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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

16 avril 2014

Fable du policier qu’aimait une postière à Bordeaux en Gironde par Joe Krapov

- Inspecteur Lavardin ! Donnez-moi une cabine et un jeton de téléphone ! ».

Devant l’homme en gabardine, la postière Martine reste aphone. Plus que Pierre Arditi quand il en fait dix tonnes ce poulet-ci vous saucissonne d’une seule réplique assassine. Il a l’autorité d’une brute galonnée, la lourdeur d’un gradé à sardines qui déboîte du mess sans mettre son clignotant et la TV-brutalité de Thierry quand il Ardissonne.

MIC 2014 04 14 phone


Celui-là, pour Martine, est du genre qui cartonne.

- Si j’osais, Joséphine, si je n’étais pas atone, avec l’air bête de la cousine qui en tient une couche et troue l’ozone, je lui dirais « J’suis ta frangine ! De ton regard franc, John, plonge dans ma turbine, viens me dresser mon bilan carbone ! Vois comme je brûle en gourgandine si toi aussi tu m’abandonnes ! Sais-tu comme, dans les nuits de Chine, la cochonne califourchonne ? Sais-tu que, comme la chaude lapine, la Lapone peut-être friponne ? D’amour je ne suis pas radine et si tu viens, Dieu me pardonne, si tu me joues ta sonatine, si tu entonnes, même en sourdine, l’air qui redresse la badine, Hardi les gars de la marine, promis juré, je t’amidonne ! Dans mes buissons te hasardant tu trouveras Fanny Ardant ! Je ne serai pas Sainte Blandine mais Sainte Lionne. Je soulagerai ton fardeau en devenant Brigitte Bardot ! Allez hardi, lundi, mardi, mets tes tracas dans ton barda, sois Pardaillan, ardent par Dieu et pas lardu, évite d’être un « qui dort dîne » qui se cantonne à la cantine : découpe-la en crapaudine, ta bonne copine, mon Al Capone ! Jardine-moi, je te l’ordonne ! Je te redis, je te redonne ces mots qu’à son marquis disait la Sévigné : Bine ta bonne ! ».

Hélas c’est en sourdine que son désir bourdonne ! Et lui ne voit aucune ondine dans cette citadine anodine qui lui redonne la monnaie de son coup de bigophone. Pardi ! Ce n’est qu’une gredine ! Un ex-bas bleu de la Sorbonne !
Il faudrait payer cher l’inspecteur Lavardin pour qu’il s’adonne au plaisir de la « belladone »
Martine, Amandine ? Y’a maldonne ! Ce qu’il préfère c’est son turbin et se promener parmi les pins à mâtines en automne !

MORALITE :

La patience est un art difficile ;
Se dorer la pastille est un art d’efficience.
Il vaut mieux subir le supplice de la Sardane à Palerme
Que le sur place de la sardine à la banque du sperme
Ou celui de la téléphoniste dans une poste girondine, 
Coincée derrière son hygiaphone
Tandis que là-haut sur la colline
Dans les forêts périgourdines
Loin des routes que l’on goudronne
L’homme qu’elle aime se dandine,
Randonne et doucement fredonne :

« Qui a cassé le vase de Line ?
C’est le vicomte de Bragelonne ! »

Où habite Youri Gagarine ?
Dans un patelin de Haute Garonne !

C’est ici que se termine
Mon délire, chère Simone

Et maintenant monte en voiture !
En route vers d’autres aventures ! ».

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9 avril 2014

TROPHEE ET TREUYDICE par Joe Krapov

140406 067

Il faut se faire à cette idée que le temps passe et que la culture évolue. Au carnaval de Nantes, dimanche dernier, pour évoquer le cinéma il y avait deux chars entiers pour célébrer Tim Burton et un autre consacré à Harry Potter.

Déjà c’est peu de dire que le cinéma, la télévision, les écrans ont détrôné le livre. Les librairies ferment, les bibliothèques se débattent et s’adaptent pour devenir autre chose et nous, les amoureux de la chose littéraire, nous en sommes réduits à prier pour qu’ «ils» ne touchent pas plus que cela à ce qu’il nous reste d’images de nos lectures enfantines.

C’est pourquoi je me suis régalé à visiter depuis le musée des trophées du «Bureau Intertextuel des Pois et Mesures». J’étais en compagnie d’Isaure Chassériau et ma consoeur du «D… du S…..» a bien voulu me prêter son magnétophone à cassettes antédiluvien pour que je réécoute son interview du maître des lieux.

- Monsieur le Conservateur, vous-même êtes une célébrité ?
- Une célébrité anonyme ! On ne me connaît que sous l’appellation du «Vaillant petit tailleur». Et je n’ai toujours pas compris ce qu’il y avait d’exceptionnel dans le fait d’estourbir sept mouches d’un seul coup de torchon.
- Les mouches ont muté depuis. On ne pourrait plus faire ça aujourdhui. A croire qu’elles ont des yeux derrière la tête. En fait elles ont des mirettes comme des catalogues de bibliothèques : à facettes. Mais alors quel est, pour vous, votre plus beau titre de gloire ?

MIC 2014 04 07 mètre ruban

- C’est mon travail de couturier, d’arpenteur et de muséographe. Ici dans ce musée sont conservés des chiffres absolument mythiques. Ils ont tous été relevés grâce à mon mètre ruban magique. Mais venez, je vais vous faire visiter.
- 20, 25, 27 cm ?
- C’est le diamètre des trois assiettes dans lesquelles Boucle d’Or a mangé la soupe chez les 3 ours.
- 1 mètre 63 centimètres et 28 millimètres ?
- C’est la circonférence de la citrouille que la marraine de Cendrillon à transformée en carrosse.
- 1,95 LDL-C ?
- C’est le taux virtuel de LDL-cholestérol du grand méchant loup s’il avait réussi à bouffer les trois petits cochons.
- Vous avez mesuré cela avec votre centimètre ?
- C’est un centimètre magique. Vous voulez que je vous fasse une échographie avec ?
- Non, merci bien. Ici on retrouve des centimètres. 72 ?
- C’est la longueur atteinte par le nez de Pinocchio le jour où il a proféré son plus gros mensonge.
- Et c’était quoi, ce mensonge ?
- "Je vous jure les yeux dans les yeux que je n’ai pas de conte en Suisse » ! Pathétique, n’est-il pas, pour un héros dont la renommée est internationale ? Venez, nous allons passer dans la salle des plans-reliefs.

MIC 2014 04 07 botte de sept lieues

- 22,736 kilomètres ?
- Je ne vois pas ?
- Divisez par sept !
- Il n’y a pas lieu de le répéter mais je suis assez nulle en calcul mental. Les maths ça ne m’a jamais bottée.
- C’est ça, vous avez trouvé. C’est exactement la distance qu’on franchit d’un seul pas de botte de sept lieues.
- Et ça, dans la même veine : 64,960 kms ?
- C’est là qu’on trouve le capitaine Nemo et son Nautilus !
- 20 000 lieues sous les mers ?
- Exact ! Et ceci : 4 807 mètres ?
- Ah ça je sais, c’est la hauteur du Mont Blanc !
- Perdu ! C’est l’altitude atteinte par le haricot magique de Jack. Nous l’avons conservé ici d'ailleurs et vous pourrez l’escalader tout à l’heure. Je vous laisserai revenir dans cette salle à votre gré mais pour l’instant, venez, nous allons pénétrer dans la salle des costumes.

Quelle merveille que ce musée ! Et quelle n’était pas la fierté du vaillant petit tailleur de nous montrer ses créations, récupérées au fil du temps et de ses pérégrinations à travers les contes auprès de leurs légendaires propriétaires.

MIC 2014 04 07 110417B_136

- Ici cette robe bleu ciel et blanc avec des voiles transparents verts et des miroirs qui cliquètent sur la collerette, c’est celle de la sœur Anne dans Barbe Bleue. Les couleurs que j’ai choisies symbolisent l’herbe qui verdoie, le soleil qui poudroie et la candeur naïve de celle qui ne voit jamis rien venir. La suivante a appartenu à Blanche-Neige. Vous voyez, Walt Disney n’est pas tombé loin. Tenez, elle m’a envoyé une photo d’elle et de son prince charmant récemment.
- Elle n’a pas vieilli ! ai-je dit à ce moment-là.
- Ca veut dire quoi vieillir ? a demandé le petit tailleur d’un air fâché.

J’ai senti que j’avais gaffé. Heureusement, à ce moment-là Isaure a rebondi :

- Dites-moi, vaillant petit tailleur, d’avoir fréquenté toutes ces stars, de les avoir approchées, habillées, mises en valeur et ce sans que l’on vous décerne le moindre César ni Oscar, ça ne vous a pas.. chagriné ?
- Et de les voir déshabillées à l’essayage, ça n’a rien allumé en vous ?
- Vous savez, m’a-t-il répondu, il n'est pas difficile de nourrir des pensées admirables lorsque les étoiles sont présentes. Il suffit d’oublier qu’elles ont un beau cul. Ou d’être homosexuel comme tous les grands couturiers.

Isaure et le tailleur ont éclaté de rire. Pas moi parce que le nabot en avait profité pour me mettre la main aux fesses en disant cela et c’est quelque chose que je n’apprécie que modérément.

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Après avoir admiré d’autres costumes nous sommes passés dans la salle des pois du musée du Bureau Intertextuel des Pois et Mesures et là c’était très décevant. Il n’y avait que les cailloux du petit Poucet et le petit pois de la princesse aux 7 matelas. Par une porte-fenêtre ouverte on pénétrait ensuite dans une cour. D’un pot de fleurs immense, un peu comme ceux qu’on voit sur la dalle Kennedy dans le quartier de Villejean à Rennes, sortait un plant de haricot géant dont on n’apercevait pas le sommet là-haut dans les nuages. Tout le long de la tige pendouillait une échelle de corde.
- Je passe le premier, a déclaré Mini-Lagerfeld. Suivez-moi, Monsieur Krapov !

En plus ce salaud-là connaissait les usages qui veulent qu’on descend un escalier devant les dames et qu’on les précède en grimpant à l’échelle pour éviter d’avoir à chanter ensuite des niaiseries souchonniennes comme « Sous les jupes des filles » ou « Allô maman bobo ».

J’ai répondu : « Allez-y sans moi, je retourne vérifier la longueur de la chevelure de Raiponce au cas où il y aurait interro écrite à la sortie ! ».

Route66

Je n’ai pas voulu avoir l’air ridicule à nouveau en avouant que je souffrais d’aérodromphobie et d’acrophobie. Ils ont disparu dans les nuages, je suis allé m’extasier à nouveau devant le panneau 66.

Non, le petit tailleur n’était jamais allé aux Etats-Unis parcourir une route mythique, il avait juste obtenu, en pratiquant diverses opérations sur les chiffres détenus dans son musée, ce que tout individu normalement constitué cherche à savoir, passe sa vie même parfois à chercher à savoir : l’âge du capitaine Achab quand il a rencontré la baleine dans laquelle Jonas et Pinocchio jouaient à qui dirait le plus gros des mensonges.

Et puis comme Isaure et le petit tailleur ne redescendaient pas et qu’il était sept heures "dring dring dring", je me suis réveillé, j’ai pris mon petit déjeuner et, en chantant, je suis allé au boulot comme les sept nains et tous les jours.

Et dans le bus, j’ai repensé, à propos de mon rêve et de ce que je disais au début au sujet du carnaval de Nantes :

- L’âge du capitaine Achab, si au lieu d’aller au cinéma voir les adaptations de Walt Disney, Tim Burton ou Trey Stokes, il avait lu le bouquin, il l’aurait su tout de suite !

MIC 2014 04 07 age-du-capitaine

7 avril 2014

Ci-LOMBALGIT JOE KRAPOV (Joe Krapov)

 

la-metamorphose-des-cloportes-a02

Il suffit de changer une ampoule dans sa salle de bains et on se retrouve métamorphosé en Clo-Cloporte. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Franz Kafka, spécialiste du genre qui eut sa petite heure de gloire jadis en raison d’un numéro de transformiste qu’il exécutait dans un cabaret de Prague.

C’est avec des jeunes sots qu’on fait des vieux cons. Cela, c’est paraît-il, de Louis Aragon. Moi je me fiche de cela comme de mon premier slip aéré – c’est aussi de lui – mais mon dos, non : avec le temps, va, comme tout s’en va – oui, gagné, Léo Ferré ! -, il paraît que ma colonne vertébrale a perdu sa courbure en chemin. Pour apprendre cela l’iatrophobe militant que je suis a dû avaler une couleuvre supplémentaire après le dernier lumbago subi et prendre rendez-vous avec un kinésithérapeute-ostéopathe. Très sympa, le gars, pour une fois !

Ca ne m’a pas fait perdre le sens de l’humour pour autant ! Quand je suis rentré de la première consultation j’ai demandé à Marina Bourgeoizovna : « Tu n’aurais pas un annuaire du téléphone pour que je me lave les dents ? ».

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes mais Joe Krapov si. Pierre Lescure et Philippe Gelück aussi. C’est pourquoi il partage ses images, ses citations de Louis Aragon, ses délires verbaux et désormais ses cours de maintien pour internautes à mal de dos récurrent avec vous.

- Chaque fois que vous vous laverez les dents, conseille l’ostéopathe sarthois de Rennes, vous mettrez un annuaire sous vos orteils. Cela vous aidera à retrouver la cambrure naturelle de la colonne vertébrale.
Et de fait, à part les taches de dentifrice sur le pyjama ou sur le pull le matin, ça marche !

La deuxième visite a eu lieu vendredi dernier. Ce soir-là j’ai appris à me métamorphoser en chevalier servant. Toutes les dames qui passent par ici savent très bien que leurs désirs sont des orgues et que je me ferai un réel plaisir d’en jouer. Désormais je pourrai pour elle, en plus, mettre un genou en terre, poser sur le tapis le cœur que j’avais sur la main, appuyer mes deux mains sur l’autre genou allonger vers l’arrière la jambe avec le genou en terre en la faisant glisser, cambrer les reins et me casser la gueule sans me faire mal aux seins : c’est juste vous qui vous fendrez les côtes en regardant le tableau.

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Et puis j’ai aussi appris à me transformer en sphinx. « Chic ! se disent les messieurs qui passent par ici, il va enfin la fermer, celui-là ! ». C’est vrai, je les comprends, je suis comme ça, moi aussi : quand on en a plein le cul d’entendre des gens bavards parler pour ne rien dire, on rêve de voir le sphinx se taire.

Mais vous allez voir que ce n’est pas si évident. Pour faire le sphinx, on s’allonge sur le ventre. On pose les deux bras étendus devant soi et on relève la tête. On rapproche les bras en pliant les coudes, on prend appui sur les avant-bras et on relève la tête au maximum.
- Voilà, c’est tout, ça fera 72 euros.
- Rapace !

Nân, je déconne. Le praticien qui m’a avoué être né à 72300 La Chapelle d’Aligné ne me demandera qu’à la 3e et dernière séance en mai de les.
(Oui, de les aligner !)

Pour terminer, puisque me voilà devenu sphinx, je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre à la question. Notre atelier d’écriture « en vrai » du mardi à la salle Mandoline s’est en effet métamorphosé la semaine dernière en fabrique de questionnaires cinéphiliques. A vous, cher(e)s Oedipes in the dark, de donner les titres des films évoqués, ci-dessous

Une robe blanche soulevée au-dessus d’une bouche de métro ?

Un charlot portant moustache joue au ballon avec un globe terrestre ?

Un défilé de mode ecclésiastique avec des chasubles qui clignotent dans un film italien du siècle dernier ?

Un parapluie orné d’un perroquet au bout du manche et ce perroquet parle à une dame à chapeau chargée d’éduquer deux enfants ?

Un rideau de douche et un couteau ?

Quatre notes d’harmonica dans un film de Sergio Leone ?

Un couple qui écarte les bras au milieu de l’océan ?

Jean-Paul Belmondo avec le visage peint en bleu ?

Une femme nue allongée sur un lit et qui demande à son amant « Est-ce que tu les aimes, mes fesses ? » ?

Deux hommes dans un canot à moteur. L’un des deux, habillé en femme, enlève sa perruque et dit : « Je suis un homme ! ». L’autre répond « Personne n’est parfait ! » ?

Un gamin tout nu dont le nom évoque un chapeau a bien du mal avec le conditionnel ?

Un type en pantalon bleu à rayures blanches fait tomber le nez du sphinx ?

Si le nez de Liz Taylor n’avait pas été ce qu’il fut, la face du monde en eût été changée ?


P.S. Je m’aperçois que j’ai oublié de vous parler des métamorphoses de libido vide en désir de rata et que je n’ai pas placé non plus « Métamorphose où j’ai mon doigt ! ». J’espère que d’autres y auront pensé à ma place !

4 avril 2014

Chez l'ornithologue (Joe Krapov)

- Je ne sais pas ce que j’ai, docteur, mais j’ai l’impression d’avoir des oiseaux dans la tête.
- Des oiseaux dans la tête ? Et ils font quoi ? Ils volent ?
- Non, ils chantent !
- C’est quel genre d’oiseaux ? Un rouge-gorge ? Un merle moqueur ? Quelque chose comme un moineau ? Un aigle noir ? Un épervier ? Un rossignol anglais ? Un rossignol de mésamour ? Un oiseau sur un fil ? Un oiseau rouge du buisson ? Un goéland ? Un albatros ? Un perroquet ? Un pigeon ? Un petit oiseau de toutes les couleurs ? Une pie dans un poirier ? Une alouette sur un miroir ? Un condor qui vous demande « Qué pasa ? » ?
- Non, c’est plutôt un oiseau de nuit. Un de ceux qui ont des grands yeux et qui… hululent !
- Les hiboux ?
- Oui, c’est ça, les hiboux !
- Et qu’est-ce qu’ils vous chantent, les hiboux ?
- Un truc bizarre !


- Oui je vois. Ca n’est pas du tout ça, Monsieur !
- ???
- Vous n’entendez pas des chants d’oiseaux, vous avez un air de piaf !
- Soyez poli, Docteur !
- Ce que je voulais dire c’est que vous avez un air de Piaf dans la tête !
- Et… Et dites... Qu’est-ce que je dois faire pour m’en débarrasser ?
- Mettez des boules Quiès pour dormir la nuit et dès que vous en avez l’occasion, ouvrez la cage aux oiseaux ! Regardez-les s’envoler, c’est beau !
- Merci Docteur. Je vous dois combien ?
- Ca fera 72 euros.
- 72 euros ? Mais vous êtes un vrai rapace, vous alors !
- Tss ! Tss ! Tss ! S’il vous plaît ! Pas de nom d’oiseaux dans mon cabinet ! J’en ai déjà plein la tête !

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3 avril 2014

Au revoir, Petite fleur !

1
C’était un très fumeux big band
Qui datait un peu du Big Bang :
On jouait du jazz Dixieland,
On était fringués comme Jack Lang,
Ch’veux plaqués à la brillantine
Sauf un échalas qui détonne.

Si vous aviez vu la trombine
Du gars qui jouait du trombone !

2
C’était la môme Joséphine
Qui jouait du grand saxophone.
Elle envoyait sa sonatine
Dans l’pavillon du sonotone
Des clients qui prenaient racine
Au casino de Carcassonne.

Si vous aviez vu la trombine
Du gars qui jouait du trombone !

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3
L’alto jouait du Borodine,
Le chef hurlait : « Il y a maldonne !
Vous jouez à côté d’vos bottines,
Le programm’ c’est Duke Ellington !
On doit faire danser Ernestine !
Balancez-lui un Charleston ! ».

Si vous aviez vu la trombine
Du gars qui jouait du trombone !

4
Le chanteur buvait trop de fine
Certains soirs il était aphone
Mais, toujours d’une humeur badine,
Il entamait, pour qu’on s’bidonne
La chanson d’Anna Karénine
Qu’avait composée John Lennon !

Si vous aviez vu la trombine
Du gars qui jouait du trombone !

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5
La chanteuse s’appelait Marilyn
Elle avait une crinière de lionne
Nous étions tous amoureux d’elle
De ses froufrous, de ses dentelles.
Elle électrisait toute la troupe
Rien qu’en ondulant de la croupe.

Si vous aviez vu la trombine
Du gars qui jouait du trombone !

6
N’empêche, la jolie Colombine,
C’est lui qu’elle avait à la bonne !
Aussi fûmes-nous dans la débine
Quand après le concert d’Eaubonne
Il piqua notre Marilyn
En lui promettant Babylone

Nous étions d’humeur vipérine,
Chocolats comme Toblerone !

MIC 2014 03 31 060708A_453

7
On n’y avait vu que du bleu
Il avait bien caché son jeu !
Le chef en a perdu le goût
De nous faire jouer l’blues du Bayou
L’orchestre fut dissous, c’est moche
Et on en fut de notre poche :

L’énamouré et sa gonzesse
Avaient filé avec la caisse !

8

Si vous aussi êtes musicien,
Je vous le dis pour votre bien,
Faites attention à la bobine
Du gars qui souffle dans l’trombone !

Avec sa tête d’Aldo Maccione
Il combine de drôles de machines !
Avec ses allures d’Al Capone
Il peut embarquer votr’ copine !

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28 mars 2014

Abécédaire du temps passé à la fenêtre de la rue Broca (Joe Krapov)

 

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Barbe

Le peintre en bâtiment qui repeint la maison bleue adossée à la colline de M. le forestier et qui se fait des taches de peinture sur la barbe ne s’étonnera pas de trouver sur son trousseau de clés des taches de gros rouge sang pour sang indélébiles : la tachéite chronique est extrêmement contagieuse. Sa sœur Anne l’en avait averti mais quand son tour est arrivé il n’a rien vu venir.

 

 

 

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Bobinette

Ce verrou d’un genre particulier est connecté à une chevillette que l’on tire depuis l’extérieur de la maison pour faire tomber le bousin et permettre au visiteur d’entrer dans le logis. Vous avouerez que c’est particulièrement stupide comme système d’alarme anti-cambriolage ! Certains loups-bards ne se sont pas privés d’utiliser cette faille sécuritaire afin de pénétrer chez la mère-grand comme Jean Moulin entra ici dans la légende ou comme dans un moulin empli de lettres ce dadais de Daudet fit (du samedi !)

 

  

Tableau Bottes

Botte

Sachant qu’une botte mesure sept lieues de long et deux de large soit 28 km de long et 8 de large ; sachant qu’un petit poucet mesure un pied de long soit 33,33 cm de long et 10 cm de large. Calculez combien de petits poucets on peut allonger dans le fond d’une botte de sept lieues.

Sachant qu’un autocar Illenoo contient 57 places assises, combien l'Association des bûcherons nécessiteux de la Forêt de Rennes aurait-elle dû louer de véhicules pour remplir une botte de sept lieues et abandonner au plus profond de l’étang des Gayeulles des enfants qui coûtaient une fortune en Nutella, en Nintendo et en smartphones ?
Ne cherchez pas, la réponse est 117 906 528 et le dernier bus n’est rempli qu’à moitié !

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Chat : 

Dans « Alice au pays des merveilles », le chat de Cheshire (ou de Chester) disparaît en laissant flotter un sourire derrière lui. C’est devenu depuis un signe du zodiaque et les natifs les plus célèbres en sont Jacques Prévert, Robert Doisneau et Boby Lapointe.

 

 

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 Chèvre

La chèvre est un animal têtu, naïf et aussi buté du chapeau neuf que la mule l’est du pape. A force de s’adonner à la lecture un peu niaiseuse des « Contes de l’apéro » et des « Récits des frères Grimage » elle a fini par croire que la réintroduction du loup dans les Pyrénées était un bienfait écologique alors qu’il s’agit surtout d’une réintroduction de l’agneau troubleur de breuvage dans la panse dudit loup. De même elle confond le légionnaire et le missionnaire et n’est donc pas en position de deviner ce qui va se passer quand le porteur de képi entre dans son enclos avec sa grande taille, sa beauté virile et son odeur si caractéristique de sable chaud.

 

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Houppe

Il faut être belge comme Tintin ou être étriqué comme Riquet pour porter une houppe : cette coiffure est passée de mode depuis qu’à l’arrière de son yacht on a vu DSK trinquer à la poupe avec Sherlock le friqué à la loupe et Watson qui tendait son briquet à la Boop (Betty).

 

 

 

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Petit pois

En parlant de petit pois, il était une fois une princesse qui s’appelait Nabila. Quoi ? Tu ne la connais pas ? Non mais allô quoi ! Allume ta télé et mate-la !

 

 

 

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Pomme

Alors qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour, certains esprits chagrins essaient de nous faire croire que les pommes peuvent quelquefois être empoisonnées. Ils prétendent que le slogan « Mangez des pommes » de Jacques Chirac contenait en germe dans le fruit un petit ver nerveux et gigoteur qu’on appelle « Sarkozy Fan Tutte ». Il s’agit d’une réelle nain-posture : en 1995, le démolisseur du mur de Berlin aujourd’hui rattrapé par la Stasi, plutôt que de soutenir la grande asperge molle, avait pris le parti du M’bala M’bala dur.


sept d'un coup

Sept

Si vous n’arrivez pas à imaginer ce que pouvaient bien fabriquer les sept frères Poucet dans le lit des sept filles de l’ogre, si vous ne savez pas comment Barbe-bleue a épuisé sept femmes, si vous ne voyez pas à quoi Blanche-Neige et les sept nains pouvaient bien jouer quand il y avait une panne d’électricité dans la maison, si les sept péchés capitaux sont inconnus de vous, alors allez-vous faire voir chez les sept samouraïs de la Grèce ! Ce n’est vraiment pas la peine que je me mette en quatre pour vous raconter la guerre de Troie * !

* On ne sait toujours pas d'ailleurs, à l'heure où nous mettons sous presse, si celle ci aura (botte de sept) lieu !

25 mars 2014

Je suis né en 1989 ! par Joe Krapov

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Ah non, hein ! Pas de disco ici ! 
Qu'est-ce que je vais pouvoir faire pour empêcher ça ?

Sans compter que ces rotations incessantes
du bassin des danseuses, à la longue, ça nous bassine !
Qu'est-ce que je vais pouvoir faire pour empêcher ça ?

Plus j'essaie de faire croire que je n'étais pas né en 1977
et plus la blogosphère me renvoie des images que je ne veux plus voir.
Qu'est-ce que je vais pouvoir faire pour empêcher ça ?

C'est sans doute parce que celui Qui songe à oublier se souvient encore plus !
Qu'est-ce que je vais pouvoir faire pour empêcher ça ?

Mettre une clôture de fil de fer barbelé autour de Youtube ?;-)


- Mais enfin, Jean-Baptiste ! Tu as les doigts en sang !
- Désolé, Salomé, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller vérifier sur Wikipédia si ces magnolias n'étaient pas en fait des tulipiers et je les ai écorchés au fil de fer barbelé qui entoure ce site.
- J'ai l'impression surtout que toutes ces filles du net, ces vedettes, ces Claudettes t'ont fait perdre la tête !

MIC 2014 03 24 Andréa Solari - Salomé

22 mars 2014

Le gâteau au yaourt : souvenir sarthois

Recette du gâteau au yaourt

Le recette de gâteau au yaourt réalisée à l'imprimerie Lego par Mademoiselle Zell !

20 mars 2014

Une marmite sarthoise (Joe Krapov etc.)

22 mars 2014

Se sont assemblés pour concoter une marmite sarthoise

 

Flash

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Vegas sur Sarthe ; Titisoorts ;
Joe Krapov ; Sebarjo

19 mars 2014

Souvenirs de Schiltigheim

Une fois qu’ils avaient touché leur solde, les bidasses, munis d’une permission en bonne et due forme signée du Feldmaréchal des Logis Guillaume allaient s’agglutiner en troupeau à l’arrière des camions. « Pète la ridelle ! » entendait-on. A Strasbourg, ils envahissaient le hall de la gare pour s’entasser ensuite dans les wagons du train pour Paris. Cela constituait un joyeux melting-pot, un tumulte plein d’insultes venues « des quatre coins de l’hexagone ». Les Bretons s’en retournaient retrouver leur celtitude vers Le Pouldu ou Saint-Cast-le-Guildo, les Normands bouffer de la crème fraîche et des « p’têt’ben qu’oui p’têt’ben qu non » à Villedieu-les Poêles. Je ne me souviens plus si le train traversait ou pas Sainte-Menehould mais ça n’a pas d’importance.

Même quand nous n’étions pas de garde ou consignés Aldebert et moi restions à Schiltigheim. Dans la caserne enfin calme, dans la piaule dortoir vidée de ses exaltés, nous sortions du placard une bouteille de Rivesaltes et c’était un bol d’air que d’opérer cette halte œnologique et de prendre ainsi de l’altitude par rapport aux théories de Paul Déroulède.

- Le malthusianisme est le mal du siècle, disait souvent Aldebert. Les militaires pratiquent cette criminelle doctrine en ôtant la vie des enfants des autres.
- Et éventuellement les nôtres ! ajoutais-je alors.

Après le repas du soir, Aldebert m’empruntait mon gel douche, allait se laver, se shampouiner puis il revenait vêtu de son peignoir en éponge blanc, roulant des épaules comme Aldo Maccione, une vedette italienne des nanars de l’époque qu’il imitait à la perfection. Il s’allongeait ensuite sur sa paillasse et lisait « Vol de nuit » de Saint-Exupéry ou l’intégrale des œuvres du natif de Ville d’Avray, Boris Vian, que je chérissais moi aussi. Je ne manquais jamais, d’ailleurs, ces fins de soirée-là, d’entonner sur ma guitare la « Java des bombes atomiques » et, en sourdine quand même, « Le Déserteur » et « Le Joyeux tango des bouchers de la Villette ».

MIC 2014 03 17 Schiltigheim

Le samedi après-midi, nous rendions visite aux filles des deux maisons. Il y avait encore à Schiltigheim, à l’époque, des maisons colorées comme on en voit dans le quartier de la vieille France à Strasbourg : garnies de couleur bleu cobalt, rose,  moutarde, vert olive, elles mettaient dans la ville « de garnison » autant de gaîté qu’à Burano près de Venise les pêcheurs en ont mis ou qu’à l’île de Groix en Morbihan où les maçons italiens ont aussi œuvré au bonheur des yeux.

Dans la maison rose sévissait – mais quels doux sévices c’étaient ! – la blonde Brunehilde. C’était notre chèvre Amalthée, notre Paris Hilton, un Val de grâce à elle-toute seule que cette belle dame. Entourée d’un cénacle de poètes disparates, elle était la maîtresse d’œuvre de ces matinées littéraires au cours desquelles elle-même jouait de l’alto entre deux déclamations. De vieux émules rimbaldiens se lançaient dans « Le bateau ivre », des dames à chignon exultaient de contentement en susurrant du Paul Géraldy. Dans cette guilde de vieillards accros à la Boldoflorine, Aldebert et moi n’avions aucun mal à surprendre et à détendre l’auditoire avec nos interprétations de Boby Lapointe et nos reprises de stupidités de Georges Milton : « Je t’attendrai sous l’Obélisque » « On se fait pouêt pouêt » ou « C’est pour mon papa ». Autant d’appels cachés ou de déclarations d’amour subliminales à la « golden hair lady of the pink house ». Notre désir le plus fou relevait de l’héraldique : nous rêvions de lui interpréter un jour « Le blason » de Georges Brassens !

MIC 2014 03 17 Maison blanche et maison rose

Sur le coup de cinq heures nous remettions nos paletots et nous nous transportions dans la maison voisine dont la forme identique et le pignon blanc pimpant évoquaient le palais de « Dame Tartine » ou la maison d’Hansel et Gretel – Hansel et Bretzel comme disait Georges W. Bush avant de s’étouffer avec -. Nous passions justement en quelques mètres d’un univers artistiquement altruiste à un monde plus sombre et sauvage, romantique, germanique et gothique, des pages « culture » du « Monde » à celles de « Die Welt der Geister ». Ce journal trônait dans l’entrée avec « Bild » et Hildegarde nous accueillait avec cordialité mais distance. Sa chevelure aile de corbeau, son teint pâle, son regard noir et froid comme un hiver moldave, ses pulls en mohair et ses jupes écossaises plissées comme des kilts nous faisaient rêver à moult flambées dans la cheminée et de whisky pur malt mais avant la séance on n’avait droit qu’à de l’Ovomaltine au goûter.

- Posez-là votre guitare, Gerald !" m’ordonnait-elle en nous faisant pénétrer au salon. Comment va ma voisine Brunehilde ? Je voulais aller l’écouter en concert à la cathédrale de Strasbourg mercredi mais c’est sold out.

MIC 2014 03 17 Wild Bill Hickok

Nous étions toujours les premiers. On attendait en caressant le chat noir l’arrivée d’Ysolde Schwarzwald, une demoiselle grassouillette sans laquelle rien n’eût pu se faire car c’était elle la médium. Puis venait Jean-Balthazar Chanal, un type un peu louche qui avait voyagé des Maldives jusqu’au delta du Gange et qui, par sécurité, disait-il, se baladait avec un Colt dans la poche droite de son long manteau à la Sergio Leone qui lui donnait de faux airs de Wild Bill Hickok.

Une fois que le quintette était au complet, on fermait les volets de la maison blanche, et, comme l’appelait Aldebert, la séance de « Spirite in the sky de Norman Greenbaum » commençait. Poltergeist, es-tu là ?

En fîmes-nous tourner, des tables, à cette époque ! Avec quels esprits tordus n’entrâmes-nous pas en communication ! Il y eut un Ildefonse de Tolède dont nul(le) d’entre nous n’avait entendu parler, une Mary Bolduc qui comprenait tout de travers, un esprit voyageur qui nous a contactés depuis l’étoile Aldébaran dans la constellation du Taureau, Harald III de Norvège et puis une Mrs Vanderbilt qui est revenue souvent, vivant dans la jungle, couchant sous une tente avec M. Paul de Liverpool, à ce qu’elle prétendait.

- Hold on baby, hold on ! » conseillait Chanal à Mlle Schwarzwald quand il sentait que la médium était sur le point de défaillir.

Sous la table, souvent un pied frottait le mien. Mais à qui donc pouvait-il bien appartenir ?

MIC 2014 03 17 faire du pied

MIC 2014 03 17 spiritisme

Nous en causions parfois avec Aldebert à la pizzeria où, le soir, nous nous reconstituons à coup de platées de spaghetti al dente ou au Balto, plus tard, quand, survoltés, nous jouions au flipper jusqu’à ce que la bécane trop secouée finisse par faire tilt.

- Moi aussi on m’a fait du pied, répondait-il mais en matière de drague, si tu veux bien, chacun se mêle de ses oignons. Socrate a dit : Le secret du changement, c'est de concentrer toute son énergie non pas à lutter contre le passé, mais à construire l'avenir.

Je ne sais pas quel avenir Aldebert s’est construit. Lorsqu’est arrivé le temps de la quille, je l’ai laissé allongé ivre-mort sur un banc de la gare de Strasbourg et je ne l’ai jamais plus revu. Je ne sais pas si Brunehilde n’est pas devenue une « old laughing lady » comme nous en connaissons tous maintenant que les gens vivent plus vieux. Je ne saurai jamais si c’était Hildegarde ou Ysolde qui me faisait du pied sous la table tournante. Ou Aldebert ou Chanal ! Et je me demanderai toujours si ce Chanal-là avait quelque chose à voir avec l’adjudant qui séquestrait des appelés dans sa camionnette à la même époque du côté de Mourmelon-le-Grand. Si c’était le même, alors, malgré les gardes par – 15°, la fraîcheur du Gewürztraminer et la neige dans le paysage d’Alsace, je pourrai dire que j’ai eu chaud à Schiltigheim !

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