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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
31 janvier 2014

A qui doit-on s'adresser pour devenir Belge d'honneur ? (Joe Krapov)

La pire chose qui puisse arriver à un libraire est survenue. C’est une histoire qu’on pourrait mettre dans nos tablettes si les tablettes n’étaient pas elles-mêmes entrées dans l’histoire et n’avaient pas absorbé tout le contenu de l’échoppe tenue par ce couple de libraires suisses si bien apparié.

Sans que nul ne pipe mot, le monde du numérique s’est abattu sur eux à la vitesse de la vérole sur le Bas-Empire romain. Fin du papier, fini de ramer, les clients se sont fait la paire et, sans rime ni raison, se sont mis à aimer cette vamp avariée au sein refait à neuf : Miss Amazon, déesse impérieuse et impérialiste, parée des attributs de la modernité, des pantoufles de vair de Cendrillon au bal, fournisseuse officielle de bonheur dans le pré connecté du village mondial.

Habiter la Suisse ne préserve pas du malheur d’être chocolat. On a donc prié Rémi et Marie, nos libraires, de mettre la clé sous la porte, de plier boutique. Ils ont dû quitter leur repaire d’amoureux des livres, ont été virés comme des malpropres par le pape du mercantilisme qui, en prime, a transformé leur local dédié à la culture livresque en boutique de vente de smartphones. Mon Dieu ! Comme ce monde est âpre, qui vous prive d’un seul coup de ce qui vous rendait si humain, ivre de contacts, de partages, de repères communs avec tous ces clients devenus des amis.

Heureusement le maire de Bâle s’est ému de leur sort. Ila bien vu à la tête de la mariée et à la tronche d’intello binoclard du marchand de livres que toute reconversion était râpée d’avance pour eux, qu’il ne fallait pas penser les faire riper sur quoi que ce soit d’autre dans un monde où Nabila est une star et les Stentors disques de platine.

Dans sa ligne de mire, il y avait justement le « Zoo du dessous du réel » qu’il avait récemment inauguré.

- Vous y serez nourris, logés, blanchis, vous n’aurez rien à faire qu’être là tout le jour. Vous pourrez jouer au rami ou lire vos satanés bouquins ».

Il y a pire dans le genre : périr en mer, commettre un impair et se retrouver les quatre fers en l’air dans la prairie avec un troupeau de bisons qui vous passe dessus (ces bestiaux ne sont pas très futés). Alors Rémi et Marie ont accepté cette situation de pensionnaires du zoo de Bâle. Ils y ont pris leurs habitudes.

plonk-libraire réduit
(Cette illustration est signée Plonk et Replonk)

Quelquefois, pour se changer de la lecture et de la conversation à travers les barreaux avec les visiteurs en troupeau, Rémi va s’asseoir sur son pneu-rocking-chair avec une grille de mots croisés. C’est le cas aujourd’hui et bien qu’il ne pleuve pas, qu’il n’ait pas eu à mettre son imper, il sèche sur le 3 vertical.
- En six lettres, Marie ? « Bandard fou d’avant Moebius » ?
Marie vient se pencher derrière lui et elle lui répond :
- PRIAPE !
- Ah mais oui, bien sûr ! Comment ai-je pu ne pas y penser ? Est-ce que tu peux m’aider aussi pour le VI horizontal ? « Comte à dormir debout » ? J’ai pensé à « somnambule » mais ça ne rentre pas : il n’y a que sept lettres.
- Je ne vois pas pour l’instant. Mais tu ne la trouves pas bizarre, la solution de la grille de la semaine dernière ?
- Qu’est-ce qu’elle a ?
- Tous les mots ont l’air d’être composés avec les lettres d’un seul mot plus long.

Rémi observe la liste :
VAMP PIRE  EMPIRE VRAI VIRER VAIR VARIER PRIE PRIME MARIE APRE RAPE RIME RAME MARIEE REPAIRE REPERE PRE PIPE PAPE PARE MIRE IMPER PAIRE MAIRE PRIAPE PRAIRIE APPARIE PIPER RIPER RAMI ARRIVER MEME IMPAIR PAPIER AIMER PERIR AVARIEE AIME IVRE PRIVE AMI MER
- C’est quoi, ce truc ?
- Ce sont des dérivations de VAMPIRE et du coup j’ai trouvé ton VI horizontal. « Comte à dormir debout », c’est DRACULA !
- T’es trop forte, Marie !

Et, bien que Suisse, en remerciement, il lui chante une chanson belge du groupe Sttellla.

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24 janvier 2014

UN APPEL POUR MISTER KSAPAROV (Joe Krapov)

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- Allô ? T’es où, là ?
- Ah tiens ! Ce cher Averell ! Figure-toi, ami Krapov, que je suis à Amsterdam en train de photographier les reflets des péniches dans les canaux. Il fait beau, il y a peu de vent, c’est un régal pour l’œil.
- Arrête de déconner, Harry ! T’es où en fait ?

 

 

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- Comment as-tu fait pour deviner que je n’étais pas à Amsterdam ? Tu as raison, je suis à Séville, je visite le monastère de Santo Tradero Chrysostomo. Le cloître est magnifique avec ses arcades refaites à neuf et ses chapiteaux de rue du cirque corinthien. Les moines fabriquent des cartes postales de toute beauté en forme de quatre-quarts breton. Je viens justement d’en acheter une pour te donner de mes nouvelles.
- Non mais, allô, quoi ! T’es où, vraiment ?

 

 

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- Je suis dans les jardins Boboli à Florence. Je n’ai pas trouvé la statue de Cadet Rousselle chevauchant sa tortue mais la roseraie est magnifique. Toutes ces fleurs, ça donne envie de chanter les Roses blanches… ou de partir visiter la TransBertheSylvanie !
- Non mais, Harry, sérieux, t’es où, là ?

 

 

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- Je suis sur la mythique route 66, celle qui traverse les Etats-Unis d’Est en Ouest ou d’Ouest en Est suivant le sens. Je suis à mi-chemin entre Chicago et L.A. Je suis au volant d’une Chevrolet superbe, ses chromes scintillent au soleil et sa carrosserie vert et crème me fait traverser des united strates de temps que tu n’imagines pas ! Tantôt c’est Bill Haley et ses Comets qui jouent « Rock around the clock » tantôt c’est Neil Young and the shocking pinks qui balancent leur “Everybody’s rocking”. J’ai un Stetson sur la tête…
- Désolé mais j’y crois pas une minute à tes f’Harryboles !

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- Tu as raison. Il caille ici ! Je suis à Legoland à Billund au Danemark. Toute la ville est construite en lego. On vient de faire un tour aux montagnes russes et maintenant on va au mariage célébré à l’hôtel de ville. Je suis invité à la noce. C’est pour ça que je ne répondais pas à tes appels téléphoniques. Je veux en profiter un maximum
- Arrête tes conneries, Harry, tu me fais user mon forfait. T’es où là ?
- Je suis chez moi, à Rennes, imbécile ! Je viens juste de te raconter mes rêves du week-end dernier ! Tu devrais t’en douter du lieu où je me trouve puisque tu m’appelles sur mon fixe !
- Ah oui, tiens, j’ai fait le n° de ton fixe !
- Et tu n’as pu faire que celui-là : je n’ai pas de téléphone portable !
- Mais tu n’es vraiment pas moderne, Harry ! Pourquoi n’as-tu pas de portable ?
- Jusqu’à présent, ça m’a permis d’éviter les intrusions des publicitaires, de la NSA et des individus casse-bonbons dans ton genre qui ne te lâchent jamais les baskets et commencent toujours leurs phrases par : « Allô t’es où, là ? ».
- Ah oui ? Et ça marche ton système de défense ? C’est la défense Ksaparov ?
- Ça marchait jusqu’à ce que tu m’appelles et que je m’en rende compte.
- De quoi ?
- Je viens de me rendre compte qu’il y a plus nocif que les ondes électro-magnétiques.
- Ah oui, et quoi donc ?
- Averell Krapov !

*

- M'enfin, Joe Krapov ? Il n'y a pas de gag dans ton interprétation des "Roses blanches" !
- Si, il y en a un !
- Qu'est-ce que c'est ?
- Le gag c'est qu'il n'y a pas de gag dans mon interprétation des "Roses blanches" !
- Non mais allô, quoi, Joe Krapov ? T'es où là ? Au trente-sixième dessous ou au trente-huitième degré ?
- Peut-être aux quarantièmes rosissants !

17 janvier 2014

Cérémonie soit qui mal y pense (Joe Krapov)

- Mesdames et messieurs, il nous faut prendre le problème à bras le corps.

Le journaliste, Averell Krapov, se penche vers son collègue et dit à voix basse, à propos du discoureur qui n'a jamais si bien porté ce nom :

- Déjà quand j'entends des phrases comme celle-là, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou !

- Nous devons faire rendre gorge à certaines rumeurs...


- A tous les coups, il va demander qu'on lui file un coup de main !


- ...car enfin j'ai le droit de prendre mon pied où je veux, quand je veux et avec qui je veux !


- Et dans n'importe quel pied-à-terre ! J'ai comme l'impression qu'il traite le problème par-dess(o)us la jambe !


- Ou alors il essaie de nous endormir, répond le journaliste n° 2, Harry Ksaparov. On va se retrouver d'ici peu dans les bras de Morphée !

- D'autres que moi, dans cette équipe de bras cassés, ont été pris la main dans le sac. Déjà, pour parvenir ici, il nous a fallu longtemps jouer des coudes, faire des pieds et des mains. Si je vous demande de m'épauler ce jour, c'est que nous manquons de bras pour éteindre l'incendie. Mais je vais répondre à la question posée par Miss MAP dans le journal « Le Défi du samedi ». En général, les gens qui ont le bras long ne se mouchent pas du coude. On ne leur cherche pas souvent querelle car leurs amis et protections ont vite fait de vous tomber dessus à bras raccourcis. Qu'elle se souvienne du proverbe latin : « Humerus radius cubitus » qui signifie : « Petite mère, tu ne vas pas rester radieuse très longtemps si tu te mêles comme ça des histoires de clavicule des puissants ». Et donc, Mesdames et Messieurs les membres des corps constitués, en vous présentant tous mes vœux de bonheur pour l'année 2014, je vous le confirme, «avoir le bras long» n'a et n'aura jamais qu'un seul sens à mes yeux. Cela signifie et signifiera longtemps encore «avoir de l'entrejambe».

Silence consterné de la salle.

Le discoureur constate l'émoi dans lequel sa conclusion a plongé ses auditeurs puis il corrige :

- Je voulais dire « avoir de l'entregent ».

- Trop tard pour rectifier le lapsus, mon pote ! C'est plié ! Viens, on se casse !

- Tu vas titrer quoi ? » demande Ksaparov à Krapov à la sortie.

- Après le mariage pour tous, l'origami pour tous !

- Ah ouais, pas mal ! En même temps, tu ne te foules pas !

- Normal ! Comme a dit le poète, "l'important c'est l'arthrose" !

Hamster jovial

8 janvier 2014

Un passe-temps robot-r‘hâtif (Joe Krapov)

DDS 280 R2D2 duke Hillary white

- Eh bien dites donc ! On dirait que cela vous a plu, Duchesse !
- Je crois que ça relève de l’indicible tant c’était bon !
- Je commence à comprendre pourquoi c’était si moteur pour certains humains.

- Et c’est encore meilleur quand cela a, comme pour nous aujourd’hui, le goût de l’interdit.
- Il n’y aurait pas moyen de remettre le couvert en inversant les rôles ?
- Cela demande qu’on sorte d’abord de cet univers-là.
- Je n’ai pas bien compris ce qui s’est passé sur la fin. C’était un peu comme une décharge électrique et puis mes batteries se sont trouvées soudain complètement à plat. Plus qu’à plat, même !
- Je vois d’ici le tableau. De la rigueur dans l’effort puis de la rigidité dans le cadavre !
- Mais, Duchesse, je ne suis pas mort !
- Non, monsieur le Duc R2-D2. Moi non plus mais je crains fort que nous n’ayons été punis pour avoir pénétré dans ce lieu interdit et surtout voulu goûter aux secrets des humains.
- Punis ? Pourquoi ? Comment ?
- Essaie un peu de bouger pour sortir de ton cadre !
- Merde ! Tu as raison ! Je suis coincé !
- Nous sommes coincés ! Moi aussi je suis condamnée à rester immobile.
- Mais qu’est-ce que c’est que cet univers ? On a traversé quoi en cogitant ?
- On ne dit pas « cogitant », on dit « coïtant ».
- On est passés dans une dimension différente ?
- Il me semble que oui. Ca a un vieil air de …
- Un air de quoi ?
- Un air de 2D, R2-D2 !
- Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Appeler le gardien du Musée ?
- Il n’y en a sans doute plus dans ce monde-ci. Tu as vu la poussière par terre avec la trace de nos pas ? Je crois plutôt qu’il va falloir s’en remettre au Deus ex machina.
- Et quand est-ce qu’il vient, lui ?
- En général, à la fin de la pièce.
- Et c’est quand, la fin de la pièce ?
- Je ne sais pas. Quelques années-lumière ?
- Mais je ne vais pas pouvoir attendre tout ce temps sans bouger !
- Sois philosophe. Tire parti de la situation. Fais comme moi !
- Et qu’est-ce que tu fais de beau, madame la Duchesse C-3PO ?
- J’essaie de sourire !

 

DDS 280 Joconde C3PO réduit

 

2 janvier 2014

NON MAIS ALLÔ RATOIRE, QUOI !

- Monsieur Appareil photo numérique et Madame Illumination de Noël sont venus vous présenter leurs vœux. Comme vous n’étiez pas là, ils vous ont laissé, en guise d’étrennes, une peinture de lumière.

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- Monsieur Soleil breton et Madame Humidité bretonne sont venus vous présenter leurs vœux. Comme vous n’étiez pas là, ils vous ont laissé, en guise d’étrennes, un arc-en-ciel.

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- Merci, répond Monsieur Saint-Guirec. Pour 2014, je souhaite que les jeunes filles à marier trouvent leur âme sœur sur Meetic ou ailleurs. J’en ai un peu marre de toutes ces épingles qu’elles viennent me planter dans le pif pour se trouver un mec valable qu’elles largueront au bout de trois ans ! Sans compter la réputation que ça me fait à la longue : Saint-Guirec se pique le nez ! Ou la ruche !

- Bonne alvéole 2014 quand même, Monsieur Saint-Guirec !

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