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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
4 avril 2012

99 dragons : exercices de style. X, Acrostiche

DDS188 Ascalon 3Avant tout, il me faut remercier monsieur Gaston, l'inventeur de l'âge de fer. A ce qu'on m'a rapporté, c'était un homme très courageux et il aidait beaucoup sa femme en faisant les courses au mammouth ou en pêchant à la canne-bière la sardine qui bouchait le port de ce qui deviendrait Massilia.

Sinon, je remercie bien le dragon. Sans lui je ne serais pas entrée dans la légende en même temps que dans son lard. Sa connaissance approfondie du métier de cracheur de feu, son goût du chantage affectif, sa cruauté naturelle, son appétit carnassier, tout cela a fait de lui un adversaire redoutable qui s'est très bien défendu mais moi, l'épée Ascalon d'Ashkelon, quand on me cherche, on me trouve !

Chevaliers du royaume de Silène, je vous suis redevable également. Ce sont votre lâcheté, votre couardise, votre manque de courage qui nous ont permis, à Georges et moi, de rester seuls sans concurrence sur le champ de bataille de l'Héroïsme. Ce n'est pas pour dire, mais maintenant que vous êtes devenus chrétiens, il va falloir vous bouger un peu le fion si vous ne voulez pas que les touareg qui vous entourent vous reprennent ce bout de désert où on se demande bien ce que vous glandiez jusqu'à présent !

Aux brebis que je n'ai pu sauver, je demande pardon mais mon maître et moi nous n'avons pas été prévenus à temps du massacre dont vous avez été victimes. A ce qu'il paraît, cette hécatombe fut la plus belle de tous les temps. Alors pour éviter ça la prochaine fois, notez bien le numéro de téléphone de Jojo et appelez-nous.

Loin de moi la pensée d'oublier le professionnel de la profession, le gars Georges de Lydda, celui qui s'escrime depuis des années à faire entrer la foi de Notre Seigneur Jésus-Christ et les valeurs de son Eglise dans les têtes bornées de ces rois serviles, de ces gueux à gueules de métèques et de ces papillons de jeunesse échappés du naufrage d'Alexandrie pour tomber amoureux d'Alexandra. Le temps de vivre dignement est arrivé, à vous de le prendre, hommes au cœur blessé, sinon ce sera le requiem pour n'importe où dans vos hamacs !

On n'oubliera pas non plus de remercier la princesse, si blanche, si pure qui a apporté une note de féminité dans un univers d'une rare violence, mais moi, je n'y peux rien, j'aime ça, le sang qui coule, surtout si c'est moi qui pique le patient.

Nous sommes donc ravies, ma ravissante poignée et moi de recevoir ce « César de l'épée la plus valeureuse de la Chrétienté ». Nous savons très bien que, malheureusement, le temps ne travaille pas en notre faveur. Nous serons détrônées un jour, pour ce qui est de la célébrité, par la grande, l'immense Excalibur, par l'artillerie du général Mac Arthur, les mousquetons, les canons, la bombe à neutron mais c'est la vie et j'aurai eu la satisfaction auparavant, grâce à cette récompense que vous m'attribuez, d'être moi-même, d'une certaine manière, adoubée !

***

L’épée sort de scène avec le fourreau qui lui a été remis par le roi de Silène qui a fait le déplacement. Elle est saluée par un tonnerre d’applaudissements du public. Entre alors le nominé suivant, l’avion Rafale de Marcel Dassault. Comme il a oublié de mettre un bémol à son prix et à sa vitesse supersonique, il traverse la salle en volant, ressort en laissant deux énormes brèches dans les parois du bâtiment qui, déstabilisé dans ses fondations, s’effondre sur les spectateurs et acteurs de cette cérémonie des Césars militaires. Ainsi commencent les premiers sévices subis par le valeureux Saint-Georges qui aboutiront à son interminable et indicible martyre et plus tard à sa canonisation.

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