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Le cahier de brouillon de Joe Krapov
8 mai 2020

Le Slam du wigwam (Défi du samedi n° 610)

Je veux dire le slam du wigwam,
Déclamer le blues du papoose,
Crier les mots des maux des squaws
Et jeter l’anathème du totem
Sur l’oncle Sam, c’est-à-dire nous,
Colons d’Europe, Espagnols gnols,
Irlandais affamés de la ruée vers l’or,
Anglais bouffis de l’eau de feu,
Français trafiquants d’armes,
Saxons envahisseurs,
Le fusil toujours prêt
A saisir des terres nouvelles.

Peu importe l’amer Indien !
L’histoire l’appellera « sauvage »,
Nous lui amènerons la civilisation,
Qu’il le désire ou non,
S’il le faut au son du canon !

Nous avons dérobé toutes les ruses des Sioux,
Anéanti les Mohicans jusqu’au dernier
Car nous n’étions Pawnees de la dernière pluie.

Nous avons semé le tonnerre à l’ouest,
Nous les avons poussés sur le sentier des larmes
Et sur le territoire de leurs tribus fantômes
Nous avons avancé le grand cheval de fer,
La caravane, la diligence, le fil qui chante,
Posé des barbelés sur la prairie
Dicté la loi du 20e de cavalerie.

La ville se construit en dur,
C’est le progrès ;
Il faut savoir tourner, l’Apache,
Les westerns d’Hollywood
Où tu tombes du cheval,
Pagaies en canoë vers ton destin fatal
D’anéantissement total.

Je voulais crier le slam du wigwam
Déclamer le blues du papoose
Dire les mots des maux des squaws
Et jeter l’anathème du totem
Sur l’oncle Sam
Mais mon souffle tourne court,
Ma fièvre redescend :
Le postillon de mon discours
N’est absolument pas viral
Et ne peut pas grand-chose contre l’état dictatorial
Du mouvement capital
A part ceci, très dérisoire,
Que j’applaudis tous les soirs
Son arrêt provisoire à la station « Bazar »
Et que je rêve de planter
Un jour ou l’autre, en Normandie,
Mon tipi !

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1 mai 2020

Kill the video and look to the stars !

Ah ça, c’est certain, nous en aurons vu des vidéos pendant le confinement de 2020 ! Elles ont défilé, les images qui bougent, dans nos boîtes à lettres électroniques, sur nos écrans après le clic, sous forme de liens qu’on se renvoyait…

… quand elles n’étaient pas en fichier attaché ! Et c’est là que le bât a blessé. Hier, alors que je travaillais en urgence à la confection du diaporama ci-dessous, est tombé un message de mon hébergeur M. Mailer Daemon : « Votre boîte email est presque pleine ! ».

Pour sûr : 98% ! Encore un qui baisse la barrière juste avant l’arrivée de la locomotive au passage à niveau !

Je ne sais pas à combien de MO j’ai droit chez M. Daemon, mais c’est vrai que mes correspondant·e·s ont réussi à me passer par messagerie des fichiers son de 27 MO et des vidéos attachées pesant bien plus encore comme s’il en pleuvait.

J’ai mis tout ça vite fait bien fait à la corbeille et tout est redevenu normal.

De toute façon, moi j’avais arrêté de filmer pour les mêmes raisons. Ca prend trop de place sur les disques durs externes et des plombes à charger sur Youtube. Je suis devenu un adepte des diaporamas musicaux. Et le dernier, franchement, je le trouve très réussi !

Il est revenu le temps du muguet. En ce début du mois de mai, je vous souhaite plein de bonheurs à toutes et à tous ! De préférence sans vidéos attachées !

24 avril 2020

Le Jeu d'Émile Uro (Le Défi du samedi n° 608)

Questions bleues de Mme Leprieur d’Agon-Coutainville (Manche)

1) Dans une comptine célèbre, quels sont les deux types d’animaux qu’on arrose lorsqu’on fait pipi sur le gazon ?

2) Que se passe-t-il quand on prend sa vessie pour une lanterne ?

3) A part la transformation des urinoirs en objets d’art, Marcel Duchamp avait une autre passion. Laquelle ?

4) Dans quel pays d’Europe le ciel est-il si gris qu’un canal de l’urètre s’est pendu ?

5) Quel est le nom de la fontaine qui représente un enfant en train d’uriner ?

6) Quel est le chanteur qui pisse comme je pleure sur les femmes infidèles ?


Questions blanches de MM. Serge Lama et Alain Delon de Niort (Deux Sèvres)

7) Quel est le coureur cycliste positif qui urine dans une éprouvette à l’insu de son plein gré ?

8) Est-ce qu’un pisse-froid peut attraper la chaude-pisse ?

9) Dans les pays où il pleut comme vache qui pisse, existe-t-il des tonneaux en forme d’urinoir pour recueillir l’eau de pluie ?

10) Quel réalisateur de cinéma français a été à deux doigts d’intituler son film « Laisse pisser, c’est une valse ! »

 
Questions rouges deM. Giuseppe Bottazzi, dit Peppone, à Bruscello (Italie)

11) Quel est le nom du photographe qui a pris cette photo ?

DDS 608 pigeon

12) Quel est le nom du photographe qui a pris cette photo ?

DDS 608 170226 Nikon A 220

13) Dans quelle ville chère à Bongopinot a été prise cette photo ?

DDS 608 pissotiere

14) Dans quel album de ses aventures le pilote automobile Michel Vaillant est-il obligé de consulter un auto-urino-laryngaragiste ?

15) Quel est le nom de cet installateur de sanisettes dont l’associé était M. André Castelot ?


Questions Banco et Superbanco de M. Alexis Raneau, de Bergerac

16) Dans quel film un petit garçon tout nu exhibe-t-il son zizi en déclarant « Si j’aurais su j’aurais pas v’nu !» ?

17) Question super banco attenante : ce film est tiré d’un roman. Quel en est l’auteur ?

18) Quel est le titre de ce roman dans lequel les habitants d’un village du Beaujolais se déchirent à propos de l’emplacement d’une pissotière ? (Pour vous aider ça commence comme par une querelle de clocher et ça se termine en nom d’oiseau).

19) Question super-super banco attenante : qui a écrit ce roman ?

20) Quel écrivain a dit « Je ne connais rien de plus agréable que pisser. Si j'étais riche, je pisserais tout le temps. »


Réponses

1 Les coccinelles et les limaçons.   2 On se brûle.   3 Le jeu d’échecs.   4 La Belgique.   5 Le Manneken-Pis.   6 Jacques Brel (Amsterdam).   7 Richard Virenque.   8 Oui s’il n’a pas froid aux yeux et ne craint pas de fréquenter les quartiers chauds.   9 Je ne sais pas car j'habite en Bretagne où il ne pleut jamais mais ailleurs tout est possible, tout est réalisable.   10 Georges Lautner.   11 Robert Doisneau.   12 Joe Krapov.   13 Sablé-sur-Sarthe.   14 De l’huile sur la piste.   15 JC Decaux (Eh non, ce n’est pas Alain !).   16 La Guerre des boutons.   17 Louis Pergaud.   18 Clochemerle.   19 Gabriel Chevallier.   20 Alphonse Allais.


Un QCM de rattrapage pour les candidats malheureux qui auront marqué moins de huit points ? 

Quel personnage célèbre s’est préoccupé de dispenser avec bonheur des édicules destinés au soulagement vésical de la gent masculine ? 

q  Le directeur du cirque Mérinos

q  Le pape Pie VII

q  L’empereur romain Vespasien

17 avril 2020

Personne ne t’a dit d’André ! (Défi du samedi n° 607)

DDS 607 Citroën sur la Tour Eiffel

Dans le Bistrot des Six troènes
Le mastroquet a trop de haine !

A-t-on pas idée ? Un covID 19 !
Plus un seul client !
Pas même deux chevaux de retour !
Plus une seule amie sise ailleurs qu’en sa maison !
Plus une seule déesse sous la suspension !

Et pourtant, et pourtant
Le Café des Six troènes,
C’était l’attraction, avant !

Tout le monde est confiné !

A boire son fonds,
S’il est condamné
Il touchera le fond,
Fermera l’estaminet
Et, cela est connu depuis Boby Lapointe,
Dans un commerce c’est moche quand le fonds fond
Poil aux pieds.




Si encore on pouvait

Aller faire le Tro Breizh,
Prier pour le retour
Des beaux jours,
Visiter Saint-Tropez
Ou danser le foxtrot
Sur le Trocadéro !

Macache ! Faut pas bouger,
Pas s’attrouper,
Plus voir les courses de trotteurs
Ranger sa trottinette
Des voitures !

Le théâtre aussi est fermé !
C’est niqué pour les Troyennes
Et râpé pour les Atrides
A cause de cet apatride.

Le général Trochu
A déclaré la guerre
Mais c’est par trop la pénurie
De masques à gaz :
Maginot s’atrophie
Et se sent naze
Sur toute la ligne.

DDS 607 1200px-Louis_Jules_Trochu copie

Vraiment tristes tropiques !
Amère valse de Levi-Strauss !
Aucune astrologie
N’avait prévu que la trotteuse
S’arrêterait sur « catastrophe ».

DDS 607 Pub citroën

Dans le Bistrot des Six troènes
Le mastroquet a trop de haine !
Pareil à Castro il éructe :
C’en est trop, il veut un trophée,
Pangolin ou chauve-souris !

Il décroche son vieux tromblon
Et sort dans la nuit déverser
Son trop plein d’ire sur le covid.

Il défouraille pis qu’à Sceaux
Ou à la Foire du Trône,
Tire sur le capitaine Nemo,
Le postillon de Longjumeau,
Le virus sans visa
Qui nous sort des naseaux
Et nous rend tous gagas.

Autant chanter
« Il Trovatore » à Beethoven
Finissant son dernier tableau !

J’ai demandé à la Lune,
Dyane, qui a vu ce spectacle :
Jamais elle n’a tant méhari ! 

Citroên méhariDDS 60

10 avril 2020

Les Aveux d’Haroun El Poussah (Défi du samedi n° 606)

DDS 605 Raymond Kopa

J’étais sur ce sofa quand Kopa écopa d’un méchant pénalty ; l’arbitre s’appelait Coppi, comme Fausto, et c’était à Sofia, chef-lieu d’la Bulgarie.

J’étais sur ce sofa quand Sophie se défit de tous ses beaux habits et fauta un iota.

J’étais sur ce sofa à manger du moka lorsque Mocky tomba dans un méchant coma après avoir commis tant de films très moqués car aucun du niveau de Pépé le Moko.

C’est sur ce sofa là que j’ai lu Modiano, Akim, Kamo (Pennac), Kerouac, Chaval et Gus Bofa (ici la rime est riche !).

C’est sur ce sofa-là que Lagaffe a gaffé et que De Mesmaeker une nouvelle fois ne signa pas contrat.

DDS 605 fox-et-croa-l-emprunt-quotidienSur ce sofa passa tout le gotha : Truffaut, Léaud, Sapho ; ici Nino Rota et Verlaine vomit, Rimbaud gifla Basile Boli et puis lança la tombola du Stromboli. Ont défilé ici Philémon et Baucis rejoints à la coda par Alexandre Lagoya, un joueur de cora des îles sous le vent (en fait Bora-Bora), le directeur des disques Ocora, l’inventeur du Coca-cola, Michèle Cotta, Benoît Dauga, Alice Dona qu’on adora, qui se dopa et répéta toute la doxa du mouvement des bodegas de Mendoza et même aussi Fox et Croa !

Sur ce magique sofa on se gaussa de ces beaux gars, Nicky Lauda, Robert Rocca, Emile Zola, Podalydès, Donatello et Jean Roba.

Sur ce sofa qu’est-ce qu’on a ri de Deborah, de Sorayah, Mona Lisa, Nick et Nora, Rona Hartner, Lotharingen et Konakry ! Du mollah Omar, de Radio-Nova, de l’auteur de la Torah, de tous les ayatollahs et même de Saint-Thomas qui ne voulait pas nous croire quand on lui affirmait que son amour était parti avec le loup dans les grottes de Rocamadour (il en fit un zona par la suite !).

Sur ce sofa on rigola, on caressa des chats, surtout des angoras, on visionna maître Yoda et des vidéos de yoga, on cria « hop-là ! », on yodla au-delà de tout ce qui est permis dans le kama-soutra en matière de cris !

Sur ce sofa on osa tout et jamais on ne mit le holà à quoi que ce soit : on y gueula djobi-djoba, on y joua au jokari, on y chanta du Joe Dassin, on y moqua Michel Jonasz plus chauve qui peut que Charles II à son retour des grandes Jorasses quand il se shootait à la Josacine et voulait jouait de l’ocarina.

Sur ce sofa, la semaine dernière, se donna Lola Rastaquouère !

Sur ce sofa on s’y lova, on ânonna, on y alla à Canossa, on annota Benjamin Stora, on pelota Paula, la cousine Rosa et toutes celles qui voulurent bien nous laisser faire (les autres nous giflèrent, en colère, ou alors nous violèrent, en chaleur). Je me souviens encore de Constance Bonacieux, de Nicole Notat et d’autres audacieuses de la montée aux cieux comme de Fausta Tulmouche, reine des Sainte-Nitouche le tiercé pas dans l’ordre !  Sur ce sofa, on y sauta même des repas ! On dansa la soca sans qu’Iznogoud le sache, on y but du soda et y engloutit des tonnes de gelati Motta aux germes de soja.

Ce sofa sur lequel Aladin me faussa compagnie n’était qu’un vieux tapis volant qu’il me faucha ! Il mérite l'échafaud, ce fâcheux ! Heureusement me sont restés les rêves des mille et une nuits que j’ai rêvés dessus dans l’humble médina où l’on me confina à cause du corona lorsque j’étais pacha.


N.B. Il n'y a ni nota bene ni post-scriptum à cette divagation de calife bonasse !

DDS 605 haroun-el-poussah

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3 avril 2020

Le Rastaquouère (Défi du samedi n° 605)

La Renaissance sportive de Libercourt (section ballet) en 1946 01

Voilà : tu es content d’avoir récupéré cette photo de 1946 sur laquelle on voit ta mère, ta grand-mère, ta tante Lucie, sœur de celle-ci, et surtout tes deux autres tantes du côté paternel : Paulette et Marie. Tu reconnais aussi une grande copine de ta mère et de Lucie, Andrée V.

Tu trouves que c’est vraiment dommage d’hériter d’une photo en si mauvais état mais tu es quand même épaté de ce qu’on trouve entre les pliures : une belle absence de grain, une coloration entre le sépia et le noir et blanc, du joli détail sur les visages.

Tu sais qu’il y a Alfred Langlet à droite, tu apprendras bientôt que c'est Fernand Catenne à gauche. Alors tu tapes sur Google «Renaissance Sportive de Libercourt» et tu atterris sur ce site, Histo Libercourt et surtout sur cette page.

En bas de celle-ci qu’est-ce que tu trouves ? La même image et d’autres de cette section «ballet» de la RSL. Mais quel dommage que ces photos soient de si petite taille !

La Renaissance sportive de Libercourt 3 (récupérée sur Histo Libercourt) 68102114


Avec un peu de technique on peut arriver à les agrandir. Et puis tu peux joindre, pour faire un joli billet de blog  à destination de nonagénaires nostalgiques, les autres photos que tu possèdes de ces jolies jeunes filles de 13 ou 14 ans.

Et c’est là que ton unique neurone se remet à fonctionner – on ne remerciera jamais assez le confinement qui lui accorde tout ce repos inattendu – et tu te dis que c’est peut-être par l’intermédiaire des deux jeunes sœurs de ton père que ta mère a connu ton père et que ton père a connu ta mère.

En tout cas tu comprends pourquoi, tous les premiers de l’an, elle ne ratait jamais l'occasion de regarder à la télé le concert de la nouvelle année pour voir exécuter « Le Beau Danube bleu » dans les beaux décors de Vienne !

Et tu comprends aussi que tu es un rastaquouère dans cette famille : tu as lu des tonnes de bouquins, tu écoutes de la musique classique, tu as voyagé, tu écris, tu as épousé la Denise, une fille de la ville, enfin, d’une autre ville mais… Mais… MAIS…

Tu danses comme une patate, le rastaquouère !

27 mars 2020

C’est celui qui Jabberwockquidditch qui l’est !

DDS 604 Jabberwocky 2423932

Il était Wimbourne et les poursuiveurs
Fondaient dans l’hermione et s’y confinaient.
Les Suédois étaient trop courts du museau
Et les Holyheads harpies horcruxaient.

- Prends garde au méchant Jedusor, enfant !
A ses griffes qui happent, à sa gueule qui mord !
Méfie-toi de l’oiseau détraqueur, et fuis devant
Le très boutenchoc serdaiglatraptor ! »

Emportant avec lui son effrayant cognard,
Il partit en quête du vivet doré.
Contre l’arbre moldu, il alla s’adosser
Et se mit à réfléchir un instant :

- Pré au lard ! Choixpeau, phénix et Tutshill !
Que Bièreobeurre Porpington me vienne en aide !
Que ses ailes d’argent me magicprotectionnent !
Que je sois vigoureux comme le Rowlingstone ! »

Il était encore tout à ces pensées fort souafles
Quand le grand Jedusor, les yeux emplis de flammes,
Fendit le dumbledore à pas mangemortels
En ponctuant sa course de soucoupes de feu.

Et une ! Et deux ! Et tiens ! Et vlan ! Sans une trêve,
Le balai dispensa ses reliques de mort.
Une fois la bête à terre, il lui ôta la tête,
Et l’envoya danser dans les trois anneaux d’or.

- Le grand Repousse-ombrage par ta lame est tombé ?
Viens vite dans mes bras, mon enfant portoloin !
Ô broumseupe journée ! Fourchelangue et diadème ! »
Glouffa le père absent dans un élan de joie.

Il était serpentard et les chocogrenouilles
Sprintaient dans le poufsouffle et s’y poudlardillaient.
Les frelons de Queerditch étaient en pétuniage
Et les Porskoff cogneurs, galamment, pinceviffaient.

20 mars 2020

Cynique mais pas cinoque ! (DDS 603)

Moi je ne suis pas fou ! Même si je suis bien calfeutré chez moi, je ne tiens pas à me faire lyncher par les dames qui fréquentent ces lieux-ci ! C’est pourquoi je m’abstiendrai de répéter ce qu’on m’a dit un jour, à savoir que les douleurs frénétiques liées à une crise de coliques néphrétiques sont plus douloureuses que celles d’un accouchement. 

Je dirai donc juste qu’une parturiente morfle, douille, endure, péridure, péricolose et je crains fort qu’un de ces jours notre oncle un poil sadique nous sorte de son dico des jolies choses très inspirantes pour l’écriture confinée comme placenta, ombilic, forceps, épisiotomie et j’oublie le pire car je déteste qu’on cause de médecine quand on va passer à table ou quand on est à table.

Puisque nous ne sommes pas faits sur le modèle d’une lettre à la poste il faut donc en passer par là , dame parturiente, et l’oublier un tant soit peu au fil du temps, la douleur. (Si Dieu avait voulu que vous ne souffrissiez point il vous eut faite en forme de fax et c’eût été moins amusant pour nous de jouer à la bataille navale avec vous).

Mais quelle joie, après la délivrance, de pouvoir claironner à la famille, à la tante Urbi et à l’oncle Orbi, que la descendance est assurée, que la famille s’agrandit et comprend un nouveau membre fort sympathique.

C’est à cet effet qu’on a jugé bon d’inventer le faire-part de naissance.

DDS 603 faire part polanski

14 mars 2020

Avant que vous ne récamier mon silance déflinitif (Défi du samedi 602)

DDS 602 Avant que vous ne récamiez mon silence

Collage d'après le tableau de René Magritte, Perspective : Madame Récamier de David, 1951, huile sur toile, 60.5 x 80.5 cm. Acheté en 1997 par le Musée des beaux arts du Canada, Ottawa. © Succession René Magritte / SODRAC (2017)

3 mars 2020

Personne disait rien (Défi du samedi N° 601)

J’ai entendu leurs voix dans la cuisine. J’étais dans une petite rue à l’arrière de l’auberge et la porte était ouverte pour laisser s’échapper dans la ruelle les vapeurs de cuisson, les fumées et les fumets.

Je n’avais rien mangé depuis trois jours et je n’avais pas un liard sur moi. J’ai frappé à la porte ouverte.

- Qu’est-ce que tu veux, étranger ? a demandé le vieux barbu au front dégarni. Nous sommes en plein taf, c’est les cuisines ici. L’entrée de l’établissement est de l’autre côté si tu veux consommer.

- N’y a-t-il pas parmi vous un dénommé Rampo ?

- Oui, c’est moi, a répondu celui des trois qui portait une kippa sur le sommet du crâne.

- On m’a parlé de ta force exceptionnelle au jeu de 421. Je suis moi-même joueur d’un assez bon niveau. Accepterais-tu que je t’affronte sur le tapis vert ?

- Te mesurer à moi ? Qui t’a rendu si vain, toi qu’on n’a jamais vu au cabaret du coin ?

- Je n’ai pas grand-chose à miser mais si par hasard je gagnais, je veux bien être payé avec cette poulette rôtie, là, sur la table. Si je perds je ferai toute la vaisselle de votre restaurant cet après-midi et ce soir.

C’était un très bon stratagème. Je les connaissais tous et je savais que le gars Rampo ne résisterait pas à un pareil défi.

- On n’a pas de piste ni de tapis mais si on pousse au bord de la table la corbeille de fruits, la poule et les morceaux de pain on a une petite place pour lancer les dés. Les voilà. A toi l’honneur.

- Pas de gobelet, non plus ?

- Et puis quoi encore ? Monsieur a peur d’attraper le Covid 19 ? On a les mains propres, ici ! C’est pas le Majestic mais le Gasthaus est de bonne tenue, les cuisiniers ont de l’hygiène et les dés ne servent qu’à nous !

J’ai souri, j’ai tourné les dés dans le creux de mes deux mains jointes, j’ai soufflé sur mes doigts et j’ai sorti mon premier 421.

DDS 601 carava01

 - La chance du débutant ! a commenté le barbu en noir.

Rampo a lancé les dés à son tour et il a fait rampeau. C’est-à-dire qu’il a sorti lui aussi un 421.

J’ai recommencé la même gestuelle et sorti mon deuxième 421. Cette fois-ci lui a fait nénette, c’est-à-dire 2+2+1, c’est-à-dire le plus petit score qu’on puisse obtenir à ce jeu. J’ai hérité d’un premier paquet de jetons en pain azyme.

Ca a été à son tour de jouer. Il a sorti trois as d’entrée de jeu. J’ai refait 421 et gagné la première manche.

***

En deux manches, c’était plié. Je m’apprêtais à mettre la poulette rôtie dans mon panier et à leur serrer la main pour prendre congé.

- Pas de ça, Lisette ! a dit Rampo. Nous on a les mains propres mais toi on ne sait pas d’où tu viens ! Et avant de te barrer, explique-nous. Il y a un truc ?

- Oui, il y a un truc, ai-je répondu. Je suis Dieu descendu sur la Terre !

- Arrête tes conneries ! Ou alors donne-nous d’autres preuves de tes grands pouvoirs !

- Vous ne me croyez pas ? Regardez cette volaille : je vais lui rendre la vie !

Sous le regard ébahi et batyscapholé des trois commandants cuistots, j’ai balancé ma main ouverte au-dessus du plat comme si je lançais à nouveau les dés magiques.

La poule s’est remplumée, a ouvert un œil, étonné d’être couchée sur le dos dans la cuisine d’une maison bourgeoise.

- C’est bon, le métèque ! Casse-toi, avec ta poule ! Tu nous as fait perdre assez de temps comme ça. On a du boulot, nous !

J’ai fait un grand sourire, j’ai ramassé mon lot et je suis sorti dans la ruelle.

***

Une fois que je suis arrivé sur la place du village je me suis assis au soleil sur la margelle de la fontaine. J’ai fermé les paupières et j’ai savouré la douceur du jour. C’était l’heure de la sieste, il n’y avait plus un bruit, personne ne disait rien.

Puis je me suis frappé le front et j’ai crié :

- Quel con ! J’en ai encore trop fait, comme d’habitude et ce failli trophée, si je veux le déguster, il va falloir que je le tue, que je le plume et que je le fasse cuire alors qu’il était tout prêt à consommer tout à l’heure !

A l’intérieur de mon cabas la poule qui m’avait entendu me plaindre a gloussé de rire. Je l’ai extirpée du panier et je l’ai prise entre mes mains. Je l’ai serrée précieusement.


P.S. Cet épisode a également fait l'objet d’un collage de Jean-Emile Rabatjoie (Musée Iconoclaste Rennais, Série Les chiens aboient, Le Caravage passe) reproduit ici :

DDS 601 caravage04cene

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