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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
25 novembre 2022

Zapette de joie ! (Défi du samedi n° 743)

J'ai zappé Zoroastre mais pas zappé Zorro qui signait son nom à la pointe de l’épée le jeudi après-midi chez les enfants du voisin.

J'ai zappé Zarathoustra le bouquin dont ainsi parlait Friedrich Nietzsche, mais pas la musique de Richard Strauss qui introduisait les Dossiers de l'écran sur la télé de mon arrière-grand-mère.

Pas non plus zappé Zébulon qui n'a jamais manqué de ressort pour animer les abords du Manège enchanté.

J'ai zappé le général Alcazar. Pas les albums de Tintin, bien sûr, je les ai tous sauf « chez les soviets », pas le militaire – je les aime peu en général et même en adjudant-chef - mais le lanceur de couteaux : je déteste les jeux et spectacles dangereux.

J'ai zappé la grande Zoa et son boa, la chanteuse Zazie, Zizi Jeanmaire et son truc à plume mais pas zappé Bernard Dimey dont j'adore justement la plume, les poèmes et les chansons.

J'ai zappé la zarzuela, le zouk et le kazatchok car je suis un piètre danseur.

J’ai zappé « Zaïde » car je n’ai aimé Mozart qu’après avoir vu « Amadeus » de Milos Forman.

J'ai zappé Zatopek, Émil parce que mon maximum quand je cours c'est 7 km.

J'ai zappé le Zaïre, la Zambie, le Zambèze, la Tanzanie, Zanzibar, les Zoulous, les pays où survivent les zèbres et les zébus, parce que Giscard ne m'a jamais invité à un de ses safaris. Je n'y serai pas allé de toute façon. Pourquoi est-ce que j'irais tuer des bêtes qui ne m'ont rien fait ?

Plus encore que le Kazakhstan, le Baloutchistan et le balourd qui se détend j'ai zappé les zakouski, les Frères Karamazov, Zamiatine et Zinoviev mais pas Michael Zochtchenko et ses contes de la vie de tous les jours que je vous recommande.

J’ai zappé « Bajazet » de Racine et « L’Emile » de Rousseau mais j'ai lu tout Zola, enfin, tous les volumes de la série des Rougon-Macquart.

J'ai zappé ZZ Top, Léon Zitrone car pas turfiste, Zeffirelli (lui ai préféré Bertolucci), Zoltan Kodaly, Zurbaran (mais pas « la vie c'est pas tous les zurbaran »), Led Zeppelin, Frank Zappa. Je n'ai jamais crié « Viva Zapata ! ». Zazie dans le métro ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, je ne suis jamais allé à Knokke-le-Zoute, je n'habite pas dans la ZUP même si je sème parfois la zone. Je n'ai pas encore lu « Zorglub », pas vu « Zardoz » ni de film de Werner Herzog. Je ne roule pas en zigzag quand je prends le volant. Je ne suis jamais entré chez Zadig et Voltaire, je n'emploie jamais le mot « zob » mais je sais qu'il existe des gens zarbis, des zadistes, des zazous, des zozos, de drôles de zigotos et des plombiers zingueurs qui font leur turbin dans les salles de bain notamment chez Pierre Perret dont j'ai parfois chanté « Le Zizi » et « Les Baisers » surtout celui de Zézette (épouse X ?) le plus salé, le plus sucré, c'est le plus chouette.

Je me souviens de « Avec son tra la la » de Suzy Delair, des crêpes Suzette, de Zénaïde Fleuriot mais pas de ce qu'elle a écrit et je n'ai pas zappé que la fille des Thénardier qui ne s'appelle pas Eponine se prénomme Azelma. Je me souviens du duc de Gonzague dans « Le Bossu ».

J'ai zappé le zona, « Le Diable amoureux » de Cazotte, le général Koutouzov, Mona Ozouf, Zabou Breitman mais j’adore Sabine Azéma. J'ai dit zut au zirconium, je n’ai pas fait le zouave à Mazingarbe, pas croisé de zombis à Anzin, pas promené Azor sur la Côte d'Azur, jamais pris le zinc pour aller aux Zuhesses, pas applaudi Joop Zootemelk par grand zéphyr.

Quand Daniel bat l’avoine, je ne suis pas un zéro. Manquerait plus que ça, nom de Zeus, mais j'adore les zeugmas et les œufs en omelette et je joue du kazoo. Quand je chante « Le Chapeau de Zozo » j'essaie de ne pas zézayer. J'ai bu du café dans un mazagran et je ne me suis pas servi d'une fronde pour cabosser Mazarin. J'essaie toujours de rester zen.

J'ai visité le zoo de La Flèche mais pas le site d’Azincourt. J'ai acheté plein de magazines et j'ai troué la couche d'ozone comme tout le monde mais j'ai zappé Sarkozy et Zemmour les dernières fois où j'ai voté. Je ne sais pas si Zinedine Zidane entraîne le club de Ouarzazate mais je m'en fiche comme de mon premier slip en zibeline aéré.

Je n'ai jamais passé de week-end à Zuydcoote et je ne sais pas où se trouve Mazamet (j’ai vérifié depuis : c’est dans le Tarn ta g... à la récré !)

Cette énumération ne vous harrasse t-elle pas, ami Bidasse ? Parce que certaines personnes prétendent que Zarastro et que la reine de la nuit pas assez. Ze n'ai pas d'avis précis sur le suzet.

J'ai pris des photos avec un appareil Zénit mais je ne porte aucune marque au pinacle, surtout quand le soleil est au Zénith.

Bizarre ? Moi j'aurais dit « bizarre » ? Comme c'est bizarre, tout ce bazar !

Je me souviens qu'il y a un barrage à Donzère-Mondragon et des pêcheurs de perles chez Saint Georges Bizet.

Je n'ai bizuté personne à Uzès ou à Béziers. Je pense qu'il n'y a pas eu de duo Laurent Voulzy Marcel Zanini ni de Zucchero-Panzani.

Au bout du décompte je crois que j'ai zappé Mazeppa, Frazetta, Buzzelli, entre le zist et le zest (de citron), les zonzons (les moustiques), le passage du rouleau compresseur des Zan, Zachary Richard, Zelda Fitzgerald et son jeu vidéo, l'album « Zuma » de Neil Young, Hervé Bazin, Bazouges-la-Pérouse, Mézidon, Bozo le clown, Marcel Bozzuffi, Dizzy Gillepsie, Michel Jazy, les zygomatiques, Zigomar et Palomar de Delfeil de ton, les zigouigouis, les Gazaouis, Zénon, Marcel Azzola (Chauffe, Marcel!), la couleur zinzolin mais si je n'avais rien zappé on m'aurait accusé de faire de l'excès zèle ou d'être azimuté !

Il y avait encore l’illustrateur Caza, le Congo-Brazzaville, Zaza Fournier, Melchior et Balthazar, les jazzeux, les lazzis qui n'épargnent pas la mezzo-soprano, les pizzicati du pizzaïolo, Astor Piazzolla, « Razzia sur la chnouf », les petits rhizomes qui font les grandes rizières, Henri Krasucki sur sa Suzuki, le bouzouki de Zorba le grec, l’azalée c'est une valse ou une mazurka que dansent Arthur et Zoé.

Par Belzébuth j'ai failli oublier aussi Razibus Zouzou, le compagnon noir de Bibi Fricotin !

J’ai aussi zappé Zsa Zsa Gabor mais j'étais trop petit pour lui déclarer ma flamme . Elle est morte, feu Zsa Zsa gabor, paix à ses cendres. J'ai zappé le Zippo car je suis non-fumeur et puisqu'on parle de ça, d'allumer plutôt que de zapper, je ne zapperai pas pour finir Zavatta le clown dont j'ai découvert récemment cette géniale chansonnette dans laquelle il n'y a pas un seul « z ». Quelle belle zappette, le lipogramme ! 

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18 novembre 2022

Youpi ! (Joe Krapov) (Défi du samedi n° 742)

D 97 06 36

- Youpiiiii ! J’ai retrouvé et scanné la boîte de diapositives des barques colorées de l’Île Renote à Trégastel, dans les Côtes d’Armor ! Elle date de 1997 ! Quelle année magique ! C’est celle où nous nous sommes installés à Rennes et où, donc, je suis devenu Breton !

- Toi, Breton, Joe Krapov ? Avec tes origines ch’ties et ton quart de trente-deuxième de sang belge, que même ça, ça ne compte pas ? Tu rigoles ! Tu es et resteras ce que tu as toujours été partout où tu vas : un extra-terrestre ! 

11 novembre 2022

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 74, Zeugmatique

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Il y a des gens qui sautent des repas et sur tout ce qui bouge. Ce dragon-là n’était pas comme ça. Il se tapait la cloche et des brebis dodues et c’était moins pour la bagatelle que pour l’estomac. Il était par là-dessus enclin à s’asseoir, une fois repu, sur l’herbe et sur son code de déontologie vu qu’il n’en possédait pas. Le fait que ces animaux couverts de laine et de probité candide appartinssent à l’ordre des ovins et au père Mathurin ne le gênait en rien.

Or, depuis qu’il était sur terre, Mathurin élevait des brebis et la voix quand quelque chose le contrariait. Il ensevelit le contrevenant sous un tombereau d’injures et une tonne de cailloux balancés avec force mais cela n’entrava point l’appétit de la bête ni sa carapace d’écailles résistantes.

L’éleveur mal élevé partit donc au château et au galop de sa mule pour soulever le problème et des troupes qui puissent le résoudre.

***

Quand on est roi d’un petit pays, même en 303 après Jésus-Christ, on peut être appelé à un grand destin et en même temps « Cuisses de fennec, fleur de Baalbek ». Le populo des temps anciens avait bien de la misère à lui tomber dessus et bien de la gouaille pour lui résister. Ça équilibre, croit-on, du moins un certain temps.

Quelquefois les monarques perdent le sens de la mesure et les pédales. Ils peuvent perdre pied et la tête sur la lancée et leur chef de chef tombe dans un panier et le son de leur dernière parole au pied de la guillotine, machine à trancher les têtes temporaires et les opinions définitives. Mais point n’est besoin ici d’uchronie ni de tirer à la ligne. Quoique…

Cuisses de fennec n’était pas aussi con qu’il en avait l’air. Cette histoire d’envahissement du pays par inadvertance et par un dragon était plutôt du ressort de Fetchez Lavach, son commandant en chef des armées et des pâtisseries orientales du petit-déjeuner. Il le convoqua, lui exposa la situation et ses motifs d’inquiétude.

- Vous, vous en avez gros sur la patate et de drôles de façons d’interrompre mon petit-déj, protesta le militaire. Qu’est-ce qui se passe qui ne passe pas ?

- Ce n’est rien qu’un étranger à expulser ou à trucider.

- Ça, je suis prêt à parier que c’est la bonne nouvelle. C’est quoi, la mauvaise ?

- C’est un dragon qui pète de santé et un boulon : il sort vite de ses gonds et des vérités premières comme quoi il faut manger pour vivre les moutons de Mathurin.

- Le genre balanceur de punchlines qui vous grillera la priorité et les guibolles au chalumeau ? Un lanceur d’alerte et de flammes ? Sire c’est une affaire d’entreprise privée. Quand les bénéfices enflent on ne vient pas nous gonfler. Mais dès qu’il cesse de pleuvoir, les paysans nous bassinent ! Savez vous que mes combattants ne sont pas des flèches ? Face à de tels avatars ils se tiennent à carreau. On peut très bien tirer à l’arbalète et au flanc. Vous connaissez leur devise : « Si vis pacem para bellum et à virer ! ».

- J’aime mieux courir sur votre haricot que vers la catastrophe, dit le roi. Si je ne vous fais pas faire un grand pas en avant on va se retrouver au bord du précipice et de la crise de nerfs.

Mais rien n’y fit.


***

Bref, une fois de plus, devant la défection de ses troupes, le roi dut faire contre mauvaise fortune bon coeur et appel à « Georges de Lydda Ltd » pour que le Romain éliminât le fléau (à coup de blé ?), l’aidât (Par Zeus ! Quel beau cygne !) à vaincre l’adversité et sa 74e déprime, lui redonnât du poil de la bête et du peps, lui fît reprendre goût à la vie et deux fois des nouilles à midi. C’est à ça que ça sert, la religion, non ? Ou sinon, mais plus tard, ça sert d’auto ? D’autodafé comme dans les contes de gagas du même nom ?

***

DDS 741 Saint-GeorgesAlors (« Bis repetita nic et hunc placent » comme on dit en lapin de cuisine) revint le moment crucial où il refallut, pour le chevalier romain, entrer dans le lard de la bête et dans la mythologie chrétienne.

Ô rage, ô désespoir, comme a écrit Corneille en bâillant et en préambule d’une célèbre tirade. De l’Iliade à Game of thrones, d’Azincourt à OSS 117 et sans vergogne, c’est toujours avec des bourre-pif qu’on bourre le mou aux mômes, c’est toujours des mandales que se refilent les Vandales en sandales et en sueur qui nous ravissent le coeur, nous clouent sur les fauteuils et le bec au cinéma !

Muets d’admiration et à cause du pop-corn « qu’on ne parle pas la bouche pleine », bouche bée, le cul vissé au siège lorsque ça devient chaud au niveau effroi, plus gagas que Lady devant Rocky, Rambo, quand se pointe Maciste ou quand s’avance Hercule, que ces gens descendent dans l’arène et des zigues en pagaille – ce ne sont que des figurants, acteurs de second rang et vous êtes au troisième – vous aimez quand ça castagne et la baraque au box-office ! Bref d’Ulysse à Bruce Willis, pour que la populace se délasse, sur la place des Lices on rompt des lances et le silence.

Or, voyez-vous, quand on se bat on inflige des coups au flanc droit de son adversaire et des blessures à son propre code de l’honneur. Car enfin, qu’a-t-elle fait, cette bête, sinon manger pour vivre et un mouton énervant qui n’arrêtait pas de réclamer qu’on lui dessine un petit prince ? Ça ne vous arrive jamais à vous de tomber en panne dans le désert et en arrêt devant un menu de restaurant qui vous met l’eau à la bouche, vous ouvre l’appétit et des perspectives de félicité post-prandiale ?

L'illustration ci-dessous est de Xavier Collette

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« Tu ne tueras point » a dit le commandement mais toute règle a ses exceptions et ses graduations qui servent à mesurer la longueur de tissu qu’il faut pour faire un kilt et celle des phrases de Marcel Proust mais là on est excusable par avance de l’envie de sauter des pages et au visage de cet insomniaque moqueur pour lui signifier qu’au moment de trancher dans le vif du sujet et la chair du dragon on n’a pas besoin de littérature somnifère ; range ta logorrhée sous ta préciosité et ta pile de marcels, Marcel ! Ici on s’en cogne et on cogne, on distribue des pains avec ostentation et force moulinets des avants bras (de Bazouges?), on constelle d’horions, on pousse son avantage et le gars Elliott dans les orties, on estoque, on esquive, on esquinte, on essaie des tactiques, on esquisse des pas de côté et des crayonnés qui sont tout sauf des gravures de mode (on fabrique du Bacon ?), on zigzague, on zigouille, on lance des invectives et son beau cheval blanc-t-à l’assaut (thérapie?) de l’ennemi, on assène (Lupin?) des coups insanes (Antonio), on lance des assauts et des insultes, on fait gicler le sang, jaillir les tripes, exorbiter les satellites, exhubérer (néologisme ?) les langages militaires, on ouvre des parenthèses (vous avez remarqué ?) lorsque tout part en couilles en même temps que le ventre du paria (on met dans le mille, Zola ?).

***

Justement Saint-Georges vient de briser sa lance en même temps que la glace lors du énième contact avec la cuirasse potemkinienne du dragon. Il sort de ses gonds et de son fourreau une courte épée appelée xiphos et à entamer la confiance et l’épiderme de la bête, ce qu’elle accomplit bientôt.

Un coup de cette épée très courte et donc très bonne peut provoquer de graves blessures et de vraies réactions en chaîne de tronçonneuse chez l’adversaire pour peu qu’il soit avide de massacre au printemps (en Père Igor) ou de dollars du Salvador (la pilule d’Ali ?) en hiver. Après, tout dépend de ce qu’on préfère et de la grandeur de l’andouille : une mélodie en sous-sol ou cent mille dollars au soleil ? Un Henri Verneuil ? Un klaxon-automne ? Yvonne Printemps ? Suzy Delair ?

- Ô Dragon que je taille en même temps que ma bavette, Romy Schneider rend-elle Claude sot l’été ? demande Saint-Georges au dragon en lui ôtant le goût des choses de la vie.

Lors, filmé en contre-plongée – on est au cinéma, rappelez-vous le ! - le gros dinosaure lâche prise et un pet sonore, tangue, tangote, valse, vacille, inonde de son sang le sable du désert et la surface de l’écran sur lequel s’écrit enfin le mot « Fin ».

Puis au moment de conclure, de mettre un terme aux piles avant de se défiler avec les généraux gênés et le généreux générique, le « préquel » de Lucky Luke part vers son destin et le soleil couchant tandis que le tireur à la ligne plus vite que leur nombre que je suis s’ébahit de la façon dont le saint solitaire tire sa rêve-errance.

P.S. Parfois mon écriture baroque et la breloque ! Qu’on me pardonne la taille XXL de ce texte, inversement proportionnelle à celle de l’épée imposée comme sujet et à 5,5 % de taux de TVA !

4 novembre 2022

Quand on lit trop de po-lards (Défi du samedi N° 740)

Il se passe de drôles de choses, ces derniers temps, dans les musées. L’écoterrorisme est en net progrès. Mais cette histoire-ci dépasse les bornes.

La marquise entra à 16h 45. On commençait à fatiguer dans le commissariat. On avait sans doute besoin d’insolite, d’inattendu pour clôturer une journée qui ressemblait terriblement à la précédente dans sa banalité-morosité. Et là on était servi.

A tout casser, elle mesurait quatre-vingt dix centimètres de haut mais était agréablement proportionnée. Une déesse en miniature. Elle avait une robe rose très longue et portait une coiffe moyen-âgeuse ornée de longs rubans blancs. « Genre double hennin, beaux monts, la meuf ! » aurait dit Katarelmek qui mélangeait toujours vocables scientifiques et formules en langage des cités dans ses phrases d’une brièveté antiproustienne concis-ro-dérable. Par-dessus tout ça elle – la marquise, pas la phrase, quoique - dégageait une odeur peu habituelle. Elle sentait le cramé. Le roussi. Le feu de forêt.

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- Que puis-je pour vous, chère Madame ? Montaliban, je suis. Commissaire.

- Je viens déposer une plainte.

- Oui. Contre qui ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez rétréci au lavage ?

- Je porte plainte pour violences conjugales.

- D’accord, je prends le formulaire idoine et je suis à vous. Votre nom ?

- Marquise Anne de Mamerloye.

- Vous portez plainte contre le marquis ?

- Non je porte plainte contre mon beau-frère, Wolfram Adegang Zamotus von Blaubart.

- Que vous a-t-il fait ?

- A moi, rien. A ses sept épouses beaucoup. Il les a assassinées. Et je ne sais pas ce qu’est devenue ma sœur, sa huitième épouse, qu’il essayait de l’égorger. Quand je suis descendue de la tour où je guettais l’arrivée des secours, le château était en flammes et le feu se propageait aux écuries. Je crois que sa pauvre jument est morte.

- Vous avez appelé le vétérinaire ? Un médecin ? Police-secours ? Les pompiers ?

- Ils étaient déjà là. Ce sont eux qui m’ont tendu la grande échelle pour que je sorte du tableau.

- Le tableau ? Mais où est-ce que ça se passait tout ça, Madame Marmerloye ?

- Au Musée des Beaux-Arts de Rennes !

- Bon j’envoie une équipe là-bas. Où est-ce que je peux vous joindre ? Vous êtes hébergée chez une amie ?

- Chez le capitaine des pompiers, Monsieur Ronchonchon. Il habite 7, square de Provence à Rennes Villejean. Très gentil, ce monsieur.

- Dès que j’ai du nouveau, je passe vous avertir.

La marquise sortit à cinq heures. Je décrochai mon téléphone et appelai le musée.

- Dites-moi, vous avez un sinistre chez vous ?

- Pas plus que chez les autres. On a tous plus ou moins nos défauts et pas plus de raisons que les autres d’être joyeux ou déprimés.

- Non je parle d’un incendie.

- Pas que je sache !

- Et vous avez encore une fille habillée en rose qui a quitté son tableau ?

- Toujours ce délire à propos d’Isaure Chassériau ? Vous allez nous lâcher, bientôt, avec ces conneries ? Qui vous êtes d’abord ?

- Montaliban, je suis. Commissaire de police. Une disparition à signaler, vous avez ?

- Tout est normal, commissaire, sauf que vous parlez comme un Brestois, présentement. Tout va très bien madame la marquise ! Personne n’est venu balancer du talc sur les fesses du nouveau-né de de La Tour ! A part qu’on a perdu la clé de la réserve et qu’on a mis un serrurier dessus, tout était normal aujourd’hui.

- Une clé, vous dites ? Disparue ? La clé d’un grand placard ? D’une salle condamnée ?

- Pas disparue. Fondue, carbonisée. Retrouvée au pied de la porte sous forme d’un morceau de charbon. Du wolfram, qu’a dit M. le conservateur. Une lumière, lui, bien qu’il soit tout mince. On l’appelle Filament parce que son vrai nom c’est Philippe-Armand Tung-Sten !

- Il est encore là votre serrurier ? Qu’est-ce qu’il fait ?

-Ben.. il crochette ! Vous voulez que je vous le passe, le capitaine ?

- Le capitaine Crochette ?

- Non, le capitaine des pompiers, c’est lui le serrurier. Il n’arrête tellement pas de râler contre cette porte qu’on l’a surnommé Ronchonchon !

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L’étau se resserrait ! L’énigme allait être résolue ! Ca devait être encore un coup de l’ARVOR, l’Association des Rigolos de Villejean et de l’Ouest de Rennes ! Sauf que j’arrivais au début de la page 3, qu’il était 21 h 09 et que j’avais promis à l’oncle W. de faire court pour pouvoir envoyer ma contribution dans des délais corrects.

Bah ! Avec un peu de chance on trouverait l’explication de cet imbroglio chez Nana Fafo !

28 octobre 2022

Prix de vertu et gadins badins ? DDS 739

Mais, bon sang de bon soir, quel crime a-t-on commis pour qu’on nous enfermât sous ce vertugadin ?

Et, saperlipopette, à cette bonne dame super-lisse et proprette, qui eût pu supposer cette vie foisonnante sous le jarnicoton de ses jupons tout blancs ?

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Le monde est-il soumis à la ventripotence, à la toute-puissance des instincts, du bas-ventre, du tripotage, de l’attirance, du fricotage, de l’indécence ?

Stupre et Fornication ne sont-ils pas au fond le Dieu et la Déesse qui régissent le monde ? Et celui-ci ne serait-il pas qu’une fête à scrong-neuneu ?

Foutriquets, merveilleuses, dandys, gandins, luronnes et fiers godelureaux dès matin se lutinent et s’allument pour que le soir pénètre en un lieu très secret une tête de nœud à grimper aux rideaux, un vitupérateur qui pisse sa chronique, un jeteur de gourme à gourmette, un jean-foutre, peut-être. Tout est fait, diantre, pour qu’on entre dans cet antre dont Eros est le chantre !

Pour la bignole rousse comme pour la reine de Prusse, ô l’étreinte, ô l’étrenne ! Mazette ! Le manant se voit dans la gazette des gagnants-gagnants, détrônant Don Juan, poussant Casanova dans un cul-de basse-fosse alors qu’il n’a produit rien de très étonnant : tout juste répondu à l’appel de nature et peut-être hérité d’une progéniture !

Fichtre ! Dire qu’il nous faudra appeler cela « Papa » !

D’un suivez-moi-jeune homme à ce bonheur-du-jour, ne serait ce pas là, pourtant, ce poussage de verrou aux orties fragonardes, tout ce qui met du sel à l’aventure humaine ?

En attendant, ventre saint-gris, c’est moi ici qui dois supporter la prison mais croyez moi, morbleu, dans neuf mois, je sortirai. Et il se passera un certain temps avant que j’aille m’intéresser à ce jeu de dupes, « voir sous les jupes des filles » ! 

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22 octobre 2022

A quoi bon se guémener toujours ? (Défi du samedi n° 738)

DDS 738 Régiment d'Ufologie
Cette photo a été prise le jour où j'ai été nommé chef d'escadrille au 503e Régiment d'ufologie de Mourmelon-le-Grand.

14 octobre 2022

Greta T. plombe l'ambiance (Défi du samedi N° 737)

- Vous les boomers, vous êtes comme une girafe qui aurait attrapé un torticolis. Pas moyen de vous faire tourner la tête ! Pas moyen de regarder le monde d’en bas. Vous ne détournez pas votre regard du ciel bleu, des nuages, des avions, du bonheur éthéré de la consommation à tout crin, vous êtes las des Seychelles et vous êtes déjà partis à la conquête de Mars.

Sous vos pattes la savane brûle et vous ne sentez rien ! Vous regardez ailleurs, vous n’avez rien à dire, pas de commentaires à faire. D’ailleurs, vous ne pouvez pas. Coincés, vous êtes, dans le confort, la certitude et l’égoïsme, la suffisance et la hauteur.

Vous les boomers, vous êtes comme un rhinocéros qui aurait des œillères. Impossible de rien voir sur les côtés. Une corne droit devant, un regard qui louche, vous foncez sur ce qui bouge. Il ne doit pas y avoir d’obstacle à votre route, à vos visées.

Vous les boomers, vous êtes comme un gorille en rût. On ne sait pas qui a ouvert la cage mais, vas-y, Dugourdin, vous sautez sur tout ce qui bouge et n’êtes même pas fichus de faire la différence entre une vieille décrépite et un jeune juge en bois brut.

Vous les boomers, vous êtes comme un manchot qui aurait chopé la gale. Comment faire pour se gratter et pourquoi se gratter puisque ça glisse sur vous, la démangeaison est pour les autres et qu’eux, pour ce qui est d’avoir un avenir, ils pourront ? Se gratter.

Vous les boomers, vous…

- C’est bon, c’est bon, Greta ! On va refaire une prise mais essaie d’être un peu moins raide !

- Je peux pas, j’ai un torticolis !

DDS 737 Greta Thunberg

7 octobre 2022

Moi, mes amours d'antan. 4 (Défi du samedi 736)

2223-04 Consigne Facteur filigrane psychédélique

Comme elle sent bon cette lettre !

Elle sent... Elle sent les marchés de Provence, le bagou des commerçants, le voleur à la tire, le garde-champêtre, le gendarme à rouflaquettes et à moustache, l'escapade du forçat enfermé, l'arrière-pays du Cap Ferrat, la montagne mon Dieu qu'elle est belle !

Qu’est-ce qu’elle sent encore ?

Elle a un goût de liberté, une pointe de passion animale aussi. S'il y a une femme là-dessous, elle tient plus de la sauvageonne que de celles qu'on appelle Bichette!

Elle est sûrement du genre à promettre de belles nuits... et à assurer jusqu'au petit matin !

Allez trêve de supputations, examinons le nom inscrit sur l'enveloppe :

Yves Leloup, grossiste, rue Le Bastard, 35000 Rennes

Voilà ! J'ai gagné ! C'est bien une femme qui écrit à son chevalier servant !

Et comme elle est discrète et modeste malgré tout, elle n'a pas inscrit son nom au dos de l'enveloppe. Allez zou ! Je me la garde aussi, celle-là ! Je la décollerai à la vapeur ce soir chez moi et je la remettrai dans ma sacoche pour ma tournée de demain. Le marchand de crayons en gros l'attendra bien un jour de plus, sa carte postale !

***

Scrongneugneu ! s'écria le facteur en sortant ceci de l'enveloppe :

DDS 736 pub frormagerie Seguin

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30 septembre 2022

Les rouflaquettes ? Pour ce que ça vaut (à barbe) !

DDS 735 Louis-PhilippeD’aucuns trouveront ce sujet des rouflaquettes assez barbant. C’est mon cas. D’aucunes apprécieront et le trouveront au poil.

J’ai failli me faire des cheveux toute la semaine en songeant à ce que je pourrais bien écrire sur ce type de pilosité qui ne m’inspire rien du tout, pour ne pas dire qu’il me rase.

J’en étais même à me demander ce matin si les mots que nous suggère semaine après semaine le tenancier de ce salon de coiffure qu’est le Défi du samedi n’étaient pas un brin sexistes. Mais aujourd’hui, hélas, tout l’est !

On ne peut pas proposer bigoudi, choucroute, Wonderbra, oeillade sans recevoir un coup de klaxon et se faire taxer de misogynie de tous les côtés ! Il y a trop de flou dans la raquette !

Bref ! Étant peu inspiré par la façon dont mes congénères gèrent ces poils hirsutes ou pas qui nous jaillissent ici et là et donc sur la tête, sous le menton et sur les joues, j’ai refilé le bébé à mon pote Jean-Emile Rabatjoie qui, un peu fainéant lui aussi sur les bords mais toujours bien féru d’histoire et dégagé sur les oreilles, a bien voulu étudier l’influence du roi Louis Philippe et de son look de roi bonne poire sur nos monarques républicains récents et même sur Mona Lisa.

DDS 735 Présidents à rouflaquettes

Vous remarquerez que dans ce texte même pas oulipien, je n’ai pas fait de jeux de mots capillotractés, sauf dans le titre, ni utilisé le mot « blaireau » de peur de susciter des frictions. J'espère juste ne pas avoir été trop rasoir !

Et donc, n’ayant pas fait d’effort particulier cette semaine, et n'étant pas déprimé par le chauve-qui-peut général, même pas victime d’un quelconque vague à lame, je ne m’accorde pas le droit de boire une petite mousse harassé.

Mais ne prends pas ombrage de cette non-participation, cher oncle W. ! Tu restes toujours mon animateur d’atelier d’écriture… favori ! 

23 septembre 2022

Kiko Nimportekwa (Défi du samedi n° 734)

DDS 734 Status quo

Il ne faut pas prendre Kissinger pour Kossyguine. C’est qui, ces cocos-là ?

Ne confondons pas Jean-Pierre Mocky et Josiane Balasko, Kiloutou et Koh-Lanta, Kiri le clown et Corot le peintre, la consultation de volumes encyclopédiques avec la rôtisserie de la reine Pédauque.

Faut pas prendre la Queen consort pour une conne qu'on rentre.

César Cui ne fait pas la même musique que Status quo.

Faut pas prendre Jean-Claude Killy pour un moniteur de colo : son téléski ne peut pas monter chez Manon Lescaut.

On ne trouve pas plus de kibboutz à Quiberon que de kolkhoze à Cambrai ou même à Combray si on préfère lire des bêtises.

Il ne faut pas mélanger les quiches lorraines de tante Marie avec les cochonneries d’Honorine Tintamarre, sa marraine.

- Les quizz débiles du prof de maths ne sont pas forcément la cause pour laquelle tu déballes ton paf devant les mottes ! » dit le psychanalyste à l'exhibitionniste.

Faut pas prendre « Qui l'habille ? » pour un quolibet. Quoique !

« Kim Basinger écoute Come together des Beatles habillée en Elizabeth Arden », ce n'est pas pareil que « Qui wassingue les cours des corons écoute plutôt Stone et Charden ».

Ne mélangeons pas Yoko Ono, Wikipédia, Marco Polo, marquis de Sade, le sirtaki, un vieux tacot, un baraki ,un bourricot, ne me quitte pas, cot cot cot Kodak, un kil de vin rouge, un alcool de riz, un kimono noir sans ceinture et des façons comminatoires, Valérie Kaprisky et Elvire Popesco, Eleska c'est exquis et Eugène Ionesco, riquiqui et rococo, Rocky Balboa et Rocco Siffredi !

DDS 734 MoussorgskySapristi! C'est presto qu'il faut jouer Moussorgski et c'est moderato qu'on interprète Enesco, pas l'inverse !

Ne mélangeons pas « Bien mal acquis » et « Paye pas ton écot ! » même si ça revient au même.

Qui cocoone tout l'été s’enquiquine tout l'hiver.

Défense de cogner sa coquine même si elle vous enquiquine, surtout place de la Concorde !

A trop kiffer les coffres forts de Fort Knox on risque de se faire coffrer et d'enquiller les années au trou en Alkatraz ou à Sing-Sing.

DDS 734 Kara-koNe confondons pas Takeshi et Kitano, la Guinée et Conakry, la Tchéquie et le shako, l'expédition du Kon-Tiki et l'étrange odyssée du Kara-Ko.

Fin de l'abondance : Qui kiffe l'enfilade et le Kâma-sûtra copulera en pull cet hiver plus que jamais !

Faut pas prendre Yom kippour pour Raymond Kopa ni François Coppée pour un fromage qui pue.

Ce blé du kilimandjaro colle aux dents : manger horrible

Kilt à l'envers, costard austère, Colt à l’holster : un killer en colère !

Qui torée aux arènes parmi les cotillons sait aussi marier l'art de la critique ciné de Marion Cotillard.

Faut pas confondre l’aura qui limbe Christophe Colomb sur son esquif avec le renom de la coke des nuits festives de Kiki à Montparnasse.

DDS 734 AstérixSi sur le Quirinal Rémus et Romulus burent de la Corona - et pas qu'un doigt ! - ce n'est pas à la louve qu'on le doit.

Ne pas confondre kitchenette et kot chelou !

Laisser filer Kylian M’mbappé vers les filets des buts adverses est moins grave que choper le scorbut sous l’averse ou filer un collant... au capitaine Haddock addict du sparadrap.

A part ça vous avez tout à fait le droit de prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages mais pas de tirer dessus !

Et même aussi celui de prendre l’Helvétie pour une lanterne ! Mais attention de ne pas vous brûler !

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