des hommes de la terre, de leurs trois chevaux et de la fusée ! intervient Maman Becdelièvre.

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- C’est sûr ! confirme Kevin. Ils viennent après dans l’ordre chromo-chronologique : Il y a de la brume dans le champ, ce doit-être le matin, et des charrues non attelées encore aux chevaux. Le premier homme ressemble à Popeye mais sans les muscles. L’autre, avec sa corde, il fait peur un peu. Mais ce doit être de bons zigues parce qu’ils prêtent leur charrette aux risque-tout de la montagne.
- Qu’est-ce qu’ils font dans le champ ?
- C’te question ! Ils attendent le vaisseau spatial ! Moi aussi un jour je le prendrai, dans l’autre sens pour aller au pays du patchwork à l’écusson. Le vaisseau d’Orion me déposera là-bas. Il y a ma soeur jumelle qui m’y attend avec le carré rouge de plastique souple. Elle m’a promis qu’on voyagerait au centre de mon cœur et qu’on s’établirait à Sensass City !

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- C’est bien, Kevin, tu peux t’arrêter de faire des grimaces et de nous raconter ces choses que tu vois chaque nuit. C’est quoi le livre que tu as amené avec toi ?
- C’te question ? C’est mon atlas de géographie des Zétazunis !

***

L’enfant est sorti hors du cabinet médical avec son père. La mère interroge :

- Vous en pensez quoi, docteur ? Lui qui était si tranquille, toujours à lire calmement, à écouter de la musique ou à dessiner, le voilà qui grimpe partout, qui court, qui saute sans faire attention à rien autour de lui depuis qu’il a ces… visions ?
- Il va falloir que je me documente. J’ai une piste mais j’ai des vérifications à faire auprès d’un collègue à l’Hôpital Sud. Ne vous inquiétez pas : il n'y a rien à craindre de la vie. Il y a juste tout à comprendre. Vous pouvez me confier l’enveloppe avec l’adresse que vous avez trouvée dans sa chambre ?
- Je ne sais pas si c’est lié, mais ça nous a semblé bizarre, qu’il envisage d’écrire là-bas. Voyez, cette adresse : OMD 4218 Main Street Kansas City Missouri Zuhessa. On ne connaît personne, nous, au Zuhessa !
- J’ai votre n° de téléphone. Je vous rappellerai dès que j’ai du nouveau.
- Merci docteur. Nous vous devons combien ?
- Rien pour l’instant.

***

- Allô ? Madame Becdelièvre. Ici le Dr Robert, Sylvie Robert, du Centre médico-psychologique. Je vous rappelle à propos de Kevin.
- Oui ? Vous avez trouvé quelque chose ?
- Oui. Kevin a été envoûté par une diablerie des montagnes d’Ozark en Amérique du Nord.
- Une... diablerie ?
- Contre ce genre d’ envoûtement, il n’y a qu’un seul remède.
- Et c’est ? Allez-y, je vous écoute, quoi que vous demandiez, on le fera.
- Inscrivez-le à l’association de danse country de la Maison de quartier de Villejean.
- Kevin ? Danser ? Ce n’est pas son genre !
- Détrompez-vous, ça va lui faire un bien fou. Ses symptômes disparaîtront. Et aussi… Il faudrait vous débarrasser des disques des Ozark Mountain Daredevils !
- Des quoi ?
- C’est en écoutant cette musique des "Casse-cou de la montagne Ozark" que Kevin a attrapé la maladie. Il ne faut pas qu’il recommence !

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- Ecoutez… C’est une histoire de fous, je ne comprends pas. On n’a que du Benjamin Biolay et du Keren Ann, comme disques, à la maison ? A moins que…
- Il faudrait qu’on sache où il s’est procuré le disque souple rouge en acétate. Mon collègue est très intéressé. Il est prêt à vous le racheter car ils ne l’ont pas mis à l’intérieur dans la réédition en CD-audio.
- Vous parlez de disques vinyles ? Mais alors, elle va m’entendre, tatie Danielle ! Je crois que c’est chez elle que Kevin écoute des vieilleries. Elle a plein de disques des années 60 et 70 et une platine qui marche encore.
- Ne cherchez pas plus loin. Inscrivez le à la danse country ça le laissera dans l’ambiance et lui évitera d’écouter ce groupe. Et n’oubliez pas mon collègue ! Si elle vend, la Tatie, il est preneur ! Plus que jamais !

Ami(e)s lecteurs et lectrices, ne visionnez pas vous non plus cette vidéo-ci ou vous serez également envoûtés comme Kevin et comme moi par ces diables d’Américains !

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29 juin 2012

Le petit bal perdu mais pas pour tout le monde (Joe Krapov)

Le mot « miroir » a mis son huit-reflets tout noir...

Mais qui voudrait danser avec huit fois soi-même ?

Le mot « anthropophage » se cache derrière un loup.
C'est sûr, ça a de la gueule...
Mais qui se jettera, blottira dans ses bras qu'il a grands
Autant que Mère-Grand ?

Le mot « tomate » a pris sa canne à pommeau d'or
Mais il est si timide qu'il se cache derrière afin de mieux rougir !

Le mot « sucre » a vêtu sa robe d'organdi
Mais cette bête rave est interdite aux travelos
Alors il fond tout doucement d'amour qui boit la tasse pour le café qui fume en lisant le canard

Plus tard, à la buvette, coiffé de sa chapka,
Le mot « scooter » noie son chagrin dans la vodka :
Personne n'a dansé sur sa musique d'enfer
C'est le bal le plus triste qu'il ait jamais animé.
Où sont les blousons noirs, les chaînes de vélo et les bastons de Colombey-le-Bal tragique ?
Oui vraiment c'est la crise on n'est plus à la fête !

Quand, soudain, « cotillon », « java », « langue de belle-mère », « paluches », « Apache », « ampli » se pointent à l'entrée. Le petit Robert Larousse, videur vidé, va donc, les laisse pénétrer, - il est passé minuit – et tandis que « citrouille », « carrosse », « pantoufle », « vair », « bling-bling », « aristocrate » et « chanteuse à voix molle » s'en vont à l'horizon vers leur vestiaire antique voici que « tequila », « tango », « boogie-woogie », « gisquette », « keupon », « picrate », « bibine », « guinche », « lampion » « tchikipoum » et « flon-flon » ne se font pas prier pour mettre sans chichis l'ambiance, le bazar, le torride, et l'humain sans minceur dans la roulotte du suave.

Et tant pis si demain on ne trouvera plus sous sa casquette de plomb ni ses mots ni ses fringues : cela aura été une belle fête impromptue, un beau défi de vie, quelques moments perdus d'égarement des mains et de nouement des langues, d'oubli des maux, sans abus, de fait.

Un petit bal perdu mais pas pour tout le monde !

28 juin 2012

ETUDE CLINIQUE par Joe Krapov

- Comme tu me vois, Loreille, je suis assez déprimé aujourd'hui.
- Ah bon ? Et pourquoi cela, Lardu ?
- Jamais je ne serai chanteur de reggae adulé à la Jamaïque !
- Toi qui habites rue des Merlus, tu es plus marlou que Marley ?
- Jamais je ne jouerai au tennis contre Jimmy Connors !
- C'est vrai que ça c'est plutôt déso-ro-lant et méga-rosse !
- Jamais je ne ferai de jam-session avec Jimmy Page !
- « Let the spleen come in » chantait déjà Baudelaire !
- Jamais je ne jouerai en duo avec Jimi Hendrix
- Certes le prodige est mort mais tu feras d'autres expériences !

MIC 2012 06 25 le-signe-des-gemeaux

- Jamais je ne saurai lequel des deux gémeaux est Castor et lequel est Pollux !
- Ils ne sont pourtant pas difficiles à différencier : Castor a une queue plate et deux incisives proéminentes alors que Pollux a un accent anglais qui enchante près du manège !
- Jamais je n'aurai de frère jumeau qui habite Longjumeau !
- Rien n'est perdu : tu as peut-être as-tu un sosie de Strasbourg qui pédale dans la choucroute ? Ou une sœur jumelle quelque part avec la courroie et l'étui ?
- Jamais je n'aurai vu Marilyn Monroe en pyjama.
- N'aie aucun regret, elle n'en portait pas. Enfin, du coup, si, tu peux avoir des regrets !
- Jamais, tu ne t'arrêteras de faire des commentaires sur mon mal-être ?
- Non ! J'écris un article sur toi.
- Un article ? De quel genre ?
- Médical. Il sera peut-être publié dans le prochain JAMA.
- Et quel en sera le titre ?
- « De l'influence du « Lac » de Lamartine et du « Où est-ce que j'ai mis mon flingue » de Renaud sur les gémissements de douleur de la personnalité borderline ».
- Aaaargh !
- Qu'est-ce que tu as ?
- Ton projet m'achève ! Je meurs !
- Cause toujours ! Ca, ça n'arrivera jamais !
- Pourquoi ?
- Nous autres, les personnages de fiction, on est immortels !

24 juin 2012

LE SECRET DE L'HALLA-LIT-CORNE par Joe Krapov

HALLALI 01

 

HALLALI 02- Waoh ! Quel pied ! Alors ? Heureuse ?

- Oui, très heureux. Et toi, heureux aussi ?

- Oui, très heureuse !

Il s'agit ici, allez savoir pourquoi, d'un dialogue entre deux escargots après l'amour. Ne l'oubliez pas avant de marcher sur leur coquille : les escargots sont hermaphrodites.

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HALLALI 04

- C'était très bien... sauf que sur la fin, j'ai bien senti que tu tirais la langue un peu !

- C'est à cause de la musique. Trop molle, trop émouvante. Quand c'est joli comme ça, j'ai le cœur qui bat fort, j'ai plus trop la tête à ce que je fais.

- Pas que la tête. Mais arrêtons de parler de cul. D'ailleurs il va falloir qu'on lève les nôtres. Tu n'oublies pas qu'on doit aller à l'enterrement de la feuille morte ?

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HALLALI 06

- Oh flûte ! Je l'avais oubliée, celle-là ! On y va comment ? A vélo ? Parce que moi, chéri-e, après cette séance de radada, je ne suis pas en état d'y aller ventre à terre.

- On pourrait aller prendre le train à la gare. Du coup, au lieu de parler de sexe, on parlerait de Chaix ! C'est vrai que j'ai beaucoup aimé quand tu m'as fait le coup de la brouette auvergnate !

HALLALI 07

 

HALLALI 08

- C'est une technique que j'ai apprise en lisant « Les Pensées de Pascal ». Il paraît que c'est lui qui l'a inventée !

- La position ?


- Non, la brouette !


- En même temps, est-ce qu'on ne pourrait pas envoyer juste nos condoléances par mail ?


- T'as peut-être pas tort, Totor ! Même si on avait une Jaguar, je suis sûr-e qu'on arriverait en retard, à c'te sépulture !

HALLALI 09

 

HALLALI 10

- Ne critique pas ma façon de conduire ! Je suis prudent, c'est tout ! Je connais la chanson : « Poussez poussez l'escargot late » mais on a vite fait de se faire marcher dessus aujourd'hui avec tous ces gens pressés. Et puis il faut voir comment tu remplis le coffre même quand on part pour trois jours. J'en ai plein le dos d'emporter toujours la maison avec moi !

- L'idéal, ce serait de prendre l'avion pour répondre à l'appel de la feuille morte mais j'ai toujours peur qu'on se ramasse.

HALLALI 11

 

HALLALI 12- Je me souviens, il y a très, très longtemps, avant que je ne fasse ta connaissance, mon moyen de transport préféré, c'était le mammouth !

- Le mammouth ? Ce n'est pas dangereux, ça ?

- Il suffit de bien savoir s'y prendre ! La nuit, quand le mammouth est endormi, tu vas te coller sur une de ses défenses. Après ça, qu'est-ce qu'il peut faire contre toi ?

- Mais dis donc ? Les mammouths... T'as connu l'âge de glace, toi ? Ca expliquerait un peu ta baisse de rythme sur la fin du coït et le fait que tu pratiques si souvent l'amour à la papa !
- Oui, bien sûr, il n'y a peut-être plus la vigueur mais on sent bien l'expérience acquise au fil de temps, non ?
- Quand même... L'âge de glace... Tout ce qui s'est passé depuis...T'as dû en baver, non ?
- Pas tant que ça. Quand on a un côté boy scout, toujours prêt...Ça te dirait qu'on remette le couvert avant d'y aller ? Tant qu'à faire d'être en retard à la drôle de fête à Prévert, autant avoir une raison valable, non ?
- Si tu veux. Mais alors change le MP3 dans le Gastéro-Ipod.
- OK, après on passera par le jardin du voisin. Cet idiot a encore versé un litre de bière belge dans des pots de yaourt !
- Quel gâchis pour lui, quelle aubaine pour nous ! Surtout que l'info selon laquelle on se noierait dedans quand on est pompette, c'est complètement fictif !
- Eh oui, c'est comme la camomille de Toutânkhamon !
- T'as connu Toutânkhamon, toi ? Ben tu pouvais parler, tout à l'heure, sur mes capacités en matière de bandelettes : t'es pas un perdreau de l'année non plus !
- Allez, tais-toi et garde la cadence ! C'est au pied du murmure qu'on voit le colimaçon.
- OK, je m'applique.

Un long silence baveux puis :

- C'est de qui cette musique ?
- Un nommé Jibhaine.
- Il faudrait leur dire aussi aux humains que jamais la haine ne cesse par la haine : les petites pilules bleues qu'ils sèment à notre intention...
- ...on le sait bien que ce n'est pas du Viagra !
- Nous, l'un dans l'autre, on n'a pas besoin de ça ! Et leur chanter qu'on a pour la vie, et pour eux, les beaux yeux de Chimène : « Va, je ne te hais point ! »

Tou(te)s les deux poussent un long spi-râle d'extase et le lecteur-la lectrice de ce texte comprend pourquoi j'écrivais la semaine dernière qu'il valait mieux ne pas parler de l'homme qui a un ascendant en scorpion !

22 juin 2012

Microcosmos (Joe Krapov)

 

- Alors ? Heureuse ?

- Très heureux ! Et toi, heureux ?

- Très heureuse ! *

 

 

* Ne l'oublions pas, les escargots sont hermaphrodites.

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15 juin 2012

COURE A CLOCHE-PIEÏ : ZERO ! par Joe Krapov

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120527 136Le 29 mai dernieu la patronne et mai on allit bourlinguer dans la campaigne avec tout un troupiao de villotins comme nous. Un rallye, qu'on appeleu ça. Ce sont un arrachou d'dents et des ensegnous de Rennes qui organisent cet arpentaige de coins perdus de la Haute-Bertaègn. On se véhiculit avec nout' chârte jusque Broualan, au-dessus de Combourg, le villaige de Chateauberiand.



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Ma bounefame et mai, on nous collit dans l'équipe des « mignons troglodytes ». C'est pas qu'on marchit dans la grotte la darnière fois qu'on fut à Lourdes, c'est juste que c'est le nom d'un moiniao de par ici qui fait son fricotaige, son ménaige et son tapaige dans les bosquets du voisinaige. On posit des questions pour savair le nom de l'église, où ce que nichaient les cinq piscines du bled mais ni la servouze du bar, ni la coiffouze ni le plombier-zingou ne surent nous conteu où c'qu'était la plus longue avenue de Broualan.

 

 

 

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Tant pis ! Le troupiao s'ébrouit et une longue file de jouvenciaos forts en goule et de spécialistes du bavardaige s'allongit su' le chemin qui nous menit à la forêt. Ce fut un biao voyaige ! Le solai était d'la partie et toute la compagnie coiffit bientôt de biaos capiaos. On comparit son ramaige avec son piumaige, on batifolit et restit saige pendant un certain kilométraige. Au bout d'une heure, on entrit dans un bouès d'ormiaos. Et pis ao midi , ça gourgoussit là-deden ! L'heure de roûcheu ! On pique-niquit au bord de l'iao, près de l'étang de la Pompe.


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Ah la la ! Les bons bervaches avec lesquels le galipaod accompagnit les tours de pain, le viao fret, la paire et le fromaige. Ah le baio partaige. On bezit une darnière boléed'cidr' pour la route et à partir de là tous les arpentous eurent de l'abattaige ! Après le déshabillaige – pas pour le badinaige ou le mraivaudaige , juste que « i f'sait ti chaod d'un coup ! » –on traversit un ruissiao qui faisait barraige, on glissit dans la forêt sur un passaige pentu, sur un chemin bouillonouz, on cherchit le moine au moulin pis on arrivit au chatè du Landal. C'est là que je participis à la coure à cloche-pieï ! Veuridique !


A mi chemin, je renfilis ma choqe, nouis le laceu mais en repartant je me ramassis la goule de tout mon long, m'écorchis la piao, me cognis le g'nou et les coudes et c'est tout juste si je n'eus pas la cheminze en lambiaos et des bosses au visaige ! Quel sabordaige ! Coure a cloche-pieï : zéro ! Ah le nochu !

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Il n'empêche, malgré cette mésaventure, lorsqu'on dépouillit les questionnaires, le sair, à Combourg, au restaurant « le Romantic », grâce à la fable que j'aveu écrite et que je contis, nous autres les troglodytes mignons, on était les permiers ! Hissez les drapiaos, allumez les flambiaos ! A nous le tropheu !

Depuis, et jusqu'à l'anneu perchaine, je seus dépositaire d'une coupe véritablement hideuse qui trône au-dessus de mon buriao ! Et a c't'heure, je n'attends pus qu'une chouse : c'est d'y r'trourneu à la randonneu des étonnants baladous! Afin de perdre cette horreur, je seus prêt à accumuleu les zéros, quitte même à r'tombeu par terre, par la faute à Voltaire, les nasiaos dans le ruissiao, faute à Jean Jacques Roussiao !


« Je seus pas un zéro, mes faux-pas me collent à la piao ! »qu'y chanteu, Balavoine ! Mai, je rêve de retourneu en faire un de faux-pas ! D'y r'tourneu... au gallo !

13 juin 2012

COURS DE DESASTRAULOGIS par Joe Krapov

Le premier homme a le Soleil dans le cancer. Quand il a vu disparaître tous les fichiers musicaux du site ONMVOICE.COM, le premier juin dernier, il a failli verser une larme. Quelle sensibilité proche de la sensiblerie !

Le deuxième homme à la Lune en gémeaux. Quand il a vu que tous les fichiers musicaux de Joye, de Sebarjo, de Janeczka, de tiniak et Cartoonita avaient disparu du site ONMVOICE, il a dit : « Eh bien si c'est comme ça, je vais me remettre à l'aquarelle ! ». Quelle versatilité proche du versatilbury... Non, ce mot-là n'existe pas, on est juste obligé de dire, comme toujours, « proche du manque de sérieux ! ».

L'homme qui a le Soleil dans le cancer n'arrive jamais à faire son deuil de tout ce qu'il perd en chemin. Il entre dans les cimetières, transforme sa maison en musée, engrange des souvenirs qui le minent un peu, beaucoup, passionnément. Il se perd dans les plis du rideau du théâtre où il se joue des scènes.

Heureusement l'homme qui a la Lune en gémeaux ouvre tout, les livres, les yeux, les recueils de partitions, les pochettes des dévédés, les programmes de l'ordinateur... et les bouteilles ?

- Encore une larme, Joe Krapov ?, propose-t-il au premier.
- Merci, oui, je veux bien, Joe Krapov ! répond celui-ci en tendant son verre

La prochaine fois je vous parlerai de l'homme qui a l'ascendant en scorpion.

Quoique... Non, vaut peut-être mieux pas qu'on parle de celui-là ! Je vais d'abord prendre ma guitare et faire que l'homme au Soleil en cancer et l'homme à la Lune en gémeaux cohabitent amicalement dans ce même corps qui est le mien.

- Tu vas leur chanter quoi, Joe Krapov ? Le Soleil a rendez-vous avec la Lune ? » demande l'homme qui a Neptune en balance.
- Non, répond l'homme qui a Vénus en lion. « Mon amie la rose » !

C'est exact. Vous comprenez, maintenant, pourquoi ça fait du bien de sortir de chez soi et de photographier le monde en silence ?


8 juin 2012

Black et Mortimer (Joe Krapov)

DDS 197 061217_10bisIl prend quelquefois au soleil la lubie de briller, de brouetter, depuis les limbes, sa lumière au travers des brumes.
Ce timbré oblitère tout ! L'Ombrie, Rome, la mer, la Brière et aussi le pays des terrils où, tout môme, j'ai ouvert des mirettes en billes de loto sur ce monde où l'on touille, ou l'on trime, où l'on rouille, où l'on tue, où l'on meurt mais où l'on aime et chante et rime aussi.
 

Contre le feu de l'éclaireur chacun lutte pour ne pas brûler : Robert le couvreur sur le toit mouille sa tête d'un mouchoir, Gribouille dans la rue s'engouffre dans le métro et va cuire chez lui des tourtes dans d'immenses moules en un four déjà préchauffé.
 

DDS 197 060725_251La rivière, sans détour ni retour, roule ses claires eaux où se baigne une loutre.
Elle va en forêt se mettre bien au frais, coincer la bulle dans un coin de verdure, écouter le roitelet qui lance du haut de l'orme un trille dont est ému plus d'un Milou tiré de chez Tim (1).


DDS 197 111020__018Moi je n'oublie jamais d'obéir à ce metteur en scène du spectacle du monde. Papillon attiré toujours par les sunlights, il y a belle lurette que j'aime à le voir luire.
Je vous fiche mon billet qu'au sortir du boulot, la bouille réjouie, je m'en vais militer pour tous les éclats d'or qu'il met à nos automnes, tous les jeux sans limites que son rayon imbu calcule avec le sombre.
 

DDS 197 reflets 2Et c'est dans ces églises, entourées par ici par les tombes des morts, que je viens recueillir sans bruit dans mon béret l'obole d'Ombre et de Lumière.
Brimée par le vitrail qui ne la laisse entrer que fragmentée ou transformée, limitée par le bleu et les autres couleurs sur les manteaux des saints, elle s'embrume et fait son trou au carrelage, moulue d'avoir perdu à cette loterie.

 

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Pour moi, c'est dans la boîte, dans le boîtier plutôt !
Lors je gagne la route au-dehors qui flamboie.
L'intérieur des églises me fout toujours la trouille : on s'y meut en silence sous l'œil des Saintes-mères et des statues d'évêques à la mitre mitée obèrent ma conscience.

 
 

Dehors, illimité, libéré de tout boulet, aux orties, aux bleuets et aux morilles même, alors qu'on a dit « Gare... » (2), d'une voix de rémouleur pas toujours affûtée, je puis lancer mes folles bluettes, me faire ouïr par les louloutes, les brus, les rombières et me brouiller même avec elles au prétexte que je les broute ! Ouille ! Ouille ! Non, les filles, on avait dit « pas les coups de boule » ! C'est malin, vous avez chargé la mule avec vos coups de pieds dans les tibias, maintenant je boite !
 

DDS 197 piliersTrouble troubadour d'outre-tombe, je vais ainsi souvent de l'ombre à la lumière et j'y retournerai, sous la motte de terre que vous appelez tombe.
Mais... à chacun son tour !
Oui, j'ai ça quelque part dans ma ligne de mire mais pour ce genre d'embrouille, pour ce brouet infâme, ce n'est pas demain la veille que j'irai poireauter à la billetterie.


En vérité, je vous le dis ! Fiat Lux, encore et toujours !

Et même, comme dit Florent Fouillemerde, Fiat Panda !
 

DDS 197 fiat lux


(1) En allemand, Tintin et Milou deviennent Tim et Struppi. J'ai fait un mix des deux, mon objectif caché étant d'insérer dans ce texte plus de cent mots-anagrammes composés avec les lettres de « OMBRE ET LUMIERE ». Et ces deux-là collaient bien. Zut, mon objectif est révélé, je me suis trahi !

(2) « Gare aux morilles », c'est de qui déjà ? Gotlib, encore une fois, sans doute ! Ou Jean Yanne !

7 juin 2012

Monkey sur la commode par Joe Krapov


l_armee_des_12_singes,4- Tu sais, Loreille, Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais il y a aussi tout un tas de vieux trucs que nous ignorons. Par exemple nous pouvons faire signe avec un singe. 

- Avec un singe ? A quoi tu songes ?

- C’est une anagramme parfaite. Singe, signe. Le film de Terry Gillam peut donc être rebaptisé « Le zodiaque ».

- Ding ? Dong ????

MIC 2012 06 04 niagara-poster- Ben oui, le zodiaque, c’est l’armée des douze signes ! On ignore aussi que « macaque sent toujours me hareng » et que « Y’a gibbon, gibBanania ». De plus moi j’ai toujours cru, à cause de la chanson de Pierre Vassiliu, « Il était tard ce samedi soir », que Cheetah était une guenon. Or quand elle est morte en 2012 on m’a révélé que c’était un mâle. Est-ce qu’on a le droit de recommencer sa vie quand c’est comme ça ? Quand on a vécu plein d’années en prononçant Niagara « Nyagara » à la place de « Nayagara », on devrait avoir le droit de revenir au début, non ? On appellerait ça le parachute du Niagara, un truc doré qui t’empêcherait de tomber de trop haut. Revenir dans sa peau de vingt ans avec ce qu’on a dans la tête à cinquante.

- Ping ? Pong???

MIC 2012 06 04 voiture assiégée par les singes- Oui, je sais, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. Ce serait comme sur la photo où une bande de singes a dévalisé la galerie d’une jeune femme coincée dans son auto et éparpillé le linge autour de la voiture. La première chose qu’on irait (re) faire ce serait de coller notre nez dans les dessous des filles. On y peut quelque chose si ce qu’elles se mettent dessus nous mettent au trente-sixième dessous ?


MIC 2012 06 04 un_singe_en_hiver,1- String strong ! Est-ce que l’amour du linge descend du singe en hiver, Lardu ? Qu’est-ce qu’on y peut si le Mongol aime les vases Ming et Tinguely porte des tongs ? Why is Sing Sing the name of the song ? Claude Nougaro is in the jailhouse now ! Things are so ! Is that wrong ?

- Ça, je l’ignore. Tu reprends un verre de cabernet, c’est de l’Anjou !

- Le cépage de l’Anjou réjouit le sapajou ! Gin ! Gong ! Et l’avion tourne comme un fou en rogne sur le ring. T’as trouvé le dernier ?


MIC 2012 06 04 Le gorille vous salue bien- Le dernier ? Wings ? Yi-king ? Hong Kong ?

- Non, King Kong, Lardu !

- Tu me fais un drôle de cinéma avec ton dictionnaire de rimes toi aujourd’hui !

- C’est un dictionnaire du diable cinéphile ! Le gorille vous salue bien !

- Avec Bing Crosby ?

- Bong !

Devant tant d’inculture, Loreille préfère s’évanouir.

7 juin 2012

LONG MAY YOU RUN, FANNY OF LANINON ! par Joe Krapov

1

A l'aube sur le quai Guenon
Devant le gibbon
Chante la chanson,
La musique de mille nasiques
Et dans la tire fatidique

Jean Babouin notre mécano
Avec son turbo
Valant un magot,
Me rappelle Michel Vaillant
C'était le bon temps
Çui d'Laurent Outan (1)

Lemandrill (2), macaque dingue,
Joueur de whist, E.T.,
Dans le garage f'sait du gringue
A je n'sais quel loris,

Mais j'garde au coeur une souffrance
Quand les makis en légion
Cernaient en haut d'Recouvrance
Les filles de Laninon.

MIC 2012 06 04 voiture assiégée par les singes

2
La plus belle de Laninon,
Fanny Kersauzon,
M'offrit un klaxon,
Un klaxon de fantaisie
C'était elle ma bonne amie.

Elle fréquentait une auto
Remplie d' bonobos
En face du dépôt,
Quand je pense à ses pare-chocs
Je hisse le grand foc :
Ah ! Quelle belle époque !

Ah ! Fanny de Recouvrance !
J'aimais tes yeux malins
Quand ton geste plein d'élégance
Balançait des sagouins.

J'n'étais pas doré sur tranche
Mais les sapajous en feu
Tu venais m'voir le dimanche
En usant tes vieux pneus

3
A c't'heure je suis retraité,
Maître timonier,
Et, vieux chimpanzé,
Je fais le service des phares
Et j'écoute la fanfare

De la meute en son tourment
D'Monza jusqu'au Mans
Quand souffle le vent,
Ayrton Senna s'est planté
Pas du bon côté
Tout s'est écroulé.

Dans c'qui reste de Recouvrance
N'logerait pas un Sarko
Et Fanny ma connaissance
Est morte dans son auto.

J'n'ai plus rien en survivance
Et quand je bois un coup d'trop,
Je sais que ma dernière chance
S'ra d'faire un trou dans l'zoo
[variante : S'ra de changer l'delco].

(1) Laurent Outan : illustre inconnu dont la devise était « Outan en emporte le vent »
(2) Lemandrill : autre illustre inconnu qui était toujours joyeux

N.B. Ce texte est très, très, très librement adapté d'une chanson très très connue (enfin surtout connue de moi), « Long may you run », de Neil Young, une sorte de chanson d'amour dédiée à une voiture-corbillard dont ce vieux singe(r) se servait pour aller faire des grimaces sur scène à ses débuts. Accessoirement aussi il peut se chanter sur l'air de "Fanny de Laninon" mais je ne conseille à personne de le faire !

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