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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
30 août 2012

UN ECHEC DE ROULETABILLE (Joe Krapov)

 

DDS 209 110820_A_021

 

Il avait tant de charme, alors, le presbytère !
Et le jardin resplendissait d’un tel éclat !
La violette embaumait avec le seringat,
La dame en noir laissait un parfum délétère

 

 

 

DDS 209 verrou

 

 

 

Et dans la chambre jaune au mobilier austère
On fermait le verrou pour de troubles ébats :
Certaines joues souvent s’embrasaient d’incarnat,
Certaines éruptions rougissaient le cratère

 

 

 

 

DDS 209 Rouletabille

De ce chaudron torride où nous tournions en rond
Tandis que s’agitait ce reporter fécond
Désireux de venir à bout de tout mystère.

 

Jamais il ne trouva la clé de cette énigme
Car je l’avais cachée derrière ces trois stères :
« Tout se barre en sucette » était mon paradigme !

 

 

 

  DDS 209 stère réduit (MAP)  DDS 209 stère réduit (MAP)  DDS 209 stère réduit (MAP)

  

P.S. Dans certaines régions de France, trois stères de bois correspondent à une « sucette » et quatre stères à une « pile ».

         Vous serez gentil(le)s de me retirer les miennes en sortant !

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24 août 2012

Dernière station avant le désert numérique (Joe Krapov)

J’irai, sous la cabane au toit de maroquin

Ramasser quelques mots échappés de ses pages,

Quelques lettres perdues tombées de ses étages,

Le petit matériau qui fait le grand bouquin.

 

Je ne vous promets pas qu’il vaudra un sequin

Le sonnet qui naîtra de mon présent courage

Mais, fidèle à la scène, au public, au mirage,

J’essaierai d’endosser le manteau d’Arlequin,

 

Je ferai le Gugusse au violon famélique

Et frotterai l’archet sur la corde, comique

Ainsi qu’un cigalon engourdi par l’hiver,

 

Obligé de danser, de compter ses pas, ivre

Et de faire rimer peu à peu chaque vers.

Voilà, c’est terminé, Fourmi, je vous le… LIVRE !

DDS 208 livre-cabane (MAP)

 

21 août 2012

CONFUS PENDABLE par Joe Krapov

Je l'admets volontiers, la langue française est difficile, même pour ceux qui sont nés en France, qui ont été bercés de ses règles et nourris de sa musique depuis leur petite enfance.

Comme je fais partie de ces récipiendaires, je vais vous en donner l'illustration en prenant pour exemples quelques récipients d'eau.

On peut dire ainsi, pour commencer : « Le Bol d'or n'est pas ma tasse de thé ». Il faut déjà une certaine imagination, voire une certaine culture, pour comprendre que le sens de cette phrase est, grosso modo : « Je ne suivrai plus le vieux motard que j'aimais avec magnificence au Castellet à Magny-Cours. Mieux vaut tard que jamais, j'ai fini par l'admettre : notre amour est à bout de course, mon endurance aux épreuves a des limites : j'en ai eu Raz le bol jusqu'au bout des Seins, comme on dit dans le Finistère, de l'enduro du Touquet et des 24 heures que je supportais indûment. Qu'on ait des mots tôt ou qu'on ait des maux tard, il y a toujours un moment ou Honda assez. « Les histoires d'amour finissent mal en général et les sentiments s'usent » ; Uki, poète japonais, a écrit ceci au Xe siècle avant Kawasaki.

On remarquera aussi , lorsqu'on dit « Le Bol d'or n'est pas ma tasse de thé », que le bol en question ne contient aucune matière aurifère ni somnifère (bol, dors !) et que la notion de tasse de thé, chère à Marcel Proust, ma chère, peut ne représenter rien de précieux pour celui qui serait à l'instar de Balzac amateur de café et consommateur exclusif de ce breuvage !

MIC 2012 08 20 Grande jatte

Mais prenons un deuxième exemple. On peut dire également en effet, comme Seurat : « J'ai bu la tasse en me baignant à la Grande Jatte".

Il sied alors à l'homme d'esprit de répondre finement : « C'est pas de bol ! ». Cela ne nous donne pas pour autant la capacité de la tasse, puisque dans la rivière celle-ci n'a pas d'anse, ni celle de la grande jatte, ni celle du bol. Quand à celle du bassin où avaient lieu les jeux Olympiques de Londres cet été, notre envoyée spéciale, Mlle Laure Manaudou, personne pourtant réservée d'habitude, s'y est noyée, ainsi que dans le ridicule en éprouvant publiquement un orgasme de toute beauté lorsque son petit frère a remporté l'épreuve du 50 mètres. Ok, Laure, c'est l'or mais quand même, retiens-toi ! Un peu de contenance, si je puis dire.

 

 

A part cela et pour en finir avec le bol et la tasse, sachez cher(e)s ami(e)s étranger(e)s que la phrase suivante est tout à fait correcte : « J'aime lire Le Tasse à la Baule ».

Ajoutons encore qu'en cas de scène de ménage le fait de s'envoyer les pièces du service à café à la figure s'appelle par chez nous « jeu des soucoupes violentes ». Oui, je sais, ce genre de choses, UFO y penser !

MIC 2012 08 20 Grande roue

Apprenez qu'il existe des services spéciaux pour gauchers pour lesquels l'anse se situe à gauche de la tasse. Ils sont fabriqués par M. Allais, négociant d'Honfleur. Prévenez vos enfants également. S'ils décident de fabriquer une grande roue avec le service de tante Madeleine, ils ont intérêt à être bons architectes. Si tout s'écroule, si la nacelle chancelle, si la tasse casse cela va être une autre chanson. Si "chanter c'est honorer l'oxygène", comme dit Björk, ils vont se faire souffler dans les bronches !

Le temps me manque pour vous parler du mug et du mazagran. Je ne me sens pas trop dans mon assiette en ce moment et la dame qui m'offre le gîte, le couvert et des affinités en plus attend que je m'attelle à la vaisselle. Et ce n'est pas ici, pour une fois, une façon de souligner les ambigüités de notre langue : on s'attelle à une tâche essentiellement lorsqu'on est « charrette » et avec la canicule, à force de boire mon thé et descendre des limonades, les verres s'empilent et le tas de vaisselle augmente à la vitesse d'un cheval au galop.

Du coup vous n'apprendrez pas aujourd'hui ce qui différencie le bassin de la bassine, le jars de la jarre, le seau du lasso, mon whisky de ton eau et mon baril de poudre de ton tonneau de bière. De même j'ai oublié de vous raconter l'histoire de l'espion du KGB qui rétrécissait au lavage (1). Tant pis. Ce sera pour une autre fois.

(1) L'agent se tasse !

2 août 2012

TU N’ES PAS BIEN PORTANT ? par Joe Krapov

Si tu as les pieds en compote,
Si tu as la voix qui chevrote,
De la douleur entre les côtes,
La rotule qui s’escamote ;

Si tu as les nerfs en pelote,
L’œil bilouteux qui papillote,
Si t’as des nœuds dans l’épiglotte
Et du mou dans la redingote ;

Si t’as la mine un peu pâlote,
Si t’as l’estomac qui chipote
Et l’équilibre qui capote,
Si t’as besoin qu’on te dorlote ;

Si, au niveau de la culotte,
Tes roustons dansent la gavotte,
T’as la hulotte qui gigote
Et la chènevotte qui clignote ;

Si ta vitalité barbote,
Si t’as le lièvre en gibelotte,
L’Hérodote qui décalotte
Puis s’endort comme une marmotte ;

Si tu te sens tête de linotte,
Si t’as besoin d’un copilote,
Si t’as les pognes qui tremblotent,
Les abattis qui s’numérotent ;

Si tu te sens en manque d’azote,
Si ta misère est asymptote,
Si t’as la laiterie qui ballotte,
Si tu trottes à côté d’tes bottes 

(Quand on voit tout ce que tu sirotes
Il est temps de payer la note !) ;
Si t’aimes pas qu’on t’appelle « camelote »,
Si tu n’veux pas qu’ton corps clabote,

Je ne vois qu’un seul antidote :
Va donc voir un docteur, mon pote !
Et nous, pendant qu’il te tripote,
On se f’ra une petite belote !

 

MIC 2012 07 30 joueuses de cartes

 

La photo a été prise à Lille en 2008. Une autre illustration, sonore, ici : http://youtu.be/zPba8RBkTvU

 

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