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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

21 mai 2014

OUBLIER KRAPOV ? OMISSION IMPOSSIBLE ! par Joe Krapov

Affirmons-le tout net : la mémoire est un truc de con ! Je ne sais vraiment pas pourquoi, en effet, j’ai retenu le nom de ce groupe pop des années 60-70, Jethro Tull, dont je n’ai jamais écouté aucun disque ni même pourquoi j’ai encombré ma petite cervelle avec le nom de son « leader », M. Ian Anderson. Lui par contre fait une apparition en tant que joueur de flûte invité sur le dévédé d’Uriah Heep « Acoustically driven ».



Affirmons-le tout de suite : la culture est un truc de con ! Tu tires sur un fil, et il y a tout le peloton qui vient ! Voilà qu’on me parle aujourd’hui des filles de Jethro. Elles auraient été peintes sur les murs d’une chapelle dite « sixteen » à Rome par un nommé Sandro Botticelli, peintre en coquillages de la planète Vénus. Il les a représentées à l’époque où elles s’occupaient de garder les moutons et ron et ron petit pataton dans une ferme bio près de Silène en Lybie, là ou Saint-Georges affronta et vainquit le dragon.

MIC 2014 05 19 Les filles de Jethro

 

Affirmons-le tout de go : la réputation de M. Botticelli comme peintre-photographe de naissances et de mariages est largement surfaite. C’est même, positivement, un attrape-cons ! Outre que sa photo est floue, l’une des sœurs tourne la tête au moment où il déclenche. Ce n’est pourtant pas difficile de demander à ces jeunes filles auxquelles il ne manque pourtant pas grand’ chose pour qu’elles deviennent de vraies poseuses de regarder l’objectif et de dire « Tchiiiiz » ou « Ouistiti ».

Affirmons-le tout penaud : je suis le même genre de con que tout le monde. Puisque ces dames gardent les moutons et que ma dernière devise depuis mon récent voyage à Barcelone est « Panurge everywhere ! And i am from the troupeau too ! », après la découverte du tableau de Sandro j’ai fait comme tout le monde et je suis allé chez Madame Wikipe en apprendre plus sur papa Jethro, dame Sephora sa fille et sieur Moïse qui épousa celle-ci.

140429 614

 

Affirmons-le haut et fort, même si cela perturbe le cours de mon discours, dans toutes les larmes que j’ai versées à Barcelone en constatant la boeufitude de certains de mes contemporains et le côté rudement pimenté des « patatas bravas » s’attarde quand même l’espoir que j’y retournerai un jour « hors saison » afin de profiter plus amplement de cette ville emplie de trésors et peuplée d’hidalgos princiers et de splendides Catalanes.

Et donc, à l’issue de cette lecture studieuse, au terme de tout ce cheminement vers « toujours plus de données inutiles dans les cases de mon petit crâne » je me suis fait une réflexion et je me suis posé plein de questions, ce qui est déjà un beau résultat pour un type qui n’a qu’un seul neurone !
La réflexion, tout d’abord : l’histoire religieuse est pleine de sueur, de larmes et de sang (en anglais, dans le désordre comme le tiercé : blood, sweat and tears). Ce Moïse « qui tue de son épée un Égyptien qui battait un Hébreu, qui fuit dans le désert pour le pays de Madian, prend la défense des filles de Jéthro dont sa future épouse Séphora contre des bergers qui veulent les chasser alors qu'elles tirent de l'eau du puits, reçoit la révélation divine du buisson ardent, conduit le peuple d'Israël hors d'Égypte vers la terre promise, reçoit les tables de la loi » et vit encore sa vie de super-héros jusqu’à 120 ans, je m’étonne qu’Hollywood n’ait jamais songé à tirer un film de sa vie. Comment ? Ca a été fait ? Par Elie Chouraqui et Pascal Obispo ? Oublions !

Les questions : Que devient l’autre sœur ? Comment se prénomme-t-elle ? Que sait-on d’elle ? Pourquoi n’entend-on plus parler d’elle ensuite ? Pourquoi une telle omission ? C’est impossible ! C’est quand même la belle-sœur de Moïse, non ? Ce n’est pas rien, non, comme titre, dans l’Histoire ?

Sur Internet j’ai appris qu’elles étaient sept filles de Jethro, que Sephora a été adoptée, qu’elle était Arabe ou noire et que vas-y que je polémique et que vas-y que je discutaille la bavette… J’ai préféré oublier ces échanges et j’en suis venu à l’essentiel. A l’Essentiel. Il est question là-dedans d’un certain YHWH. « Pour l’accréditer auprès des Hébreux, Dieu lui révèle son nom, en continuité avec la tradition ancestrale : Abraham, Isaac et Jacob. Ce nom est le tétragramme YHWH ». 


Essayez avec moi : YHWH, YHWH ! C’est franchement imprononçable. Il y a là de quoi cracher son dentier si on en a un. Y avait vraiment pas moyen d’intercaler des voyelles dans ce nom-là ?


Car enfin, à quoi ça rime d’omettre des voyelles ou des consonnes. C’est une nouvelle façon de réformer l’orthographe ? De faire des économies d’encre comme en utilisant le caractère Garamond mal de tête ? Certes, on comprend encore, à la limite, des phrases comme « en crosere sur le Mssssp, un Georgen de Tblss a fat la connassnce d’une Amércane ». Déjà plus limite est celle-ci : « Bottcell dt aux sours : dtes Tchz ou Oustt ! ». Mais si on veut sucrer les « s » plutôt que les fraises, que penser de « En croiière ur le Miiippi un Géorgien de Tbilii a fait la connaiance d’une uiee ? » Oui, gagné, dans cet exemple-ci, il s’agissait bien d’une Suissesse !


En conclusion, au vu de la longueur de ce texte à partir d’un sujet si mince, prêt à avouer que « Trop de Krapov tue le Krapov », je dirai que je ne m’économise vraiment pas et que je suis pour le maintien des consonnes dans le mot « strict » et pour le maintien des voyelles dans le mot « oiseau ». Et avant d’aller déguster l’omltt de la mr Poulard, j’ajouterai ceci : de la même manière qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on n’écrit pas « omelette » sans caser d’e. Sinon reste plus qu’à aller se faire cuire un œuf. Justement, j’y vais de ce pas.

 

MIC 2014 05 19 mère poulard

 

 

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15 mai 2014

Ne me parlez pas de ce Triangle, je suis immortel !

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Chopin qui nous pondait nocturnes et préludes,
Don Quichotte et Sancho, leur dissimilitude,
Venise qui moisit dans sa décrépitude,
L’Olympia de Manet, océan de quiétude,
Et Claud’ François qui chante un peu comm’ d’habitude
D’étranges platitudes et va la trouver rude,
La not' bien ampoulée du vol en altitude :
En électricité ? Zéro ! Inaptitude !

Tout doit disparaître aux Bermudes !

De l’horloge parlante, havre d’exactitude
Aux marées d’équinoxe éprises d’amplitude,
Du fumeur opiomane enivré d’hébétude
Au voleur des cités émule de Latude,
De la néologiste en pleine bravitude
Jusqu’au coureur de fond pétri de solitude
Chacun doit le savoir : sous cette latitude
Rien ne subsiste et c’est la seule certitude :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Le procureur peut bien vanter sa rectitude,
L’avocat réclamer de la mansuétude,
L’accusé adopter la plus humble attitude,
Les jurés avouer leur grande incertitude :
Charlot Tanguy a-t-il occis Dame Gertrude ?
L’acquitté dira-t-il son peu de gratitude ?
Si le procès émeut un temps la multitude
On oubliera bientôt toutes ces turpitudes :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

MIC 2014 05 12 procureur


Je puis envisager avec béatitude

D’ouvrir un parapluie en guise d’interlude
Et de lire, abrité, de savantes études
Sur la philosophie et ses vicissitudes ;
La mer viendra troubler ma douce plénitude.
Marée ou Tsunami, c’est avec promptitude
Qu’elle s’en vient noyer mon peu de certitudes
Sur la façon d’atteindre enfin la zénitude :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Nature, peu encline à la sollicitude,
Et la fuite des ans, dans leur similitude,
Nous condamnent toujours à cette servitude
Qu’il faut, du lendemain, avoir quelque inquiétude
Mais j’ai, pour le déni, une énorme aptitude
Et ne me résous pas à cette ingratitude.
Que tout doive périr en mer près des Bermudes
C’est inexactitude et pour moi, je l’élude

En n’allant pas traîner sous cette longitude.

Pour m’envoyer en l’air je me la joue très prude :

Je n’ prends jamais l’avion
Et bannis le triangle, amoureux ou bien non,
De ma conversation !

14 mai 2014

LECTURES DE VACANCES

Mais quel livre passionnant le procureur lisait-il donc ?
Il était tellement bien plongé dans sa lecture qu’il ne s’est pas aperçu que la marée montait et qu’un photographe moqueur immortalisait sa situation.


Peut-être s’agissait-il de :


Comment séduire ma sœur Mary en six leçons / par Elsa Poppins ?

MIC 2014 05 12 Elsa Poppins


J’ai tout oublié mais ça baigne quand même ! / par Aloys Alzheimer ?

MIC 2014 05 12 Roman d'Alzheimer


La justice est corrompue. Tome 1, Tous mouillés ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 1


La justice est corrompue. Tome 2, Même le procureur était arrosé ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 2


La justice est corrompue. Tome 3, Tremper dans les affaires ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 3


Comment faire la planche et s’en trouver bien / de Mireille Darc et Jane Birkin ?

MIC 2014 05 12 Mireille Darc


Le principe d’Archimède / N.E.C. Fluctuat ?


Comment marcher sur l’eau / par Jésus Lefermé-Jesséplu ?


En Bretagne il ne pleut que sur les cons / par Natacha Gribouille ?


Le Concombre masqué marinait dans son jus / de Nikita Mandryka ?


Cuisiner au bain-Marie / par Maïté ?

 

J'ai bien peur de ne pouvoir vous donner la réponse demain ou même un autre jour : je n'ai aucun souvenir d'avoir vu un seul de ces livres au catalogue BN-Côte d'Opale ! Et pourtant, j'en ai passé du temps à Berck-Plage et au 58 de la rue de Richelieu à Paris !

 

MIC 2014 05 12 BN 2

 

8 mai 2014

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 25, ARRET DE JUSTICE

DDS 297 Saint-Louis 3

Cour de Cassation
Chambre civile 2
Audience publique du 24 octobre 1257
N° de pourvoi : 57-11359
Publié au bulletin.

Président : Sa Majesté Louis IX, roi de France ; Rapporteur : M. Grand-Saint-Eloi ; Avocat(s) : M. Marron, la SCP Rina, Bühler et Tarinetta-Bella (arrêt 1), la SCP Sarcozoute Van Ty (arrêt 2) ; Avocat général : M. Castagnetas.

Titrages et résumés : ACCIDENT DE LA CIRCULATION - Indemnisation - Exclusion - Victime autre que le cavalier - Faute inexcusable.

Définition : Seule est inexcusable, au sens de l'article 4 de la loi n° 45-677 du 5 juillet 1245, la faute volontaire d'une exceptionnelle gravité exposant sans raison valable son auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience. Par suite viole le texte susvisé l'arrêt qui déduit l'existence d'une faute inexcusable des énonciations selon lesquelles, après avoir marqué un temps d'arrêt au signal "dragon prioritaire" et circulé ensuite sur une voie d’auto-défense, le chevalier Saint-Georges s'est engagé sur la voie réservée aux véhicules de livraison de moutons alors que survenait sur cette voie un dragon princessophage riverain et qu'il a ainsi manqué à l'une des obligations édictées par l'article R. 27 du Code de la route en caillasse en ne cédant pas le passage au dragon pourtant autochtone (arrêt 1). Viole également le texte susvisé l'arrêt qui déduit l'existence d'une faute inexcusable des énonciations selon

DDS 297 1000 bornes

lesquelles le chevalier Saint-Georges s'est engagé dans un combat sanguinaire sans respecter les obligations que lui imposait la présence d'un panneau "port d’armes prohibé" et que l'obligation de marquer l'histoire et de ne s'engager qu'après s'être assuré qu'il pouvait le faire sans danger, s'imposait d'autant plus à lui que, le parking du restaurant étant situé hors agglomération, les dragons peuvent jouer la carte «véhicule prioritaire» à une vitesse relativement élevée (arrêt 2) sans que le chevalier Saint-Georges ne dispose de la carte «camion-citerne», même pas dans sa manche, pour éteindre le feu craché par icelui.

ROYAUME DE FRANCE
AU NOM DE SA MAJESTE LOUIS IX

Sur le moyen unique :

Vu l'article 4 de la loi n° 45-677 du 5 juillet 1245 ;

Attendu que seule est inexcusable au sens de ce texte la faute volontaire, d'une exceptionnelle gravité, exposant sans raison valable son auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience ;

Attendu, selon l'arrêt infirmatif attaqué, que, dans une altercation, une collision-contusion se produisit entre M. Saint-Georges à cheval et le dragon géniteur de MM. Eliott, Ballzède et Coutainville, ici-plaignants, que celui-ci fut blessé, que ses descendants ont réclamé à M. Saint-Georges la réparation du préjudice subi ; que M. Saint-Georges, reconnu vainqueur, reprit la route avec indifférence ;

Attendu que pour exclure l'indemnisation des dommages subis du fait du chevalier Saint-Georges en retenant une faute inexcusable de la victime, l'arrêt se borne à énoncer que M. Saint-Georges s'est engagé dans le carrefour sans respecter les obligations que lui imposait la présence d'un panneau "Attention dragon" et que l'obligation de marquer l'histoire et de n’engager un combat qu'après s'être assuré qu'il pouvait le faire sans danger s'imposait d'autant plus à lui que, le carrefour étant situé hors agglomération, les vésicules empruntant la voie hépato-biliaire pouvaient s’enflammer à une vitesse relativement élevée ;

Qu'en déduisant de ces énonciations l'existence d'une faute inexcusable à la charge de M. Saint-Georges, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE l'arrêt rendu le 22 mai 301, entre les parties, par la cour d'appel de Silène (Lybie) ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Vincennes pour un règlement du litige autour d’un échiquier avec obligation pour M. Dragon de jouer les coups suivants avec les noirs : 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6.

DDS 297 140501 068

(Photo prise à Barcelone le 1er mai 2014)

- Je ne comprends rien ! dit le roi. Si les faits remontent à 301, comment les plaignants peuvent-ils être encore vivants en 1257 ? Et surtout, n’y a-t-il pas prescription, avocat général Castagnetas ?

- Si fait, Votre Majesté. Si fait ! Excusez-nous, mais depuis que nous rendons la justice sous un chêne, des feuilles tombent parmi nos parchemins, surtout en automne, et celle-ci s’est trouvée mêlée à nos dossiers en cours.

- Vous pourriez faire le tri, quand même !

- Cela ne se reproduira plus, Majesté, nous vous le promettons. Passons à l’affaire suivante, voulez-vous ?

Tandis que l’avocat général entame la lecture d’un autre parchemin, le roi Saint-Louis se tourne alors vers son voisin et lui confie :

- On n’est vraiment pas aidés, Grand-Saint-Eloi ! Parfois j’ai l’impression d’être à la tête d’un royaume habité par des glands !

DDS 297 Saint-Louis et les glands

 

6 mai 2014

99 DRAGONS. 23, LA METHODE S+7

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Gerbaut (Alain) : Marxiste-Léniniste du quatrième sifflet. Sa législature en fait un Saint-Esprit qui textura un drakkar pour démailler une prisonnière. Il étudie le pâturage de la province d’Anhui (Chine orientale).

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Texte original auquel la méthode S+7 de l'Oulipo a été appliquée :

Georges (Saint) : martyr du quatrième siècle. Sa légende en fait un saint combattant qui terrassa un dragon pour délivrer une princesse. Il est le patron de l’Angleterre. (Définition du Petit Robert 2013)

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6 mai 2014

TRAVAIL DE MISE AU POINT

MIC 2014 05 05 machinery


En tirant les manettes

J’ai stoppé la machine.
Sur un bout de moquette
J’ai posé, délicat, 
Ses vis, ses engrenages,
Ses boulons, ses rouages,

Ses tiges, ses courroies ;
Et puis j’ai remonté,
En assemblant de tête,
Le monument d’amour
Que l’on pouvait tirer
De ce monstre-assemblage.

MIC 2014 05 05 Cri d'amour 2

De la réalité
Je tire en vérité
Des bijoux singuliers.
Ils n’ont qu’un seul défaut :
Ils ne sont pas réels.
Nous en sommes d’accord.

Et puis de la chanson
Que chantait Jakie Quartz,
Pour les fous que nous sommes,
J’ai repris tous les mots
Et les ai recollés
Pour qu’autrement ils sonnent :

En rêve toutes les nuits
Les plus belles images
D'un superbe voilier
Ramènent le couplet
Des soucis à se faire :
Je le connais par cœur.

C'est une histoire sans fin
Pour toutes les victimes
D'une love-story :
Juste au mauvais moment
L'heure se met en grève
Sur un air de romance.

Le blues pour s'installer
Se repasse le film.
On revoit les débuts
Et on connaît la fin,
Le manque de façons
Sur les clichés trop pâles.

D’un amour à un autre
Nos lits improvisés
Ne font rire que nous.
Gros plan sur l'état d'âme
Du trop de romantisme,
Sur l'amour immortel !

Juste quand le sommeil
Laisse les yeux fermés
Malades de l'amour,
Quelques verres de vin
Fatiguent tout le monde
Dans un night-club désert.

Juste une mise au point :
Pour tous les souvenirs
Que vous donne la vie,
La beauté de la mer ;

Juste un petit clin d'œil :
Au soleil de survie
Qui se tire en râlant
Tes yeux disent : « je t'aime !».


De la réalité
Je tire en vérité
Des bijoux singuliers ;
Ils ont pour qualité
De n’être pas très vrais.
Nous en sommes d’accord !

4 mai 2014

Se perdre en conjectures à propos de textures par Joe Krapov

Du pavillon coquet qu’il habitait avec sa douce, le vieux professeur de philosophie, M. Lamoureux, ne sortait que rarement. C’était l’ancien logis du garde-chasse. Il était situé à l’arrière du château, au bout du parc, près de la pièce d’eau. C'est dire si on vivait sur un grand pied, ici, jadis. M. Lamoureux y avait installé sa très riche bibliothèque et, dans la compagnie de Madame, de ses livres et de leurs chats, il aurait pu finir là une existence bien remplie et toujours fort studieuse si Madame Lamoureux n’avait eu à ce point la bougeotte, voire la manie des voyages.

MIC 2014 04 28 pavillon réduit

 

Depuis qu’ils étaient en retraite elle réussissait à traîner son bougon de mari au moins deux fois par an à l’autre bout de la France et même quelquefois, à l’étranger. C’est ainsi que, la veille au soir, ils étaient rentrés d’un séjour d’une semaine en Espagne.

Dès après le petit déjeuner, Madame s’était précipitée sur son ordinateur pour y dépoter le millier de photos de palmiers, de cactus et d’agaves qu’elle avait capturées dans les parcs et jardins de Barcelone. L’objectif était de les partager avec ses amies botanistes du Net. Si tu n’aimes pas les chats et ne sais pas le nom des fleurs, un conseil, mon ami, ne va pas sur Internet !

Monsieur avait lui retrouvé ses livres d’art, sa collection d’essais de Montaigne dont Madame disait qu’il était piètre rugbyman car il n’en avait jamais transformé aucun. Enfin, peut-être que si, mais dans ses souvenirs d’enfance, elle n’avait jamais entendu Roger Couderc glisser un seul mot là-dessus.

Il avait lui aussi rallumé son ordi puis, riche de son expérience d’une semaine parmi l’humanité de derrière les Pyrénées, il avait repris son travail en cours sur l’application de la philosophie des Lumières à la société « post-industrielle à caractère hautement épris de numérique dans l’étrange et troublante temporalité de l’ère 21 ».

Madame appelait cela le projet Pichenette et Monsieur, qui n’était pas versé dans la pusillanimité ni dans les acronymes cherchait un autre titre à sa thèse depuis que, dans un éclat de rire inextinguible, elle lui avait révélé le sigle qu'on pouvait appliquer à la partie entre guillemets de la phrase précédente.

MIC 2014 04 28 poids de la couleur



Il se remit à taper sur son clavier, poursuivant là où il s’était arrêté avant d’aller se nourrir de tapas, faire la queue au Park Güell, admirer les rondeurs de la Sagrada familia et surtout traîner la patte et tirer la langue pendant des kilomètres derrière sa Dora l’exploratrice en mode marche commando.

« On peut, considérant les diverses textures dont est faite l’humanité, diviser le « corpus disserens » en Voltairiens et Rousseauistes. D’un côté, les adaptés, les soyeux, les lisses, les affables, les sociables, les courtois, les diserts pour lequel le risque existe de tomber dans ce que Voltaire dénonce avec ironie dans sa célèbre formule « Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire ». En effet, que reste-t-il du flot intarissable de paroles des vaccinés par une aiguille de phonographe ? Combien faut-il vider de verres et lâcher d’inepties dans les cafés du monde entier pour qu’une seule saillie géniale de poésie absurde puisse être notée par Jean-Marie Gourio dans ses Brèves de comptoir ? Depuis que l’Ecole Belge dite du « Tout sauf Marcel en morse » an a fait la preuve par l’absurde, posons-nous la question avec elle : fallait-il vraiment autant de communications affectées, de codes aristocratiques, de baisemains, de pince-fesses, de tortillages de derrières, la coupe de Champagne à la main ou la madeleine trempée dans la tasse de thé pour que nous héritions de Proust, ma chère et n’y at-il pas lieu de regretter la ciguë de son existence et ses si peu exiguës stances ?

Face donc à ces discrets nous avons les rugueux, les râpeux, les taiseux, les épineux, les broussailleux, ceux qui ont comme Manset par voyager en solitaire, ceux qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins, ceux qui ajoutent Alceste de misanthropie dans leur acidi-thé au citron, ceux qui rêvent de flou sur la colline, ceux qui mondedusilencent, ceux qui observent sans verve, ceux qui prennent le parti du dragon contre le boulevard Saint-Michel, ceux qui, pas loin du mysticisme, mettent des couleurs sur le monde, foutent le feu aux toiles, regardent le soleil, les oiseaux, le ciel, les femmes et les fleurs et s’en font univers débordant de splendeur et de gloire jusqu’à permettre envol à tous ceux qui survivent et veulent bien les suivre.

Si les paroles s’envolent, si les écrits restent et si la cathédrale est encore à construire, existe-t-il moyen de faire cohabiter les deux catégories ci-dessus mentionnées ? ".

Monsieur Lamoureux arrêta de taper et avant de reprendre, il énonça tout haut la phrase qu’il avair eue sur le cœur pendant tout l’après-midi à Montjuic, la colline des musées de Barcelone :

- Amis discrets, mes frères, il suffit de peu de choses pour que vous aussi vous puissiez vous élever par-dessus la futilité de votre bavardage. Pour que l’on puisse vous prendre en considération, pour que la transcendance ait lieu, pour que vous puissiez gagner quelques centimètres de taille humaine et commencer à communier avec le géant, il y a une chose très simple à faire : lorsque vous visitez la Fondation Miro qui est rappelons-le un musée et non une bodega, surtout vous, là, les familles françaises et les ados luxembourgeois, APPRENEZ A FERMER VOS GUEULES !

Or, juste à ce moment-là, la sonnerie du portable de Madame Lamoureux retentit. Le cri de Tarzan qui se frappe la poitrine. Cela lui rappella tous les touristes à « selfies » qu’ils avaient croisés sur leur chemin, ces couples qui lui ont même parfois demandé de les photographier. "Mais oui, vous êtes beaux, Narcisse et Echo !".

Madame Lamoureux a attrapé son téléphone et la voilà qui, elle aussi reprend, là où elle l’avait interrompu, son bavardage avec ses voisines de partout. 

MIC 2014 04 28 Miro cheveu

Joan Miro - Cheveu poursuivi par deux planètes

En fin de matinée, M. Lamoureux sort faire sa promenade apéritive autour du lac. Il ne le dira pas à Madame Lamoureux mais Barcelone, pour lui, ça a été un peu « Chauve qui peut le monde ! ». Jamais auparavant il ne s’était senti à ce point comme là-bas pareil à un cheveu poursuivi par deux planètes.

25 avril 2014

Ne serais-je pas, moi aussi, un Leningrad cow-boy ? par Joe Krapov

Depuis que le hasard m’a mené en Bretagne, je ne cesse de me poser la question : pourquoi la femme que j’ai suivie jusqu’ici et son amie de toujours m’emmènent-elles toujours marcher sur le sentier des douaniers ? Et pourquoi n’y avons-nous jamais rencontré aucun douanier ?

En un sens, cela tombe bien : je n’aurais rien eu à lui déclarer d’autre que mon amour des plages, des petits ports fermés où les bateaux sommeillent, des barques assoupies attendant voyageurs.

MIC 2014 04 21 SklabeZ

 Voyageur, je le suis mais pas autant sans doute que n’était mon grand-père. Dans ses yeux bleu-gris de prolo converti à l’Histoire, au combat idéologique, aux livres-évangiles et aux discours prometteurs, la passion reflétait les étoiles.

Lui et ses pareils rêvaient d’un autre monde. L’Orient était rouge, il n’y avait rien de nouveau à l’Ouest, les temps étaient changeants et eux rêvaient, c’était possible encore, de changer le monde ou de décrocher la Lune ! Et du coup j’ai passé mon enfance entre Youri Gagarine et John Glenn parce qu’à cette époque bipolaire-là, les étoiles reflétaient les passions des adultes des deux camps !

Apollo contre Vostok, Spassky contre Fischer, Khrouchtchev contre Kennedy et au milieu, n’ayant pas choisi son camp, Joe Krapov, si terriblement voyageur en chambre, amoureux des livres, dévoreur des Pionniers de l’Espérance, de Teddy Ted, Davy Crockett et Loup Noir car même dans « Vaillant » l’Amérique était là parallèlement à Rodion et Tsin-Lu qui fraternisaient de l’autre côté.

MIC 2014 04 21 annonce_Pionniers

Tout comme la frontière française avec le nuage de Tchernobyl, le rideau de fer arrêtait tout sauf les films d’Eisenstein, les cigognes qui passent, Nadia Comaneci, Lev Yachine, les Chœurs de l’armée rouge, les nageuses Est-Allemandes aux épaules carrées, Karpov, Kortchnoï et Kasparov et même la langue russe apprise par votre serviteur comme deuxième langue vivante au collège puis au lycée. Il m’en reste quelques bribes comme le fait de savoir encore que l’étoile rouge se dit « Krasnaïa zviezda », comme la musicalité de certaines chansons et je n’exclus pas de retourner à son étude quand je serai libéré « de mes obligations militaire » !

leningrad_cowboys

Mais si je fus docile, je fus aussi ouvert, curieux et dans le même temps j’écoutais les musiques venues d’outre-Atlantique (Linda Ronstadt, Crosby, Stills, Nash et surtout Young, Emmylou Harris). Je lisais aussi Jack Kerouac, Francis Scott Fitzgerald, Henry Miller, Clifford Simak, Philip K. Dick. La tête dans les étoiles, je n’ai jamais choisi quel était mon drapeau, pas plus le fanion de l’Etoile rouge de Zagreb que le « Star spangled banner » des USA.

MIC 2014 04 21 Neil_Young_-_Hawks_&_Doves_cover

Car je ne suis qu’un marcheur du long des plages, un internaute abasourdi, enthousiasmé par ce qu’il a découvert hier soir : les Leningrad Cowboys reprenant, en compagnie des chœurs de l’Armée de l’air de Russie, cet hymne de Neil Young, « Keep on rockin’ in the free world ».

Grand-père, je t’en supplie, reste où tu es, ne reviens pas ! Sois content de ta vie ! Il n’y a plus de camp à choisir, camarade, tout a changé, rien n’a changé, demain ne chante plus, c’est aujourd’hui qui rit jaune en dansant par-dessus le volcan des centrales nucléaires qui fuient, les politiques de droite sont menées par les partis de gauche et l’on se demande tous les jours si c’est ainsi que les hommes vivent. Tu ne serais plus heureux parmi nous, tu ne t’y retrouverais pas dans ce monde-là ! Et moi je viens de comprendre pourquoi, sur les sentiers de Bretagne ou de l’île d’Yeu, on ne rencontre pas de douaniers : il n’y a plus de frontières non plus ! 

23 avril 2014

Mes débuts dans l’existence : lipogramme en c cédille (Joe Krapov)

Cette Vénus, là, dans la vitrine, ce n’est pas une vanité. Mais c’est aussi violent. Pour un peu, à sa vue, Violette vacillerait. La vache ! A quelle vitesse la vie va ! Quel voyage spatio-temporel en vérité !

Car c’est bien elle qui est représentée, pratiquement nue, de dos, en train de regarder via le miroir sans tain ce qui se passe dans la chambre d’à côté. C’est elle, dans un bordel de la rue Chabanais, à l’époque où, toute jeune encore, elle vivait de ses charmes. Ce client-là, elle s’en souvient, était un drôle d’excentrique. Un rapin, comme on disait alors, un peintre à veste en velours verte, chapeau rond et lavallière. Il avait monnayé avec la sous-maîtresse, au tarif de plusieurs passes, le droit de remplacer la partie de jambes en l’air par deux ou trois séances de pose dans ce décor particulier. Un comportement peu académique en vérité, mais quand il paie, le client est roi. En même temps, bon camarade, peu exigeant, même pas émoustillé, tout appliqué à donner des coups de pinceau pour peindre une femme à poil par-dessus la vieille croûte.

 

AEV 2014 04 22 Doisneau regard oblique II

 

Car à l’issue de la première séance Violette avait demandé à voir la tournure que prenait le chef-d’œuvre. L’homme avait souri et lui avait dit de s’approcher. Elle avait surtout regardé son fessier, qu’elle n’imaginait pas aussi charnu et elle avait noté que le peintre à lavallière n’avait pas posé une toile vierge sur son châssis pour peindre le sien mais qu’il peignait par-dessus une autre toile.

Aujourd’hui, elle ne se souvient plus de ce que représentait le tableau original. Tant de temps avait passé, elle avait vampé tant de voyous et de voyeurs avant de décrocher et de se ranger des voitures une fois qu’elle eut rencontré Victor. Hélas, ce militaire va-t-en-guerre, rencontré au lendemain de la première guerre mondiale, n’était pas revenu vivant de la seconde. A la fin de cette grande vadrouille, Violette était devenue pour tout le quartier « la veuve du colonel ».

Fort heureusement pour elle il avait du bien, n’avait pas beaucoup de famille et ils avaient validé leur union en passant devant monsieur le maire. Elle avait donc hérité de son grand appartement et de toutes ses valeurs.

Elle resta bien cinq longues minutes à visionner encore le nu aux bas bleus, à repenser au peintre à veste verte, à ouvrir des mirettes vertigineusement admiratives devant cette « Chute des reins près du rocher de la Lorelei, anonyme, 1919 » puis elle sortit de sa torpeur et entra dans la boutique, faisant retentir un carillon assourdissant. Il y avait là un client avec une casquette et un appareil photographique, un petit gars à tête de titi parisien, visiblement gêné de la voir surgir, comme pris en faute. Le vendeur délaissa le jeune homme et s’approcha d’elle.

- Que puis-je pour votre service, madame ?
- Le tableau, là, dans la vitrine… Vous le vendez combien ?
- Trois cent cinquante mille francs.
- Je le prends. Vous trouverez mes coordonnées sur cette carte.

Elle lui tendit une carte de visite sur laquelle on pouvait lire « Mme la colonelle Violette Lavictoire, 6, rue Vavin, Paris 6e arrt ». De son sac à main, elle sortit la somme en liquide et régla l’antiquaire.

- Vous me le ferez livrer cet après-midi par ce charmant monsieur qui doit être votre coursier, j’imagine !"

Elle examina le jeune gars de pied en cap et lui dit :

- Il va falloir vous remplumer, mon moineau ! La guerre est finie et j’aime les jeunes gens bien en chair !"

Elle prit congé là-dessus. Le carillon rejoua son « Concerto en raie des fesses majeure pour quelque chose qui cloche, une porte et un soupir».
Le soupir de soulagement, ce fut le photographe cachottier du « Regard oblique » qui l’interpréta. Ce n’était autre que Robert Doisneau.

 

AEV 2014 04 22 FIN

 

Oui, l’histoire s’arrête là.

Oui, je devine que cela vous dérange.

Oui, je me doute bien que cela vous démange.

Oui, je sens bien que vous voudriez savoir ce que la colonelle a fait ou aurait pu faire de ce tableau.

 

Elle aurait pu, précédant en cela Jacques Lacan, installer son portrait derrière un rideau noir pour se réjouir de sa contemplation dans ces moments de solitude où l’on a besoin de s’adonner au narcissisme et où l’on a plaisir à se dire  : « Je possède « L’origine de monde » de Courbet » ou « C’est moi qui ai eu le plus beau derrière de Paris ! ».

Elle aurait pu aussi y mettre le feu pour que personne n’apprenne jamais, parmi ses amies du directoire de l’Institution des demoiselles de la Légion d’honneur, les circonstances dans lesquelles elle avait connu feu le colonel qui aimait à se faire fouetter par une femme à bas bleus comme était sa maman.

Elle aurait pu faire appel à un détective privé, lui expliquer que « là-dessous, voyez-vous, il y a une autre toile et j’aimerais bien que vous me disiez si, en 1918, il n’y a pas eu un vol de tableau important, une toile de grand maître qu’on aurait dérobée et jamais retrouvée depuis. Et si vous pouvez faire expertiser la toile par un expert du Louvre… ».

Oui, certes elle aurait pu faire cela. Et l’expert aurait découvert…

…tout comme moi…

… qu’il est 19 h 59, que la séance d’atelier d’écriture de Villejean est terminée et que je dois poser mon stylo pour lire mon texte puis écouter ravi la lecture de ceux des autres ! Et ces autres, dites-vous bien que je ne veux pas savoir comment elles ont débuté dans la vie ! Si je l’apprenais, comme tout ce texte est un lipogramme en « c cédille », je crois que je serais décu !

18 avril 2014

MODIFICATIONS MINUSCULES A UN CHEF-D'OEUVRE MAJUSCULE (Joe Krapov)

- Tiens, Petit Chaperon rouge, puisque tu n’as rien à faire cet après-midi, ce serait bien que tu ailles rendre visite à ta grand-mère à Saint-Sulpice-la-Forêt. Porte-lui donc ces six galettes et ces saucisses que j’ai achetées ce matin au marché des Lices ! Ca lui rappellera l’époque où elle allait au stade de la route de Lorient voir les matches du Stade Rennais Football Club avec Papy. Si tu veux, tu peux y aller avec mon scooter.
- Avec ton scoot’ ? Alors là je suis toujours prête ! Je finis ma partie et j’y vais tout de suite !

DDS 294 140329 069

En chemin, au carrefour de la D 97 et de La Foye, le Petit chaperon rouge croise l’heureux loup. Il est là qui trépigne sur place avec son maillot rouge et qui gueule « On est en finale ! On est en finale ! On est, on est, on est en finale !». La jeune fille arrête son scooter et va taper la discute avec l’imbécile heureux.

- Où tu vas, la meuf ?
- Je vais porter des galettes-saucisses à ma grand’mère qui habite 4 allée des Oliviers à Saint-Sulpice-le-Forêt ! Et puis comme elle va me donner de la thune vu que c’est mon anniversaire demain, j’aurai de quoi m’acheter une place pour la finale de la coupe de France ! Rennes–Guingamp au Parc des princes ! Je suis sûre que t'en rêves la nuit !
- Ah t’as trop de la chance ! Tu me dégoûtes, tiens ! C’est pô juste ! Salut la meuf !

Dès que le Chaperon rouge a redémarré, l’heureux loup saute dans sa Renault Twingo, il double le scooter, file tout schuss chez la Mère-Grand, frappe à la porte et se prépare à contrefaire la voix de la fille au bonnet rouge.


- Qui est là ? demande la grand-mère en mettant son œil derrière le judas.
- C'est votre petite-fille, le petit Chaperon rouge qui vous apporte des galettes et des saucisses que ma mère vous envoie. »

La bonne mère-grand qui n’est pas née de la dernière pluie lui répond :

- Transpire la mimolette et la souricette se gavera !
- Comment ?
- Tire sur la languette et l’apéricubette savoureras !
- Je crois que tu te trompes de formulette, Mamy !
- Retire-lui sa nuisette et la Marinette te chérira !
- Qu’est-ce qui se passe ? T’as forcé sur le chouchen aujourd’hui, ou quoi ?
- Dis-lui « Pas de ça Lisette ! » et sois sûr qu’elle le fera !
- M’enfin ! Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Colle-lui une étiquette et la lettre s’affranchira !
- Alors là, c’est bien ma chance ! pense le loup. La grand-mère est Alzheimer !
- Shakespeare l’aride Hamlet et puis la tempête suivra !
- Tu t’éloignes, Mamy ! Ca commence par « tire » !
- Tire sur la bandelette et la momie nette s’effondrera !
- C’est un truc pour ouvrir la porte !
- Vire de là ta mobylette et l’escampette suivra !
- C’est quand même malheureux qu’à ton âge tu ne te souviennes déjà plus de tes classiques !
- Tire de ton escopette et l’alouette débusqueras !
- E' va me rende folle, la vieille !
- Tire sur ton épuisette et l’ablette ramèneras !
- Ca fait trop penser au sketch du plombier de Fernand Raynaud, ce gag, même si je n'ai pas l'âge d'avoir connu c'truc-là !
- Fais tomber la p’tite lingette et la sanisette broiera !
- Bon ça suffit comme ça, j’me casse ! Tant pis pour le billet de la finale !
- Je crois que j’ai perdu la clé, Chaperon, mais l’échelle est dressée sur le pignon. Escalade-la, monte sur le toit et descends par la cheminée, j’ai mis un matelas dans mon âtre pour que tu te reçoives bien à l'arrivée.
- Okkkaaaaay ! fait l’heureux loup qui commence sa grimpette et dévale par le conduit pour faire un brin de conduite à sa façon à Super Mamy Nova.

***

Deux heures après, le Petit Chaperon rouge radine. Elle appuie sur la sonnette.

 

DDS 294 suspens

 

La mère-grand ouvre la porte. Elle a son tablier de cuisine tout taché de sang. Elle se font la bise. 

- Hmm ! Ca sent bon, chez toi, Mamy ! Qu’est-ce que tu mijotes ?
- Un filet de loup rapide façon Silvia. J’ai trouvé ça sur Marmiton.org. Dis-donc, tu as fait bonne pêche, cette semaine ! Il était gras et dodu à souhait, celui-là. Mais tu es en retard, toi ! Qu'as-tu fait depuis que tu m’as appelé avec ton portable pour me dire que l’imbécile heureux avait mordu à l’hameçon !
- Ch’suis allé donner les galettes saucisses au Resto du cœur pour nourrir les enfants Poucet et en passant, accessoirement, j’ai brûlé un portique écotaxe !
- Rigolote, va ! Allez, enlève ton bonnet rouge et viens donc goûter à mon kouign-amann !
- N’empêche, quels relous, ces loups !
- Ils n’ont pas encore compris ça, ces clowns ! La supériorité de l’homme sur l’animal, c’est que la femme, elle, a lu "Les Trois petits cochons" et les oeuvres complètes de Marcel Gotlib ! 

DDS 294 gailuron tome 7-BD-_03

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