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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
14 avril 2011

Noire-Angélique et les huit nains

Quelle famille, mais quelle famille, ces enfants de Cœur !

C’est sûr que Salarna n’est pas très fréquentable. Son jeu de cartes est biseauté, ses dés pipés, son éthique tout à trac truquée. Il a été champion de bonneteau à Bonnétable dans la Sarthe contre l’as Végas mais s’il est assez smart et ressemble quelque peu à Newman ou Redford, il a beau être plein aux as, il ne vous sera d’aucune aide pour descendre la Vilaine depuis Rennes.

101230_A_179Le deuxième est Tumefanl. Il tient une auberge provençale à Bruxelles. Cela s’appelle « Chez Panisse ». C’est qu’on n’a pas choisi non plus les trottoirs de Manille pour inventer les jeux de cartes, qu'elles soient à jouer ou marines, pour découvrir le monde, la terre qui est ronde comme le derrière de Fanny que tu embrasses quand tu perds et que tu accompagnes de sifflage de verres. S’il faut rendre à César ce qui appartient à Jules alors faisons rimer anisade avec pagnolade, camarades.



Faut-il miser plus d'un kopeck sur Jack dit « Boucmé » ? Que valent ces monnaies disparues à Bourges ? On ne tire plus désormais aucun son de la lire, elle n'emplit plus les tirelires des tire-laine ni les bas de laine du gardien du champ de tir. La peseta, la cacahuète, le mark, le franc belge, la roupie, mettez-moi tout ça dans la catapulte et jouez Silver Euro gagnant dans la cinquième !

110326_Foire_internationale_de_Rennes_Argentine_057C'était Bourodet, le chouchou ! Il a tant fait pleurer Maman qui s'appelait Judith mais ne triomphait jamais (son gode de procédure était trop rèche), il a tant fait danser d'Argentines, latines, mutines et accortes qu'il a très vite pris la porte, la tangente et planté là tous les commerces à part celui d'Eros dont il avait la bosse. Gigolo ou proxo, pickpocket à Picpus, il n'y a qu'un saut de puce quand on a le tonus. Il est parti très loin et maman se désole.

A l'opposé, Pronosti ne bouge pas de chez lui. Il parie sur la pluie, il prévoit le beau temps, estime la durée de vie d'une centrale nucléaire, mesure les tsunamis, se tâte pour faire la course, se gratte un peu les bourses, planque des pécules sous l'os et spécule sur le spéculoos, il fait école et encolle des talonnettes sous ses chaussettes, attache sa gondole aux bricoles du pont d'Arcole. Pronosti ne bouge pas de chez lui, il a un bien trop bon appart' !

C'est sûr aussi que Dieu n'aimera pas Merlemo. D'allure trop commune, ce père siffleur est insoucieux de ses trois enfants : Trille, Triolet, Vocalise. Il les lance sur le chemin sachant bien que le lendemain ne chantera pas plus qu'aujourd'hui si on ne se nourrit pas de l'air du temps et de l'instant et si on n'a pas la cerise. Certes, sa chanson est avenante mais peut-elle vous emmener à Nantes ? Y verrez vous Zadig, zadigue, Zadig et Voltaire le revenant ?

100418_074On pourrait, suggère Démoniaque, s'en remettre à Joe qui sourit, qui n'arrête jamais son char, son charre ni son chérir du verbe partir. Lui y va parfois à Nantes, je l'y ai vu au carnaval, l'année des jeux et des jouets. Mais son côté caméléon, qui que vous soyez, combien d'ailleurs ? Peut-on se fier aux feux follets ? Même lorsqu'ils sont encore vivants et no'nt pas prévu de s'éteindre ?

Ne reste plus alors que le Petit-Remord !
C'est donc chez lui qu'Angélique et Démoniaque ont emmené Dieu.

Vous vous souvenez peut-être que nous avons croisé ces poupées bavardes et quasi omniscientes dans la chambre de la fille des Lapsi-Lejolusse. Si elles en savent autant sur la famille Coeur de Rennes, et si vous n'y avez pas coupé, aux huit petits Coeur, c'est que le père Lejolusse bourlingue depuis treize ans déjà dans cette ville  et que les deux souris télépathes tirent leur savoir, sans qu'il le sache, de la substantifique moelle de ses mémoires secrets.

Ce sont deux grosses malines, aussi : puisque Dieu veut rencontrer celle qui les a créées, elles ont mis leurs conditions à la livraison de l'adresse : qu'il les emmène avec lui la rejoindre la Zélinette Lagribouille et qu'il les emmène en bateau !

Voilà pourquoi, ce matin-là, petit-Remords Coeur, le septième des nains magiciens de la famille, qui étudie la  nanotechnobateaulogie à l'Université de Rennes 3, a miniaturisé Augustin Dieu et ses poupées et il a fait monter ce petit monde à bord de la brigantine Lady Avenel. Puis il a fait entrer le bateau dans la bouteille, il l'a posée à la surface du canal d'Ile-Errance, juste devant sa boutique dont l'enseigne porte « Au Bon accueil ».

Bien sûr, je le sens bien, certain(e)s d'entre vous rêvent de profiter de la situation. Alors qu'il n'est  pas très facile de trouver les bons « si » qui permettraient de mettre Paris en bouteille, voilà le Dieu  au bon dos qui s'est enfermé de lui-même dans un flacon à portée de mains ! Qui vous interdit de le repêcher et de le maintenir enfermé là jusqu'à la fin des temps ? Le monde sans divinité retrouvera... retrouvera... retrouvera quoi, au fait ?

avenelDéjà, attrapez-la, la bouteille. Le fait que les deux filles aient cessé de parler, qu'elles ne chantent pas et qu'elles se contentent de s'ébahir du paysage lui donne des ailes à Dieu, des vraies : la bouteille s'est élevée d'un mètre au-dessus de l'eau. Ca lui permet de franchir les écluses, de naviguer sans se mouiller On peut voir les cyclistes, entendre les rires des promeneurs sur le chemin de halage, saluer de la main les pêcheurs qui s'appellent tous Martin. Aucun de tous ceux-ci, aucune de toutes celles-ci ne répond. Voir descendre des bouteilles, on a l'habitude, en Bretagne ! On n'y fait même plus attention. Un cadavre de plus ou de moins, pour l'Ankou ou la poubelle à verres, c'est pareil !

A votre santé, mesdames et messieurs les jolis Coeur !

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