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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

7 novembre 2014

FAIRE SON CIRQUE

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 Dans mon costume de couleur
J'attends qu'ait fini l'écuyère
Pour m'élancer dans la lumière,
Dans le cercle du projecteur.

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Voilà qu'on lance la musique
Et que déboule Triboulet.
Le clown travaille sans filet
Son numéro tragi-comique.

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Le défilé des éléphants,
Une fois qu'ont barri leurs trompes
N'est rien à côté de ses pompes
Qui font bien rire les enfants.

 

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 Nez rouge, cheveux en bataille, 
Visage blanc, sourcils charbon,
Il cabriole, il fait des bonds,
Il se fait courser, il se taille

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Puis il grimpe sur une échelle,
Annonce qu'il va s'envoler.
Tout un chacun de rigoler
Mais soudain, scène exceptionnelle,

Joe Krapov pour timbre

Il devient la femme canon,
Il traverse le pavillon
Et se transforme en papillon !
Quel magicien, crénom de nom !

***

Oui, la prestation est truquée !
Il y a forcément un complice
Malle, rideau, autre artifice,
Substitution alambiquée.

Afin de lever le mystère
Visitez la ménagerie,
Découvrez la supercherie :
Une cage à lépidoptères !

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31 octobre 2014

Confondu en remerciements (Joe Krapov)

Je me suis confondu en remerciements :
J’ai dit « Merci Tintin » au capitaine Haddock !
J’ai dit Deo gratias dans un congrès d’athées !
J’ai chanté « Merci patron » de Pierre Perret et « Les jolies colonies de vacances merci papa merci maman tous les ans on voudrait qu’ça r’commence » des Charlots !
J’ai dit « Merci Garrett » alors que ce n’était pas Pat mais bien Billy the Kid !
J’ai lu « Merci pour ce moment » de Claude Chabrol au lieu de regarder « Merci pour le chocolat » de Valérie T. si je mens.

Après toutes ces gaffes je me suis fait un sang danke mais pas longtemps car après je me suis perdu en conjectures : Etais-je pris de boisson ? Confit en dévotion ? Entré en déliques-adoles-cence ?


Ce qui a mis un terme à mes tergiversations c’est que l’armoire normande – mais n’était-ce pas en fait un placard breton ?– m’est tombé sur le buffet. SPLATCH !


Alors auprès de tous ceux que j’avais mal remerciés et auprès de tous les autres à qui je n’avais pas dit merci je me suis excusé. Platement.

 

28 septembre 2014

TOUR DE MAGIE

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Coincer la bulle savonneuse au niveau de la soupape de sécurité ;
Faire faire aux aiguilles du cauchemar un tour complet sur elles-mêmes à cause du changement d’horreur ;
Jouer au limonaire l’aire hyper-calomnieux destiné au violon afin de dénoncer les sanglots longs du nonce par trop monotones à l’automne pour qui perdit son sonotone ;
Insérer la prière d’un café serré dans le bulletin paroissial ;
Fusionner dans une éprouvette le ressentiment pour Rome, objet unique, et l’inintérêt de se coucher de bonne heure pour longtemps ;
Bayer aux corneilles, prendre racine, boire à la fontaine de jouvence, creuser Nothomb, compter les mouches au plafond de la chapelle en se demandant ardemment « La chopine existe-t-elle ? L’ange a-t-il des oreilles de Mickey ? » ;

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Mettre un pain d’apôtre dans le fournil du mécréant.
Exorciser la nuit noire à coups de tournevis cruciforme.
Egrener le chapelet des noms d’étoiles ;
Faire saigner l’impénétrable Voie lactée ;
Appeler un chat un chat et la lumière sur soi.

Alors Dieu apparaît et dit : « Désolé !
Si vous n’êtes pas satisfait par le produit,
Tant pis. Comme vous le savez,
La vie, il n’y a pas de S.A.V. !».

Recommencer ad libitum car ça fait trop de bien d’entendre Dieu parler.

12 septembre 2014

Un drôle d'oiseau (Joe Krapov)

S’il y a bien sur cette terre un animal aux us et coutumes étranges, c’est l’Homme.
Oui, je sais, la Femme n’est pas mal non plus.
Bien que j’aie mis une majuscule à Homme, mettons-les, l’homme et la femme, dans le même panier et gageons qu’ils y feront des petits ensemble.
Reprenons.
Disons « nous »…
Disons-nous que nous allons dire « nous » par la suite puisque l’objectif de ce texte est de mettre tout le monde, y compris moi-même, dans le même sac même pas à malices.

Nous allons donc tous à l’école. On nous y apprend à lire, à écrire, à compter pour autre chose que du beurre, on nous enseigne l’histoire, la philosophie, les langues, la littérature et on nous donne en exemples des gens qui ont pensé et passé leur vie à pondre des bouquins d’importance : on est très honorés d’apprendre que Balzac est l’auteur de 93 volumes de Comédie humaine, on découvre qu’Emile a pondu vingt volumes de Rougon-Macquart ou dans ces eaux-là, on s’étonne que Marcel Proust… Non, pas Marcel Proust, oncle Walrus va encore faire une jaunisse !

Résultat des courses, une fois apprise la leçon, on est un homme, mon fils ! Une fois ingurgités les codes moraux et culturels de la société contemporaine, munis de ce bagage exemplaire et admirable des gens qui, face à la barbarie primitive, ont conquis la liberté de penser, de raisonner, d’écrire, de partager, de dénoncer, de délirer même parfois alors, irrémédiablement, comme tout le monde,… nous nous affalons devant un écran et nous regardons des conneries !

Les plus évolués d’entre nous, ceux qui ne se laissent pas prendre au piège des glandes mammaires de la Miss Météo du moment, celles qui trouvent stupide de s’exciter une bière à la main devant vingt deux crétins sportifs qui courent après une baballe, celles et ceux que laissent indifférent(e)s les millions de photos de chatons qui font tout et n’importent quoi et surtout gangrènent l’Internet, ceux-là et celles-là qui ont retenu quelque chose du bel enseignement de l’école continuent à écrire et y prennent grand plaisir. Grâces leur soient rendues : ils, vous, toi, moi, participent à des ateliers d’écriture et à mon bonheur présent et je les vous te me en remercie.

MAIS !

Mais comment expliquer qu’au sein de cette communauté résistante de gens sensés un type puisse arriver et imposer sa loi stupide sans que personne ne moufte plus que ça ? Avant que cette chronique n’atteigne sa 23e ligne ou ne la dépasse, nommons le type M. Twitter ou appelons-le M. Loiseau et rendons-nous à l’essentiel car ça traînouille un peu, je trouve, ce jour d’oui mais des Panzani !

M. Loiseau nous dit : « C’est très bien les gars les filles ! Vous avez commencé à raconter votre vie sur un blog ! Vous savez intéresser lecteurs et lectrices de manière à ce qu’ils vous suivent dans vos récits du quotidien au moins jusqu’à la 23e ligne ! Mais maintenant, avec moi, vous allez faire plus fort ! Vous allez ouvrir un compte chez moi, comme ça je saurai tout de vous, j’envahirai vos boîtes mail avec ma pub mais ça c’est rien. Surtout vous allez avoir des tas de fans de vous, des « followers » à qui vous raconterez où vous êtes, ce que vous faîtes, qui vous êtes, ce qui vous plaîtes ou vous déplaîtes, vos histoires de zézettes ou de pensées pas nettes… Tout ça, vous allez le faire à longueur de journée chez moi. MAIS ! Mais chacun de vos message ne devra pas dépasser 140 caractères d’imprimerie !".

Le croirez-vous ? Chez cet individu aux mœurs bizarres autant qu’étranges, l’homme, la femme, nos « contemporains c’est dire si j’contemple rien », cette proposition stupide a marché et marche encore. Tu demandes aux gens de se contenter de cinquante mots de vocabulaire, de consulter leur courrier sur une plaquette en plastoque de 5cm sur 10, de n’exprimer qu’une phrase à la fois pour que la toute faune cacophone et ils le font ! Ils écoutent leur discothèque dans deux boules quiès maintenant ! Moi je dis que ça mérite des baffles !

Ce besoin panurgien de suivre le troupeau et les nouveaux gourous armés de la technologie est tel que j’ai moi-même ouvert un compte Twitter il y a deux ou trois ans. A ma décharge publique, je n’y ai publié que six ou sept haïkus et c’est tout. Comme je suis un individu aux us et coutumes encore plus étranges que les vôtres, un drôle d’oiseau en fait, je me suis aperçu qu’au lieu de cuicuitweeter j’allais faire (le) coucou chez les autres et que je déposais, dans la zone de commentaires de mes blogami(e)s, de véritables formulettes à -140 ! Je les ai baptisés gazouillidiots parce qu’au début j’écrivais cela « twits ». Joye m’a expliqué que ça voulait dire quelque chose comme « crétin » en anglais.

Et donc ce jour, ayant décidé de rentrer dans le rang – c’est là le lot commun des brebis égarées du troupeau du Seigneur ! - je les rassemble ici pour que vous puissiez juger par vous-même qu’en matière de bêtise et de méchanceté, face à Nadine M. et Valérie T., j’ai encore des progrès à faire ! Ou pas !

La vie est dégueulasse. John Lennon est mort. Georges Brassens est mort. Jean Ferrat et Georges Moustaki sont morts. Et Michel Sardou chante encore !

Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard. Bien ! Alors vivons vite! On apprendra plus tard !

Qu’Elsa crie « Olé Olé ! » Et aussitôt Aragon grimpe aux rideaux !

Aller au cinéma voir « Le Jour le plus long », « la 25e heure » ou « L’année des méduses », ça prend du temps !

Chez nous on ne nettoie le lustre que tous les cinq ans

On a conservé « les riches heures du duc de Berry » mais pas « les laborieuses journées du pauvre Martin, serf ».

- Qu’as-tu fait de tout ton temps sur cette terre ? demanda Dieu à Dostoïevski.
- « L’Idiot » …
Mais avant même qu’il eût pu citer d’autres titres, Dieu se tourna vers moi et demanda :
- Et toi, Joe Krapov ?
- -Pareil !


Tu vas pas nous chier une pendule parce que t’as perdu ta montre, non ?

Les déchus du Sarkozysme ne seront pas tombés de bien haut (C’est petit, ça, Joe Krapov !)

Si j’étais un bouquet de fleurs, j’aimerais bien être six roses, ma foi !

Si j’étais une fleur, je serais jacinthe ni touche !

Proverbe chinois : Un potage au nid d’hirondelles ne fait pas le rouleau de printemps !

Les chiens de Vannes aboient et la carapace

Parce qu’ils ont bonne mémoire et commettent rarement des erreurs les éléphants n’aiment pas qu’on les détrompe.

Je ne sais jamais si le concerto de Rodrigo est d’Aranjuez ou s’il est du silence qui suit l’exécution d’une œuvre de Mozart !

C'est quoi le risque professionnel majeur pour un photographe qui n'aurait pas de trépied et photographierait un même port belge sous le même angle à différentes heures de la journée ?
Attraper une Ostendinite !

Un commentateur c'est quelqu'un qui commentâte de la critique littéraire mais qui est bien embêtâté quand ce n'est pas de la fiction !

Comme ces gazouillidiots sont en général suivis d’un « OK je sors », estimant avoir assez « twité»sur le Défi du samedi pour aujourd’hui, je m’en vais effectivement sortir et retourner dans la vraie vie. J’y ai là aussi des us et coutumes très étranges : je m’y fiche pas mal de Twitter et de la marche du monde, j’y aime des gens, j’y photographie des lieux et j’y joue et chante sur une guitare à douze cordes, avec la voix de Guy Béart, des chansons de Georges Brassens !

 

11 septembre 2014

Clémentine Caravage et les fruits de la passion par Joe Krapov

Dans l’absolu, on pourrait lui balancer un marron en pleine poire au gars qui nous brise les noix mais il faut d’abord considérer, en toute relativité, la façon dont on est gaulé et choisir, si la querelle a lieu à propos de queues de cerises, de se fendre plutôt la pêche.

Dans l’absolu, si le gars qui vous brise les noix est un gendarme qui vous a vu passer à l’orange prononcé, il vaut mieux accepter qu’il vous colle une prune. Mais en toute relativité, si vous lui dîtes « OK, l’amende est pour ma pomme mais le gars qui me précédait avait bien lui aussi plus qu’un peu appuyé sur le champignon, non ? » et qu’il vous répond « Oui mais lui on le connaît. C’est une grosse légume, une huile de chez nous », alors ne tergiversez pas : écrasez votre banane, lâchez-lui la grappe au roi de la tagadactactique, n’ayez pas le melon. La rouspétance, jadis, ça eut payé mais aujourd’hui papaye plus.

MIC 2014 09 08 Athena with pears par Bill Gekas

Dans l’absolu, ça porte bonheur de marcher dans la griotte du pied gauche. Mais si vous roulez sur le noyau et que vous vous retrouvez à l’hôpital avec une jambe cassée, vous êtes en droit de ramener votre fraise et de tancer la jeune marchande qui les a crachés tout le long du chemin :

- Eh dis donc, Salade de fruits jolie jolie, on ne t’a jamais dit que t’étais un vrai danger public ?

- Mon bon monsieur répond la belle enfant, gardez pour vous vos avanies et vos framboises. Je ne me sens responsable en rien du pépin qui vous arrive. A chacun ce qui lui vient, autrement dit, « c’est ton des-tin »  ! Car tout le temps que vous m’avez suivie le long du mur où pendent les mûres j’ai bien senti que vous n’aviez qu’une seule idée en tête : me mettre la main au panier !. Si je suis la cause du désir, je ne suis pour rien dans votre chute : je mangeais, voyez-vous, des groseilles et je ne crachais sur personne, ce n’est pas dans mon tempérament. Pourtant, dans l’absolu, je leur balancerais bien une pêche en pleine poire voire un pruneau dans le buffet aux gars comme vous qui me brisent les noix à force d’en vouloir à ma figue secrète, mon abricot fendu et mes petites mandarines ! 

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5 septembre 2014

La douane des souvenirs du Bassin d'Arcachon (Joe Krapov)

 

J'ai rapporté dans ma valise
Un peu de la lumière grise
Qui baignait le port de Parros
Où l'on ne roule pas carrosse
Mais où, bien à l'abri des tuiles
On dit que tout baigne dans l'huile

Je vous offre quelques bricoles
Venues des ports ostréicoles :
Des hippocampes, des pinasses.
Près de Notre-Dame des passes
Des prix qui sont loin d'être en baisse
M'ont laissé tout nu à la caisse.

Dans le fond de ma Samsonite
J'ai déposé pour ma pituite
L'étiquette et quelques bouchons
De vins du bassin d'Arcachon
Et d'une ou deux autres potions
Auxquelles je fis dévotion

Dans un' poch' de mon sac à dos
J'ai mis la ville de Bordeaux,
Les grands chevaux de sa fontaine,
Montaigne le croquemitaine,
Deux têtes coupées, médusées
Et le Picasso du musée.

J'n'ai pas déclaré à la douane,
De peur qu'on me mette en cabane,
Le grand pyjama à rayures
Qu'à Biganos, port d'envergure,
j'ai volé avec la manière
Et planqué dans l'fond d'ma glacière

J'ai glissé dans mon réticule
Le pénis amputé d'Hercule
Qu'un iconoclaste nocturne,
Sorti cagoulé de sa turne,
Fit tomber d'un coup de massue
Au sein de la cité cossue.

J'n'ai rien pris d'autre au Parc mauresque
Bien qu'je sois kleptomane ou presque
Et j'ai même oublié, crétin
De m'acheter un sacristain,
Pâtisserie comblant les creux
De tout voyageur religieux.

On trouvera dans mon baise-en-ville
- Oh Sympathy for the devil ! -
La pierre qui roule sa bosse
Sur la route de Biscarosse
Et la dune qui m'ensabla
Quand j'escaladai le Pilat.

J'ai ramené dans mon bagage
Une impression de fort tangage
(Les bas ? Les hauts du cap-Ferret
Qui ne m'ont pas fait trop marrer ?),
De séjour teinté d'hérésie
Au pays de Grand'bourgeoisie.

J'ai ramené dans ma besace
Une magnifique rosace
Prise au bout de la jetée Thiers
Dans le plancher devant la mer,
Rose des vents de la Gironde
Qui invite à rêver le monde.

Et j'ai mis dans mon havresac
Le clapotis et le ressac
De la mer immortalisée,
De la mariée irisée
Dont le voile volait dans l'air
Un soir sur la plage Pereire.

Dans la grande malle d'osier
J'ai mis le soleil, ce brasier
Qui incendia nos soirs d'été
Et dispensa sérénité
Aux marcheurs rêvant d'aventure
En pays de villégiature

Mais je mens comme je respire :
Dans ma besace du bas-Empire
N'étaient que batteries vidées,
Saturations de cartes SD,
Livres lus, chaussettes salies,
(Et billets de mono poli ?)

Car dans mon vieux sac à malices
Chacun sait quels sont les délices
Que je rapporte des voyages :
Des palanquées "tchanquées" d'images !
Faites en votre miel ou pas :
Je butinerai jusqu'au trépas !

4 septembre 2014

PRENDS UN SIEGE, ASSASSINAT !

C’est toujours difficile à dire, « j’ai pris trois valdas dans le buffet » !

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D’abord parce qu’il faut expliquer aux générations « bonbecs Haribo » ce qu’étaient ou ce que sont encore les pastilles Valda : des boules de gommes de forme conique, parfumées à la menthe et enrobées de sucre, sucre-ceptibles, suce-ceptibles, pardon, susceptibles de soigner la toux et les maux de gorge. Les confiseries d’hier, Renaud les a très bien chantées dans sa chanson « Mistral gagnant ». Pour moi, je ne me sens pas de jouer les vieux cons nostalgiques, limite dépressifs alcooliques, pour expliquer à des petits morveux à boutons qu’avant eux, sans culotte ou pas, le peuple a lui aussi pris la pastille. En 1789 et après.

C’est toujours difficile à dire, « j’ai pris trois valdas dans le buffet » mais c’est encore plus compliqué à écrire. D’abord, faut-il mettre un "s" et une majuscule ou pas à « valda » et donc écrire « J’ai pris trois Valda dans le buffet » ? Car, vérification faite, il s’agit d’un médicament pas sale et d’un nom propre, celui d’une marque déposée par M. Henri-Edmond Canonne que nous nommerons par la suite HEC pour la bonne raison qu’il n’y a pas fait ses études mais qu’il a fait fortune quand même avec son remède à la gomme.

Or les noms propres ne prennent pas de « s » au pluriel, « sauf s’il s’agit de noms de pays ou de fleuves (les Guyanes, les Espagnes), de noms de familles royales (les Bourbons, les Capets, les Stuarts) ou si ce sont des noms propres employés "génériquement" à la place d'un nom commun (antonomase), par exemple des Harpagons ». On en met aussi à des noms d’œuvres d’art (des Cupidons) mais en général une seule flèche suffit pour vous rendre piqué, surtout si l’amour est enfant de Bohème.

La question est donc bien : « Peut-on comparer une valda à un watt, un ampère, un diesel, un tartuffe ou un don juan ? Un kleenex, un klaxon, un frigidaire, du scotch, un kärcher ? Si la réponse est oui, je ne vous conseille pas pour ma part de mâcher du vélux !

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C’est toujours difficile à dire "j’ai pris trois valdas dans le buffet", surtout chez nous car nous consommons plutôt, un par un,  des bonbons à la sève des pins des Vosges et qu’ils ne sont pas rangés dans le buffet où l’on trouve surtout la vodka et les soucoupes au citron que Mlle Zell m’a offertes pour mon anniversaire. Ah non, tiens, on ne les trouve plus : Marina Bourgeoizovna leur a fait un sort !

MIC 2014 09 01 soucoupes fruitées


Mais finissons-en ! Je sais que les rieurs ne règneront jamais, surtout quand ils auront été abattus par un fanatique impatient et violent de trois pruneaux dans le poitrail comme c'est arrivé à John Lennon. Mettons que le tueur s’appelle Henri-Edmond Canonne et la boucle sera bouclée ! Car si vous connaissez un peu l’argot, vous savez que c’est là l’autre sens de cette expression et qu’il est donc toujours difficile de dire « J’ai pris trois valdas dans le buffet » : bien souvent, après, on est mort et même pas de rire. 

 

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27 août 2014

Le Domaine de Chatterley ? (Joe Krapov)

DDS 313 paysage de début

- C’est mâtines de Pâques, ma douce primevère !
- Il suffit !
- Les cloches sonnent de bonheur ! Din ! Ding ! Dong !
- Il suffit !
- Courons, légers comme cabris, faisons des bonds ensemble et des gambades en l’honneur de la nature, de Dieu…
- Il suffit !
- Laisse-moi jouer guilleret l’aubade à la mousse, à l’herbe, au coquelicot, au royaume de la tarentelle… Laisse-moi croire que tu préfères le berger qui souffre sans le dire au sonneur en velours et dentelles…
- Il suffit !
- Coucou, fais le guet ! A cueille-fleurettes je t’emmène visiter le danger et l’enfer ! C’est péché de cacher ton dedans ! Rien n’est mieux pour s’aimer que blottis sans galoches ni sabots avec elle que, entre tou’s les belles, je saurai tant tenir comme pique, chardon ménager pied voici ton tout passer patte pendant personne devine jetons dents semble ton tes ton tes tes ton petits fleuris tenir tenir tenir vois tout tout Bon !
- Il suffit !

Devant l’incohérence du discours et l’impudence des gestes de l’homme au souffle court, la châtelaine s’échappe. Elle franchit la passerelle en courant.

Il la regarde fuir vers le château au loin et, ressentant au plus profond de sa chair un sentiment d’échec lié à leur différence de classe sociale il se tourne vers Dieu et lui demande de faire disparaître cet épisode de sa biographie, voire même, s’Il le peut, à la faveur d’une révolution à venir, de faire en sorte que ces murs roses et ces tourelles pointues disparaissent de la surface de la planète.

Alors, le miracle se produit. Dieu apparaît entre deux nuages dans le ciel, il passe un coup d’éponge et repeint un autre paysage par-dessus Sa création.

DDS 313 paysage de fin

- Seigneur ! Qu’as-tu fait là ? demande la châtelaine avant de disparaître dans un autre espace-temps où les bergers Fragonardiens n’ont plus rien de libidineux.
- Ben quoi ? Tu ne connais pas la chanson ? Il supplie d’effacer le fond, c’est tout de suite la peinture ! 

17 août 2014

LOGOGRIPHE DU CANDELABRE

Galerie de tableaux.
Ancêtres encadrés.
Lueur des candélabres.

Lecture du testament au salon délabré.

Cette vieille baderne de Maître Abélard nous balade par-dessus les cendres de l’aïeul refroidi.

La tante Anna, toute râblée, se racle la gorge et secoue son vison crade. Elle espère devenir le leader de la bande.

Cette vieille carne de cousin André s’est fait du lard depuis qu’il habite le Béarn mais il semble toujours avoir les neurones en rade et la matière grise en berne.

Carla la vénéneuse n’a pas bâclé sa tenue de gala. La calandre impeccable, balancée comme un tanagra avec juste ce qu’il faut de béance dans le décolleté au vu des circonstances. Pourtant, dans les bénards, aucun des mâles présents ne bandera pour cette garce au calbar noir car chacun sait comme sous son crâne son âme est celle d’un vieux ladre.

MIC 2014 08 01 enfants

Photo de Carla et de son frère enfants avant que celui-ci ne se noie – ou ne soit noyé - dans des eaux et des circonstances troubles.

Nul n’est blanc dans cette famille dont je connais tous les arcanes. Dans ce panier de crabes tout le monde canarde, charge, cancane ou assassine.


Mais nous arrivons au moment où le notaire, les yeux cernés et la voix grise, met la machine en branle et décerne les prix.


Tante Anna s’est cabrée, André a renâclé, Béa a râlé, Carla est restée clean et moi, le décalé de la bande, j’ai rigolé quand l’homme de loi matois a clamé la débâcle et déclaré, funeste barde, que la fortune du vieux grigou ne consistait qu’en une clé, celle de sa cabane de pêche du port ostréicole de La-Teste-de-Buch en Gironde.


Mon frère Bernard, acerbe, a accusé Béa d’avoir bradé les sous chez son dealer pour se shooter avec le vieux. Carla nous a traités de brelan de fripouilles. Bref tout le monde est parti furax, ébranlé, braqué sans même se serrer la paluche.


J’ai empoché la clé dont personne ne voulait, j’ai remercié l’alcade et enfourché ma bécane.

 

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Dans la cabane bancale sur le bord du canal, alors que gauche et droite le cherchent vainement, j’ai trouvé le moyen d’opérer la - ma - relance : j’ai assemblé le vieux cadre de vélo rouillé de Papy et la nacre des coquilles d’huître pour en faire œuvre d’art. J’ai fourgué le concept à des FRAC de province et j’expose l’année prochaine à la FIAC tout un tas de ferraille identique ! Croyez-moi, ça rapporte : c’est dans l’art contemporain que les riches d’Arcachon et d’ailleurs investissent leur pognon désormais !

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Merci, merci, Papy d’avoir jeté ici l’ancre de ton incurie et de m’avoir jadis initié à Balzac : « Oublier est le grand secret des existences fortes et créatrices ». Mais c’est vrai, ce n’est pas à la portée de tout le monde, d’oublier d’être con !

Quoi qu’il en soit, héritage ou pas, transmission ou non, candélabre ou pas, je te dois une fière chandelle !

14 août 2014

FERME TA BOÎTE ! (Joe Krapov)

Sur la petite place de ce petit village il n’y avait personne. Et pourtant je n’avais pas rêvé. Une petite voix m’avait interpellé et elle continuait de me parler.

Boîte aux lettres MAP DDS 311

- … Et c’est vrai que maintenant il n’y a plus besoin d’entrer dans une cabine téléphonique pour appeler du dehors le 22 à Asnières ? C’est ça que ça veut dire tous ces gens qui se promènent en se tenant l’oreille droite et qui causent tout fort dans la rue comme des débiles sans plus rien regarder autour d’eux ? Au début j’avais cru à une recrudescence d’idiotisme de village cumulée avec une épidémie d’oreillons ! Et les courriels, c’est quoi exactement ? Vous tapez un message sur votre clavier, vous tapez « envoi » et il arrive instantanément dans la boîte de votre destinataire ? On est en pleine science-fiction, là ! Comment ça fonctionne ? C’est un facteur factice sur un vélo virtuel qui pédale pour faire passer le pli dans les tuyaux ? Vous n’écrivez vraiment plus sur du papier ? On m’a même dit qu’aux Etats-Unis ils allaient arrêter d’apprendre aux mômes à écrire avec un stylo ! Vous vous rendez compte ? Qu’est-ce qu’on va devenir, nous ? Des pièces de musée ? Déjà qu’il n’y a plus qu’une levée par jour ! Et vous, vous écrivez encore ? Vous avez envoyé des cartes postales cet été ?".

C’était bien de la boîte aux lettres archaïque que la voix sortait. C’était bien la boîte elle-même qui me questionnait. Je n’ai pas eu le cœur de lui parler de Skype, de Facebook, de Twitter, des SMS ni de la blogosphère où je suis très actif.

Et puis j’ai paniqué. Jeanne d’Arc aussi a commencé par entendre des voix et puis après son destin a basculé tragiquement parce qu’elle est allée bûcher dans un autre domaine que le sien. Alors j’ai eu pitié de la boîte aux lettres jaune et verte et j’ai fait un truc idiot. Dans la fente réservée aux lettres et aux cartes j’ai glissé mon baladeur MP3. Si elle farfouille un peu dedans elle y trouvera, avec les petites merveilles d’Emmylou Harris ou de Cécile Corbel, la carte postale virtuelle et sonore de mes vacances à A…
 

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