CHANSON DES AMOURS DE PLATON
1
Quoi ? On voudrait que je convole
Avec une plus ou moins frivole ?
Que je sois fidèle
A Adèle ?
Que j’aille à la mairie
Pour épouser Marie ?
Que derrière Michelle
Je tire un peu l’échelle ?
Que je trace une bissectrice
Sur ce qui n’est pas Béatrice ?
Que je jure fidélité
A la belle Félicité ?
Refrain
Mais moi mes bons amis
Je ne fais rien à demi !
Je procrastine
Avec Christine.
Dans l’escalier, au fond d’la cour,
C’est le meilleur moment d’l’amour.
On en est aux préliminaires
Au moins depuis l’année dernière !
On a toute la vie pour conclure :
Plus on attend et plus c’est dur !
Je procrastine
Avec Christine
Et d’temps en temps,
Pour le changement,
Je joue à la bataille navale
Avec Chantal !
2
Pourquoi ferait-on aujourd’hui
Ce qu’on appelait le déduit ?
On voudrait que je m’extasie
Des orgasmes d’Anastasie ?
Que je m’étonne
Du con d’Yvonne
Ou de la queue de sirène
D’Irène ?
Qu’a d’exceptionnel
Pimprenelle ?
Pourquoi fonder famille
Avec la belle Camille ?
(au refrain)
[Parlé :]
Est-il bien raisonnable de remettre à deux mains, fussent-elles innocentes, le soin de tirer au sort des plans sur la comète quant à notre avenir ? A quoi bon décider du futur ? « Demain » sera, demain, devenu « aujourd’hui » et « hier » après-demain. Qu’est-ce que cela changera au fait que rien ne change, qu’on ne peut rien changer sans prendre le pouvoir et qu’il faut pour cela être un peu dérangé ou accepter de l’être ?
Voilà pourquoi avec Christine on procrastine. Voilà pourquoi avec Yvonne on s’abandonne. Les bras en croix sur le gazon on se fiche de l’horizon. On regarde le bleu du ciel, on se récite notre missel sous le hamac de Moustaki : " Carpe diem et lapin noctem !", « Vive le droit à la paresse ! »
3
Ainsi est dite notre messe !
On peut discuter de tout cela
Mais croyez-moi :
Y’a rien qui presse !