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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
30 janvier 2013

CAUSERIE DES FAMILLES par Joe Krapov

MIC 2013 01 28 magritte

Bien que je sache parler un langage soutenu chaque fois qu’il est nécessaire d’en user, j’ai aussi beaucoup d’affection pour le langage familier. J’estime qu’il est source de grande poésie, pour peu qu’on se laisse aller, et j’en suis fort capable, à des divagations dans le surréalisme.

En langage familier, un parapluie s’appelle pépin. Je me plais à imaginer la pomme que l’on couperait en deux et dans laquelle on trouverait un parapluie. J’ai cru qu’un autre grand poète avait exploité avant moi cette image surprenante mais non, chez Magritte c’est un verre d’eau qu’on trouve sur le pépin et sous le melon il y a une pomme !

 

MIC 2013 01 28 magritte pomme

En langage familier, le baiser s’appelle patin. Il répond aussi quand on l’appelle pelle. Si un baiser volé vaut mieux qu’un baiser légal, il faut savoir qu’on donne ou échange un baiser mais qu’on roule un patin ou une pelle. Attention cependant : en hiver, à la patinoire en plein air de Strasbourg, il faut prendre des précautions en s’adonnant à ce sport amoureux dangereux : certains patins ont en effet des lames effilées : ca peut vous couper le souffle ou le sifflet. Quand votre partenaire refuse que vous lui rouliez une pelle, vous vous sentez terrassé et cela s’appelle "prendre un râteau". Le râteau se prend parfois dans les dents bien qu’il en soit pourvu lui-aussi. Si cette chose vous arrive, il ne vous reste plus qu’à faire comme au jeu des sept familles : Pioche !


MIC 2013 01 28 magritte baiser

En langage familier, quand on veut signifier « il y a plus d’un lustre » ou « A cette époque-là où même Line Renaud n’était pas née » on dit « il y a deux siècles et des poussières » ou « il y a cinquante ans et des brouettes.
Sur le baiser et les brouettes en littérature, l’exemple que je cite volontiers est extrait d’un roman de Daniel « Embrassez-moi Defoé plutôt qu’une ! ». C’est celui-ci :


MIC 2013 01 28 moon's up par Joye

« Quelquefois Robinson Crusoé se désolait. Il confiait alors à son compagnon d’infortune :

- Vois-tu, Vendredi, cela va faire cinq ans et des brouettes aujourd’hui que je n’ai pas roulé une pelle. »
Le noir ne répondait rien mais en son for intérieur il se posait des questions sur la façon de jardiner de Robinson. A quoi pouvait donc bien servir de mettre une pelle dans une brouette et d’avancer ? Et d'abord pourquoi une pelle ? Pourquoi pas un patin ou une galoche ? Le naufragé lui sembla plus étrange encore une fois qu’il lui eut posé cette question saugrenue :
- Et toi ? Que penses-tu du mariage des homosexuels ?
Pour un peu il aurait considéré que Robinson était con comme la Lune."

 

MIC 2013 01 28 magritte lune

En langage familier la lune désigne parfois le derrière mais on peut également utiliser « popotin » ou « pétard ». Ce dernier mot sert aussi à exprimer qu’on est en colère : être en pétard. Le rapprochement de la face (que l’on perd par son ire) et des fesses n’autorise pas pour autant les fils, quoi qu’en ait Oedipe, à traiter leur père de « tête de cul ». Par contre on voit souvent des pères d’étudiants se mettre en pétard parce que leur fils se lève le matin avec « la tête dans le cul » ce qui signifie qu’il n’est pas bien réveillé, mal déplié et peu disposé à se plier aux règles.

 


En langage familier, pour revenir au jardinage et au verger de Robinson, celui qui, comme moi, intervient à tout bout de champ, on dit de lui qu’il ramène sa fraise. A celui-là on demande parfois qu’il écrase sa banane, qu’il se fasse discret. Au demeurant, s’il insiste et que le conflit dégénère, on peut le frapper au visage en lui balançant une pêche en pleine poire. Cette punition ne comptera pas pour des prunes ni pour du beurre surtout si’ l’œil a pris la couleur noire de celui-ci. On dira alors que c’est bien fait pour sa pomme ! Ca lui apprendra à raconter des salades… de fruits !

Du coup avec la pomme la boucle est bouclée. Nous voilà revenus au point de départ et ma causerie d’ancien étudiant en linguistique de l’Université de Lille III peut se terminer là. La prochaine fois, si j’ai la cerise, nous réfléchirons au rapport qu’il y a entre con comme la Lune et con comme un balai. Vous verrez, c’est bête comme chou ! D’ici là pensez à faire le ménage car j’ai l’impression qu’à me l’être tant pris, le chou, j’ai dû en faire tomber quelques feuilles sur vos tables !


Bonne semaine à vous !

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25 janvier 2013

Le culte de Paros (Guirec !) (Joe Krapov)

Département de Seine-Maritime
Ville de Vascoeuil
Service de police municipale
N° 67/2012

Le 14 juillet 2012

Rapport d'intervention

Le brigadier-chef Gadoon
A Monsieur le Maire
Sous couvert de la voie hiérarchique

Objet : Arrestation de trois jeunes mineures pour attentat à la pudeur

Le 13 juillet, exécutant notre ronde de surveillance de la localité afin d'empêcher les débordements liés à la célébration de la prise de la Bastille et de quelques libations subséquentes, l'agent Gweltaz de Santrèze et moi-même le brigadier-chef Brice Gadoon avons interpellé trois gamines court-vêtues. Très courts-vêtues. A vrai dire il y avait même attentat à la pudeur vu que lesdites demoiselles étaient toutes nues.

Les avons sommées de nous présenter leurs papiers. Elles n'en possédaient pas présentement. Leur avons demandé de décliner leur identité, rogntudju.

L'aînée des trois a dit s'appeler Euphrozyne Kharitès, être la fille de Mathurin-Joséphin Zeus et d'Eurynomée-Aude Issava.

La seconde des sœurs, car il s'agit de sœurs a dit que pas du tout, leur papa s'appelait Hélios Iliaque et leur maman Eglé-Eglé Hellèdénôutre. Elle-même s'appelait Thalie et accusait son aînée de cacher son vrai prénom Charis.


La troisième a prétendu que les deux autres avaient bu et fumé et racontaient n'importe quoi. Leur père était Archibald Dyonisos et leur mère Coronis Corona, que c'était pas de la petite bière et qu'elle-même s'appelait Aglagla Aglaé.

- Pas du tout, à rétorqué l'aînée. Tu t'appelles Pasithée et tu es promise en mariage à Hypnos, l'opticien du village.
- Et toi , par Pausanias, tu t'appelles Cléta et je ne dirai pas les bruits qui courent sur toi, comme quoi tu es la spécialiste de la la sexualité en dehors du mariage !
- Arrête, Auxo, a dit la seconde. Si tu crois qu'on t'a attendue pour croquer la pomme et mener la danse !

Hégémone les a interrompues.

- En tant qu'aînée, si vous ne cessez pas de proférer des insanités, je vais faire appel à Antéros, Pothos et Thémis
- Parce qu'à titre grâcieux et avec constance mademoiselle joue les Bonacieux pour ces trois mousquetaires ? Laisse-moi rire, Phaenna !

L'agent de Santrèze et moi-même avons-mis fin à la diatribe des hétaïres en leur passant les menottes et en les poussant dans le fourgon où elles ont continué à raconter leurs salades.

Les avons mises en cellule de dégrisement puis avons tapé ce compte-rendu. Comme elles en étaient rendues à protester bruyamment et à nous dire d'aller nous faire voir chez les Grecs pour un motif que nous avons oublié, nous sommes allés ensuite terminer de surveiller la fête nationale qui est bien sympa aussi chez les Normands. Le Calvados vaut le détour et les gisquettes sont bien girondes.

Nos respects à vous-même et bien le bonjour à votre dame, Monsieur le maire !

***

- Bonjour. Ce serait pour déposer une plainte.
- Bien sûr, Monsieur. De quoi s'agit-il ?
- Je suis Monsieur Carzou, le conservateur du château-musée de Vascoeuil. Des individus malveillants ont profité de la fête nationale pour dérober dans le parc un groupe sculpté représentant les Trois Grâces.
- Les trois Grâces ? Vous savez leur nom ?
- Eh bien... A vrai dire, non.
- Nous non plus mais je pense que mes hommes les ont coffrées hier. Venez-voir.

Il entraîne le visiteur vers la cellule.

DDS 230 vascoeuil

- Ce sont elles ? Vous reconnaissez les faits ? Euh, les fesses ?
- Miracle ! Dieu soit loué ! En me présentant ces fesses, vous me tirez une belle épine du pied !
- C'est à mon corps défendant. Je vous prie d'accepter mes excuses au nom de mes troupes. On a arrosé un départ en retraite hier soir. Je pense qu'ils se sont livrés ensuite, un peu imbibés, à un enlèvement de statue. Ca arrive souvent à Rennes aux statues des baigneuses de la place de Bretagne.
- Mais... nous ne sommes pas en Bretagne ?
- Nous non mais Brice Gadoon et Gwen.. Gwerlt... l'agent de Santrèze viennent d'être mutés ici par sanction disciplinaire. Le chouchen tape dur là-bas, plus que le soleil dans le ciel et je ne sais pas si c'est une bonne idée, pour leur reconversion, de les avoir envoyés en Normandie. Je vous ferai livrer la statue au château cet après-midi par ces deux idiots, ça leur fera les pieds.
- Merci infiniment à vous commissaire. Commissaire... ?
- Gérard Mancinque !
- Mille grâces à vous, commissaire Mancinque !

***

Après le départ de l'homme de l'art, le commissaire se replonge dans la lecture de « C'est un métier d'homme » et il pense :
- C'est bizarre que plus personne ne connaisse les noms des trois Grâces. Il me semble que DeMonac, Amazing et Gunther, c'est pourtant facile à retenir, non ? »

 

 

24 janvier 2013

SCENARIO MEDITERRANEEN par Joe Krapov

 

MIC 2013 01 21

Quand on est Sarde
Il faut que ça barde,
Que ça bombarde,
Que ça s'entrelarde
De coups de couteau
Quand on s'est chopé, au bouleau,
Une écharde d'écorce dans la peau.

Tu vas voir, arbrisseau,
De quel bois je me chauffe
Foi d' Pepponi Krapov !

Alors sans que ça tarde
On veut montrer sa force,
On bombe fort le torse,
Sort ses canines de morse
Et assassine un Corse !

MIC 2013 01 21 bandit corse

Tout ça ne sert à rien :
L'écharde est toujours là
Et les douaniers venus
Du sentier de la côte
Vous mett'nt le grappin d'ssus
- « Ton compte est bon mon pote !» -
Et vous jett'nt au cachot.

Et toutes les nuits se passent
A rêver de trousseau,
Trousseau de mariée
(On veut se faire la belle !)
Trousseau de lourdes clés
Pour ouvrir toutes les portes
Qui mènent à Liberté.

MIC 2013 01 21 clés

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis la porte s'ouvre
Et c'est votre avocate.
Elle a l'air plantureuse
Mais c'est parce qu'elle cache
Sous sa robe, scélérate,
Une vraie sulfateuse !

Avec laquelle vous arrosez
Les poulets du commissariat
Pour prendre la poudre d'escampette
Avec votre escopette
Et la jolie poulette
Un peu pasionaria
Qui vous a tiré de là.

Voilà comment ça saigne
Quelquefois en Sardaigne
Mais à chaque fois tout baigne
Quand s'affiche « The End »

MIC 2013 01 21 the end 1

 

 

 

 

Moralité :
En mordre ou en démordre,
En coudre ou en découdre,
De cela va dépendre
Si on va se faire pendre
Ou pas.

En mordre ou en démordre,
En coudre ou en découdre
Avec de l'huile de coud'(re)
C'est toujours travailler
A la gloire d'Hollywood(re) !

the-end

 

18 janvier 2013

Meilleurs vieux ! (Joe Krapov)

Tap tap tap Chers défoants Tap tap tap du samedo Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap Je vius présente tap tap tap Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap mes meolleurs vieux ! * Smac ! Smac ! Smac ! Schpong Vroum Vroum Cling

 

Jeanne et Paul

 

Tap tap tap Ah ! Ah ! Ah ! Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap Binne année 2013 à vius ! Schpong Vroum Vroum Cling

 

Underwood

 


P.S.

Tap tap tap Je ne saos pas ce qu’elle a Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap cette voeolle machone à écrore Underwiid. Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap M’est avos qu’elle cinfind deux lettres. Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap Je pense qu’ol va fallior que j’onvestosse Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap dans une plus miderne Schpong Vroum Vroum Cling

Tap tap tap viore, carrément, dans un irdonateur !
Gasp !


*Mes meolleurs vœux, c’est quand ols étaoent jeunes !

Pas vrao, M’man ? Bosius ! Smac ! Smac ! Smac !

 

16 janvier 2013

UNE PREFACE par Joe Krapov

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Ce n’est pas forcément une bonne idée de demander à un natif du Nord émigré en Bretagne d’écrire la préface à la biographie d’une Bretonne émigrée dans l’Oise ! Marie-Berthe de Chantilly-Ribot que tout le monde connaît d’avantage sous son pseudonyme de Berthoise écrit dans son roman « Il a plu »qu’elle est "Bretonne et Brayonne" à la fois. En vérité, nous sommes tous citoyens du monde et si nous nous sommes croisés dans nos trajets, elle et moi, c’est assez bizarrement au niveau de Lyon et en nous arrêtant, au parc de la Tête d’or, devant la statue du faune et de la centauresse qui s’embrassent. A part l’amour des bouchons lyonnais et des bières, surtout belges, Berthoise et moi avons un goût très commun et très surprenant pour les mots et les choses du sexe et, je n’en doute pas, elle a dû, elle aussi, s’interroger sur la manière de coïter de ces deux entités-là. Sur cette statue, du reste, force est de constater que chacun des deux partenaires a une queue de cheval. Au repos, certes, pour l’un, mais le fait est là, ne nous crêpons pas le chignon à propos de ce qui se passe sous la couette.

Dans son dernier ouvrage, paru aux éditions « Fée du logis » et qui a pour titre « Exercice-culotte » Marie-Berthe n’a pas craint non plus d’endosser la personnalité de la grande duchesse de Gérolstein. Ses variations sur « Ah que j’aime les militaires » ont pris la forme d’une véritable ode amoureuse au duc d’Aumale, un de ses ancêtres qui posséda jadis le château de Chantilly, dépendances et domesticité comprises, et qui n’avait qu’un mot à la bouche : « Rectifiez la position ! ». Dans le chapitre « Berthe, Henri et moi » on peut lire d’étranges phrases comme : « Craignant d’avoir été abusé par mes sens ensommeillés, je suis allé vérifier : la marquise gouttait ». Voilà ce que c’est quand on sort à cinq heures en chantant sous la pluie que « Tout va très bien » ! J’ai noté aussi : « Le chat ne se laisse jamais oublier ». Nous sommes loin ici des glauques étalages d’Henry Miller et Anaïs Nin auxquels, désastre des temps, ont succédé les bien pires encore "50 nuances de Grey". Chez Berthoise, aristocratie des ancêtres oblige, on ne manque jamais de tenue. La poésie naît justement des joies simples, naturelles, largement répandues et si leur pratique n’est jamais secrète elle n’est jamais ostentatoire. Tout est dit sobrement, en phrases courtes, posées et jouissives. De Marie-Berthe de Chantilly-Ribot on peut- dire ce que l’on disait déjà de son oncle Jean-Amédée Walrus : « Jamais laconisme ne fut plus parlant ».

Biographie Berthoise

En découpant en trois parties à peu près égales la biographie qu’elle consacre à notre amie commune, Adrienne Finzi-Contini ne pouvait mieux faire ni avoir une vision plus juste de la personnalité de l’artiste. La première partie est consacrée à la vie d’une diariste habitée par le doute. Elle s’intitule « Vitalité et vanités de la vie en Vexin pour Vénus ». Il fallait effectivement que lui fassent pendant « Le désir permanent du voyage » et « La musique adoucit les mœurs comme elle raffermit l’humeur ».

En cette époque troublée où trop de choses déliquescent, où je néologise à tour de bras, où l’administration pèse pour tout fonctionnaire zélé le poids d’un âne mort suspendu au plafond et nul ne sait ce qu’il pondra si on lui tire la queue, quand il pleut sur la ville close de Concarneau autant de seaux d’H2O qu’un curé pourrait en bénir, lorsque le vent remplace le soleil et les idées grosses de l’extrême droite celles de la droite pas fine au Nord du bassin parisien, on se dit qu’il y a une limite de tolérance à la connerie et que James serait en droit de faire un bond en disant « Schön ». Impitoyable plus encore que Clint Eastwood, l’envie d’aller voir ailleurs se fait alors pressante, surtout si le jardin ne donne rien en guise de fleurs jaunes. A croire que Berthoise n’est heureuse que quand elle a un souci et que sans cela elle est vacante et rêve de vacances, de larguer tous ces mômes accrochés à ses basques pour aller mettre la main au panier de Léon de Bayonne, là où vit le sous-marin jaune des Beatles et celui qu’elle préfère s’appelle George.

Partir, oui, mais comment ? La technologie la transporte malgré les difficultés qu’elle rencontre, comme tout un chacun, à décrypter le mode d’emploi de ces engins. Rien ne vaut le coucou suisse ou la pendule années 50 ! Et pourtant sa voiture rouge dispose, sans qu’elle le sache, d’un module d’auto-rétrécissement qui lui permettrait de doubler les camions de betteraves à 130 à l’heure en passant par-dessous leurs essieux. Son appareil-photo Lumix est doté d’une option « photo panoramique » mais elle peut d’autant moins la sélectionner que sa fille préférée, Poulette, a encore emprunté l’appareil pour photographier Dieu seul sait quoi, comme font tous les djeunns d’aujourd’hui qui se respectent (ou pas !) et déposent sur Facebook des horreurs insolentes qui ont le mérite de n’être drôles que pour des geeks comme eux. Mais de fait, eux comme nous, ne sommes-nous pas tous devenus des geeks ? Il nous faut connaître l’anglais pour travailler à la grandeur de la France alors que cette langue devrait servir à aller visiter Londres, à retourner en Inde, à expliquer à l’employé d’état-civil à Moscou qu’on est à la recherche de la cantinière russe qui est perchée dans l’arbre généalogique et ne voudra en descendre que pour accompagner Napoléon et son armée en France, jusqu’à Quimper ou Cayeux-sur-Mer s’il le faut, car elle a envie que son arrière-petite-fille puisse aller souventes fois à Paris où des expositions, des brasseries et des salons de thé LewisCarrolliens tendent les bras de leurs fauteuils à tous les affamés de la terre, oui, c’est bon, même si c’est très cher. L’essentiel est de rester (cul)turel ! Et du voyage, mon Dieu, gardons trace ! Des choses lues à Rouen, ne faisons pas bûcher. Dans la trentaine de romans que Berthoise a écrits il faut souligner, et nul n’est mieux placé qu’Adrienne pour le faire, la brièveté des séjours, l’enchaînement quasi alphabétique des petits événements, le peu de longueur des déplacements. A croire que rien ne vaut finalement le « Voyage autour de ma chambre au château de Chantilly » de Xavier de Maistre, le « Turlututu je suis reviendue » ou le « De la nécessité de la petite laine, de la bière qu’on sirote lentement, en la savourant jusqu’à ce qu’elle vous tourne un peu la tête » de Berthoise elle-même.

Je ne dirai rien du chapitre sur la musique qui s’étend de Rameau à Sanseverino, d’Offenbach à Bollywood. Le serpent, lui-même instrument de musique, se mord ici la queue car l’on revient au baiser du faune et de la centauresse. Comment comprendrait-on sinon l’hymne d’amour que constitue le best-seller de la dame : « Les mains de la chef de chœur ». Moi-même, si je n’étais pas secrètement amoureux de Lucie qui nous dirige, resterais je dans cette chorale où l’on bavasse presque autant que l’on ne chante ?

C’est là ce qui me plaît dans la vie et l’œuvre de Berthoise et qu’il convenait de définir avant que vous ne vous vous lanciez dans la lecture de cette foisonnante biographie. On est dans le quotidien, sur un marché aux puces, à un repas de famille, on cueille des champignons de toutes les couleurs, on s’engueule en voiture, au restaurant, on répond à mille questionnaires, on traverse la campagne en hiver, on visite une expo, on va à un concert, on photographie pour la centième fois le château de Chantilly, tout le monde a fait ça mais chez elle ce n’est jamais anodin ou inodore : il y a toujours, jusque dans ses silences ou ses phrases de trois mots et demie, quelque chose qui brille : une flamme intérieure.

Bonne lecture à vous.

P.S. J’aurais pu faire encore plus long mais, comme a dit Romain Gary, "il faut toujours connaître les limites du possible". Surtout quand on est soi-même un être impossible et pris par le temps : je dois m’en aller maintenant rédiger la préface au recueil de chansons de Joye traduites en bas-breton par Sklabez. Préfacier, ce n’est pas un métier facile. Il faut trouver la bonne longueur d’ondes et savoir stopper sa faconde. Maintes fois par le passé, quand je ne le fis pas, les émules de Gary me coupèrent !

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10 janvier 2013

Après le mariage de Charlotte et Capucine à Audrix (24) (Joe Krapov)

Il était sur le point de s'endormir quand, soudain, il vit briller dans la nuit la petite lucarne de sa radio qu'il avait oublié de fermer. Il l’avait installée là, dans la chambre de l’hôtel, en attendant l’heure de la cérémonie et il ne se souvenait même plus, tant il était bourré au retour de la fête, de l’avoir rallumée. Pour écouter quoi, du reste ?

Deux types causaient dans le poste :

- Pourquoi est-ce qu’on a un problème avec le pluriel de pet-de-nonne alors que personne ne se pose de question sur celui de prout de mammouth ?
- Y’en a plus des mammouths !
- Et des nonnes, plus beaucoup non plus.
(Rires)

Il étendit le bras pour éteindre mais n’eut pas la force d’atteindre le bouton.

- Le curé mordille le bas de la religieuse. Ca ne pose de problème à personne !
- Ben quoi, il faut bien prendre des forces avant d’aller à la manif contre le mariage pour tous !
(Rires)

C’était quoi, ce talk show débile ? Il roula, étendit à nouveau le bras et éteignit. Pas la peine qu’on lui prenne la tête, il avait déjà une migraine carabinée. Trop bu, trop mangé. Un beau mariage bien arrosé. Trop !

- Aucun problème non plus si l’évêque se tape des cuisses de grenouilles !
- Du moment qu’elles ne sont pas de bénitier !
(Rires)

Allons bon ! La radio éteinte, ça continuait. Etait-ce dans sa tête ?

- Deux escargots de Bourgogne qui vont à l’enterrement d’une feuille morte au pays du kouign-amann, ils ne sont pas rendus, crois-moi !
- Eh, je le connais ce poème-là, c’est de Prévert ! Je ne suis pas Douarnenez de la dernière pluie, tout de même !
(Rires)

Ou alors, il rêvait déjà et dans son rêve il assistait à l’enregistrement de l’émission de radio.

- Faire le coup de la panne aux frangines, autrefois, c’était royal.
- Aujourd’hui ce sont elles qui tirent les rois et vous barbouillent de frangipane !
(Rires)

Etait-ce parce qu’il avait repris deux fois des quenelles de sabre à la sauce aux lardons que ces deux idiots n’arrêtaient pas de parler de bouffe ?

- Quand on est fondu de bœuf bourguignon il faut veiller à ne pas se laisser embrocher !
- En effet, l’huile est déjà chaude et les anthropophages sont affamés !
(Rires)
- Tu connais le bruit que font les cloches de l’abbaye de Westminster ?
- Non ? Dis voir ?
- Plum pudding puddong ! Plum pudding puddong !
(Rires)

Il avait maintenant les yeux grands ouverts. Ce n’était pas un rêve. C’était dans la chambre d’à côté.

- Quand Charlotte ramène sa fraise certains trouvent qu’elle est chou, d’autres trouvent qu’elle est tarte. Mais tous la dévorent des yeux car elle est mignonne à croquer.
- Même avec sa fraise qui la fait ressembler, à n’importe quelle heure du jour, à Marie de midi six.
(Rires)

Mais combien ils sont dans la chambre voisine ? Les deux qui causent déjà et combien qui rient ? Tout tangue autour de lui, la pièce tourne, il est à deux doigts de perdre connaissance.

- A la maison, on ne faisait jamais de pissaladière. Rien que le nom du plat nous coupait l’appétit ! Du coup on mangeait des tartes à l’oignon.
- C’est pas plus appétissant si tu vas par là !
(Rires gras)
- Dans la Forêt noire, le voyageur qui est égaré depuis huit jours, s’il est vraiment en manque, il n’a rien contre le boudin blanc.
(Rires encore plus gras)

Il n’en peut plus il se lève.

- Mille feuilles dans la Pléiade, si elles sont signées Proust ou Houellebecq, je les ramène à la pâtisserie et je me fais rembourser sous prétexte que c’est avarié.

Il allume dans la salle de bains, se penche sur la cuvette et vomit. Quand c’est calmé, il reconnaît le canard à l’orange et sa mousse de carottes, la tarte aux noix de pécan et cerises amarena et le trop plein de champagne absorbé. Il tire la châsse, boit encore un grand verre d’eau au robinet et va se recoucher.

On n’entend plus rien dans la chambre d’à côté. Il s’endort comme une merde.

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Le lendemain, il se réveille tôt, aussi dégagé que le ciel. Il prend une douche, s’habille et descend prendre le petit déjeuner.

Outre le serveur il y a déjà deux types assis à une table. Il remplit son plateau de croissants, de pain, beurre et confiture, d’un grand bol de café chaud et va s’asseoir à une des tables.

Il arrache une corne à son croissant, la trempe dans le café, la porte à sa bouche et à ce moment-là il entend le premier type dire à l’autre :

- Dans la voiture-bar du Paris-Bordeaux, ils ne vendent pas de Saint-Emilion, Loreille !
- C’est comme dans le Paris-Brest. On n’en trouve pas non plus, Lardu.
- Du Saint-Emilion ?
- Non, des Paris-Brest !

Il reconnaît les voix. Ce sont ses voisins de chambre. De chambrée, presque.

- Ce que j’aime par-dessus tout c’est enfiler mes pieds dans des charentaises et grignoter des chaussons aux pommes !
- Dans le Poitou, ils préfèrent faire l’inverse !

Puis les deux types se lèvent et sortent. Loreille et Lardu !

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Un peu plus tard dans la matinée, il règle sa note à la réception.
- Les deux types, dans la chambre à côté de la mienne, ils font de la radio ?
- Oui, monsieur. Ce sont Loreille et Lardu, les animateurs de l’émission culinaire de notre radio libre locale « Radio Marmiton Périgord ».
- Une radio libre ? En 2016 ? Ca existe encore ?
- Plus que jamais. Ils viennent ici pour enregistrer en direct live. En morte saison, on rentabilise les chambres de l’hôtel comme on peut. Vous n’allez pas vous plaindre du manque d’épaisseur des murs ? Les rires enregistrés ne vous ont pas empêché de dormir ?
- Non, pas du tout.
- Si vous l’aviez fait, je vous aurais répondu qu’au prix où vous avez payé la chambre il ne fallait quand même pas vous attendre au Carlton de Lille !
- Jacques Sternberg n’aurait pas coupé plus court.
- Jacques qui ?
- Laissez tomber, je ne me suis plaint de rien, Charlotte et Capucine sont mariées, la vie est belle et c’est tant mieux. Vous ferez mes amitiés à Loreille et Lardu !

Il sort au grand soleil, met la valise dans le coffre de la voiture, admire le ciel bleu, écoute les oiseaux et se prend à penser :
« Quand elle n’est pas signée de Stravinsky, la musique du Périgord est vraiment agréable ! ».

10 janvier 2013

SOUVENIRS, SOUVENIRS ? OU REMORDS ? par Joe Krapov

Marie-Geneviève nous rendait chèvres,
Gaston était souvent bougon,
René pas toujours réveillé,
Eric était très laconique,
Emmanuelle était cruelle.
Dans cette bande, assurément,
Le seul qui était vraiment charmant,
C’est désarmant, c’était Armand.

Y’avait pas plus drôle que Jean-Paul,
Pas plus jolie que Nathalie,
Pas plus belle que Marie-Noëlle,
Pas plus irréelle que Muriel,
Pas plus divine qu’Alexandrine
Ni plus mutine que Jacqueline
Et il n’y avait, décidément,
Pas plus charmant qu’Armand.

Véronique était ironique
Voire fort amère
Et Françoise quelque peu matoise.
Est-ce que Ghyslaine était vilaine ?
Valérie victime d’hystérie ?
Marc se croyait-il un monarque ?
Et Pierre, n’était-il pas trop fier ?
Une seule chose était sûre, vraiment :
C’est qu’Armand était bien charmant.

Dans ce récit de fantaisie
S’il arrive crénom de nom
Que j’ai commis quelque hérésie
En affublant votre prénom
D’un qualificatif passable
Ne me tombez pas sur le râble :
Je vous aime comme j’aimais ces gens
Mais, je le redis sans façon
Et je vous demande pardon :
Il n’y avait qu’Armand d’honorable.

6 janvier 2013

NE RACONTE PAS TA VIE, J.K. ! par Joe Krapov

J'ai fait une promesse de Gascon à M. Jibhaine. Une promesse de gars con, en fait.

- Tu fais quelque chose de spécial le samedi 20 juillet 2013 ? Ca te dit de venir avec moi à Carhaix ?
- Au Festival des vieilles charrues ? Ils ont décroché la participation de Neil Young ?
- Tout juste, Auguste !
- Ah ben oui, alors, tout à fait, je suis partant.

M. Jibhaine est pour ainsi dire mon fils préféré, tout comme Mademoiselle Zell est ma fille préférée. Nous n'avons du reste, Marina Bourgeoizovna et moi-même, que deux enfants et j'avoue que je les ai un peu rasés pendant des années tous les deux avec mon écoute effrénée et répétitive des disques vinyles de cet autre Canadien errant (the other is Mr Cohen, Leonard for the intimes ! We love him too !).

C'était une promesse de gars con. Après qu'il m'a eu dit oui, je suis allé sur le site web du festival, j'ai cliqué sur « acheter les billets » et j'ai lu : « samedi 20 juillet : complet ». Je ne sais pas combien d'anciens babas cools se sont précipités mais une semaine après l'annonce de la venue du Loner en France, ils avaient tous leur billet en poche et déjà, d'avance, rempli de leur surface corporelle virtuelle plus ou moins bedonnante et plus ou moins chauve qui peut la surface des champs de Kerampuilh où aura lieu la fiesta. Ce que c'est quand même que la nostalgie de Woodstock !

MIC 2013 01 01 Woodstock

 

Si je n'appliquais pas à la lettre les principes philosophiques de mon maître vénéré et chinois Io Wao Girl « Nous devons utiliser nos mots pour construire et faire du bien, pas pour détruire ou blesser » je souhaiterais bien à ces plus rapides que moi qu'il pleuve ce jour-là sur ce coin du Finistère où ce phénomène météorologique se produit rarement mais parfois quand même un peu. Les champs seraient transformés en bourbier comme ceux de Notre-Dame-des-Landes où d'autres jeunes gens ont dansé la nuit dernière pour soutenir mon aérodromphobie et s'opposer à la construction d'un Ayroport sur ces champs.

MIC 2013 01 01 Marie-Chantal

Au lieu de cela, je souhaite un bon festival à mes congénères et j'espère que ce bon vieux dinosaure de Neil offrira une prestation plus digne que celle de son copain Bob qui fit l'âne au même endroit en 2012. Au moins, avec le Cheval sauvage qui accompagne Neil Young, il y aura du son !

Pas le même évidemment que celui d'Aurora, le premier single enregistré par le vieux hippy à voix nasale en 1963. Ca va faire cinquante ans qu'ils nous « Mr SOÛLe » l'homme de Topanga et plus aucune fille ne s'habille comme la Marie-Chantal de la photo ci-jointe. Personne ne laisse plus non plus traîner ses vinyles par terre ni ses fichiers MP3 ! Mais quand même, comme cela va vite, comme « The times they are a changin' » !

Nous vivons désormais une époque de dématérialisation. Moi-même, je dois bien l'avouer, pour calmer « ma fanitude un poil déceptionnaturée par ma gasconnerie » j'ai transformé en un fichier informatique le son de la vidéo ci-dessous.


Je ne sais pas si la raison du meilleur est toujours la plus forte, si le meilleur c'est de faire comme tout le monde et de se précipiter tous en même temps au même endroit pour être sûr de ne rien rater mais finalement, je suis un mec normal, je fais bien comme tout le monde mais avec du retard ! Quand l'alouette toute rôtie d'un concert gratuit de deux heures me tombe du ciel via le grand Youtube communautaire, j'ouvre la bouche bée, les esgourdes grand et j'emmagasine la chose avant que tout ne soit dématérialisé un jour par « le retour de la vengeance du Pic de Bugarach » ou par le fait que le grand mamamuchi Dr Google from the planet Earth a décidé de faire tout payer y compris le droit de chercher où est passé le site d'ONMvoice où nous avions déposé, lorsque nous étions jeunes et fringants, nos pépites musicales presque aussi déjantées que la vie fort peu sage de l'homme au chapeau de cow-boy et à la vieille guitare noire.

A part ça, chères et chers ami(e)s d' « Un mot une image une citation », Brigitte Bardovskaïa, Gérard Depardievski , mes nouveaux compatriotes russophiles non complètement russophones et moi-même vous souhaitons une excellente année 2013. Please, stay forever young !

 

MIC 2013 01 01 carte de voeux

3 janvier 2013

Une vie de – bâton de – chaise ? (Joe Krapov)

Aujourd’hui, j’ai passé une bonne nuit. Le petit cabinet que l’on m’a octroyé dans l’aile gauche du château est décoré d’estampes représentant des scènes de chasse. La fenêtre donne sur la cour et le doux clapotis de l’eau dans les bassins a bercé mon sommeil de sa musique régulière.

Mais le soleil est arrivé et il va falloir que j’aille au travail. Ou plutôt qu’on m’emmène au travail. On n’a pas encore l’habitude par ici d’équiper tout un chacun de roulettes. Le skateboard et le patin en ligne attendront quelques siècles encore.

On me prend donc par les bras et l’on m’emporte avec aisance car je suis assez légère vers le lieu de spectacle où je vais faire mon office. Ma participation au show est à vrai dire assez minime car je suis du genre statique.

C’est l’autre emperlousé qui fait tout avec le petit Chose et les deux orphelines. A peine a-t-il paru que l’on se presse autour de lui, qu’on s’empresse de savoir s’il a bien dormi, si les bijoux de la famille sont toujours bien conservés, s’il va bien.

Ca, pour aller, il va. Il y a même des jours où il va tellement bien que j’ai envie de crier pouce. Et quand il ne va pas, ce sont ses coaches qui crient "pouce" mais avec deux esses. A la fin du spectacle tout le monde l’applaudit. Il n’y a pas de cérémonie de remise des prix. Ma participation au show me vaut une médaille de bronze mais j’aimerais bien qu’on me la remette avec un peu plus de respect.

Je ne demande pas la Lune, quand même ! Je l’ai déjà. Simplement, comme Diogène en son tonneau, je rêve que les plus grands s’ôtent de mon soleil. Vouloir s’élever, dans la vie, vouloir aspirer à la pureté des cîmes, à la grandeur des pins des Landes plutôt qu'à celle des rupins de Versailles, ça n’est pas un crime d'alèse-Majesté ? Si ? Le quotidien est parfois si ennuyeux et trivial pour les magistrates du siège ! La poule au pot tous les dimanches, ça c’est un programme qui m’aurait plu, bien davantage que ce « les tas, c’est moi » auquel je suis condamnée, percée jusques au fond du cœur d’une atteinte imprévue aussi bien que mortellement pestilentielle.

DDS 227 Louis XIV

 

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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
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