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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
28 novembre 2016

SOUK AU GYNÉCÉE !

Acte III, Scène 3

La scène représente une plage : parasols, 1 cabine de bain, serviettes, transats de « Transat en ville » empruntés à la ville de Rennes. Les dames du harem, les disparues, les évadées en fait, sont assises ici et là, en maillot ou peignoir de bain, se passent de la crème solaire sur les bras, lisent "Biba", font des mots fléchés, papotent ou glandent comme on le fait tous dans ce genre d’endroit.

RUADE – Alors ? Bonne baignade, chère Daurade ?

DAURADE – L’eau était excellente ! Quelle merveille ! Quelle lumière ! Quand je pense qu’il y a trois jours encore, nous étions confinées dans l’ombre du harem !

ORANGEADE – C’est une honte ! La pire des brimades ! Le sultan devrait savoir que la beauté ne se mange pas en salade ! Mais que nous avons besoin d’autant de soins et de lumières qu’elles ! Nous sommes faites pour resplendir au soleil, nous, pas pour moisir dans le bac à légumes de son réfrigérateur !

MASCARADE – Et puis quelle façon riquiqui de nous rendre hommage ! On enferme 365 femmes dans le gynécée et elles n’ont droit qu’à une seule sortie dans l’année. Et quelle sortie : juste une nuit de roucoulade avec ce gros cochon de Haroun Zeclock !

CANTONADE – Il paraît que le changement d’herbage réjouit les veaux ! Il y avait là de quoi pousser des jérémiades ! Les 365 autres jours, en attendant, on devait se farcir la chanson de l’eunuque. Tu parles d’une sérénade, toi !

SERENADE – Hého, doucement, les filles ! Je n’y suis pour rien, moi ! C’est vrai que je m’appelle sérénade mais ce n’est pas moi qui les ai chantés ni pondu, les couplets de l’Hannibal !

Elles entament La chanson de l’Eunuque :

Croé moé, croé moé pas
Quèqu’part en Alaska
Un sal’ jour qu’y neigeait des glaçons

J’ai eu comme une envie
D’soulager ma vessie
Comme un con j’ai baissé mon caleçon

Ca m’a mis en peine
De quitter mes gégènes
Mes jolis génitoires
Ah vraiment quelle histoire !

Ca n’dure jamais longtemps
Quand il gèle à pierre fendre
Tu vois tes gosses descendre
Tu deviens un transgenre

Quel beau dommage ! Tu t’retrouves au chômage !

AILLEPADE – N’empêche on a bien rigolé ! le pauvre n’a jamais su qu’on l’avait surnommé Débandade !

BALADE – En tout cas, c’est un vrai plaisir d’avoir mis les voiles ! Enfin, de les avoir enlevés ! On est quand même mieux à poil au soleil que sous ces épaisseurs de tissu cossu qu’on ne pouvait enlever qu’une seule fois dans l’année !

EMBRASSADE – Et encore ! Si vous saviez ! Moi je m’appelle Embrassade et je suis celle qui officiait le dernier jour de l’année. Eh bien il y a des années où il était tellement gavé de loukoums et de liqueurs qu’il ne me déshabillait même pas !

CAVALCADE – C’est ce qu’on appelle « p’endre à la hussa’de » !

EMBRASSADE – Attends, Cavalcade ! Il y a même une année où il ne m’a même pas honorée !

CAVALCADE – C’est ce qu’on appelle être « Schokolade » !

COUILLONNADE (sortant de la cabine de bains en combinaison d’homme-grenouille) – Eh dites donc les filles ? Comment vous trouvez mon nouveau maillot de bains !

TOUTES – Nul à chier, Couillonnade ! C’est quoi ce truc ?

COUILLONNADE – Ca s’appelle un burkini ! Je laisse tomber, alors ?

TOUTES – Oui ! Ôte le haut et demain tu enlèveras le bas !

Entrent Shéhérazade et ses suivantes. Toutes l’applaudissent et la saluent de « hip hip hip hourra »

SHEHERAZADE – Mes chères amies, un peu de calme, je vous prie. Je sais bien que vous me devez la liberté. Mes servantes ont soudoyé les gardiens du palais pour qu’ils vous laissent partir petit à petit. Mais vous savez que j’ai un objectif beaucoup plus important. Je veux vous apprendre à devenir maîtresses de vos destins. Je veux que vous sachiez désormais tenir les hommes à distance, les faire tourner en bourrique pour finalement les mener par le bout du nez… Ou par le bout du bout !

Elles éclatent de rire.

SOUTIFDAUBADE – Oui, camarade Shéhérazade ! Conte-nous tes odes et tes méthodes ! C’est pour t’entendre conter que nous avons fui ce palais où nous étions réduites à l’état d’esclaves sexuelles. Apprends nous à faire languir l’émir, à serrer la haire du janissaire, à mettre le souk chez le mamelouk, à enfiler le caoutchouc au bachi-bouzouk, à tenir à distance son éminence, à mettre en chaleur sa sérénissime splendeur, à rendre flamboyant le commandeur des croyants. Dis-nous comment on fait enfler leur désir, comment on leur flanque le tracsir, comment on renverse la vapeur, il faut que ce soient eux qui aient peur de ne pas être à la hauteur, il faut que nous soyons actrices et qu’ils cèdent à tous nos caprices. Comment emberlificoter, bécoter, fricoter tripoter et faire que nous soyons maîtresses de leurs altesses ?

SHEHERAZADE – C’est simple ma chère Soutifdaubade ! Pour commencer, interrogation orale. Vous allez me chanter la chanson que je vous ai apprise hier !

Elles se regroupent comme une chorale et entonnent « Déshabillez-moi » de Juliette Gréco.

 

 

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25 novembre 2016

Vraiment pas raffiné !

PR 107 ans 2


PR Sculpteur


penseur-rodin-toilettes

Mettre un cautère sur une jambe de bois, c'est un peu comme panser un rondin !

PR jeu d'échecs

- Je ne me rappelle plus. C'est à lui ou c'est à moi de jouer ?
- Je ne me souviens plus. J'ai les blancs ou les noirs ?

PR occupé 2

- Jamais moyen d'être tranquille, par ici !

PR occupé 3

 - S'il frappe encore une troisième fois, ça va ch...

PR piaf

 A tous les oiseaux de passage qui me demandent 
ce que je fais là je réponds : "Je médite, piaf !".

Photos empruntées sur le web et détournées par mes soins.

18 novembre 2016

Paon-cartes revendic-hâtives

Non seulement ce n’était pas ma semaine, cette semaine, mais en plus les écoliers français font de plus en plus de fautes d'orthographe !
Qu’ils se rassurent ! Tout le monde s’en fout et surtout personne n’est parfait !
La preuve avec ces paon-cartes revendic’hâtives pour lesquelles j’ai décidé de lâcher prise moi aussi.

RAT LE BOL !

DDS 429 Coccinelle de Gotlib avec pancarte

ÂNON, ALORS !
CA SUFFAT COMME CI !

CESSONS DE RENARD-CLÉ !

RAT LE BOL DU BOLÉRO DE RAVÊLE !
ON NE PEUT PLUS LE BLAIREAU !

CASSE TORT, PAUV’CON !

IS’N’T IT A WAPITI ?

ARRETEZ VOS COCCYX-GRUES !

A BAS ANNE D’AUTRUCHE !

UN AILÉ FAON,
ÇA TRUMPE ENORMEMENT !

QUAND C’EST FLOU
C’EST QU’IL N’Y A PAS AFF LE LOUP !

ON VOUS SCOLOPENDRA TOUS !

ET C’EST TAPIR POUR VOUS !

C’EST KOALA, CES CAPRICES ?

J’ÉCRIRAI « GIRAFFE »
COMME QUE ÇA ME PLAIT !

CAPRICES, C’EST PAS FINI !

FAISEZ LA MOUCHE PAS LA GUÊPE ! (Sttellla)


LE TIERS-COCHON DE PAYANT,

POUR L’OTO RHINO, C’EST ROSSE !

IL FAUT RECHIMPANZÉ LE MONDE !

HIPPO, DÉCAMPE !

NOUS SOMMES
LES NOUVEAUX THANK-HULOTTE !

HALTE A LA CHIEN-LIT !

REVOLUTION SANGLIER GARE !

PHOQUE THE PELISSE !

BERNIQUE LA BERNACHE !


HALTE A L’ANIMAUX ROSITÉ !


110017158_o


SOURIS, HÉ ! VOUS ETES VIVANTS !

C’EST FOURMIDABLE !

VIVE L’ALMANACH PIVERT-MOT ! 

sempe-ty

 Merci à Sempé et Gotlib pour leurs images !

11 novembre 2016

Quoi de neuf, docteur ? Trois fois trois petits riens !

DDS 428 nadaVoici dressée ici ma liste des petits riens qui font du bien.

Le « Rien de grave ! » du docteur au chanteur : « Vous prendrez un cachet tous les matins !».

Le « Rien de compliqué ! » de la cuisinière financière à l’imprésario : « Vous prendrez un pourcentage de la recette tous les soirs ! ».

Le « Rien ne va plus, faites vos jeux ! » du croupier et le 33, ce petit numéro de rien du tout sur lequel vous aviez tout misé sort soudain et fait de vous le millionnaire de la soirée !

Alors commence une vie de rêve. Les petits rien y ont une allure différente.

On offre un diamant à son chien et une laisse à sa maîtresse pour lui être plus attaché.

Le « Un rien vous habille !» du grand couturier vous fait frissonner de plaisir. L’habit est de belle facture, certes, mais la facture est bien élevée, elle aussi, non ? Désormais nous sommes entre gens du monde. Faire partie des huiles, ce n’est pas rien. Payez, grassement. Ne montrez rien de vos petites radineries d’ancien pauvre. 

DDS 428 nitchego

Puis les jours passent et on se lasse. « Rien de neuf aujourd’hui » ne vous fait plus bondir de joie comme autrefois.

Autrefois vous aviez une vie de routine et vous mangiez à la cantine avec vos potes et vos copines.

Autrefois vous écoutiez « Rien à cirer » de Laurent Ruquier et il y a un tas de gens et de choses dont vous n’aviez, vous non plus, rien à battre : Madame Lapaille, Monsieur Lapoutre. Rien à faire de Lapaille de fer et de Monsieur Lapoutre, en outre…

Nihil novi sub sole ! Justement, le soleil brillait et cela vous suffisait. Vous étiez gai. Rien, rien de rien, vous étiez comme Edith, non, vous ne regrettiez rien. Vous chantiez.

Oui, vous chantiez toujours, l’air de rien. Et l’air de rien vaut mieux que celui de la jalousie, que celui des bijoux ou de la calomnie.

DDS 428 Mémé les watts

Cliquez sur cette image, vous verrez : la Mayenne, ce n'est pas rien !

Alors, contre cette nostalgie qui n’est plus ce qu’elle était, vous luttez, même si vous savez qu’il n’y a rien à faire.

Rien à faire que se dire que ce sera mieux hier, que c’était mieux maintenant, que le mieux est l’ennemi du bien et que l’homme de nulle part, si c’est peut-être vous, eh bien… ca ne fait rien ! Ca fait juste du bien ! 

4 novembre 2016

99 dragons : exercices de style. 37, Approximativement proverbial (Joe Krapov)

Quand une vache fait deux veaux, la maison est au plus haut. Mais quand un méchant dragon qui bouffe comme quatre vient boulotter son troupeau de brebis, le paysan tire la tronche.

Face à un tel prédateur, inutile de récriminer : ventre affamé n’a point d’oreilles, la raison du plus fort est toujours la meilleure et s’il daignait répondre, l’idiot dostoïevskien, ce serait pour lui dire qu’« il faut vivre pour manger et non manger pour vivre ».

Bientôt chacun se plaint que son grenier n’est pas plein. Chacun est éloquent pour défendre son différend et où manque la police abonde la malice. Au nom de tous les siens Martin Pauvremisère s’en va trouver le roi, réclamer que la chair du mouton ne soit plus le manger du glouton.

***

Les hommes sont comme les melons : sur dix, il y en a un de bon. C’était le cas de ce roi-là. Il s’appelait Pozol.

A porter ses amis, nul ne devient bossu. Pozol était très droit. Mais le coup du dragon fut un coup de massue. C’est ainsi qu’on foudroie le plus juste des rois.

Cependant, rassemblant en cellule de crise ministres, chevaliers, conseillers et savants, il fit part du problème et chercha solution.

DDS 427 Jean de Nivelle

Tout ce beau monde fut sublime ! Comme le chien de Jean de Nivelle, celui qui fuit quand on l’appelle, perdant d’un seul coup leurs grands airs, tous ces p(eu)reux se dégonflèrent :
- J’ai bon courage, dit l’un, mais les jambes me faillent !
- Qui va risquer un œil risque d’en perdre deux ! prétendit l’autre.
- On marche toujours de travers sur un plancher qui ne nous appartient pas !
- Chacun pour soi et Dieu pour tous !
- Après moi le déluge !

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point » se dit le roi levant ce lièvre. Rome ne se fera pas en un jour. Quand le malheur entre dans une maison, il faut lui donner une chaise. Le découragement est un péché mortel. Quand il faut prendre le taureau par les cornes, tous les coups sont permis et sur cet échiquier où l’on manque d’éthique rien n’interdit que l’on adopte la position du mercenaire, conclut le monarque.

Et sur son Minitel antique, il tapa – et toc ! – 36 15 Bob Denard. On lui promit Saint-Georges. Et il fut engagé parce qu’il y croyait à cette, à ce pro-messe.

***

Pendant ce temps bâfrait Balthazar le dragon, songeant, pareil au garagiste * que changement d’herbage réjouit les veaux. L’appétit d’autres mets lui venait en mangeant.

* Mon garagiste croit que « Changement d’airbag réjouit la Volvo ».

Si bien qu’insoucieux de tous les équipages qu’on avait mis en route pour le bouter hors du pays, il monta les enchères et réclama de l’homme ou même, à la rigueur, de la femme, mais tendre.

Nouvelle panique à bord. Devant l’ultimatum les jeunes gens s’enfuirent en hurlant « Mieux vaut partir à point que d’arriver saignant ».

Las le sort désigna pour passer à la casserole en premier la fille aimée du roi Pozol.

***

Glissons sur le suspens, l’angoisse des héros, la Lune montrée du doigt : votre temps est précieux, le mien aussi, il faut que j’aille voir ce doigt et le boire s’il est de Porto.

Car de tout façon, Saint-Georges est arrivé et le duel proverbial a bientôt commencé :

- Le bien n’est pas dans la grandeur mais la grandeur est dans le bien, commence le saint.
- Comment, petit humain ? Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire ?
- Sol licet omnibus. Qui t’a permis d’ôter leur chemise à ces gens ?
- Charité bien ordonnée commence par moi-même.

Etc. Etc.

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Et les deux bientôt d’en découdre. A cœur vaillant rien d’impossible, la Fortune sourit à l’audacieux jeune homme et la messe fut dite, le dragon s’écroula et on lui découpa les oreilles et la queue comme il est de coutume avec les toreros. Non, pardon, les taureaux.

L’échauffourée fut si brève qu’elle donna naissance au proverbe fameux « Il faut rendre les armes à Saint-Georges ».

On voulut récompenser le vainqueur et la princesse elle-même se fut bien volontiers donnée à son sauveur. Amour, toux, fumée et argent ne se peuvent cacher longuement. Mais à chaque fou sa marotte : celui-ci avait semelles de vent. Il ne voulut rien.

Entre le fromage et la poire chacun dit sa chanson à boire mais lui était déjà parti, laissant en lieu et place du monstre du désert, un renard, une rose et une cage en bois. A vous de dessiner cette transmutation !

Ici se termine le conte car selon l’adage bien connu : « Tout a une fin sauf les saucisses qui en ont deux ».

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