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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
30 janvier 2013

CAUSERIE DES FAMILLES par Joe Krapov

MIC 2013 01 28 magritte

Bien que je sache parler un langage soutenu chaque fois qu’il est nécessaire d’en user, j’ai aussi beaucoup d’affection pour le langage familier. J’estime qu’il est source de grande poésie, pour peu qu’on se laisse aller, et j’en suis fort capable, à des divagations dans le surréalisme.

En langage familier, un parapluie s’appelle pépin. Je me plais à imaginer la pomme que l’on couperait en deux et dans laquelle on trouverait un parapluie. J’ai cru qu’un autre grand poète avait exploité avant moi cette image surprenante mais non, chez Magritte c’est un verre d’eau qu’on trouve sur le pépin et sous le melon il y a une pomme !

 

MIC 2013 01 28 magritte pomme

En langage familier, le baiser s’appelle patin. Il répond aussi quand on l’appelle pelle. Si un baiser volé vaut mieux qu’un baiser légal, il faut savoir qu’on donne ou échange un baiser mais qu’on roule un patin ou une pelle. Attention cependant : en hiver, à la patinoire en plein air de Strasbourg, il faut prendre des précautions en s’adonnant à ce sport amoureux dangereux : certains patins ont en effet des lames effilées : ca peut vous couper le souffle ou le sifflet. Quand votre partenaire refuse que vous lui rouliez une pelle, vous vous sentez terrassé et cela s’appelle "prendre un râteau". Le râteau se prend parfois dans les dents bien qu’il en soit pourvu lui-aussi. Si cette chose vous arrive, il ne vous reste plus qu’à faire comme au jeu des sept familles : Pioche !


MIC 2013 01 28 magritte baiser

En langage familier, quand on veut signifier « il y a plus d’un lustre » ou « A cette époque-là où même Line Renaud n’était pas née » on dit « il y a deux siècles et des poussières » ou « il y a cinquante ans et des brouettes.
Sur le baiser et les brouettes en littérature, l’exemple que je cite volontiers est extrait d’un roman de Daniel « Embrassez-moi Defoé plutôt qu’une ! ». C’est celui-ci :


MIC 2013 01 28 moon's up par Joye

« Quelquefois Robinson Crusoé se désolait. Il confiait alors à son compagnon d’infortune :

- Vois-tu, Vendredi, cela va faire cinq ans et des brouettes aujourd’hui que je n’ai pas roulé une pelle. »
Le noir ne répondait rien mais en son for intérieur il se posait des questions sur la façon de jardiner de Robinson. A quoi pouvait donc bien servir de mettre une pelle dans une brouette et d’avancer ? Et d'abord pourquoi une pelle ? Pourquoi pas un patin ou une galoche ? Le naufragé lui sembla plus étrange encore une fois qu’il lui eut posé cette question saugrenue :
- Et toi ? Que penses-tu du mariage des homosexuels ?
Pour un peu il aurait considéré que Robinson était con comme la Lune."

 

MIC 2013 01 28 magritte lune

En langage familier la lune désigne parfois le derrière mais on peut également utiliser « popotin » ou « pétard ». Ce dernier mot sert aussi à exprimer qu’on est en colère : être en pétard. Le rapprochement de la face (que l’on perd par son ire) et des fesses n’autorise pas pour autant les fils, quoi qu’en ait Oedipe, à traiter leur père de « tête de cul ». Par contre on voit souvent des pères d’étudiants se mettre en pétard parce que leur fils se lève le matin avec « la tête dans le cul » ce qui signifie qu’il n’est pas bien réveillé, mal déplié et peu disposé à se plier aux règles.

 


En langage familier, pour revenir au jardinage et au verger de Robinson, celui qui, comme moi, intervient à tout bout de champ, on dit de lui qu’il ramène sa fraise. A celui-là on demande parfois qu’il écrase sa banane, qu’il se fasse discret. Au demeurant, s’il insiste et que le conflit dégénère, on peut le frapper au visage en lui balançant une pêche en pleine poire. Cette punition ne comptera pas pour des prunes ni pour du beurre surtout si’ l’œil a pris la couleur noire de celui-ci. On dira alors que c’est bien fait pour sa pomme ! Ca lui apprendra à raconter des salades… de fruits !

Du coup avec la pomme la boucle est bouclée. Nous voilà revenus au point de départ et ma causerie d’ancien étudiant en linguistique de l’Université de Lille III peut se terminer là. La prochaine fois, si j’ai la cerise, nous réfléchirons au rapport qu’il y a entre con comme la Lune et con comme un balai. Vous verrez, c’est bête comme chou ! D’ici là pensez à faire le ménage car j’ai l’impression qu’à me l’être tant pris, le chou, j’ai dû en faire tomber quelques feuilles sur vos tables !


Bonne semaine à vous !

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Commentaires
W
Tiens, à un moment, j'ai cru que tu allais citer le Duc de Bordeaux (celui qui ressemble à son père, son père à son frère et son frère à mon cul...)
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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
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