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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
31 janvier 2018

Quid sur l'échiquier voisin, le 30 janvier 2018 ?

Après un début Ponziani bien timide on aboutit à une position quasi égale et bien fermée des deux côtés. J'ai terminé ma partie et suivi celle-ci au moment où tout explose grâce à une attaque des tours noires sur la colonne h. Les blancs auraient pu mieux résister mais avec des si on mettrait Lutèce en amphores !

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26 janvier 2018

Rimbaud n’a pas chanté en v(a)in !

En atteste ce poème retrouvé récemment et publié dans le numéro 1 
de janvier 2018 de la revue "Rions un peu avec Rimbaud !"
(Rennes : Editions du Petit port et de la Haute-Folie) :


"Paul est toujours entre deux vins,
Entre Xérès et Saint-Pourçain,
Offrant les délicieux bouquets que voici,
De fruits, de fleurs, de feuilles, de branches,
Entre Nuits-Saint-Georges et pitanche,
Affrontant son dragon et sa grise souris.

Nous allons de Paris à Londres via Bruxelles
Pleins d’effervescence et gaîté
Entre Corbières et Châteaugay.

DDS 491 Ronald searle plein d'effervescence et de gaîté 

Notre verbe est subtil et de grand richesse
Intense, aromatique, avec beaucoup de corps
Entre Pécharmant et Cahors.

Rude, mais généreux,
Bien qu’encore un peu vert et promettant beaucoup,
Notre aspect d’hommes jeunes et quelque peu artistes
Plaît ou déplaît surtout
Entre Petit Chablis et Cabernet d’Anjou.

Bien sûr que nos plaisanteries
Manquent quelque peu de finesse !
C’est que c’est difficile d’être bien rond et souple
D’avoir un parfum floral prononcé
Entre Romanée-Saint-Vivant et Valençay.

Mais notre couple est bien équilibré
Et présente beaucoup de caractère
- D’autres diraient plutôt «spécial» -
Entre Côte-Rotie et Jurançon l’Etoile.

Seulement quand le vin a été tiré
Et la balle aussi,
Quand il a fallu boire le calice jusqu’à la lie
Entre Clos-Vougeot et Reuilly
Les juges ont considéré
- Pauvre Lélian
Entre Hermitage et Frontignan ! –
Qu’il mériterait d’être laissé
En cave pendant au moins trois ans.

DDS 491 Ronald searle en cave

C’est vrai tout ce qu’on a pu dire
De moi :
Que j’étais sensuel et charmeur
Avec un goût de terroir très prononcé
Entre Chambertin-Clos-de-Bèze et Touraine-Noble-Joué.

Sans doute que le charme me viendra en vieillissant
Entre Pouilly-Fuissé et vieux Châteaumeillan.

J’aurai un délicieux arrière-goût de fumée
Je deviendrai quelqu’un de grande classe,
Très recherché
Entre Chablis Grand Cru et Bâtard-Montrachet !

Joliment charpenté et souple,
Vigoureux et bien membré,
Entre Moulin à vent et bon Clos-des-Lambrays.

***

Paul est toujours entre deux vins,
Entre Xérès et Saint-Pourçain.

Un soupçon d’acidité s’est glissé dans nos verres.

Ô pourriture noble !
Ô destin du vignoble !

Tout s’est terminé dans un trouble intense
Entre Gigondas et Baux-de-Provence" !

 

P.S. 1 On trouve ici (Rimbaud invisible sur deux photos, par David Ducoffre) un lien plus fort encore (?) entre Rimbaud et le Xérès : « Non, Rimbaud n’a pas dégusté, « sous les vérandas de l’Hôtel Suel », de « cette glace pilée, mélangée de Xérès, d’alcool, de citron et de cannelle, qui constitue le Sherry gobler [sic pour « cobbler »] et qui est la boisson préférée de l’Européen dans toute la zone torride » selon les dires d’Edmond Courtois dans ses souvenirs de voyage au Tonkin parus en 1890 ».

P.S. 2 Les illustrations de ce billet sont tirées de "Parler en vin" de Ronald Searle.

25 janvier 2018

L'animateur d'atelier d'écriture

m, = l'animateur d'atelier d'écriture,
celui qui met du piment pour la semaine

dans la soupe de nos imaginations !

Animateur d'atelier

 

24 janvier 2018

Faire le tour de soi en dix pictogrammes

Joe Krapov - Faire le tour de soi

IL 2018 01 22 Joe Krapov image 1

IL 2018 01 22 Joe Krapov image 2
Où lire Joe Krapov

 

24 janvier 2018

Joe Krapov – Faire le tour de soi

Joe Krapov – Faire le tour de soi

 

FAIRE LE TOUR DE SOI EN DIX PICTOGRAMMES

Bon, OK ! Toutes les personnes assises autour de ces tables mises en carré ont des $.
On peut supposer que si elles viennent à l’atelier d’?, c’est qu’elles se sont abimé les N

en lisant plein de ¨ sans images !

Certaines écrivent dans un cahier et d’autres sur des 4 volantes.

Une fois que l’animateur a donné et explicité sa consigne on n’y " jamais : un silence de N

s’abat sur la salle Mandoline. On n’entend plus que le bruit des ! qui courent sur le 2.

 Tout le monde dans cette assemblée doit posséder un ( portable mais on entend rarement

sonner ceux-ci. Ils doivent avoir été mis en mode Q.

 Remarquez que l’animateur n’exige pas le silence et qu’il est le premier à tendre l’ Odès qu’une occasion se présente d’échanger à propos de la consigne qui, c’est vrai, bien souvent n’est pas

un e !

 C’est le cas ce soir avec le jeu des dix pictogrammes. Ca a rappelé des méthodes d’enseignement de la lecture aux deux institutrices du groupe. Mais si, des institutrices ! Des professeures des écoles, comme on dit maintenant. Des dames qu’on ne peut interrompre

qu’en levant haut la Gavec l’index tendu au bout.

 - Oui ? Qu’y a-t-il, Laure Manaudou ? Tu connais la réponse à la question que j’ai posée ?

 - Non, je veux juste demander la permission d’aller faire pipi !

 - Ah, désolée ! Il n’y a pas de pictogramme représentant le Manneken Pis, tu attendras l’heure de la récréation pour y aller !

 Cela fait plus de quinze ans "que l’animateur vient proposer chaque mardi des jeux d’écriture

cons comme la à. On devrait lui décerner une & pour cette fidélité assumée.

 Surtout qu’une fois sorti de là il va participer à des ateliers d’? en ligne où on lui donne comme

consigne : « Echoué sur une J déserte avec ma vache ».

 M’est avis que ces gens de la salle Mandoline, ils ont une ! dans le plafond !

 Où lire Joe Krapov

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19 janvier 2018

LES BELLES HISTOIRES D’ONCLE FRIEDRICH. 2, Wagon de train.

CFTLP_Voiture_Voyageur_B_11_V

 

Dans le train de 8 h 24, les banquettes étaient en bois, les voyageurs étaient face à face ou dos à dos et il y avait une étroite allée centrale. Dans celui de 7 h 14 on accédait et descendait par des portes très étroites qui ne laissaient le passage qu’à une seule personne à la fois.

Mais dans celui pour Paris il y avait un long couloir et des compartiments. A l’intérieur de ceux-ci il y avait quelquefois, au-dessus des sièges, des photos en noir et blanc – en sépia ? – qui représentaient des paysages de France. Un célèbre dessin de Jean-Jacques Sempé représente un de ces wagons-là et le paysage qu’on aperçoit par la fenêtre est exactement celui qu’on voit dans un des cadres.

***

Le jeune homme s’appelait Arthur R. Il était âgé de seize ans et n'avait pas un rond sur lui. Peu avant l’arrivée du convoi pour Paris il avait contourné la gare et sauté par–dessus la barrière en ciment ajouré. Il s’était retrouvé sur le quai. C’est qu’à l’époque encore un contrôleur vérifiait au départ et à l’arrivée des trains que chaque voyageur possédait bien un billet lui permettant d’effectuer ce voyage-là et pas un autre.

Pour Arthur R ce voyage-là était LE voyage. Il jouait sa vie à quitte ou double. C’était sa première fugue qu’il espérait bien définitive. Marre de la ville de C., suprêmement idiote parmi les bourgades provinciales. Marre de la Mother qui ne comprenait rien à son art, à son amour de la composition, à son ambition de devenir un artiste. Pour percer, pour être reconnu, il fallait qu’il monte à Paris. C’est là que tout avait lieu, dans toutes ces salles prestigieuses, sous les lumières électrisantes des cafés où la vie intellectuelle était trépidante. Même si elle n’avait été qu’un peu pidante ça aurait quand même arrangé Arthur R. Il pourrait montrer ici ce qu’il valait alors qu’à C. personne ne comprenait. Et voilà pourquoi votre fils Arthur « brûle le dur », Madame R.

DDS 490 chef de gare dubout

Hop ! Hop ! Ni vu ni connu… Caché derrière un voyageur à chapeau melon Arthur échappa à la surveillance du chef de gare et monta dans le wagon. Quand le coup de sifflet retentit et que la vapeur de la locomotive s’éleva dans le ciel, le train s’ébranla lentement. Arthur ressentit alors la joie d’avoir pour ainsi dire cocufié l’agent des chemins de fer.

Il s’installa dans un compartiment où il restait une place libre. Les bourgeois qui montaient à la capitale observèrent d’un sale œil son regard effronté et gaulois, sa tignasse abondante et mal peignée et ses croquenots de campagnard qui renardaient quelque peu. « Je n’ai pas pris le temps de changer de chaussettes » songea-t-il et il reconnut dans cette phrase un alexandrin parfait.

DDS 490 controleur-tierce-OrdnerSeule âme apparemment bienveillante dans le compartiment, une jeune femme à chapeau fleuri semblait être tombée en extase, le regard fixé sur les mains fines et les longs doigts d’Arthur, signes d’une hypothétique et toute musicienne délicatesse. Peut-être y aurait-il eu ici une idylle à nouer, peut-être que tout aurait tourné autrement s’il n’y avait pas eu à l’époque des employés qui se nommaient « contrôleurs » et qui faisaient la chasse aux fraudeurs, aux resquilleurs, aux migrants économiques sans titre de transport. Il paraît qu’ils existent encore aujourd’hui et qu’ils sont beaucoup mieux armés que jadis : la douchette à flashcode plutôt que la pince à tiercé ou la poinçonneuse de couleur lilas.

Si moi-même je suis terrifié lors de leur passage dans les TGV que j’emprunte – et que je rends (et pourtant je vous fiche mon billet que je le paye toujours) ! – on imagine la frayeur du jeune Arthur R. lorsqu’il entendit à l’autre bout du couloir le cri de guerre du chef indien à casquette : « Contrôle des billets Sioux plaît M’sieu Dames !».

Ni une ni deux, Arthur plongea sous la banquette. Son admiratrice au chapeau à cerises épandit ses jupes le plus largement possible pour qu’il échappât aux regards. Mais les messieurs sérieux renâclèrent. Il y a même fort à penser que l’un de ces citoyens fit preuve d’un respect particulièrement putassier de l’ordre républicain et des règlements établis par le voyagiste. Plus faux-cul que la crinoline « cache-cache » de Mademoiselle Lelongbec il indiqua au représentant de la police des trains, par force grimaces et mimiques, la présence au sol d’un contrevenant.

***

Je vous la fais brève, comme disait Manuel De Falla en parlant de la vie. "On ne va pas y passer la nuit, mon chauve !" comme disait Moussorgsky à Borodine dans les steppes de l’Asie centrale.

Comme ça ne rigolait pas plus que maintenant en ce temps-là du côté de la maison Poulaga, Arthur R. fut alpagué brutalement, menotté à l’arrivée à Paris, embarqué dans un panier à salade et conduit à la prison Mazas. Il y connut l’horreur de la promiscuité, des sales odeurs de la tinette, du délire des pochards avinés, du mépris des putes grossières, de l’inhumanité des flics pas commodes et des matons blasés.

Bref il passa une semaine au violon et en sortit dégoûté à jamais de cet instrument. Quand un ami de ses parents l’eut ramené dans sa famille il se fit une raison et reprit ses études de piano et de Chopin.

A force de travail et de persévérance Arthur Rubinstein devint un très grand artiste dont l’immense talent fut reconnu dans le monde entier.

***

Comme quoi, mes chers neveux et mes chères nièces, il importe toujours de suivre le droit chemin et de ne jamais dévier de la consigne quand on veut faire fructifier son bagage.

Extrait de « Par-delà le bien et le noch ein Mal » de Friedrich Nichts.

11 janvier 2018

ECRIRE A RIMBAUD ? 13, Vilebrequin

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

"Et souvent, la nuit, je m'éveille
En rêvant aux monts et merveilles
Qu'annonce un frôlement coquin
Mais ce n'est qu'un vilebrequin !"

Georges Brassens – Le Bricoleur


Les lectrices-commentatrices de mon blog et mon cher oncle du Défi du samedi semblent décidément de mèche. Il et elles semblent désirer encore et encore me faire tourner en bourrique autour du cas Rimbaud. Vas-y, Joe Krapov ! Fais tourner ton vilebrequin ! Creuse nous un joli trou ! Voici de quoi le remplir !

Et dame Adrienne de me confier l’adresse du blog des libraires associés où l’on disserte de LA photo retrouvée.

J’en ai encore appris de bien bonnes sur ton compte et surtout sur le potentiel comique de mes contemporains les plus sérieux !

Rimbaud à l'hôtel de l'Univers

Je résume, pour toi et pour ceux qui ne le sauraient pas encore. En 2010 Alban Caussé et Jacques Desse, libraires parisiens, publient une photo de toi au milieu d’un groupe de personnes assises sur le perron de l’hôtel de l’Univers à Aden.

Là-dessus un certain nombre de « refuzniks » décrète que « ça ne peut pas être Rimbaud parce que ci et parce que ça, il n’a pas une tête de poète, ce jour-là il tournait en rond pour garer sa chignole, etc. Il y a de quoi perdre une infinité de temps à la simple lecture des pièces de ce procès où les libraires se font avocats de la défense de leur bout de papier jauni et de toute l’imagerie qui te représente. Autant dire que j’enfonce mon foret dans la Forêt-Noire ! Bonjour les éclaboussures de Chantilly par-delà le bien et l’Aumale, comme dirait mon oncle Friedrich Nichts.

Mireille Mathieu

Sauf que je me suis bien amusé quand même lorsque je suis tombé, dans cette guéguerre entre historiens, thésards et autres rimbaldolâtres super-sérieux sur le portrait de Mireille Mathieu. Pourquoi est-ce qu’on ramenait sa fraise dans ce bordel à la demoiselle d’Avignon ? Je n’aurais jamais fait le lien entre celle qui a perdu l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille et celui qui avait son portrait au-dessus du berceau de la fille de Renaud.



Tu vas voir que c’est on ne peut plus capilloctracté – et c’est le cas de le dire ! - car, vois-tu, il y a un certain Gabriel Ferrand qui t’aurait connu en Afrique. Tout est ici, défendu et descendu par le libraire ! Attention, ça va Bardey !

Ce Gabriel qui brûle l’épaule de M. Desse aurait été diplomate et employé dans la même firme que toi à Aden. Il aurait raconté à Paul Claudel les carabistouilles suivantes à ton propos :

[Rimbaud] était très doux, coiffé aux enfants d’Edouard, sortant nu-tête à ce terrible soleil. Accroupi, les pieds et les mains nus et teints au henné. Il riait sans bruit et la main devant sa bouche avec une espèce de petit gloussement. Sa conversation était totalement insignifiante, des queues de poires…

"Etre coiffé aux enfants d’Edouard cela signifie avoir les cheveux longs autour de la tête et coupés court en frange droite sur le front, comme un page florentin" nous explique M. Desse.

 

Rimbaud vu par Gabriel Ferrand 06

Est-ce que c’est bien raisonnable pour moi d’aller me perdre dans ce labyrinthe où M. Desse - Quand est-ce qu’il trouve le temps de vendre des livres ? - semble vouloir polémiquer à tout prix avec messieurs Ducoffre et Bienvenu ? Finalement, oui, c’est raisonnable : dans cette phrase, il y a deux personnes et un mot qui me ramènent à ce vilebrequin dont j’ai obligation de parler cette semaine :

- Le labyrinthe est une invention du sieur Dédale or, nous dit Madame Wikipe, la joyeuse drille qui fait office de Madame Jesaistout dans nos existences larguées, «Le vilebrequin passe pour être une invention de l'Athénien Dédale".

- Monsieur Ducoffre a-t-il quelque chose à voir avec le «Tango interminable des perceurs de coffres-forts» des Frères Jacques et surtout de Boris Vian ? «Arthur, où t’as mis le corps ? A l’hôtel de l’Univers ?».

- Et Monsieur Bienvenu quelque rapport avec la station de métro Montparnasse-Bienvenuë ? Ce cher Fulgence à qui nous devons, par ricochet, la ritournelle du « Poinçonneur des Lilas », de « La jeune fille du métro » ou celle du « Trou de mon quai » ?

Comme quoi j’avais l’embarras du choix et le choix de l’embarras pour terminer en chanson cette lettre sur les mandrins, les malandrins, les requins, les vilebrequins, les bave-à-la-poupe et les vent-tarières qui te suivent à la trace avec plus de componction que je n’en ai pour ma part.

Place donc au « Bricoleur » de Georges Brassens, immortalisé par Patachou. Je lui ressemble de plus en plus, sauf que chez nous, c’est Madame qui s’occupe de la caisse à outils !

Mes amitiés à Madame Vitalie !

 P.S. A propos de LA photo retrouvée, il me faudrait lire aussi le roman «Rimbaldo» de Serge Filippini qui décrit les différents personnages pendant les deux heures avant qu’elle ne soit prise. Sur Aden «Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers» de Philippe Videlier. Alors que, dans le fond, j’ai plutôt envie de me réenvoyer «Le Club des cinq contre-attaque au vilebrequin» d’Enid Blyton ou d’attaquer «Guerre et paix» de Tolstoï !

P.S. Un jour on nous dira que les Américains n'ont jamais marché sur la Lune, que Paul MacCartney est mort en 1966 et que ce n’était pas Rimbaud sur la photo d’Aden !
- Un commentaire là-dessus, Joe Krapov ?
- Oui : Boîte à outils ! Boîte à outils !

5 janvier 2018

Les belles histoires d’oncle Friedrich. 1, Ubiquité

Rimbaud 1866 première communion

Il m’a dit d’aller voir là-bas s’il y était. 

J’y suis allé. Il y était.

- Comment cela est-il possible ? lui ai-je demandé.
- Je suis partout ! Je suis dans tout ! a-t-il ricané.

Il avait une gueule d’ange et un sourire méchant de garnement rusé.

- Va voir à Charleville si j’y suis !

Je suis allé à Charleville. Il y était.
Je suis allé à Londres. Il y était.
Je suis allé au restaurant chez Godefroi, à Bouillon. Il y était.
Je suis allé, enfantin, voir la tour de Paris. Il y était.
Je suis allé à Stuttgart. Il y était.

C’était quoi, ce jeu ? Ca ne rimait même plus. Même pas avec rien.
C’est là que j’ai compris que c’était un vaurien.

Quand tous les clignotants ont été au rouge – c’était à Bruxelles encore, une fois ça marche, une fois ça marche pas – j’ai sorti mon revolver et je ne l’ai pas raté. Une balle en plein cœur et deux autres qui lui ont fait deux trous rouges au côté droit.

Je ne sais pas comment c’est dans le vôtre mais dans cet univers-ci, Dieu est mort. C’est moi qui l’ai tué. Son don d’ubiquité m’énervait.

On a ramené sa dépouille de Marseille et on l’a enterrée avec son corps de Bruxelles. Bien sûr personne ne sait où a eu lieu l’enterrement ni où on a mis le corps d’Arthur – ici Dieu se prénommait Arthur – mais on s’en fout. Depuis, sans lui, c’est le paradis, ici.

Extrait de : « Ainsi parlait Sarah Fouchtra, Auvergnate irascible » de Friedrich Nichts.


P.S. 1   Si tu lui avais dit, oncle Friedrich, qu’ici Dieu est un type avec une jambe de bois qui rêve de retourner au désert, Sarah aurait compris pourquoi notre monde boîte autant !

P.S. 2   L'illustration (Copyright la Bibliothèque Nationale de France) représente Augustin et Arthur Dieu en premiers communiants. Si vous avez d'autres photos d'Augustin Dieu, faites le savoir à Pierre Michon, il est preneur !

4 janvier 2018

Chez Constance à Plougrescant le 30 décembre 2017

171230 265 055

171230 265 056

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