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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

9 mars 2018

PRÉSENTATIONS

- Nous ne sommes pas n’importe quelle famille Dupond, cher monsieur Dupont ! Je descends du fameux archiduc Ludovic XXX Dupond, du Gard, dit «le Père trie-arches» qui conçut et fit construire le fameux aqueduc !

- Et moi, cher Monsieur Dupond, il y a dans mes ancêtres Patrick Dupont III dit «le Danseur» qui fit bâtir en Avignon le premier dance-floor en plein air et lança les premiers stages de danse d’endurance !

- Ô mes aïeux ! Parmi les miens il y eut Adeline Dupond d’or dite «la Poule de luxe» qui fut une des maîtresses d’Henri IV de Navarre !

- Que d’artistes aussi, si vous saviez, dans notre dynastie ! Guillaume III Dupont-Mirabeau dit «la Force du stand-by honnête» qui brilla sur la scène et dans son lit mais fut aussi un grand poète malgré son penchant pour les alcools forts.

- Chez nous il y a eu Pierrot XII Dupond, de Nemours, dit «le Clown blanc», dont la voisine battait le briquet !

- Oh le pauvre chien ! J’imagine qu’il n’y avait pas la SPA à l’époque ?

- Et aussi Alma Dupond, dite «l’Alma Donna», la première comique troupière qui égaya par ses tournées les régiments de zouaves et de spahis de nos colonies. Vous connaissez sûrement son plus grand succès : «La main du masseur». A la fin des concerts elle leur lançait sa petite culotte ! Succès garanti !

- En parlant de zouaves, il est temps de parler des militaires ! Oh comme il y en eut, dans notre famille ! Jean XXXVIII Dupont d’Arcole, dit «le Petit stade oral» et Philippe XV Dupont de la rivière KwaÏ dit «le Grand siffleur de bacchanales». Sans oublier Isidore Dupont-Euxin dit «La Cloche alerte» qui s’illustra par ses hauts faits sous Alexandre et sur Fanny.

- Il y en eut tout autant chez nous ! Henri XV Dupond de Tancarville, dit «le Boit comme un trou normand», Louis Dupond CC (deux « c ») dit «le Traverseur», etcetera, etcetera.

- Et des médecins ! Mon arrière-arrière-grand-mère est Ernestine XXXIII Dupont-Cif, dite «la Monacale». Elle fut la première femme-dentiste navigante. Elle posait des bridges sur le Mermoz. Elle était experte dans sa partie et n’a jamais fait aucun mort.

- Mon ancêtre Augustine XXXIII Dupond-Tamousson dite «Dieù Bien Fît»soigna toute l’Indochine française jusqu’en 1954.

- Je ne vous rappellerai pas l’existence des hommes de sainteté dans notre dynastie. Roger Dupont l’évêque, dit « le Coulant » ! Erwan premier Dupont l’abbé dit «le Johnny bigouden du cap Sizun» !

- Chez nous Amand Dupond IX dit «le Né trop tôt» faillit être élu pape en 852 avant Jésus-Christ ! C’est vous dire !

Ils arrêtent d’aligner leur pedigree.

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- Et donc… Vous et moi, cher monsieur Dupond, nous allons faire équipe dans cette vénérable institution qu’est la police belge ? C’est fantastique, cette rencontre !

- Et cette ressemblance, surtout ! Dites-moi donc… sans indiscrétion… Quel est votre prénom, cher monsieur Dupont ?

- Je suis Jean 26238 Dupont dit « Ré bémol mineur ». Et vous, cher Monsieur Dupond ?

- Je suis Jean 34221 Dupond, dit « Ré même + ».

- Eh bien, mon cher Jean, je sens que nous allons constituer un duo exceptionnel !

- Je dirai même plus, répondit Ré même +. Un duo exceptionnel !

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2 mars 2018

ECRIRE à RIMBAUD. 14, Carrousel

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière 
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

« J’avais rendez-vous, j’avais rendez-vous…
Dis-moi… Après quoi on court ? »

Carrousel 

 

DDS 496 Mary Poppins

Si comme le chantait jadis Nicoletta « ma vie est un manège » et que « ce manège tourne bien », c’est qu’il tourne en rond ! Pas question pour moi de jouer ces temps-ci les Mary Poppins et d’emmener galoper dans la nature les chevaux de bois du carrousel. Pas question de me trouver mêlé à quelque chasse à courre, j’ai trop peur de devenir le gibier dans ce monde où le trafiquant d’armes et le maffioso de tout poil mènent leur manège au grand jour, ont pignon sur rue.

D’ailleurs mon destin est semblable au tien ! Malgré ton désir de fuite tu t’es finalement retrouvé planté à Charleville-Mais-Hier où tu fais désormais office de chapiteau de cirque, où tu trônes en effigie sur la caisse du carrousel local. De mon côté, en tant que musicien épisodique, pas question de décoller, côté tournées ! A part celles qu’on s’envoie aux bars, bien sûr ! Les dates de concerts ne se bousculent pas au portillon du train fantôme. J’irai juste faire un tour à Tours en juin et sinon je suis condamné à enfourcher un renne à Rennes. A preuve l’excellent gag de l’autre jour. 

170709 Nikon 116

- Assieds-toi, j’ai reçu un coup de fil pour toi, me dit Marina B., ma préposée au téléphone fixe quand je suis le mardi au club d’échecs ou à l’atelier d’écriture. Une chorale de quinze personnes s’est montée à la Maison de quartier de Villejean. Elle s’appelle la Ritournelle et elle cherche… un guitariste !

Bon, d’accord ! Il faut savoir que j’ai déjà fait le clown là-bas de 1998 à 2008 à faire chanter « La java bleue » et « la Valse brune » à des dames aux cheveux argentés ! Recommencer ? Alors que je me suis remis à jouer aux échecs le mardi après-midi et que ces dames de « La Ritournelle » ont choisi cet horaire-là pour chanter. Choix cornélien ! Sur quel dada vais-je monter ? Dois-je refaire ce que j’ai déjà fait ?

C’est que tu ne connais pas mon bon cœur, mon cher Arthur ! Il sait quand il le veut faire se faire plus sirupeux qu’une musique de limonaire ! Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour aller fredonner « Les Roses blanches » « Mon amant de Saint-Jean » ou « Le Tango corse » ! Mais bon, tel qu’il est, il me plaît ! Moi en général, les gens de mon voisinage, « tels qu’ils sont ils me plont », comme disent Annie Cordy et Renaud Séchan quand ils chantent ensemble.

Donc le mardi suivant je préviens mes potes d’échiquier que je ne pousserai pas le bois avec eux cet après-midi-là. C’est drôle, là où on joue, ça s’appelle « le Diapason » ! La musique me poursuit partout ! Et je me retrouve comme prévu avec des retraitées en goguette dans la salle Mandoline - ça ne s’invente pas non plus ! -. Après un rapide tour de table et une présentation du musicien à deux balles et de sa guitare à douze cordes on entame la répétition dans un désordre digne de la Yougoslavie autogestionnaire de jadis. Chacune y va de sa suggestion et la cheffe du groupe, c’est-à-dire la personne la plus malléable de la bande, accepte de commencer par « la chanson sur la Vilaine qui est si drôle ».

Chouette, me dis-je in petto. Man, tu vas mettre une nouvelle chanson drôle dans ta guitare !

- Vous la connaissez ? me demande-t-elle en me mettant sous le nez une chanson timbrée qui se chante sur l’air de « En passant par la Lorraine ».

- Si je la connais ? Et comment ! C’est moi qui l’ai écrite !

Et voilà comment on se retrouve embauché pour une autre répète le 13 mars et un concert-karaoké à la maison de retraite voisine le 14 !

- C’est pour quand, l’Olympia ?
- Tais-toi et rame, Joe Krapov !
- Mais ce n’est pas un bateau, c’est un avion dans lequel je suis monté !

A part-ça j’ai continué à lire ici et là des bouquins qui parlent de toi.

Rien à redire sur le "Rimbaud le fils" de Pierre Michon. Il est bien écrit, comme du Proust, avec l’avantage que si les phrases sont longues, le bouquin et les chapitres sont courts ! Au bout du conte on n’apprend pas grand-chose de plus.

J’ai laissé tomber les « Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers » de Philippe Videlier. Très bien écrit, passionnant même mais c'est en fait un livre-roman-étude historique sur la ville d’Aden. On y narre, au début, quelques horreurs sur ton compte. Que tu envoyas proprement promener ta compagne-concubine-servante abyssine Mariam et surtout que tu empoisonnas un temps les chiens du voisinage qui venaient uriner sur tes sacs de café !

Désolé, mais pour moi tu n’avais pas mérité que l’on te mît au mitard pour cela ! Le café ça doit se boire très fort et ne pas être du pipi de chat. Encore moins de chien. Dans mon Pas-de-Calais natal on appelait la lavasse « chirloute » et le café de ma grand-mère dans lequel la cuillère se tenait droite toute seule tant il était costaud était baptisé « Tortosa ». Si le premier terme est avéré, je n’ai pas trouvé trace du second sur Internet.

Et donc, pour en revenir aux chiens, ce n’était que légitime défense ! Parce qu’il y en a certains, des clebs, dans le genre empoisonneurs d’existence, ils se posent un peu là, non ? Je vais encore me faire des copines avec cette phrase, tiens ! Le fan-club de Jackie Russell , par exemple !

Et enfin, à propos de Charleville et Monthermé, sache que j’ai un mal fou à trouver du temps pour enregistrer « Un clair de lune à Maubeuge » en vue de coller ce morceau sur mes photos de « ma croisière sur la Meuse » ! Peut-être vais-je confier cette ritournelle à la Ritournelle – quand ces dames auront fini de me réclamer du Michel Sardou, du Chimène Badi et du  Florent Pagny - ! Ah la la ! Savoir aimer, c’est dur ! Mais je prêche un convaincu !

En attendant comme elles m’ont un peu massacré « Je ne regrette rien », je n’ai plus aucun scrupule à faire un mauvais sort à « Mon manège à moi » pour aligner mes photos de carrousels !

Dors en paix, camarade Arthur, empereur posthume du pays de Poésie ! Sans le savoir, tu as décroché le pompon et tu continues à jamais, à cause de fous dans mon genre, à faire des tours gratuits dans la nuit pleine de ducasses de l’Internet en folie ! 

24 février 2018

PÉRIGÉE - APOGÉE

IL 2018 02 19 Lune de sang final

L’image centrale, illustrant le phénomène de Super Lune, a été empruntée ici


Ecrit pour les Impromptus littéraires du 19 février 2018

d'après cette consigne mais pas envoyé.

23 février 2018

ET PAS QU’UN PEU !

DDS 495kaleid11Chaque fois qu’elle revient à Rennes-en-Délires, la toujours pétulante Isaure Chassériau va saluer rue de Dinan son oncle Camille Cinq-Sens. L’oncle Camille tient, en face de l’église du vieux Saint-Etienne transformée en théâtre, un bistrot à l’ancienne baptisé « Au Vieux Saint-Etienne ».

Autrefois, en des temps hélas révolus, on pouvait lire sur la vitrine quelque chose comme « Ici on peut apporter son manger » mais les temps sont devenus durs et depuis que l’oncle a épousé la belle Agata aux talents culinaires si incontestables qu’ils sont mesurables à l’embonpoint du patron, le bistrot fait restaurant et on ne peut plus apporter que son franc-parler, son goût de la rigolade et ses cris du cœur.

Le cœur n’apparaît pas que dans les cartes des joueurs de belote qui viennent là taper le carton l’après-midi. Lorsque la nuit est tombée ou le matin, avant que le café n’ouvre, quand les volets sont fermés, on en voit quatre qui sont percés en haut des panneaux de bois.

DDS 495 96706808Même si la rue semble déserte il vient beaucoup de monde dans ce café : le public et les artistes du théâtre situé en face, les gens du quartier, les Rennais qui font leur marché sur la place des Lices le samedi. Car la rue de Dinan prend naissance au bas de celle-ci, dans le prolongement de la rue de Juillet. Le mardi après-midi, maintenant, il y a Joe Krapov et ses potes qui viennent pousser du bois sur leurs jeux d’échecs Kasparov sans lettres ni chiffres sur le côté ! On ne sait pas comment ils font mais ils ont beau être huit inscrits ils sont toujours en nombre impair pour jouer et le dernier arrivé est obligé de kib(b)itzer. Ce jour-là, ça carbure en silence, chez Camille. Et pas qu’un peu.

Parfois l’après-midi, aux heures creuses, Camille vient s’asseoir avec ses vieux potes Jacques-Henri Casanova et Jean-Emile Rabatjoie. Ils ont tous les trois des ciseaux et découpent des vieux numéros de Télérama « le journal qui ne jure plus que par Harvey Weinstein pour pouvoir parler de sexe à tous les étages et même sur la couverture». De ces découpages collectifs, Jean-Emile réalisera ensuite des collages surréalistes qui n’ont rien à envier à ceux de Jacques Prévert qui est leur maître à panser les plaies de l’existence. Encore que ces trois-là n’ont rien de grand blessés : ils se marrent tout le temps. Et pas qu’un peu !

Sauf aujourd’hui où, après avoir embrassé Isaure, Camille est obligé de répondre à la question « Et à part ça, la santé ? ».

- Ah ! Ne m’en parle pas ! Les médecins me font chier ! Et pas qu’un peu ! Tu veux que je te raconte la dernière ?

- Peut-être pas, Camille, intervient tante Agathe, on va bientôt passer à table !

- Si, si  ! Raconte, Camille ! protestent Petitprince et Lemouton, les techniciens régie de l’église-théâtre d’en face. Tu es inénarrable quand tu narres !

- Rigolez, rigolez, les jeunes ! Un jour ça vous arrivera aussi, même si vous n’êtes pas malades ! Et d’ailleurs, pour répondre à Isaure, je suis en parfaite santé ! Simplement, comme tout le monde, j’ai l’ADECI au cul !

- C’est quoi ? Un genre d’hémorroïdes ?

- Pire que ça ! Une secte de dingues du principe de précaution ! Dès que tu as cinquante piges ils te sautent dessus ! Ils t’emmerdent tous les deux ans en t’envoyant un courrier pour que tu participes à leur jeu-concours de merde !

- Sois moins grossier, mon oncle ! Tu sembles bien énervé aujourd’hui ! Et pas qu’un peu !

- Il y a de quoi ! Non seulement je perds toujours à leur jeu à la con mais en plus cette année j’ai été disqualifié ! Et c’était même pas de ma faute !

- Tu ne m’as toujours pas dit ce que c’était que ton… « indécis » ?

- ADECI ! abrège Agata. C’est pour pister le cancer du colon !

- Et ça marche aussi pour le lieutenant et le sergent-chef ! plaisante Lemouton.

DDS 495 mode d'emploi- C’est simple, explique Camille. Enfin non, c’est hyper compliqué. Il faut tu ailles aux toilettes et que tu colles une espèce d’origami sur la lunette. Ensuite tu fais ta grosse commission mais tu ne dois pas mélanger ton pipi et ton caca ni déchirer le papier ni faire tomber ta crotte dans le trou. Quand tu as terminé tu prends la pince à tiercé qui est dans le tube du kit.

- ???

- Tu prélèves dans ton étron, à trois endroits différents, à l’aide de la tige verte, de quoi recouvrir la partie striée. Puis tu remets la tige dans le tube que tu secoues énergiquement.

- Aller aux toilettes pour se secouer la tige, ça n’a rien de l’amour sorcier, en même temps ! commente Agata qui, de temps en temps, – elle est native de Bogota - a des saillies involontaires du fait de sa maîtrise plus ou moins colorée de notre langue. Après reste plus qu’à coller les étiquettes et renvoyer.

- Sans oublier de décoller l’origami et de le vider sans s’en mettre plein les doigts !

- On dirait un rituel de l’église scatologique, ton truc, ajoute Petitprince. C’est qu’un mauvais moment à passer, pourquoi ça te rend vert ?

- Avant ils t’envoyaient le matos pour jouer. Maintenant tu dois aller le chercher chez ton médecin maltraitant. Et regarde le résultat !

L’oncle se retourne et prend parmi les cartes postales accrochées derrière son bar un courrier d’un laboratoire de biologie.

DDS 495 courrier labo


- J’ai été éliminé à cause d’un problème de gestion de stock ! Les touillettes du toubib étaient périmées ! Et pas qu’un peu !

Tout le monde, à l’exception du taulier, est hilare dans le bistrot.

- Alors t’as dû recommencer ?

- Oui mais cette fois je n’avais plus les étiquettes autocollantes du courrier d’invitation. J’ai dû réécrire tous les renseignements à la main sur leur fiche à la con et même sur le tube. Est-ce que je le connais, moi l’organisme de rattachement du médecin traitant ? J’ai laissé la case vide. Si ça se trouve ils vont me disqualifier encore une fois à cause de ça. Le pire c’est que j’ai retrouvé la feuille avec les codes à barre après avoir renvoyé le tout.

- Des codes à bar pour un patron de bistrot, c’est indiqué, non ? en remet une couche Lemouton.

- Je ne sais vraiment pas pourquoi j’y joue encore à leur jeu, je ne gagne jamais ! Ca fait dix ans qu’ils me répondent «résultats négatif» d'un air désolé !

- Oncle Camille, réfléchis ! Il vaut mieux qu’ils ne trouvent rien, tu ne crois pas ? Avoir un cancer, ce n’est pas très drôle !

- En attendant c’est chiant, leur truc. Et pas qu’un peu !

- En même temps, comme on dit maintenant, tu m’as bien cassé mon coup ! ajoute Isaure. Je vous avais amené des cadeaux à la tante et à toi, mais je ne vais pas pouvoir vous les offrir.

- C’est gentil, chère Isaure, remercie Agata. Je suis prendeuse quand même. Ne tiens pas compte des bêtises de ton oncle. On les a déjà oubliées.

Isaure sort alors deux paquets de son grand sac à main rose. Le premier, plus petit, est pour l’oncle. Camille déchire le papier cadeau et découvre le DVD de la saison 3 de « La minute vieille ».

- Trop bien ! apprécie-t-il. Trop bien vu, ça va me plaire ! C’est la seule émission que je trouve regardable sur Arte !

Lorsque Agata déchire le sien tout le monde éclate de rire et pas qu’un peu dans le bistrot : ce sont des crottes en chocolat !

16 février 2018

Léon, Lucette, Sam et Yvette : atrabiloute ?

sucettes 45

Je ne suis pas de caractère
Atrabilaire.

Un jour sur deux je suis jovial,
L’autre d’humeur primesautière.

J’aime les guinguettes printanières ;
J’y garde le sac de ma copine
Car je danse vraiment trop mal.

Je reste derrière ma chopine,
J’observe le cérémonial
Du fest-noz, de la boîte, du bal
Populaire.

Et comme j’ai aussi la guitare amicale
Je chante des javas pour plaire
Aux défiantes septentrionales
Qui aiment quand ça part en sucette ! 

Spécial dédicace à Maryline18 qui a pondu   ici  ces  paroles immortelles !

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14 février 2018

Les romans qu'on aimerait pouvoir lire !

Célestine Troussecotte - le désarroi de Paris

9 février 2018

L'hôpital se moque de la Charité

Qui dira les ébats
Du zébu
Sur les bords du Zambèze ?

DDS 493 vestiaire gratuit

Qu’il danse la samba,
Ayant bu,
Ou bien la javanaise,

Le mambo, la cumbia,
Le gumbé (très pointu !)
La polka lorientaise,

Qu’il essaie la rumba,
Fort imbu,
Il n’est jamais à l’aise.

Et pourtant, ce gars-là,
Comme il bosse
Pour devenir le roi
De la soirée de gala
Du dancing Macumba !

Ecoute-moi, zébu !
Petit conseil d’ami
Pour concours d’élégance

Transmis depuis la France :

Mets de l’eau dans ton vin !
Prends un air moins bovin !
Pour devenir the boss
Des dance-floors poitevins
Mets ta bosse au rebut,
Bouge un peu plus ton cul !

Et puis, par Belzébuth,
Pour une allure altière,
Pense donc à mettre un fute
Par-dessus tes glaouis
Et à laisser tes cornes
Au vestiaire :
C’est gratuit !

DDS 493 danseur zébu

2 février 2018

RÉCAPITULAYÉTIF (Joe Krapov)

Kikséti l’yéti ?

C’est-y le hobereau de l’ubac ?
Le roi des hypocondriaques ?
Un iatrophobe un peu braque ?
Un chasseur de doryphores
Buveur de Monbazillac ?

Un manieur de vilebrequin,
Un fêlé du bidouillage,
Un fabriquant de clepsydres
A la va comme je te pousse ?
Une fripouille de quarterback ?

Adrienne 2203273366

(image empruntée à Adrienne)

Y danse-t-i l’yéti ?

Y danse-t-i la lambada
Au son d’un vieux gramophone ?
Y fait-y le saltimbanque
Sur des rythmes de syncope
Balancés au saxophone ?
Y suit-y cure de jouvence
En écoutant du vieux rock
Avec des noctambules nazes
Qui cherchent un poil d’extase ?

Y mange-t-i l’yéti ?

C‘est y un jobastre qui
Hante les wagons-restaurants ?
Un goinfre qui se nourrit
De witloofs au kangourou,
De sauterelles xylophages
Et de nouilles au lipizzan
(Mon royaume pour un cheval !
Mon droit d’aînesse pour des lasagnes !)
En buvant du xérès d’antan ?

Ouksétikilé l’yéti ?

C’est y un thuriféraire
De très sainte-Ubiquité
Caché de manière fortiche
Dans le un vertical d’un poème acrostiche ?

Le vois-tu au téléscope
Ou dans ton kaléidoscope ?
Y’est-y gravé sur l’obélisque ?
Y’est-y tatoué sur l’odalisque ?
Caché dans les rhododendrons ?
Planqué derrière un paravent
Pour préparer des maléfices ?

Y s’chass’-t-i l’yéti ?

Yaka prendre quinze fusils
Ou bien quatre-vingts chasseurs
Ne pas craindre dans la nuit
De pister cette fripouille
Dans les montagnes des Pouilles
D’être taxé d’ostracisme
Envers les Himalayens…

- Tartarins, mes camarades !
Cessez vos rodomontades !
Ecoutez l’iconoclaste
Prompt aux procrastinations !

Ce yéti n’est rien qu’un mythe
Inventé après une cuite
Par un Bhoutan-train ironique
Pour le plus grand bonheur de nos zygomatiques

Rien ne glossaire de courir
Dans la neige, d’y souffrir,
D’y bleuir et d’y mourir !
Il vaut mieux choisir d’en rire !

DDS 492 107984875_o

31 janvier 2018

Quid sur l'échiquier voisin, le 30 janvier 2018 ?

Après un début Ponziani bien timide on aboutit à une position quasi égale et bien fermée des deux côtés. J'ai terminé ma partie et suivi celle-ci au moment où tout explose grâce à une attaque des tours noires sur la colonne h. Les blancs auraient pu mieux résister mais avec des si on mettrait Lutèce en amphores !

26 janvier 2018

Rimbaud n’a pas chanté en v(a)in !

En atteste ce poème retrouvé récemment et publié dans le numéro 1 
de janvier 2018 de la revue "Rions un peu avec Rimbaud !"
(Rennes : Editions du Petit port et de la Haute-Folie) :


"Paul est toujours entre deux vins,
Entre Xérès et Saint-Pourçain,
Offrant les délicieux bouquets que voici,
De fruits, de fleurs, de feuilles, de branches,
Entre Nuits-Saint-Georges et pitanche,
Affrontant son dragon et sa grise souris.

Nous allons de Paris à Londres via Bruxelles
Pleins d’effervescence et gaîté
Entre Corbières et Châteaugay.

DDS 491 Ronald searle plein d'effervescence et de gaîté 

Notre verbe est subtil et de grand richesse
Intense, aromatique, avec beaucoup de corps
Entre Pécharmant et Cahors.

Rude, mais généreux,
Bien qu’encore un peu vert et promettant beaucoup,
Notre aspect d’hommes jeunes et quelque peu artistes
Plaît ou déplaît surtout
Entre Petit Chablis et Cabernet d’Anjou.

Bien sûr que nos plaisanteries
Manquent quelque peu de finesse !
C’est que c’est difficile d’être bien rond et souple
D’avoir un parfum floral prononcé
Entre Romanée-Saint-Vivant et Valençay.

Mais notre couple est bien équilibré
Et présente beaucoup de caractère
- D’autres diraient plutôt «spécial» -
Entre Côte-Rotie et Jurançon l’Etoile.

Seulement quand le vin a été tiré
Et la balle aussi,
Quand il a fallu boire le calice jusqu’à la lie
Entre Clos-Vougeot et Reuilly
Les juges ont considéré
- Pauvre Lélian
Entre Hermitage et Frontignan ! –
Qu’il mériterait d’être laissé
En cave pendant au moins trois ans.

DDS 491 Ronald searle en cave

C’est vrai tout ce qu’on a pu dire
De moi :
Que j’étais sensuel et charmeur
Avec un goût de terroir très prononcé
Entre Chambertin-Clos-de-Bèze et Touraine-Noble-Joué.

Sans doute que le charme me viendra en vieillissant
Entre Pouilly-Fuissé et vieux Châteaumeillan.

J’aurai un délicieux arrière-goût de fumée
Je deviendrai quelqu’un de grande classe,
Très recherché
Entre Chablis Grand Cru et Bâtard-Montrachet !

Joliment charpenté et souple,
Vigoureux et bien membré,
Entre Moulin à vent et bon Clos-des-Lambrays.

***

Paul est toujours entre deux vins,
Entre Xérès et Saint-Pourçain.

Un soupçon d’acidité s’est glissé dans nos verres.

Ô pourriture noble !
Ô destin du vignoble !

Tout s’est terminé dans un trouble intense
Entre Gigondas et Baux-de-Provence" !

 

P.S. 1 On trouve ici (Rimbaud invisible sur deux photos, par David Ducoffre) un lien plus fort encore (?) entre Rimbaud et le Xérès : « Non, Rimbaud n’a pas dégusté, « sous les vérandas de l’Hôtel Suel », de « cette glace pilée, mélangée de Xérès, d’alcool, de citron et de cannelle, qui constitue le Sherry gobler [sic pour « cobbler »] et qui est la boisson préférée de l’Européen dans toute la zone torride » selon les dires d’Edmond Courtois dans ses souvenirs de voyage au Tonkin parus en 1890 ».

P.S. 2 Les illustrations de ce billet sont tirées de "Parler en vin" de Ronald Searle.

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