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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
27 mars 2020

C’est celui qui Jabberwockquidditch qui l’est !

DDS 604 Jabberwocky 2423932

Il était Wimbourne et les poursuiveurs
Fondaient dans l’hermione et s’y confinaient.
Les Suédois étaient trop courts du museau
Et les Holyheads harpies horcruxaient.

- Prends garde au méchant Jedusor, enfant !
A ses griffes qui happent, à sa gueule qui mord !
Méfie-toi de l’oiseau détraqueur, et fuis devant
Le très boutenchoc serdaiglatraptor ! »

Emportant avec lui son effrayant cognard,
Il partit en quête du vivet doré.
Contre l’arbre moldu, il alla s’adosser
Et se mit à réfléchir un instant :

- Pré au lard ! Choixpeau, phénix et Tutshill !
Que Bièreobeurre Porpington me vienne en aide !
Que ses ailes d’argent me magicprotectionnent !
Que je sois vigoureux comme le Rowlingstone ! »

Il était encore tout à ces pensées fort souafles
Quand le grand Jedusor, les yeux emplis de flammes,
Fendit le dumbledore à pas mangemortels
En ponctuant sa course de soucoupes de feu.

Et une ! Et deux ! Et tiens ! Et vlan ! Sans une trêve,
Le balai dispensa ses reliques de mort.
Une fois la bête à terre, il lui ôta la tête,
Et l’envoya danser dans les trois anneaux d’or.

- Le grand Repousse-ombrage par ta lame est tombé ?
Viens vite dans mes bras, mon enfant portoloin !
Ô broumseupe journée ! Fourchelangue et diadème ! »
Glouffa le père absent dans un élan de joie.

Il était serpentard et les chocogrenouilles
Sprintaient dans le poufsouffle et s’y poudlardillaient.
Les frelons de Queerditch étaient en pétuniage
Et les Porskoff cogneurs, galamment, pinceviffaient.

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23 mars 2020

L’ Fermieu de Saint-Juva

Un fermieu d’ Saint-Juva s'en allit cez un vaesin et toquit à l’husset . (1)

Eune garçaille de 9 ans d'âge li ouvrit.

- Tô pére est-i là ?
- Nona Monsieu, j'sommes le 27 et il est à la fouére de Dinan.
- Ta mére, ielle ?
- Nanni Monsieu, elle est quant o lu.
- Et ton frangin, li, est-i d'vers ci ?
- Nenna Monsieu, il est alleu cri d'la trémaine o l' tracteur.

L' fermieu juvatien restit chomeu là quieuques (2) minutes à mâroner (3)

- Si c'te-t-i pou emprunteu quieuq'chose , Monsieu, je sé o you les outils t'aent... ou ventiers qu'je devras li dire?
- Bin, qu'li dit l' fermieu, j'auras hardi voulu l'va. C'te à caose que ton frangin a engrosseu ma fille."

L' gars réfléchit, pei i dit :

- Il va censément fallouère que vous veiyez ç'la d'o lu. Je sé qu'i prenat 500 euros pour le toret et 50 euros pour le biqhon * (4). Mei pou le freur, je ne sé poin combin qu'ela coûte."

Alain Erhel. 2017.

1 ( = cognit à la porte).
2 (= qhiéqes ou thiéqes ou thieuqes ou thioqes)
3 (= grougner= grognasser).
4 (= le p'tit bouc).

Traduction :


Un fermier de Saint-Juvat.

Un fermier s' en va chez un de ses voisins et frappe à la porte.

Un garçon d'environ 9 ans ouvre la porte.

- Est-ce que ton père est là ?

- Non Monsieur, nous sommes le 27 et il est parti à la foire de Dinan.

- Est-ce que ta mère est là ?

- Non Monsieur, elle est avec mon père.

- Et ton frère, lui, est-il ici ?

- Non Monsieur, il est allé ramasser du trèfle avec le tracteur.

Le fermier juvatien resta planté là pendant quelques minutes maugréant entre ses dents.

- Si c'est pour emprunter quelque chose, Monsieur, je sais où sont les outils ou je peux transmettre un message si ça peut vous aider.

- Bon, dit le fermier, j'aurais vraiment voulu parler à ton père à propos du fait que ton grand frère a mis ma fille Suzie enceinte.

Le garçon réfléchit un moment et dit :

- Il va effectivement falloir que vous voyiez ça avec mon père. Je sais qu'il prend 500 euros pour le taureau et 50 euros pour le bouc. Mais pour mon frère, je ne connais pas le tarif. 

20 mars 2020

Cynique mais pas cinoque ! (DDS 603)

Moi je ne suis pas fou ! Même si je suis bien calfeutré chez moi, je ne tiens pas à me faire lyncher par les dames qui fréquentent ces lieux-ci ! C’est pourquoi je m’abstiendrai de répéter ce qu’on m’a dit un jour, à savoir que les douleurs frénétiques liées à une crise de coliques néphrétiques sont plus douloureuses que celles d’un accouchement. 

Je dirai donc juste qu’une parturiente morfle, douille, endure, péridure, péricolose et je crains fort qu’un de ces jours notre oncle un poil sadique nous sorte de son dico des jolies choses très inspirantes pour l’écriture confinée comme placenta, ombilic, forceps, épisiotomie et j’oublie le pire car je déteste qu’on cause de médecine quand on va passer à table ou quand on est à table.

Puisque nous ne sommes pas faits sur le modèle d’une lettre à la poste il faut donc en passer par là , dame parturiente, et l’oublier un tant soit peu au fil du temps, la douleur. (Si Dieu avait voulu que vous ne souffrissiez point il vous eut faite en forme de fax et c’eût été moins amusant pour nous de jouer à la bataille navale avec vous).

Mais quelle joie, après la délivrance, de pouvoir claironner à la famille, à la tante Urbi et à l’oncle Orbi, que la descendance est assurée, que la famille s’agrandit et comprend un nouveau membre fort sympathique.

C’est à cet effet qu’on a jugé bon d’inventer le faire-part de naissance.

DDS 603 faire part polanski

20 mars 2020

Écrire et rire à Villejean… mais pas seulement !

Écrire et rire à Villejean… mais pas seulement !

 

180414 Nikon 020

En ces temps de confinement, l’Atelier d’écriture de Villejean propose les colonnes de son blog pour lire, rire et même écrire.

Joyeux anniversaire, l’Atelier !

25 ans ! S’il n’était pas aussi discret, voire invisible, au sein de la Maison de quartier, l’Atelier d’écriture de Villejean pourrait fêter cette année ses vingt-cinq années d’existence.

Cela fait en effet un quart de siècle que des gens comme vous et moi se réunissent une fois par semaine, le mardi de 18 h 30 à 20 h 30, en salle Mandoline, pour découvrir ou retrouver le plaisir d’aligner les mots d’une drôle de «rédaction» hebdomadaire… mais pas seulement !

Car ici il n’y a pas d’instituteur qui corrige les copies, pas de notes, pas de jugement de valeur. On a même le droit de rendre copie blanche si le petit jeu proposé par l’animateur n’a pas inspiré l’écrivant ou l’écrivante. On a le droit d’être hors sujet, de délirer, de se lâcher, de raconter des tranches de vie, de composer des poèmes, d’inventer des chansons… mais pas seulement !

Vous voulez des exemples de ces consignes d’écritures données par Jean-Paul Legrand, l’animateur, ces derniers temps ? En voici :

- Cours, Kennedy, tout un monde est derrière toi !
Les Etats-Unis nous ont apporté plein de choses : le rock’n’roll, le chewing-gum, Walt Disney, la Harley-Davidson. Dressez-en la liste et classez les en trois colonnes (positif, négatif, indifférent puis racontez en détail votre relation personnelle avec un ou plusieurs de ces éléments (votre accoutumance au MacDo, votre détestation de Donald Trump, etc.)

- La généalogie tintinesque
Sur les pages de garde des albums de Tintin figure une impressionnante galerie de portraits. Imaginez un instant qu’il s’agit de votre propre arbre généalogique. Racontez-nous votre oncle Albert, votre tante Marguerite qui se prenait pour une cantatrice d’opéra. Qui sont ces jumeaux à moustaches, ce marin barbu et tous les autres ?

- Encyclopédie farfelue des compagnons de votre enfance
Expliquez aux plus jeunes qui étaient Zorro, Mary Poppins, François, Claude, Annie, Mick, Dagobert et les autres !

- Le jeu du post-it
Posez des questions pour deviner l’identité dont on vous a gratifié.e

DDS 542 jeu du post-it 1

- Racontez la fin du monde avec humour !
Comment vivez-vous avec cette « attestation de déplacement dérogatoire » ?


Pas si secret que cela !

On imagine bien que de plancher sur de tels sujets n’engendre pas la mélancolie. Malgré sa discrétion qui relève plus de la timidité que d’autre chose l’atelier rend accessibles ses travaux de divagation littéraire.

Par le passé des expositions de textes joliment illustrés ont été présentées dans le hall de la MQV. Depuis 1993 le blog de l'atelier permet de consulter les thèmes d’écriture et certains des textes écrits par les participants. En 2018, à l’occasion des dix ans de Mediapart à Rennes, l’atelier a même réalisé un journal consacré à certains aspects amusants du quartier de Villejean. On peut découvrir dans « Mon amant.e de Villejean » à qui appartiennent les baskets géantes du parc du Berry. On y apprend pourquoi les salles de la Maison de quartier sont désignées par des prénoms. Mais pas seulement !

Lauréat et lauréates du concours Encres d’automne

A force de pratiquer le logorallye, le cadavre exquis ou le lipogramme, les écrivant.e.s ont acquis une aisance d’expression et une maîtrise du récit court qui ont trouvé leur récompense à la bibliothèque de L’Hermitage. Depuis douze ans maintenant la médiathèque de cette commune à l’Ouest de Rennes organise le concours «Encres d’automne». Les membres de l’atelier y participent. Ils doivent rédiger un texte d’une page dans lequel ils insèrent quinze titres de romans récents acquis par la bibliothèque.

Jean-Paul a gagné un prix spécial du jury, Eliane a remporté ensuite le 1er prix, puis ce fut le tour de Dominique l’année suivante. Elle a ensuite gagné le deuxième prix. En 2018 le titre est revenu à Anne-Marie.

En 2019 Maryvonne a été sélectionnée parmi les douze textes retenus par le jury. Elle a eu droit à une belle lecture de son texte par le comédien Michel Monestes lors de la cérémonie de remise des prix.

Tout le monde attend avec impatience le palmarès 2020 !


Temporairement ouvert à toutes et à tous sur Internet !

Nous terminerons ce tour d’horizon en signalant que l’atelier ne recrute que peu de nouveaux membres. Ce monsieur et ces dames sont déjà une bonne douzaine, ce qui est le nombre idéal pour ce genre de rendez-vous. Mais pas seulement ! Cela permet aussi de couper en parts égales un gâteau d’anniversaire qu’on leur souhaite bon !

Compte-tenu du confinement généralisé, l’atelier ouvre temporairement les colonnes de son blog à qui veut bien tenter l’expérience par Internet. Une consigne paraît le mardi soir et vous avez une semaine pour pondre un texte, le taper et l’envoyer à jeanpaul.legrand [arobase] free.fr

Pour plus de précisions, voyez ici : http://aevillejean.canalblog.com/archives/consigne_d_ecriture/index.html

Joe Krapov


Ecrit pour le blog Histoires ordinaire/Villejean le vendredi 20 mars 2020.

14 mars 2020

Avant que vous ne récamier mon silance déflinitif (Défi du samedi 602)

DDS 602 Avant que vous ne récamiez mon silence

Collage d'après le tableau de René Magritte, Perspective : Madame Récamier de David, 1951, huile sur toile, 60.5 x 80.5 cm. Acheté en 1997 par le Musée des beaux arts du Canada, Ottawa. © Succession René Magritte / SODRAC (2017)

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3 mars 2020

Personne disait rien (Défi du samedi N° 601)

J’ai entendu leurs voix dans la cuisine. J’étais dans une petite rue à l’arrière de l’auberge et la porte était ouverte pour laisser s’échapper dans la ruelle les vapeurs de cuisson, les fumées et les fumets.

Je n’avais rien mangé depuis trois jours et je n’avais pas un liard sur moi. J’ai frappé à la porte ouverte.

- Qu’est-ce que tu veux, étranger ? a demandé le vieux barbu au front dégarni. Nous sommes en plein taf, c’est les cuisines ici. L’entrée de l’établissement est de l’autre côté si tu veux consommer.

- N’y a-t-il pas parmi vous un dénommé Rampo ?

- Oui, c’est moi, a répondu celui des trois qui portait une kippa sur le sommet du crâne.

- On m’a parlé de ta force exceptionnelle au jeu de 421. Je suis moi-même joueur d’un assez bon niveau. Accepterais-tu que je t’affronte sur le tapis vert ?

- Te mesurer à moi ? Qui t’a rendu si vain, toi qu’on n’a jamais vu au cabaret du coin ?

- Je n’ai pas grand-chose à miser mais si par hasard je gagnais, je veux bien être payé avec cette poulette rôtie, là, sur la table. Si je perds je ferai toute la vaisselle de votre restaurant cet après-midi et ce soir.

C’était un très bon stratagème. Je les connaissais tous et je savais que le gars Rampo ne résisterait pas à un pareil défi.

- On n’a pas de piste ni de tapis mais si on pousse au bord de la table la corbeille de fruits, la poule et les morceaux de pain on a une petite place pour lancer les dés. Les voilà. A toi l’honneur.

- Pas de gobelet, non plus ?

- Et puis quoi encore ? Monsieur a peur d’attraper le Covid 19 ? On a les mains propres, ici ! C’est pas le Majestic mais le Gasthaus est de bonne tenue, les cuisiniers ont de l’hygiène et les dés ne servent qu’à nous !

J’ai souri, j’ai tourné les dés dans le creux de mes deux mains jointes, j’ai soufflé sur mes doigts et j’ai sorti mon premier 421.

DDS 601 carava01

 - La chance du débutant ! a commenté le barbu en noir.

Rampo a lancé les dés à son tour et il a fait rampeau. C’est-à-dire qu’il a sorti lui aussi un 421.

J’ai recommencé la même gestuelle et sorti mon deuxième 421. Cette fois-ci lui a fait nénette, c’est-à-dire 2+2+1, c’est-à-dire le plus petit score qu’on puisse obtenir à ce jeu. J’ai hérité d’un premier paquet de jetons en pain azyme.

Ca a été à son tour de jouer. Il a sorti trois as d’entrée de jeu. J’ai refait 421 et gagné la première manche.

***

En deux manches, c’était plié. Je m’apprêtais à mettre la poulette rôtie dans mon panier et à leur serrer la main pour prendre congé.

- Pas de ça, Lisette ! a dit Rampo. Nous on a les mains propres mais toi on ne sait pas d’où tu viens ! Et avant de te barrer, explique-nous. Il y a un truc ?

- Oui, il y a un truc, ai-je répondu. Je suis Dieu descendu sur la Terre !

- Arrête tes conneries ! Ou alors donne-nous d’autres preuves de tes grands pouvoirs !

- Vous ne me croyez pas ? Regardez cette volaille : je vais lui rendre la vie !

Sous le regard ébahi et batyscapholé des trois commandants cuistots, j’ai balancé ma main ouverte au-dessus du plat comme si je lançais à nouveau les dés magiques.

La poule s’est remplumée, a ouvert un œil, étonné d’être couchée sur le dos dans la cuisine d’une maison bourgeoise.

- C’est bon, le métèque ! Casse-toi, avec ta poule ! Tu nous as fait perdre assez de temps comme ça. On a du boulot, nous !

J’ai fait un grand sourire, j’ai ramassé mon lot et je suis sorti dans la ruelle.

***

Une fois que je suis arrivé sur la place du village je me suis assis au soleil sur la margelle de la fontaine. J’ai fermé les paupières et j’ai savouré la douceur du jour. C’était l’heure de la sieste, il n’y avait plus un bruit, personne ne disait rien.

Puis je me suis frappé le front et j’ai crié :

- Quel con ! J’en ai encore trop fait, comme d’habitude et ce failli trophée, si je veux le déguster, il va falloir que je le tue, que je le plume et que je le fasse cuire alors qu’il était tout prêt à consommer tout à l’heure !

A l’intérieur de mon cabas la poule qui m’avait entendu me plaindre a gloussé de rire. Je l’ai extirpée du panier et je l’ai prise entre mes mains. Je l’ai serrée précieusement.


P.S. Cet épisode a également fait l'objet d’un collage de Jean-Emile Rabatjoie (Musée Iconoclaste Rennais, Série Les chiens aboient, Le Caravage passe) reproduit ici :

DDS 601 caravage04cene

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