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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

2 octobre 2015

QUELLE PETULANCE !

- Il va bien falloir qu’en silence ou pas un jour je me lance, dit la scie.
- Ne te casse pas le tronc ! répond l’arbre. Il y a déjà le nageur qui fait la planche ».

 

Hiawatha

- Il va bien falloir qu’un jour je me lance, dit Tom à Hawks (Howard).
- Dans le commerce de haches à destination des bedeaux ? C’est encore illégal, répond Hiawatha.



- Il va bien falloir qu’un jour je me lance, dit le boomerang.

- Ca ne sert à rien, tu t’appelles Reviens, répond l’aborigène.



- Il va bien falloir qu’un jour je me lance, dit l’accessoire de l’athlète.

- T’es pas un peu marteau, non ? répond le spectateur des J.O. qui se l’est pris sur la tête.



- Il va bien falloir qu’un jour je me lance, dit le « Pouah ! ».

- 3 mètres trente-six ! J’suis dégoûté ! répond l'athlète. Et de dépit, il en lance un autre.



- Il va bien falloir que je m’arme strong, dit Lance.

- T’as qu’à dire que c’était à l’insu de ton plein gré ! répond Richard.



- Il va bien falloir qu’un jour je me Lens, dit le musée du Louvre.

Et le mineur-campeur le pousse dans le dos. Le musée glisse le long de la pente et atterrit sur le carreau de la fosse 9.

- Euch’ terril, ch’est à mi ! J’étos là avint ti ! T’es très ben là d’ù qu’tes quéu. Si té m’cros pas, acoute eum quinchon !

 

130809 096

 

- Il va bien falloir qu’un jour je me lance, dit le diaporama.
- Ah non ! A tous les coups, c’est encore Joe Krapov qui chante, dessus ! 

Une traduction en français de ces paroles en Ch'ti est consultable ici.

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24 septembre 2015

AU MEME INSTANT MAIS SANS DOUTE PAS A LA MEME HEURE

MARCHAND DE CAILLOUX

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Aujourd’hui, Alexandre a son voyage ! Ca fait des années qu’il travaille d’arrache-poil dans cette boîte de marde, à faire toutes sortes de choses, utiles ou pas, pour que de grands niaiseux puissent se retrouver benaises dans des beaux bureaux tout en verre après avoir décroché leur diploume. Il faut croire que la dernière année est toujours l’année de trop ! En tout cas, tout en babounant et bouboussant, il se dit qu’il ne va pas faire patate le jour qu’il accrochera ses patins, si jamais sa patronne lui organise une party de départ. Si on veut aller au bout du monde, c’est sûr qu’il faut voyager léger. Ca va lui faire du bien, ce jour-là, de vider son sac !



02 Ostende_IMG_1834PARS !

Ce soir Marion va déloger. Elle va faire le chat. Plus que ça même ! Elle va quitter pour toujours le domicile conjugal, larguer ce péteux qui enchaîne à-fond sur à-fond et bat le beurre ensuite. Fini de faire fristouiller pour ce type les petits plats dans la cuisine, de faire blinquer l’argenterie. Elle va dire adieu à sa baraque à frites, aux plus belles années de sa vie qu’elle a gâchées avec lui. Elle a ramassé toute la dringuelle qui traînait ici et là. Elle a posé son sac sur le siège arrière, est montée dans la voiture, a claqué la porte, démarré. Les pneus ont crissé et fait voler quelques grenailles. Elle a mis un CD de rock et a pris la route d’Ostende.

 


LA PETITE TONKINOISE


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Le 4x4 s’est arrêté devant la maison près du baobab. C’est un cul-vert et c’est Philippe qui le conduit. Léna l’attend calmement, tranquillement dans l’ombre du géant. Elle est comme toujours terriblement excitante dans son mon mari sort je sors. Quel golo, que ce mari-là ! Léna est le plus beau deuxième bureau de tout le Congo mais l’autre ne s’est jamais rendu compte qu’il possédait un trésor dans sa case. A croire qu’il lui en manquait une ! Il paraît même qu’il a de son côté une liaison avec un pamplemousse. Il a suffi à Philippe d’arriver habillé comme un jaguar, d’emmener Léna au maquis une ou deux fois et elle a été à lui vite fait bien fait. Le plus dur sera de lui faire avaler, à la fin de cette nuit-ci, qu’il retourne mardi en Europe pour être affecté dans une nouvelle ambassade quelque part dans le monde ; partout ailleurs sauf ici, c’est son choix. Les climats tropicaux et les femmes trop piquantes, on s’en lasse, à la longue.


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VEUVE NOIRE

Eva a beau frotter, frotter avec la vadrouille, rien n’y fait, la tache de sang ne disparaît pas. Elle a bien ramassé les morceaux du cadavre avec la pelle à chenit, les a glissés un par un dans les grands sacs poubelles bleus mais elle bute sur ce dernier écueil d’une tache débile, indélébile, obnubilante au point qu’elle se fait de la bile. Elle a trouvé vite fait la cachemaille du vieux qui quéqueillait avant qu’elle ne le zigouille et ne se rhabille, elle n’a rien fait à la précipitée, elle a empoché le pactole mais elle ne pouvait décemment pas partir en laissant la maison dans cet état. Ca aurait fait rêver aux ours dans les chalets des environs. On est Suisse ou on ne l’est pas. Chez nous, les gens, même à la tronçonneuse, on les tue proprement.


BA MOIN A TI BO

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- Faut qu’on arrête de cocagner, a lancé Amédée à Rachel. Tous ces gens qui travaillent dans la zoreillerie et nous qu’on est là à fouiller patate en buvant des ti punchs, faut vraiment qu’on se resaissise. Rachel qui lavandait dans la buanderie lui a répondu :
- Parle pour toi, fainéant ! T’es encore rond comme une boule carrée, à cette heure, pour tenir de tels propos !

- Mais non, mais non, plaisante Amédé, je ne suis pas marti boire, je suis Martiniquais. D’ailleurs, en parlant de ça… Viens donc ici que je te doucine, ma Doudou !
Las ! Comme une diarrhée, en voulant s’extirper du hamac, il s’est viandé. Ca a fait "ploc", ça a fait "ouille", ça a fait "dring dring", ça a fait "pin pon pin pon". Bref ça a été assez bruyant finalement le jour ou Amédée, attisé, affaissé, a fait son AVC !


LE BLUES DU DENTISTE

- Bonne arrivée ! a déclaré Margareth en ouvrant la porte du cabinet médical.

C’est la première fois qu’Antoine vient charlater ici et il se dit qu’il a bien fait de prendre son bain annuel dans le fleuve Niger. Déjà qu’en temps ordinaire il camembère un max ! S’il avait su que le docteur serait une doctoresse, blanche de surcroît, il aurait fait trempette un peu plus longtemps et aurait même demandé à Boris le pluvian de lui nettoyer les molaires comme il fait au croco et à ses frères.

- Que puis-je pour vous ? demande Margareth. Votre mal est-il profond ?


Qu’est-ce qu’elle à, la toubibe, à pratiquer la gromologie ?


- Eh bien voilà, répond Antoine. Je suis un peu gêné pour vous dire… C’est rapport à mes organes de base !

- Qu’est-ce que vous appelez comme ça ?
- Le mieux est peut-être que je vous montre ?

Il se lève et baisse pantalon et slip.


- Tudieu ! La grosseur des testicules ! s’écrie Margareth. Comment ça vous est arrivé ?.

- Eh bien voilà, répond Antoine, je pense que c’est samedi dernier. Je suis allé voir les femmes qui font boutique mon cul.

Le médecin reste silencieux un temps assez long puis elle déclare solennellement.

- Je pense que vous n’y couperez pas : il va falloir couteauner dans tout ça !

Et moi je pense qu’il va falloir que je me creuse vraiment le ciboulot pour établir un lien entre tous ces personnages si je veux écrire avec ça une histoire qui tienne debout. Et déjà, pour que ce soit compréhensible, il faudrait que je me-vous procure le « Petit dictionnaire insolite des mots de la francophonie » de loïc Depecker afin qu’on puisse décrypter ce schmilblick international !

 

007 Dico Loïc Depecker

 

P.S. Les photos ont été empruntées aux généreux donateurs du net. Merci à eux !

18 septembre 2015

Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup

 

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Je ne suis pas carrée d’épaules,
Ni Nord, ni Sud, ni magnétiques
Mais je n’ai cure des boussoles
Dans les mondes labyrinthiques.

Je ne suis pas comme la marquise
Chez qui tout brille, tout étincelle,
Qui sort de chez elle à cinq heures
Ni comme le petit Marcel.
Ca me laisse comme la banquise
Qu’ il se couche ou pas de bonne heure.

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A l’insomnie seul dans sa turne,
Aux sympathies pour le dais vil
Dont je ne suis que peu friande
Je préfère la vie nocturne,
Le dédale des rues des villes
La marche des guides gourmandes.

Rennes a été mon territoire
Et d’avoir été la première
A explorer ses décalages
Ne me rend pas pour ça plus fière ;
Cela n’a rien de méritoire :
J’ai toujours aimé les voyages.

DDS 368 Théodore_Chassériau_003

Si je ne suis pas Parisienne
Est-ce que cela gêne ? Ou peine ?
Car j’ai au Louvre deux conseurs
- Nous sommes, en vérité, cousines,
Chère Adèle et très douce Aline ! -
Et j’ai travaillé des années
Dans un musée dont je connais
Les coins et les recoins par cœur.

Il faut une tenue spéciale ?
Je n’ suis pas la femme aux bijoux
Mais j’aime assez à en porter.
J’adore le camée ovale,
Le rose est un atout en tout
Et j'apprécie fort l’églantier.

DDS 368 Yin Xin -chasseriau_les deux seours , 2002, (130x97cm) - copie

J’ai même voyagé dans le Temps,
Traversé des siècles d’histoire
Quand j’étais universitaire
Pour aller…

***

- Je vous arrête tout de suite, Mademoiselle Chassériau. J’ai l’impression que nous avons un malentendu sur le sens du mot « visite ».
- Vous ne cherchez pas une guide touristique ?
- Pas vraiment. Il s’agit en fait de faire une livraison de galettes et de pots de beurre à une dame qui habite une maison abandonnée à l’autre bout de la forêt. Une ancienne fée en fauteuil roulant. Si cette situation vous intéresse, il faudra que vous endossiez le costume rouge de notre compagnie. Le job consiste à rendre visite à une mère-grand.

DDS 368 clindoeil - Copie

Isaure Chassériau a été tellement estomaquée par ce quiproquo qu’elle est retournée vivre dans son tableau d’où, peut-être, elle n’aurait jamais dû sortir.

DDS 368 isauredisparait2 - Copie

 

11 septembre 2015

Conte de fée

Une bonne fée s’est penchée sur mon berceau. Elle a dit à Maman et Papa que je serais un être chétif, contemplatif et maladif. Maman et Papa ont commencé à faire la gueule et à regarder la bonne fée d’un sale œil. Ils se sont demandé ce qu’elle fichait là, cette non-invitée à mon non-baptême qui, plutôt qu’à une sorcière en robe rose et chapeau pointu avec une baguette ridicule, ressemblait à l’Amélie Nothomb qui du reste n’était même pas encore née.

La bonne fée s’est empressée d’ajouter « …Mais que… ». Donc, « que je serais un être maladif, contemplatif et maladif mais que, étant natif du cancer et ayant l’ascendant en scorpion, j’étais assimilable à un saturnien et que donc je me réaliserais très tard.

- Qu’est-ce que ça veut dire, en clair ?, a demandé Papa.
- Ca veut dire qu’il va chercher, toute sa vie durant, une maison abandonnée dans laquelle il y a un trésor.

Papa et Maman ont oublié de me raconter cette scène ou ils me l’ont racontée autrement mais dès qu’ils ont su que je serais un jour propriétaire d’un trésor, ils se sont un peu plus intéressés à moi. Et moi, je n’aime pas trop qu’on me regarde comme ça.

Pour la première partie du diagnostic, la bonne fée a eu raison tout de suite ! Je ne sais si c’est d’avoir atterri là entre Papa et Maman, je ne sais si c’est parce que je suis un saturnien sans les anneaux mais pratiquement dès ma venue au monde j’ai asthma-tiqué.

jpi jpa au bassin de la bourboule

Du coup on a passé toutes nos vacances à La Bourboule. La Bourboule, en Auvergne, bien des citoyens n’en ont cure mais moi si. Tous les matins. Bains de vapeur, inhalations, et pour finir tu bois un grand verre d’eau chaude et dégueulasse, on te met une écharpe autour du nez alors qu’il fait 32° dehors, tu remontes dans la voiture surchauffée et tu es balloté pendant vingt kilomètres sur la route en virages pour rejoindre toute la famille qui fait du camping sauvage dans une prairie à vaches.

Après la sieste obligatoire, on fait des excursions en noir et blanc, la tournée des lacs en noir et blanc, on se photographie devant la maison abandonnée en noir et blanc… Oui, parce qu’à cette époque-là, mes enfants, au siècle dernier, la vie était encore en noir et blanc. La tour Eiffel en noir et blanc, le château de Val en noir et blanc…

Je ne sais pas où est passée la photo de la vieille maison auvergnate à l’abandon. Y avait-il un trésor dedans ? 

jojo mémé jpa jpi et vieille maison

Bon, je ne suis pas là pour vous raconter ma vie. Mais c’est vrai que plus j’avance en âge et plus j’ai l’impression de me réaliser. J’ai été guéri de mon asthme assez vite et je suis monté à Paris où j’ai commencé à chercher le trésor promis par la fée.

Au début, comme j’étais un peu niais, j’ai cru que je l’avais trouvé. C’est vrai, quoi ! J’avais un boulot, je n’avais plus Papa et Maman sur le dos, je gagnais un peu d’argent et j’habitais à Paris où il y avait plein de cinémas, de salles de spectacle, de librairies et de disquaires. Alors, comme être riche se dit parfois « avoir de la galette », j’ai commencé à les collectionner. A l’époque les galettes étaient des objets ronds et noirs, d’un diamètre de trente centimètres, percés d’un trou en leur milieu, garnis d’une étiquette, emballés dans une enveloppe de papier blanc ou de cellophane et mis dans une pochette en carton illustrée de photos ou de dessins plus ou moins psychédéliques. Pour jouir de ces trésors-là il fallait disposer d’un tourne-disque ou d’une chaîne hi-fi.

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Comme l’obsolescence programmée n’avait pas encore été inventée, je possède toujours cette chaîne hi-fi d’il y a un siècle et comme je suis un saturnien soigneux et conservateur, j’ai gardé aussi en très bon état tous mes disques vinyles et mes nombreux livres. Par contre j’ai perdu tous les amis auxquels j’ai fait appel pour m’aider à déménager. Je ne sais pas si vous avez déjà eu à porter les œuvres complètes de certains écrivains ou l’intégrale de Vivaldi mais je peux vous dire que quatre saisons et quatre cent concertos, même si c’est toujours le même, comme disait Stravinsky, ça pèse.

Le problème dans ma vie, c’est que je n’ai pas déménagé qu’une fois.

J’ai eu le bonheur d’épouser une femme-bélier. C’est très bien une femme-bélier. La femme-bélier est à elle toute seule un trésor incommensurable, incomMarsurable, même. L’ennui, c’est que ça bouge tout le temps et que ça a toujours une longueur d’avance dans le calendrier, une femme-bélier. Quand vous n’avez pas de téléphone portable, elle vous appelle sur le téléphone de votre copine pendant que vous êtes à l’atelier d’écriture pour vous faire dire que vous avez oublié ce soir d’aller au Conseil d’administration de l’association R. et C. alors que celui-ci n’a lieu que la semaine suivante.

La femme-bélier décroche aussi des armoires du mur pour accrocher une nouvelle armoire plus grande et plus lourde et elle vous demande de la décrocher le lendemain parce qu’elle a l’impression que c’est mal accroché et en fait on s’aperçoit que c’est inaccrochable et donc on raccroche les anciennes armoires et on revend la nouvelle sur le Bon Coin.
Bref, si vous comptez épouser une femme-bélier ces jours-ci, sachez qu’elle changera la palce de la poubelle tous les mois et qu’elle vous fera déménager tous les cinq ans.

Heureusement, un jour, j’ai fait preuve d’autorité. Oui, je sais, un jour dans toute une vie, ce n’est pas beaucoup. J’ai dit : « OK. T’as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul, tu as voulu qu’on vive à Rennes et on y est. Mais maintenant qu’on est tombés sur la case « appartement au deuxième étage avec jardin et garage qu’on n’a même pas besoin de monter la voiture dans l’escalier » alors maintenant, ça suffit, on ne bouge plus ! ».

J’ai obtenu gain de cause. En partie.


Jacques Brel - Vesoul par Wazoo

 Parce que ma femme-bélier est toujours partie par monts et par vaux et parce que tous les étés, pour les vacances, c’est transhumance. Je me demande même si Maman ne lui a pas raconté l’histoire du trésor dans la maison abandonnée, à ma Dulcinée à cornes ! Peut-être qu’elle la cherche sans me le dire et que c’est pour ça qu’on bat la campagne ? C’est bien simple, on a six boîtes pleines de cartes d’état-major et des topo-guides à ne plus savoir qu’en faire.

150807 N 011

Cet été on a marché du lac de Guéry à la Banne d’Ordanche, d’Annoville-sur-Mer à Hauteville-sur-Mer-Plage, de Saint-Martin de Bréhal à Granville, on a fait le grand tour du lac Pavin, celui du lac Chauvet, on a longé les cascades de Chiloza,, on a pris le bateau pour aller aux îles Chausey, on a longé le lac de Paladru, on a visité le château de Chantilly et son parc immense, on a tourné dans Chambéry, Vendôme, Rouen, Lille et Rennes et j’en oublie et j’en oublie. On est passés à Foupoule, à Village Chou, à Bogros-les-Chiens, à Besse-Saint-Anastaise, à Domessin, à Pont-de-Beauvoisin, à Aiguebelette…

Moi j’ai ramassé des coquillages et pris des photos de tous ces endroits. C’est ma chasse au trésor qui continue. Je suis très heureux comme ça. Pas besoin de plus. Je ne cherche plus vraiment pour ma part la maison abandonnée.

Mais cette nuit, peut-être parce que c’est dur de reprendre un boulot sédentaire après des vacances aussi mouvementées, peut-être parce que je me couche trop tard le soir, j’ai fait un drôle de rêve. Il y avait une maison abandonnée et pour une fois j’entrais dedans. Au milieu des gravats, il y avait une vieille femme dans un fauteuil roulant. Je l’ai reconnue tout de suite. C’était la bonne fée qui s’était penchée sur mon berceau mais elle avait beaucoup vieilli. Elle aussi m’a reconnu. Elle m’a dit :

- Alors, lou ravi de la crèche ? As-tu trouvé ton trésor, finalement ?
- Je pense que oui, Madame, mais je ne sais pas ce que c’est.
- J’ai trois réponses à te donner. Laquelle veux-tu entendre ?
- Les trois ?
- Va pour les trois ! La maison abandonnée, c’est celle de tes parents et le trésor, c’est ton enfance. La maison abandonnée, c’est le monde, et le trésor, ce sont tes jambes. La maison abandonnée, c’est ton cerveau à la capacité limitée et le trésor, c’est ton seul et unique neurone.

Ca m’a bien plu, ce rêve, alors du coup, je me suis réveillé et pour une fois, je suis allé travailler gaiement !

4 septembre 2015

VALEUR REFUGE

Un serpent monétaire
A mordu Eurydice
Au talon de son chèque.

Orphée, petit porteur
D’une lyre élastique
Aux cordes en lacets
- C’est Rimbaud, trafiquant
De semelles et de vent
Qui les lui a offertes –
Descend pour présenter
Sa requête aux Enfers :
Il s’en va, comme on dit,
Se faire voir chez les Grecs.

Charon_by_Patenier

- Pour passer par ici,
Homme, il te faut payer !
Lui a lancé Caron
Sur la rive du Styx
En lui montrant sa barque
Usée par les années.
Pour le prix, c’est cent marks.

- Peut-on payer en lyre
Quand on vient d’Italie... ?

- Ici c’est un pays
De la zone « héros » !

- ...Ou faut-il convertir
Sa douleur en dollars,
en billets ou en vers,
En faire opéra-rock ?

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Silence dans l’errant.

Orphée saisit son plectre
Et frappe l’instrument
Et alors, plus va l’ut,
Plus la magie opère :
L’eau du fleuve s’écarte,
Il passe, soutenu
Par Charon un peu stone :

La musique adoucit
Les moeurs de tout passeur…

…A condition de n’être pas
Sur notre planète aujourd’hui

La descente aux Enfers
Continue chaque jour.

Ami(e)s, veillez sur vos amours !

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15 août 2015

Walrusserie (Joe Krapov)

Etats-Unis : les talons hauts ont causé 123 355 accidents en dix ans.

Lisez vous-mêmes ici.

Enfin quoi, Mesdames ? Molière ne vous avait-il pas mises en garde dès 1671 contre les fourberies d'escarpin ?

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11 août 2015

Eleph-erre-algue-ant ?

Moi aussi j'ai une mémoire d'éléphant. Et je me souviens bien d'avoir déjà envoyé un texte sur ce thème de l'éléphant au Défi du samedi. Grâce à M. Google, mon archiviste préféré, je l'ai retrouvé. Il est ici mais je vous fais grâce de sa republication, même si sa relecture m'a bien fait rire.

J'ai préféré faire oeuvre originale et du coup j'ai traduit très librement la chanson "Effervescing elephant" évoquée là-bas et qui figure sur le deuxième album solo de Syd Barrett, membre fondateur de Pink Floyd un peu trop vite barré à mon gré.

En français, c'est bien allumé aussi ! 

1

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Un éléphant effervescent
Cogitait dans un verre à dent
Il se rappelait le bon temps
De ce petit cirque ambulant
Il allait de villes en villages
N’était jamais que de passage

Il y faisait son numéro
Juché sur un petit vélo
Il faisait rire les enfants
C’est là le lot des éléphants
Maintenant c’n'est plus pareil
Il fait noir et il a sommeil

Ah mon Dieu quell’ drôl’ de nuit !

2

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Mon éléphant effervescent
Se rappelle aussi ses parents
Son oncle Hathi, l’exceptionnel,
Aux Indes il était colonel
Mêm' les tigres en avaient la trouille
Lorsque déboulait sa patrouille

Il se souvient de Tante Odette
Qui habitait dans une éprouvette
C’était une femme d’expérience
Elle travaillait pour la science
Tout d’abord à Gif-sur-Yvette
Puis à la Cité d’la Villette

Oui vraiment ça c’est Paris !

3

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Mon éléphant effervescent
Sait qu’il y a des milles et des cents
Un grand oncle phénoménal
Fut alpiniste sous Hannibal
Et qu’un autre, couvert de poils
A fait trembler Neandertal

Il y eut aussi dans la famille
Celui qui habitait la Bastille
Il y chantait de l’opéra
Pour Gavroche au milieu des rats :
Le grand aria d’Iphigénie
Qui change de pied sur l’coup d’minuit

C’est du moins c' que dit Tardi

4

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Mon éléphant effervescent
Hyper-mnésique à cent pour cent
Se souvient du cousin Dumbo
Vêtu d’une cape ridicule
Qui volait dans un ciel très beau
Sur une vieille pellicule

Il connaît tous les temples où crèche
Ce gros rigolo de Ganesh
Quand les hommes boivent il devient rose
Il se moque de leur cirrhose
Et de leur propension notoire
A proclamer « défense d’y voir »

Même si c’est en Zambie

5

5 avoir_la_gueule_de_bois

Mon éléphant effervescent
Vous trouverez cela décevant
Je l’ai rencontré une nuit
Où je souffrais d’une insomnie
Et d’un fabuleux mal de crâne :
J’avais besoin d’un Doliprane

J’ouvris l’armoire à pharmacie
Située au-d’ssus du lavabo
J’découvris qu’il n’y avait ici
Ni aspirine, ni placebo,
Ni même de tube d’Efferalgan
Alors j’avalais l’éléphant

Et ma chanson est finie

A moins que je ne me trompe ?

 

Et je vous l'ai chantée aussi ! 

5 août 2015

Prolégomènes à une en-cyclo-pédie vélocipédique

DDS 362

Quand on a, forgé au coeur,
L'amour de la petite reine
On se souvient de Bartali,
Fausto Coppi, Petit-Breton :
Les grands ancêtres.

On connaît tout, de A a Z,
Sur le nommé Bahamontes,
Federico de son p'tit nom,
Qu'était le roi de la montagne
Où c'qu'est mort le n'veu d'Charlemagne
D'un cor au pied.
On l'avait gratifié d'un surnom :
Il était l'Aigle de Tolède.

tati doisneau

On se remémore "Jour de fête"
Et le costume de Jacques Tati.
On imagine très bien Paulette :
"C'était la fille du facteur
Elle avait fait en le suivant
Tous les chemins environnants
A bicyclette"

Quand on a, chevillé au corps,

L'amour de la petite reine,
On est un peu chez La Fontaine :
Anquetil et Poulidor
Sont votre poule aux oeufs d'or.
On connaît des tas de prénoms
Et des chansons :
"Eddy sois bon" c'était du Mercx ;
"Miguel is singing Indurain"
(C'est du Sttellla) ;
Joop n'est pas un yaourt à boire
Mais Zootemelk.
Felice Gimondi qui potuit
rerum cognoscere causas !
Andy Schleck court sans Andy Capp
Et Joe Dassin chante "L'Amérique"
Mais Rick... Van Looy !

A suivre les grands prix

Cyclistes
On découvre qu'on a appris
Une géographie "étapiste" !
Paris-Nice,
Milan-San Remo,
Liège-Bastogne-Liège !
On y dessine au critérium
Les contours du Dauphiné.
On sait que l'Enfer du Nord
Est situé près de Roubaix
Et qu'il est pavé de bonnes crevaisons.
On connaît l'Alpe d'Huez, le Puy-de-Dôme, le Mont Ventoux,
Les cols de l'Izoard, de Porte et de Portet d'Aspet,
Le Galibier, Le Tourmalet, le Tourisaac.


On apprend les langues étrangères :
Vuelta, giro, dopping, pot belge, EPO.

On découvre toute une poésie de mots-valises (voiture-balai), d'images désuètes (lanterne rouge, maillot à pois, ET dans le ciel with diamonds à l'insu de son plein gré).

Quand on a, forgé au coeur,
L'amour du vélocipédique
On suit même parfois les sirènes
Sur des questions philosophiques :
Quo usque tandem, Cathy et Lina,
Aboutirez à Saint-Julien L'apostat ?
Diogène a-t-il bien déclaré à Alexandre Le Grand :
"Est-ce que j'te d'mande si ta grand-mère fait du vélo ?"
Ou quelque chose du même tonneau,
Laissant là coi, interloqué, Le Grand, braqué ?
Y a-t-il ou n'y a-t-il pas un moteur
Caché dans le tube de l'été
De l'ami Christopher
Pour qu'il vrombisse et fasse
"Froome Froome Froome" comme si
C'était une mobylette ?

Quand on a, forgé au coeur,
Chevillé au corps,
L'amour de la danseuse et du coup de pédale
On pardonne même à Lance Armstrong
D'avoir déclaré, dans la Lune,
"Un petit pas pour les Etats-Unis,
Un grand pas sur le dopage".

150710 N 177

J'ai un peu l'air de me moquer
De tous ces "Monsieur Dumollet"
Mais, sachez-le, je fais partie de cette caste.
Peut-être même que mes compétences dans le domaine de la pédale exercent une fâcheuse influence sur mon comportement sentimental. Me conseillez-vous vivement de ne pas changer de braquet et de surveiller mon guidon ?
Comme disait Fernand Raynaud : "Moi, mon truc, c'est l'vélo !"
Je le dis très sérieusement. Une fois que j'aurai posé le point final à ce texte, vous pourrez même considérer que sur ce sujet, tel Ernest Pignon-Ernest, je suis le dernier des railleurs.

31 juillet 2015

Les néologismes de Papageno (Joe Krapov)

Sur le chemin des chants d’oiseaux, il m’a fallu réinventer un dictionnaire Papaguénien.
Pas question pour moi en effet, ce jour-là, d’entendre caqueter, glatir, trompetter, cacarder...
Ces verbes onomatopesques assez disgrâcieux tentent bien, j’imagine, de reproduire le son que font les volatiles.
C'est un choix, certes, mais, que diable, quittons la réalité en même temps que la ville !
Poètes, inventons une autre musique !

Au fur et à mesure de notre avancée, nous avons noté nos vocables.

Depuis, ad vitam aeternam,

DDS 361 101659484

Le chardonneret s’achemise,
La mésange mesdémone,
Le rossignol demésamoure,
L’aigle étévincue (par sa coquette),
La caille onsepèle,
Le tourterau berthoilagnase,
La corneille lamutit,
Le coq sigrue,
La grue felpiède,
L’effraie fondelère,
La colombe klébère,
Le cygne duzodiaque,
La fauvette tangotte,
La grive ettornère,
Le hibou dumonde,
L’hirondelle défauboure,
La huppe huppupourate,
Le merle opontit,
Le milan s’enrémote,
Le paon démoniome,
La paonne felcoude,
Le perroquet belzoreille,
Le pigeon quedalle,
La poule ozeudore,
Le canari poteure.

Il nous reste bien sûr à écrire le sens exact d’ozeudorer, d’opontir, d’ettornérer, etc.

J’avais bien commencé à le faire ci-dessous :

S’achemiser : tomber la veste et tout le reste pour émettre un chant d’amour enivrant.
(Zool. chansonnière : En certaines circonstances bien précises la Rikazaraille s’achemise tellement qu’elle finit même par s’apantalonner. Un bain de siège est alors nécessaire au refroidissement de ses ardeurs. Buffon. - "Histoire naturelle. Vol. XXIV, De Variétoche à Vermifuge".


Je ne roucoule pas d'un iota devant cette tâche gigantesque mais voilà, à cause des vacances et au vu du succès rencontré par cette initiative, nous sommes attendus sur d’autres chemins et du coup je manque de temps.

140718 A 023

Je vous dirai à mon retour si la mouche tsétsée, si le criquet alahoupe ou si la libellule uberlue. Pour cette dernière, ça ne m'étonnerait en rien !

19 juin 2015

De la Pérectitude avant toute chose

Je me souviens de « La Guerre des boutons », un film d’Yves Robert d’après le roman de Louis Pergaud. Le personnage de P’tit Gibus y déclarait : « Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu ! ».

Je me souviens du Duo des fleurs et de l’Air des clochettes de l’acné de Léo Delibes. (Ah non, c’est Lakmé !).

Je me souviens qu’en cas d’arrêt intempestif de l’ascenseur, il faut appuyer sur le bouton alarme, celui qui affiche une petite clochette avec un drôle d’air. En cas de non-fonctionnement de ce bouton alarme, que doivent faire les claustrophobes ?

Je me souviens de « Si je porte des chemises à fleurs / c’est que je suis en avance de deux ou trois longueurs / ce n’est qu’une question de saison / les vôtres n’ont encore que des boutons » (Les Elucubrations d’Antoine).

Je me souviens que le péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines constituait un gros point noir le dimanche soir. (Comment ? Je confonds « bouton » et « bouchon » ?)

Je me souviens des Inconnus et du sketch où Didier Bourdon disait « Il a pété un bouton, lui, hein ! ». Ah ? C’était un boulon ?

Boutons ! Boutons ! Je me souviens que Jeanne d’Arc gardait les siens à Domrémy. Elle les endormait le soir en les comptant et en leur contant ses espoirs de virer les Anglais de notre territoire : boutons les hors de France ! Non mêêêêh allô, quoi !

Je me souviens du bouton à cinq pattes, mais je confonds encore « bouton » avec « mouton ». Berde, alors !

Je me souviens que « La môme aux boutons » est une chanson de Pierre Louki dont l’interprète était Lucette Raillat.

Tant pis si ça vous donne des boutons : je vais vous la chanter aussi !
 

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