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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
11 mars 2022

Question culinaire (Défi du samedi 706)

DDS 706 ewok

Peut-on faire sauter un ewok dans un wok ?

La réponse est  : oui.

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4 mars 2022

Le Blues du vampire (Défi du samedi n° 705)

J’avais le choix entre trois chansons pour illustrer ce Défi du samedi consacré au thème « vampire » :

- « Champagne » de Jacques Higelin ;
- « Vampire blues » de Neil Young ;
- « Dracula » de Sttellla.

La première était trop compliquée et trop bien orchestrée pour une guitare toute seule.

La seconde, je m’y suis collé, même si j’avais un peu oublié l’air. Elle est extraite de l’album « On the beach » dont j’adore la pochette et comme il s’agit d’une traduction-trahison-adaptation, j’ai tiré les paroles et les illustrations du côté de l’actualité.

Voici ce que cela donne :

DDS 705 On the beach

1
Je suis un vampire
Je bois le sang de la terre
Oui j’ suis un vampire
Je fais le plein de super
Oui j’suis un vampire
J’t’en vends ou j’te fais la guerre

2
J’suis une chauve souris
Je viens cogner à ta fenêtre
Une chauve-souris noire
J’viens semer le désespoir
Oui tu peux trembler
J’en veux à tes champs de blé

3
Des temps meilleurs
Ceux qu’on souhaite de tout coeur
Des jours heureux
A coup sûr vont arriver
Des jours de paix
Mais ils ne sont pas pressés

Les paroles originales sont ici : https://www.lacoccinelle.net/1041103.html

 

La dernière était trop courte alors je suis allé chercher sur Youtube s’il n’existait pas une version rallongée.

Vous allez rire : j’en ai trouvé une !
Vous allez rire encore : c’est moi qui l’ai faite, pour le Défi n° 283 en 2008 !
Vous allez rire toujours : je l’avais complètement oubliée !

Le jour où j’aurai envie de me payer une pinte de bon sang et une belle tranche de rigolade, j’irai écouter ma chaîne Youtube. Apparemment il y a plein de trésors deux-dents ! 

25 février 2022

99 dragons : exercices de style. 69, Jupitérien (Défi du samedi n° 704)

Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps, rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin qui s’échappe des cailloux, des sables et du ventre qui gargouille.

Aussi quand le dragon Antivax pénètre dans cette riante contrée, la Libye, le 2 février de l’an 303 de notre ère, il s’en donne à coeur joie et à estomac bonheur en bouffant des brebis qui ne lui appartiennent pas.

***

Voici l’enchaînement des faits consécutifs à cette invasion inopinée, tels qu’ils ont été rapportés par l’Agence Lybienne de Presse dans ses dépêches pieusement conservées à la bibliothèque apostolique du Vatican à Rome.

3 février

16 h Communiqué de la FLSEA (Fédération libyenne des syndicats d'exploitants agricoles) :

Quelles que soient les circonstances, chaque citoyen doit pouvoir exprimer ses convictions et revendications à l’abri de toute violence et de toute pression. La Libye est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen. La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré au contrat social et c’est une toute petite minorité qui est réfractaire. L’immense faute morale d’Antivax est de saper ce qu’est la solidité d’une nation.

Nous attendons du roi et de sa police qu’ils nous débarrassent de cette calamité imprévue.

4 février

10 h Communiqué du grand chambellan, son excellence Passibeth Keuça :

Il n’y a pas de fatalité. Les crises peuvent être, à la fin, des accélérateurs de progrès. Nous devons être au rendez-vous de l’histoire. Et la Libye a tous les atouts pour l’être. Nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les jours heureux. J’en ai la conviction. Prenez soin de vous, prenez soin les uns des autres, et nous tiendrons. Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises. Quoi qu’il en coûte. Soyez en assuré·e·s.

1234567304038_111 h Communiqué de l’ALP

Les paysans sont venus brandir leurs fourches sous les fenêtres du palais en lançant des slogans revendicatifs.

- C’est du blabla tout ça ! On n'est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs ! Qu’il envoie sa soldatesque filer un coup de seringue au boulotteur ! C’est qu’il a de l’appétit, le dragon réfractaire !


15 h 
Communiqué de l’ASPTT (Association des Soldats Pacifistes Tendance Tranquillou)

Notre monde est, si nous le voulons, à l'aube d'une époque nouvelle, d'une civilisation portant au plus haut les ambitions et les facultés de l'homme. Ruiner cet espoir par fascination pour le repli, la violence et la domination serait une erreur dont les générations futures nous feraient, à juste titre, porter la responsabilité historique. Que notre majesté ait très envie ou pas « d’emmerder » l’Antivax nous chaut peu. Nous restons quant à nous opposés à l’exécution des êtres vivants. L'abolition de la peine de mort est un progrès des droits de la personne qui s'est incorporé à la tradition nationale. Notre responsabilité est de le protéger et de le transmettre. C'est un combat de conquête aussi : il y a un trop grand nombre, certainement sous-évalué, d'exécutions perpétrées dans le monde par des régimes politiques qui ont, pour la plupart, un goût partagé pour le despotisme et le rejet de l'universalité des droits de l'homme. Si le roi désire trouver un liquidateur, qu’il traverse la rue et il en trouvera.

5 février 

Verbatim de la conversation entre Padh-Man Umilhitari, roi de Libye, et son grand chambellan Passibeth Keusah.

P.M.U. - Un royaume, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage.

PK - Il faut osciller entre humilité et arrogance. Si vous tombez d'un côté, vous devenez soit inefficace soit dangereux.

P.M.U. - J'ai toujours assumé la dimension de verticalité, de transcendance, mais en même temps elle doit s'ancrer dans de l'immanence complète, de la matérialité. Je pense qu'il y a une politique de fainéants et il y a la politique des artisans. Les valeurs que porte la foi chrétienne sont, j'en suis convaincu, celles qui permettent de relever nos défis contemporains. Oui je crois en une nouvelle alliance entre l'Afrique et l'Europe.

PK – Vous n’allez quand même pas faire appel à une agence de mercenaires ? Laquelle du reste ? Pfizer ? Moderna ? Ces gens-là, c'est l'amicale des boulistes. Mais sans l'amitié et sans les boules.

P.M.U. - Quelle autre solution avons-nous ? Avec les religions, je le sais bien, dans les prochaines semaines, le port du masque, du voile, du tchador, de la jupe plissée avec collier de perles sera obligatoire dans tous les lieux publics ! Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. Mais la femme étant l’avenir de l’homme, dans le futur elles évolueront et porteront une certaine idée de l’Homme, militeront pour la liberté de chacun. Leur cause sera l'universalisme, l’unité du genre humain. L’égalité de tous avant l’identité de chacun. Et ce jour-là mon cher Passibeth, ni vous ni moi, nous ne vaudrons plus une peseta.

P.K. - Forcément, on sera passés à l’euro !

P.M.U. - Nous devons aujourd’hui éviter deux écueils. D’une part, le repli nationaliste. Ce dragon il n’a pas de passeport. Il nous faut unir nos forces, coordonner nos réponses, coopérer. La coordination européenne est essentielle et j’y veillerai.

PK - Et le deuxième écueil ?

P.M.U. - La débandade générale. La reine Birgit ne le supporterait pas.


6 février 

9 h Revendication émise par Antivax, dragon « qu’en a rien à taper du hashtag #balanceton » :

C'est dur d'avoir 20 ans en 303 parce que ce sont ceux qui vivent un sacrifice terrible. Quand on est jeune, on fait la fête, on a des amis. Je ne culpabiliserai personne mais j’ai la dalle et y’a plus de côtelettes d’agneau pour mon breakfeast. Alors désormais on change le menu ! Ce sera une jolie poulette chaque matin ! Et vite, j’ai la dalle !


10 février

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L’ex-légionnaire romain devenu mercenaire, Georges de Lydda, qui a lancé récemment sa start-up baptisée « ARN messenger », est arrivé dans nos murs. Il a fait ses premières déclarations à nos confrères de Radio Tripoli :

- Je crois que ce qui constitue, d'ailleurs, l'esprit religieux, c'est une aspiration constante à l'universel, c'est-à-dire cette tension entre ce qui a été et la part d'identité, qui est cette ipséité stricte, et l'aspiration à un universel, c'est-à-dire à ce qui nous échappe. Ce que révèle cette arrivée de dragon, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer votre alimentation, votre protection, votre capacité à soigner, votre cadre de vie, au fond à d’autres, est une folie.

- Ce qui signifie, en clair ?

- Ça va vous coûter bonbon. Nous devons convertir le plus rapidement possible. Nous sommes une nation de sciences, de lumières. Quand la science nous offre les moyens de nous protéger, nous devons les utiliser avec confiance dans la raison et dans le progrès. Nous devons viser la conversion de tous les Libyens. Beaucoup de choses que nous pensions impossibles adviennent, mais retenons ça. Le jour d'après, quand nous aurons gagné, nous ne reviendrons pas au jour d'avant.

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11 février

Georges de Lydda a affronté le dragon.

- Il y en a beaucoup qui ont essayé de m'intimider, a déclaré Antivax . Comme dirait Michel Audiard, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes, .

- Je ne suis pas là pour verser le sang ou pour castagner, a répondu Saint-Georges. Faire pousser des roses, ce n’est pas mon truc et puis « thaumaturge », c’était le défi de la semaine dernière, on n’y revient pas. La dimension christique, je ne la renie pas ; je ne la revendique pas. Je vous signale juste que, sur mes conseils, la roi a fait empoisonner le dernier troupeau de jeunes filles dont vous vous êtes nourri ces derniers jours. Une fois que la viande est ingérée, des puces dites « 5G » pour « Gag : Gérard Gavé = Gogol Gaga» se diffusent dans le corps de l’avaleur sans attendre des années et s’en vont lui détruire les cellules du cerveau.

- C’est des craques ! Je ne sens rien ! a répondu le dragon. Et puis d’abord, comment tu sais que je me prénomme Gérard ?

- Même si vous n'avez aucun symptôme, vous êtes peut-être contaminé et vous pouvez contaminer les autres.

- C’est pas de jeu ! C’est de la triche ! Qu’est-ce que je dois faire ?

- Retournez au désert médical. Voici l’adresse d’un excellent guérisseur qui habite bien loin à l’Est. Il vous faudra marcher longtemps, longtemps, mais vous verrez, ce sont aussi des pays qui valent le déplacement. Allez zou ! En marche !

Le dragon s’est mis en route. Peut-être est-il encore en train de chercher ce fameux Docteur Raspoutine, là-bas, très loin au-delà de l’Hourraloural.

Off the record :

En attendant, la vie a repris comme avant ici. Enfin presque. D’abord il y a ces maudites cloches qui nous rappellent toutes les heures que la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler.

Au palais le grand chambellan les maudit lui aussi, les nouvelles mœurs de la très sainte Eglise, en jurant à travers les couloirs qu’un roi qui ne fait rien n'obtient rien, que « le kwassa-kwassa pêche peu. Il amène du Comorien ». C’est un proverbe ancien qui se moque de Saint-Georges le Romain qui nous a tenu des discours du type « We all share the same responsibility : make our planet great again ! » et qui n’a pas été foutu de rester plus de six mois en vie après son bel exploit sur nos terres !

21 février 2022

Ils étaient dix - Joe Krapov (Jeu n° 73 de Filigrane)

Filigrane jeu 73 Ils étaient dix

Le dimanche 11 août 1961 un jeune homme belge nommé Jason Butternot se trouvait en vacances chez son correspondant anglais dans l'île de Jersey. Tous deux étaient alors âgé de 18 ans.

Le hasard permit ce jour-là à Jason d'accomplir un de ses rêves de gosses et de se découvrir une vocation pour plus tard. En effet on était rendu à la date, annuelle et rituelle, du critérium cycliste de Saint-Helier.

Cette épreuve sportive consiste en un circuit en boucle de 13 kilomètres autour de la ville portuaire que les coureurs doivent accomplir treize fois.

Parmi les participants à cette course il y avait Rik Van Looy, un champion cycliste populaire pour lequel Jason avait une adoration certaine. Il allait enfin le voir courir "en vrai".

Le correspondant de Jason s'appelait Justin Podium mais cela n’a pas d'importance dans notre récit. Greg Lestrade eût pu convenir aussi. Justin et Jason avaient pris place sur le trottoir parmi d’autre amateurs de vélo afin de voir passer le peloton et d'encourager les rois de la petite reine. Jason n'avait d’yeux que pour Rik Van Looy et Justin, quant à lui, en véritable looser, encourageait l'équipe locale, les Jersey black devils, dont le maillot était de couleur noire.

Filigrane jeu 73Voiture-balai

Dès le premier tour il y eut une échappée. L'espagnol Federico Bahamontes, cherchant la montagne – il ne la trouverait jamais, Jersey étant une île relativement plate par rapport aux Pyrénées -, avait pris quelques 200 mètres d'avance au peloton.

Au deuxième passage Justin remarqua l'absence, dans le peloton ou à l’arrière de celui-ci, du coureur Wargrave, le capitaine  des Blacks devils. Peut-être avait-il été victime d'une crevaison et été distancé ? Parfois ont fait ce qu'on peut et le pneu peut peu. Mais bientôt un motard précédent la voiture-balai laissa planer un premier mystère sur la course. Wargrave aurait abandonné au bout de même pas 20 kilomètres et serait monté à l'intérieur du véhicule de ramassage des lâchés en perdition ? Quand même pas ?

Au troisième tour le peloton passa groupé, Bahamontès, déçu par la morne plaine, ayant été repris après une chasse terrible d'André Darrigade. Mais cette fois chez les Black devils c’est Claythorne qui manquait à l'appel.

Au quatrième tour, Brent était aux abonnés absents.

Au cinquième, plus de nouvelles de Mc Arthur. Où avait on mis son corps ? Justin attira l'attention de Jason sur ce phénomène d'évaporation, sans doute irrégulière bien que régulière, de l'équipe de Jersey.

- Oui, c’est bizarre, convint Jason, mais en attendant l'équipe belge est aux avants-postes. M'étonnerait pas qu'elle tue la course pour que ça se termine en victoire au sprint de Rik Van Looy !

Au sixième tour du circuit exit le nommé Lombard. Arrêté dans une pizzeria ?
Au septième tour plus d'Armstrong ! Expédié dans la Lune ?
Au huitième, plus de nouvelles de Marston.
Au neuvième tour on déplorait la perte de Blore.
Au dixième ce fut au tour de Roy Rogers de disparaître.
Au 11e son frangin John pointait absent du peloton et de ce fait il n'y avait plus aucun représentant des Jersey black devils dans la course.

Ils étaient dix à avoir disparu sans que ça n'inquiète ou n'intéresse personne d'autre que nos deux jeunes gens.

Comme pronostiqué par Jason, Van Looy gagna l'épreuve au sprint mais Justin attendit que le dernier coureur, la lanterne rouge comme on dit dans ce sport, eût passé la ligne pour en avoir le coeur net sur les disparitions des cyclistes. Se pouvait-il que toute l'équipe locale se fût retrouvée dans la voiture-balai ?

Mais justement, comme par un fait de sorcellerie, la voiture-balai ne franchit jamais la ligne d'arrivée. On ne la revit plus de l’après-midi.

Les deux amis se rendirent au commissariat et y racontèrent leur histoire.

- Vous les connaissez ? Vous faites partie de leur famille ? leur demanda-t-on. Le véhicule est à vous ? Ou le balai ?

- Non.

- Vous savez, jeunes gens, chacun est libre d'aller et venir comme il le souhaite ici. Ils vous ont volé quelque chose ?

- Non plus !

- Alors, s'il vous plaît, mêlez-vous de vos British fesses et de votre Belge postérieur, les kids ! Caltez, maintenant !

Filigrane jeu 73 Rick Van LooyLes deux jeunes gens retournèrent auprès du car-podium où une charmante Jerseyan lady claquait deux bises à Rik en lui remettant un énorme bouquet de fleurs.

Ils avisèrent un officiel auquel ils demandèrent le nom du chauffeur de la voiture-balai.

- Quelle voiture-balai ? Personne n'abandonne jamais dans cette course. Il y a les voitures des directeurs techniques en cas de pépin mais c’est tout !

- Mais on l'a vue ! Elle a tourné derrière les coureurs. Sauf au dernier tour !

- Je ne vois pas vraiment de quoi vous voulez parler. Vous avez trop arrosé de cherry votre repas de ce midi ?

Avaient-ils eu la berlue ? L'équipe des Jersey black devils existait-elle seulement ? Ils en venaient à douter de leurs sens. Quand soudain Jason Butternot se tripota le bout relevé de moustaches imaginaires et eut une illumination dans ses petites cellules grises.

- Cela ne peut pas être l’adjudant Chanal ou un autre de ces pervers détraqués qui conduisait le véhicule ! Comment un homme seul pourrait-il en violer dix autres sans que ceux-ci n’opposent de résistance ? Trouvons le nom du chauffeur et nous saurons quel louche trafic se cache derrière la disparition de ces dix hommes. Quand tu m'a parlé de ce phénomène la première fois, j’ai pris soin de noter le numéro de la plaque minéralogique de la camionnette : 3745 ES 40. Retournons au commissariat.

Le même préposé digne, courtois mais un chouïa vulgaire sur la fin les reçut à nouveau avec flegme.

- Nous aimerions savoir à qui appartient ce véhicule.

L'agent Bobby, ébaubi, regarda le numéro puis il appela un autre service. Quelques temps après il obtenait la réponse.

- Cette camionnette Peugeot est immatriculée en France. Elle appartient à un dénommé Auguste Maquet.

- J'ai tout compris ! dit Jason à Justin. On peut rentrer chez tes parents prendre le thé !

***

Lorsque le soir fut venu, Jason Butternot demanda à Justin Podium de réunir tous ses neurones dans la bibliothèque du château de ses parents. Ce fut vite fait car le correspondant n’en avait pas beaucoup.

Filigrane jeu 73 Agatha

- Il existe quelque part sur le continent une clinique médicale tenue par un docteur très malin. Nommons-le Alexandre Dumas arrière-petits-fils car c'est bien de là que tout est parti. C'est essentiellement une maison de repos, située à la campagne ou à la montagne, voire à la mer, va savoir ! La clientèle est principalement constituée d'écrivains ou d’écrivaines en mal d'inspiration ou en dépression ainsi que de scénaristes excédés ou vidés. Le docteur Dumas a mis en place une espèce de commerce triangulaire. Avec l'argent que les éditeurs ou producteurs lui confient pour soigner leurs poulains ou leurs pouliches il va acheter un peu partout des rédacteurs remplaçants, des gens qui vont écrire des romans ou des scenarii à la place des auteurs en déprime. Je pense qu’ils sont logés pour cela dans un centre de vacances à Mimizan-plage, dans les Landes. J’en ai vaguement entendu parler par ma copine Josiane qui passe ses étés et a beaucoup flirté par là-bas. Lorsque le rédacteur-vacancier a terminé son manuscrit, il l’envoie au docteur qui le remet à l'auteur. Celui-ci le retouche et repart un peu guéri pour un temps vers de nouvelles aventures. Il va enfin pouvoir à nouveau passer à la télé ou causer dans le poste.

- Mais alors il n'y a rien d'illégal dans la course cycliste ? s'étonna Justin.

- Tout ce qui se trafique dans un paradis fiscal est parfaitement légal même si c'est parfois immoral et Rik Van Looy est bien le meilleur. Il n'a pas besoin d'une quelconque tricherie pour le prouver.

***

Filigrane jeu 73 Quel petit véloLes vacances de Butternot étaient terminées. Le lendemain matin Jason retourna sur le continent. En montant à bord de l'hydroglisseur de la Brittany-ferries il ne fut nullement surpris de renifler l'odeur caractéristique du ragoût de mouton aux haricots de l’English breakfast qui l’avait étonné à l’aller ni d’apercevoir, assemblés autour de deux grandes tables, dix jeunes hommes habillés de costumes noir, portant lunettes noires et chapeaux et occupés à taper sur des machines à écrire portatives.

Jason se dirigea vers eux et dans son anglais faiblard mâtiné de surréalisme belge, de visions Carrolliennes et de précognition de Georges Perec, il demanda aux men in black :

- J'ai tout compris à la disparition mais... Pourquoi des coureurs cyclistes à guidon chromé au fond de la cour ?

C'est le capitaine de l'équipe, Wargrave, qui lui répondit :

- Parce que pour écrire autant d’inepties à la chaîne sans dérailler complètement il faut soit en avoir sous la pédale soit être complètement piqué !

- Et nous on en a et on l’est ! ajouta Claythorne, ce qui déclencha un éclat de rire général de la part des dix nouveaux petits nègres.


Ecrit à l’insu de son plein gré pour Agatha Christie le 20 février 2022 par Joe Krapov.

18 février 2022

Saints guérisseurs, saintes guérifrères ! (Défi du samedi n° 703)

Si tu penses que ça urge de voir venir un thaumaturge, n’attends rien d’un président : on élit toujours un drôle de mecton !

Contrairement à ce que dit le dicton, il vaut mieux s’en remettre à ses saint·e·s qu’au bon Dieu !

Déjà, ils sont plus nombreux et savoureux !

DDS 703 saints guérisseurs

Saint Marcel soigne vos insomnies : grâce à lui plus de temps perdu à rechercher le sommeil ;

Saint Huron te protège des chutes de pantalon ;

Saint Accouchement met un terme aux grossesses ;

Saint Cougar justifie les libidos durables (mais pourquoi ne le seraient-elles pas ?) ;

Saint Georges en pommade combat le dragon (mais bon,  99 applications, c’est long !) ;

Saint Glinglin récompense la patience de Madeleine (son ami Léon est allé retrouver Germaine pour manger des frites chez Eugène) ;

Saint Guy guérit les transes des frappés de la danse ;

Saint Nazaire apaise la sous-marinière en mal de balèze ;

Saint Christophe protège de la catastrophe Lady Diana (c’est ce que raconte Saint Zouave du pont de l’Alma) ;

Saint Médard distribue des parapluies gratuits à celles qui n’ont pas de riflard ;

Saint Thomas guérit des croyances autant que le hasghtag « Balance... » ;

Saint Sylvestre vient à bout des années confinées, covidées, bien usantes, mal torchées, lamentables et des longues litanies dont Krapov est capable ;

Saint Raoul le D.J. nous enchloroquiquine mais pas autant sans doute que Sainte Seringue qui rend brindzingue ;

Saint Eustache protège ta trompe, éléphante (et pour les éléphants il faut voir Sainte-Phallope) ;

DDS 703 hildegarde-de-bingen

Sainte Ethique, à repasser, c’est pas coton ;

Sainte Hélène isole du Napoléon ;

Sainte Germaine guérit de la morosité via ses cocasseries, savamment relatées par son mari chéri ;

DDS 703 margueriteSainte Marguerite a péri pour toi un peu, voire beaucoup, pour que tu sois sûr que ton Anna t’aime ;

Sainte Cécile, patronne des musiciens ne te protège pas des couacs (faut pas trop demander, non plus !). Si tu en commets,  moussaillon, tu n’as à t’en prendre Cacatois même !

Si Sainte Rita ne peut plus rien pour toi remets-t’en à Saint L’Hasard qui arrive sans crier gare ;

Sainte Pilule de Viagra revigore Grand-papa ;

Sainte Tour de Gustave, au concours de celui qui aura la plus longue, rabat les prétentions ;

Sainte Vulgarité au défiant du samedi an mal d’inspiration redonne l’occasion de rire et faire rire parfois à profusion

Sainte Marie de la mer donne beau temps aux gitans et la palme à Kusturica pour son titre résume-tout : « La Vie est un miracle ». 

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11 février 2022

... Sauf quand ils oublient leur mot de passe ! (Défi du samedi n° 702)

- Amalia ! Amalia ! Qu’est che qué ch’est tou as fichou avec lé carnet des mots dé pache ? Yé né lé trouvo plous !

- Ch’ai pas touché tes affaires, Pablito !

- Et ch’est quoi lé mot dé pache dé l’ordinator ? Ché mé souviens plous !

- Tou mé l’as chamais dite, qué tou dis cha doit rechter oune chécrète, même por bibi. Qué tou n’as pas bisouane del controule parentale. Qué yé té soupchonne dou coup d’aller chour des chites cochonnes !

- Qué cha commence par oune « sch » et qué cha ché manche, yé mé rappelle !

- Chauchiche ? Choucroute ? Chalchifi ?

- Qué ch’est vert auchi !

- Flageolets ? Espinaches ? La chalate ?

- Oui ! Qué ch’est les pétites cherbes qué tou mets dans la chalate !

- Yé vois pas ?

- Qué ch’est auchi lé titre d’oune opérette avec trois hommes nous chour la schène ? Qué ch’est lé compliche dé Marchel Proucht qui a écrit la mousique dé ché trouc ! Reynaldo Hahn !

- Hé Pablito, cha chouffit ton yeu des mille euros ! Qué y’ai ma couichine à préparar !

- Qu’est-che tou fais de bon ?

- Des « accras de morue à la ciboulette » !

- Shibboleth ! Lé voilà lé mot dé pache que yo cherchais ! D’ailleurs y’ai rétrouvé moun carnette.

- ...

- Qu’il était tellement bien ranché à cha plache qué yé lé voyais plous !
 

4 février 2022

Votez C-3PO ! (Défi du samedi n° 701)

Il y aurait une France,
Une France en errance,
Une France un peu rance,
Une France qui entrerait en transes.

Et Marianne sur son timbre
Se collerait sur une carte
- Postale, pas électorale -
Puis se ferait porter pâle
Et se ferait poster loin
De ces drôles d’olibrius
Qui réécrivent Dreyfus,
Loin de ces beaux discoureurs
Amoureux des dorures
Et d’un poste-imposture.

2122-18 Jean-Paul C-3PO

Voici qui est drôle - ou étrange - dans ce jeu :

C'est toujours un robot du capital qui est élu !

27 janvier 2022

… Aux quetsches ! (Défi du samedi n° 700)

DDS 700 défense robatschTout reste encore à inventer :

Une réfutation de la Nimzovitch et de la Robatsch (ce sont des ouvertures du jeu des échecs) ;

Un placard qui fait « splash » en s’étalant dans l’eau ;

Le match de squash dans lequel on a remplacé la balle par une tarte aux quetsches ;

Le César et l’Oscar du meilleur sketch intello ;

Le concours du vieux tableau le plus kitsch ;

La kitchenette en caoutchouc ;

Le collier anti-putsch pour monarque africain ;

Un guide du Saskatchewan à trottinette électrique par temps neigeux ;

Le concours du plus gros mangeur de borchtch ;

Des couettes chouettes et chaudes pour celles des esquimaudes qui se prénomment Sheila et pour les autres aussi ;

Le brunch au cours duquel on ne mange que du Crunch ;

Une version de « Besame mucho » en jazz manouche ;

DDS 700 Contes-de-la-vie-de-tous-les-joursUn recueil des œuvres complètes de Mikhaïl Zochtchenko ;

Un film sans pitch qui raconte une journée du tovaritch Leonid Plioutch à Palm Beach ;

Une injure cinéphilique : « Son of Ernst Lubitsch ! » ;

Une quiche qui joue à cache-cache avec un welsh dans un goulash ;

L’expression « Wesh, Raquel ! » uniquement compréhensible par des « Boomers » ;

Une thèse intitulée « L’Influence de Walter Scotch sur Bertolt Brecht » ;

Le patch anti-connerie (on l’attend depuis longtemps, celui-là !) ;

DDS 700 SplotchL’onomatopée « Splotch ! Splotch ! » pour exprimer qu’on marche de plus en plus dans la boue à chaque campagne présidentielle ;

Un match de catch pour opposer au deuxième tour les candidats de ladite élection ;

Une brouette pleine de disques de Bratsch ;

Un coach adéquat qui vous apprenne à monter une tente Quechua en moins de quinze minutes du côté de Latche par grand vent ;

Le slogan « Ecce omo  est là, la saleté s’en va ! » ;

Une méthode pratique de bouche-à-bouche écrite à la lueur d’une bougie par un Gilles de Binche nommé Jérôme Bosch ;

Un speech d’orateur tchoutchke aux îles Sandwich, la bouche pleine ;

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Des bintjes en trench (Ben quoi ? On a bien des pommes de terre en robe des champs que tout le monde ou presque y disent « robe de chambre »?) ;

Une cuite au guignolet kitsch pour oublier le retour de Kirche Küche Kinder dans les projets des intégristes ;

Un moyen pas trop brutal de mettre un terme à ma tchatche.

Oui, tout reste à inventer mais en matière de surréalisme, il faut bien admettre ceci : fût-il mallarméen, aucun coup de dés jamais n’abolira la force du hasard. Et c’est sur cette oeuvre d’art incroyable, fixée sur la pellicule numérique par ma pomme et intitulée « Beloved witch » (Ma sorcière bien aimée), que je clos ce billet… un peu tarte *, je vous le concède.

2022-01-16 - 285 5

* aux quetsches, la tarte ! Les brunes ne comptent pas pour des prunes !

21 janvier 2022

Les Polochons (Défi du samedi n° 699)

 

andy capp

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En ont-ils vu, les polochons,
De ces si communs greluchons,
Des freluquets, des maigrichons,

Presque rien dans le cabochon,
Certains mêmes fumant chichon,
Qui mènent vie de patachon

Et viennent jeter au plumard
Leur corps enivré de fêtard
Puis ronflent soûls sous l’édredon

Après avoir vidé cruchons !

Nous nous branchons,
Nous bambochons,
Nous étanchons,
Nous nous éméchons,
Nous pitanchons,
Nous trébuchons

Et à la fin
Nous nous couchons.

téléchargement

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En ont-ils vu, les polochons,
Des gars devenir cornichons
Devant d’aussi jolis nylons,

D’autres arguments folichons
Et des jeux de califourchon
En veux-tu en voilà Fanchon !

Que de jolie viande au torchon ! 

bidoch-8

Nous nous cherchons,
Amourachons,
Nous aguichons,
Nous entichons,
Nous abouchons,
Nous déhanchons,
Nous nous léchons,

Nous chevauchons
Puis nous couchons.

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En ont-ils vu, les polochons,
Des poussages au loin du bouchon,
Des je-te-tiens le barbichon,

Des montages de bourrichon,
Des "Je te tire le manchon",
Des « Cesse de m’appeler Mon bichon ! »,
Des « Casse-toi, tu pues, reblochon ! » !

téléchargement (1)

Nous nous fâchons,
Nous nous mouchons,
Nous embrochons
Escarmouchons,
Nous nous desséchons,
Nous nous accrochons

Et puis, encore,
Nous nous couchons.

DDS 699 BanksyPolochon-1

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En ont-ils vu, les polochons,
Des Bidochon, des vieux ronchons,
Robert, Raymonde, Huguette, Raymond,

Des vieilles sorcières, d’affreux démons,
Des Pécresse et des Mélenchon,
Des bassineuses d’Arcachon,

Des drôles de Bagnères-de-Luchon !

DDS 699 Huguette et Raymond 650

Nous retouchons,
Nous reprochons,
Nous revanchons,
Nous remâchons,
Nous rabâchons,
Nous nous détachons,
Nous empanachons,
Nous nous ébréchons

Et puis et puis
Nous nous couchons.

5
En ont-ils vu les polochons,
Des béribéris berrichons,
Des indigestions de Fauchon,

Des perforés au tire-bouchon !
A l’heure de faire son baluchon
On finit d’écouter Souchon,

La tête perdue sur l’oreiller.
Le moine en train de vous veiller
Rabat d’un coup son capuchon,

Fait son signe de ratichon :
La mort, c’est un tour de cochon !

B9723285862Z

Jusqu’à la fin nous panachons,
Nous nous cachons,
Nous bavochons,
Nous nous épanchons,
Nous nous couchons,

Nous calanchons
Puis nous jonchons.

Et après… tout le monde s’en fichont !
 

14 janvier 2022

King Kong comme un ballet ?

Rennes, le 14 janvier 2022

Ça ne va pas ! Ça ne va pas ! Ça ne va pas !

DDS 698 Opéra

Qu’est-ce que c’est donc que je ne digère pas ? Récapitulons ! Hier j’ai mangé un opéra. Un gâteau sympa. Dans cette ville-ci sa façade est semi-circulaire. Sur le sommet on a posé neuf muses en pâte d’amande et un Apollon en chocolat. A l’intérieur, ce n’est que du bon : fauteuils de velours rouge, superbe décor, tutus roses, lustre de sucre cristal, perles dorées, spectatrices de choix et jolis messieurs en habit de fête, ce n’est quand même pas ça qui m’a rendu patraque ? Alors ?

DDS 698 120107__026


Peut-être la petite fontaine à côté avec sa cerise en forme de tête de femme sur le sucre glace italien ? Je n’en ai fait qu’une bouchée, j’ai à peine senti le goût. Et c’est justement ça qui a commencé à m’inquiéter.




5_Im4

 

 

J’ai passé l’après-midi à chercher une maison close. Oui, je sais,depuis que je sème la terreur dans les parages, toutes les maisons sont fermées, les gens se confinent chez eux en se disant qu’avec un peu de chance je ne les dévorerai pas. Mais il y a une différence entre « fermée » et « close ». Papa m’a toujours parlé des bordels – c’est là leur autre nom – comme d’un mets succulent, un régal composé à parts égales de stupre, de fornication, volupté, luxe, calme et beauté. « C’est fondant à souhait ! » disait-il en levant les yeux au ciel.








3_Im3Il a fini par y partir au ciel et je n’ai pas très envie de l’y rejoindre. Outre qu’il m’a toujours élevé à la dure, je suis sûr qu’il ne me laissera jamais, là-bas, toucher à sa réserve de planètes en sucre d’orge. L’outremangeur n’est pas prêteur, c’est là son moindre défaut. Déjà qu’il a toujours gardé pour lui le palais de Dame Tartine et la maison d’Hänsel et Gretel, ce cochon d’égoiste !

Sinon, qu’est-ce que j’ai pris qui pourrait m’avoir donné ces symptômes à la con ? Je tousse, je ne sens plus les odeurs et ce que je mange a de moins en moins de goût !

Voyons, cherchons. Avant l’opéra j’avais boulotté un EHPAD. D’accord, la barbaque était un poil vieille mais les fauteuils roulants et les déambulateurs qui croquent sous la dent, ça compense bien le petit côté faisandé.

Et puis j’ai bouffé l’école d’à côté. C’est peut-être là que j’ai chopé le virus. Déjà il y avait moins de marmots que d’habitude sur les bancs. Beaucoup parmi eux jouaient à Zorro ou à « Haut les mains, peau d’lapin ! Ceci est un hold-up !» avec un masque sur le nez. Je ne sais pas non plus ce qu’ils trafiquaient avec tous ces coton-tiges. On leur nettoie les oreilles aux minots pour être sûr que le savoir pénètre bien dedans ?

Ouille ! Ouille ! Ouille ! Je douille ! Si ça continue comme ça je vais devoir aller manger une pharmacie. Je sais les repérer, elles ont toutes une croix verte clignotante sur leur façade.Bien sûr, ça n’est pas très bio, c’est plein de produits chimiques mais les jardins de plantes médicinales comme du temps de Papy Gargante, même dans les villes minérales-socialistes, ça ne court pas les rues.

Bon ce sera tout pour aujourd’hui, cher journal. Je vais aller passer la nuit au jardin du Thabor. J’ai l’habitude là-bas de m’étendre sur un espace en pente et j’y ai un sommeil d’Enfer !

Et si jamais je ne vais pas mieux demain au réveil, vaille que vaille j’irai à Pontchaille m’envoyer l’hôpital même si maman m’a toujours dit que c’était un endroit dangereux. A cause des seringues.

N.B. Les deux images sont empruntées au jeu "Dixit" de Jean-Louis Roubira illustré par Marie Cardouat.

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