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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
17 février 2012

Le clochard céleste (Joe Krapov)

- Vous invitez le nombre d'ami(e)s que vous voulez à passer un dimanche midi chez vous. (Attention : plus on est de fous, plus on rit et plus il faut mettre de riz pour accompagner la viande et les fruits de mer de votre paella).

Ils ont obligation d'amener avec eux tout leur stock de cartes routières, même périmées, même dépenaillées. Michelin, IGN ou autres, toutes les cartes sont acceptées sauf la carte bleue : les jeux d'argent sont interdits chez vous comme chez moi. (De toute façon, comme on nous envoie toujours nous faire voir chez les Grecs, chez nous c'est comme chez eux : du fric il n'y en a plus, les banques ont tout piqué).

Après le repas, suivi de café et peut-être pousse-café en option on pousse obligatoirement tous les meubles et on s'assied en rond par terre sur le tapis indien comme dans la chanson « Germaine » de Renaud. (C'est la seule que je connaisse par cœur avec "La chasse aux papillons" de Brassens. Cette considération n'a rien à voir avec le reste mais il faut que vous appreniez à rester zen).

DDS181 haïku jardin zen

Chacun aura marqué ses cartes de ses initiales ou d'un signe distinctif en vue de les récupérer à l'issue du jeu. Elles peuvent toujours servir, même si, comme sur la nôtre, le contournement de Mûr-de-Bretagne par la quatre voies n'y est toujours pas mentionné. (Le Conseil général des Côtes d'Armor semble plus rapide dans l'avancée de ses travaux que les upgraders de chez Michelin. En fait la raison principale de ce bug tient surtout au fait que notre carte de Bretagne date de 1984. Ce serait bien qu'on en rachète une plus récente mais au moins, nous on ne s'engueule pas en voiture comme Jean-Pierre Berthoise et son épouse).

DDS181 haïku vélo

Le jeu commence. Le donneur mélange les cartes, les donne à couper à son voisin de gauche. (Mais non, Roger, pas avec des ciseaux ! Il est con lui, eh !). Puis il en distribue 5 à chacun.

Une main innocente (Kevin ? Jennyfer ? Nicolas ? Jules ? Léonie ? Théo ? Léa ? Aïcha ? Mini-Poune ?), en tout cas quelqu'une qui ne prend pas part au jeu aura choisi auparavant dans le dictionnaire ou sur Wikipédia une des 36000 communes françaises qu'il ou elle suppose inconnue de tous. Le nom de cette minuscule cité est donné en pâture aux participants. Chacun déplie alors ses cartes et cherche à localiser Saint-Georges-de-Gréhaignes ou Condat-sur-Ganaveix sur le territoire français en regardant dans son jeu.

DDS 181 haïku lampadaire

Même si on le trouve assez vite énervant, c'est un jeu qui rend très zen. Il a au moins un avantage. Pendant que vous faites ça personne ne vous rebat les oreilles avec un omniprésident qui va entrer en omnicampagne pour omnipromettre d'omnirompre avec tout ce qu'il n'a pas omnifait pour faire omnipire encore. (Superbe et généreux ce jour, j'ajoute la version de droite de cette phrase pour celles et ceux qui envisagent de le soutenir : "Pendant que vous faites ça personne ne vous rebat les oreilles avec une envie d'être président et de mener campagne pour promettre de rompre avec tout ce qu'a fait notre civilisation supérieure alors qu'on sait très bien qu'ils ou elles n'ont aucune expérience en matière de népotisme, de bling-bling ou de talonnettes, ces malhonnêtes !).

DDS 181 haïku chapelle

- Et qu'est-ce que gagne celui qui triomphe de l'épreuve ?
- Le droit d'inviter à son tour les autres pour un repas chez lui et une autre séance de satori à Paris
- C'est le nom du jeu ?
- Maintenant oui, au départ c'était satori à Mimizan-plage parce que j'en ai eu l'idée en rêve en me réveillant à 6 heures du matin le mardi 14 février 2012. « Satori à Paris », c'est en référence au bouquin de Kérouac. Il y raconte la recherche de ses origines bretonnes. C'est rigolo, parce que vous, je vous ai trouvé « Sur la route » !
- Vous savez, je connais un autre jeu. Je suis le seul à y jouer et c'est aussi un jeu d'exploration de l'espace mais en vrai.
- Vous cherchez quoi, vous, monsieur Augustin ?
- Je cherche un ascenseur qui me ramènerait chez moi.
- Ca n'a pas l'air de vous stresser plus que ça.
- Non, je suis très zen. C'est une épreuve qu'on m'impose, mais j'ai tout mon temps. J'ai l'éternité devant moi.
- Faites-voir la carte que vous avez tirée
- Nord Pas-de-Calais.
- Vous savez, ça me revient à l'instant. Quelque part du côté de Saint-Omer, il y a un ascenseur à péniches. Ce doit être à Arques, si je me souviens bien, là où Yvette Horner possède un magasin de perles de cristal.
- Promis j'irai. Merci encore de votre hospitalité. Vous pouvez me passer un livre pour la nuit ?
- Le livre des haïkus, de Kerouac ?
- Ce sera parfait !

DDS181 haïku lune 2

 P.S. Ce dialogue est bien entendu extrait de "Dieu s'ennuie le dimanche...", roman inachevé autant qu'inachevable.

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