Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le cahier de brouillon de Joe Krapov
31 mars 2017

LOREILLE ET LARDU : BAS DU FRONT !

LARDU - On est chez nous ! Ne venez pas nous envahir ! C’est chez nous, ici, on est Français, d’abord ! On a bien le droit de boire notre Coca-Cola et de fêter nos anniversaires chez MacDo si on veut ! Nous, notre culture, c’est le foot, devant la télé avec des pizzas et des Heineken ! On roule en Toyota et en BMW si ça nous plaît !

LOREILLE - Mais, Lardu, toi tu n’as qu’une Opel Kadett toute pourrite !

LARDU - C’est sûr, si j’avais les moyens, je ne cracherais pas sur une Ferrari. Ni sur une montre suisse de luxe. Il n’empêche, l’immigration c’est l’insécurité ! Les Français d’abord ! On est libres et on veut rester libres de prier Jésus-Christ, d’aller voir "Star wars", de regarder « Six feets under », « Derrick », « Maigret », « Sherlock », d’avoir des Ipad, des Iphones, de porter des Nike, de préférer la paella au couscous, d’aimer les nems plus que le kebab, le Sidi Brahim plus que la vodka, la moussaka plus que le saké, les mezze plus que les mezzos…

LOREILLE - J’ai du mal à te suivre aujourd’hui !

LARDU – Ces bachi-bouzouks ne toucheront pas à notre patrimoine millénaire : la merguez qu’on voit griller sur les barbecues clairs, nos méchouis, nos bretzels, nos mokas, nos chips, nos cardigans, nos bermudas, nos paréos et nos ponchos, nos canapés en moleskine, nos tatamis pour le judo, nos jeux de mah-jong, de mikado, nos baby-foots, nos bonzaïs, nos ocarinas. Ce n’est pas pour vous, notre boycott des diktats, notre « non aux ersatz ! », notre goût de la bronca ! Notre nirvana n’est pas pour votre karma ! Les kamikazes à Kalachnikov, au goulag ! Nous avons des charters pour refiler le blues aux cinglés du music-hall !

LOREILLE – Mais enfin, Lardu ! T’entends ce que tu dis ? Tu t’écoutes quand tu parles ? Cesse donc cet ostracisme !

LARDU - On est chez nous ! Les Français d’abord ! Nos artistes nous suffisent, pas besoin des leurs ! Pablo Picasso, Salvador Dali, René Magritte, Modigliani, Stromaé, Jane Birkin, Julio Iglesias, Luis Buñuel, Costa-Gavras, Nana Mouskouri. Même Rika Zaraï avec sa bassine pour bain de siège sans chemise sans pantalon, ils n’arriveront jamais à la hauteur de ses chevilles. Stop à la submersion migratoire ! Etre Français, ça se mérite ! Priorité nationale ! Véhicule prioritaire ! Increvable ! On est les as du volant !

LOREILLE - Je suis à mille bornes de ta pensée, aujourd’hui, Lardu. A qui tu t’adresses, présentement ?

LARDU - Ben à eux ! Aux envahisseurs, là ! Les estrangers ! Les hommes à la peau verte ! Les Martiens ! J’ai les preuves de ce que j’avance !

DDS 448 Les lectures de Lardu


LOREILLE - M’enfin, Lardu ! Il ne faut pas croire tout ce qui se dit ou s’écrit ! Ce ne sont pas des informations avérées, loin de là ! Ce que tu viens de lire ou voir ce sont des œuvres de fiction ! Un genre de « fake » en quelque sorte !

LARDU - Tu dis ça pour me rassurer ! Tu ne ferais pas partie d’un cabinet noir, toi, Loreille ? Tu ne m’aurais pas mis sur écoute ? Je te trouve le teint bien verdâtre, aujourd’hui. Tu participes au complot ?

LOREILLE - Ne sois pas si suspicieux ! Le printemps est arrivé, il fait beau, viens, on va faire un tour dans la campagne, ça te fera du bien, ça va t’aérer le neurone ! Faut pas vivre dans le repli comme tu le fais en ce moment !

LARDU - Bon. Ok, je veux bien ! Mais seulement parce que tu es un bon Français, toi !

LOREILLE - En tout cas une chose est sûre : c’est très bien que tu aies oublié de t’inscrire sur les listes électorales ! Je n’ose imaginer ce que tu aurais pu voter avec de tels discours !

DDS 448 Lefred-Thouron

Image empruntée au "Canard enchaîné" n° 5031 du 29 mars 2017

Publicité
Publicité
24 mars 2017

FORCE-TOI, CAR TU ES BONNE PÂTE !

N     ous les regardons, sidérés, avec l’appétit qui retombe :

O     n dirait un plâtras épais de gélatine anglaise molle,

U     n enchevêtrement pervers d’asticots qui feraient la bombe,

I      gnorant qu’au dos des affiches est destiné le pot de colle.

  es mollassonnes, les nigaudes ne vont pas pointer chez Engie ;

L     es niaises ont leur blancheur de dindes de Bressuire !

E     lles sont le maître étalon, par plats, du manque d’énergie

S     urtout lorsque le maître-queux, distrait, les a laissé trop cuire.

DDS 447 Pauvre-bitos-ou-Le-diner-de-tetes

16 mars 2017

UNE AVENTURE D’ALOIS ET PÉTULA

- Pétula chérie, n’aurais-tu pas vu mon bazillac ? Je le cherche partout !

- Ca commence à devenir énervant, Alois, ta manie de tout oublier tout le temps ! Un jour tu égares khangelsk, le lendemain tu perds nambouc… As-tu regardé sous ton bouctou ?

- Oui mais il n’y est pas.


- Et dans ta nanarive ?


- Non plus.


- Je ne sais pas, moi ! Où tu le ranges, d’habitude, ton bazillac ?


- Entre mes rignacs et mon télimar. A moins que ce soit entre ma zamet et mon talembert ?


- Ecoute, Alois, c’est à chacun de gérer sa marcande et son derborg, tu ne crois pas ?


- En même temps, si tu ne laissais pas traîner partout tes saloniques, ta rascon et tes gucigalpas, on s’y retrouverait un peu plus, tu ne crois pas ?


- Je t’en prie, ne te mêle pas de ma lakoff, de mes roberts ou de mes idoncanons ! Parce que ton quédec à toi, il faut voir !


- Voyons, Pétula, calmons-nous et réfléchissons posément. Je suis sûr de l’avoir laissé ici hier soir. Est-ce que… Est-ce que tu pourrais te lever un instant ?


(Elle se lève de son siège)


- Mais enfin Pétula ! Tu es assise sur Mon cuq en quercy blanc ! Ca faisait trois jours que je le cherchais !


- Désolé, Aloys, je ne l’avais pas vu. J’espère qu’il n’est pas trop froissé ?


- Lui pas, mais moi si !


(Il sort en claquant la porte)


DDS 446 Monbazillac 114972723_o

***

Un peu plus tard.

- Dis donc, Alois, ton bazillac… C’était bien ce liquide jaune extrait de la pourriture noble du raisin et il se trouvait bien dans une jolie bouteille ?


- Ben… Oui, évidemment !


- Alors je l’ai retrouvé ! Enfin, je sais où il est ! Ou plutôt, où il n’est plus ! On a sifflé le litre hier soir avec ma lataverne et ma licorne pendant que tu étais à ta manrasette !

9 mars 2017

UNE SOIREE AU HAVANA CLUB

La lambada, pour danser ça, 
Il faut porter un panama
Et un costume en alpaga

Pas besoin de savoir lire le cyrillique ;
Pas besoin de cacher son look de bonobo.
On se trémousse juste au son de la musique
En compagnie d’une bimbo.

DDS 445 Roudoudou 7,5 x 10 - attention l'encre tache

« Roudoudou », « Riquiqui », si tu n’as que cela
Dans ta bibliothèque, tu peux danser quand même.
Elle n’est pas difficile cette contorsion-là :
L’individu lambda danse la lambada.

« Au jeu du mistigri, faut tirer la plus belle
Des cartes ! » disait René.
La lambada se danse avec des jouvencelles
Qui ont des ananas en guise de roploplos
Et des éconocroques assez bien rebondies
Qu’on appelle fessier. Elles cachent cela
Avec un peu de peine comme un petit pactole
Dans un peu de tissu qu’on nomme bikini.

DDS 445 lambada


D’où nous vient la lambada ?

Bien sûr, pas du Sahara !
Du Kamtchatka ? De Tbilissi ?
Du Togo ? Ou de l’Iowa ?
Des Bahamas ? De Virginie ?
Madagascar ? Pleumeur-Bodou ?

Sur les bords du Mississippi la danse-t-on ?
Sur la neige du Canada se secoue-ton
Sur son rythme si répandu (quel matraquage !) ?
Rimbaud la dansait-il déjà
Sur les dance-floors d’Abyssinie ?

On sort de la piste hébété,
Ensorcelé par Barbara,
Son mascara, ses mascarades,
Ses manières de bonne camarade,
De reine du bal de l’ambassade
Qui vous enivre d’embrassades.

Un petit coup de ratafia
Pimenté de pili-pili
Et la danseuse vous embarque
Pour une nuit dans l’infini
Et plus si pas d’inimitié
(Visite de son intimité,
Chute de la timidité,
Ecart de la frigidité,
Interdiction d’être inhibé
Car elle va tout exhiber…
Bref, une invite au radada !)

***

Au petit matin, raplapla,
Vous vous réveillez seul au lit,
Ronchonchon sur le polochon,
Le cabochon endolori.

La Mata-Hari est partie
Emportant vos liquidités
Vers le pays d’Iphigénie :
Aulide ou Tauride en bolide
Car vous ne trouvez plus non plus
Les clés de la Lamborghini !

Comment ? Cet été, vous dansiez ?
Eh bien, déchantez, maintenant !

***

La lambada, on n’aime pas ça !
Nous on préfère la java !

Publicité
Publicité
Le cahier de brouillon de Joe Krapov
Publicité
Archives
Publicité