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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

17 février 2012

Le clochard céleste (Joe Krapov)

- Vous invitez le nombre d'ami(e)s que vous voulez à passer un dimanche midi chez vous. (Attention : plus on est de fous, plus on rit et plus il faut mettre de riz pour accompagner la viande et les fruits de mer de votre paella).

Ils ont obligation d'amener avec eux tout leur stock de cartes routières, même périmées, même dépenaillées. Michelin, IGN ou autres, toutes les cartes sont acceptées sauf la carte bleue : les jeux d'argent sont interdits chez vous comme chez moi. (De toute façon, comme on nous envoie toujours nous faire voir chez les Grecs, chez nous c'est comme chez eux : du fric il n'y en a plus, les banques ont tout piqué).

Après le repas, suivi de café et peut-être pousse-café en option on pousse obligatoirement tous les meubles et on s'assied en rond par terre sur le tapis indien comme dans la chanson « Germaine » de Renaud. (C'est la seule que je connaisse par cœur avec "La chasse aux papillons" de Brassens. Cette considération n'a rien à voir avec le reste mais il faut que vous appreniez à rester zen).

DDS181 haïku jardin zen

Chacun aura marqué ses cartes de ses initiales ou d'un signe distinctif en vue de les récupérer à l'issue du jeu. Elles peuvent toujours servir, même si, comme sur la nôtre, le contournement de Mûr-de-Bretagne par la quatre voies n'y est toujours pas mentionné. (Le Conseil général des Côtes d'Armor semble plus rapide dans l'avancée de ses travaux que les upgraders de chez Michelin. En fait la raison principale de ce bug tient surtout au fait que notre carte de Bretagne date de 1984. Ce serait bien qu'on en rachète une plus récente mais au moins, nous on ne s'engueule pas en voiture comme Jean-Pierre Berthoise et son épouse).

DDS181 haïku vélo

Le jeu commence. Le donneur mélange les cartes, les donne à couper à son voisin de gauche. (Mais non, Roger, pas avec des ciseaux ! Il est con lui, eh !). Puis il en distribue 5 à chacun.

Une main innocente (Kevin ? Jennyfer ? Nicolas ? Jules ? Léonie ? Théo ? Léa ? Aïcha ? Mini-Poune ?), en tout cas quelqu'une qui ne prend pas part au jeu aura choisi auparavant dans le dictionnaire ou sur Wikipédia une des 36000 communes françaises qu'il ou elle suppose inconnue de tous. Le nom de cette minuscule cité est donné en pâture aux participants. Chacun déplie alors ses cartes et cherche à localiser Saint-Georges-de-Gréhaignes ou Condat-sur-Ganaveix sur le territoire français en regardant dans son jeu.

DDS 181 haïku lampadaire

Même si on le trouve assez vite énervant, c'est un jeu qui rend très zen. Il a au moins un avantage. Pendant que vous faites ça personne ne vous rebat les oreilles avec un omniprésident qui va entrer en omnicampagne pour omnipromettre d'omnirompre avec tout ce qu'il n'a pas omnifait pour faire omnipire encore. (Superbe et généreux ce jour, j'ajoute la version de droite de cette phrase pour celles et ceux qui envisagent de le soutenir : "Pendant que vous faites ça personne ne vous rebat les oreilles avec une envie d'être président et de mener campagne pour promettre de rompre avec tout ce qu'a fait notre civilisation supérieure alors qu'on sait très bien qu'ils ou elles n'ont aucune expérience en matière de népotisme, de bling-bling ou de talonnettes, ces malhonnêtes !).

DDS 181 haïku chapelle

- Et qu'est-ce que gagne celui qui triomphe de l'épreuve ?
- Le droit d'inviter à son tour les autres pour un repas chez lui et une autre séance de satori à Paris
- C'est le nom du jeu ?
- Maintenant oui, au départ c'était satori à Mimizan-plage parce que j'en ai eu l'idée en rêve en me réveillant à 6 heures du matin le mardi 14 février 2012. « Satori à Paris », c'est en référence au bouquin de Kérouac. Il y raconte la recherche de ses origines bretonnes. C'est rigolo, parce que vous, je vous ai trouvé « Sur la route » !
- Vous savez, je connais un autre jeu. Je suis le seul à y jouer et c'est aussi un jeu d'exploration de l'espace mais en vrai.
- Vous cherchez quoi, vous, monsieur Augustin ?
- Je cherche un ascenseur qui me ramènerait chez moi.
- Ca n'a pas l'air de vous stresser plus que ça.
- Non, je suis très zen. C'est une épreuve qu'on m'impose, mais j'ai tout mon temps. J'ai l'éternité devant moi.
- Faites-voir la carte que vous avez tirée
- Nord Pas-de-Calais.
- Vous savez, ça me revient à l'instant. Quelque part du côté de Saint-Omer, il y a un ascenseur à péniches. Ce doit être à Arques, si je me souviens bien, là où Yvette Horner possède un magasin de perles de cristal.
- Promis j'irai. Merci encore de votre hospitalité. Vous pouvez me passer un livre pour la nuit ?
- Le livre des haïkus, de Kerouac ?
- Ce sera parfait !

DDS181 haïku lune 2

 P.S. Ce dialogue est bien entendu extrait de "Dieu s'ennuie le dimanche...", roman inachevé autant qu'inachevable.

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16 février 2012

Petit moment d'Hildarité ? par Joe Krapov

1

Y veulent bien mais n'peuvent point
C'est incommode d'être à la mode
Quand on est fan de purée
C'est pas facile d'être gracile
Quand on aime le cassoulet
Loin de l'allure et des figures
Des top-models empaillées
La vie est dure quand on aime grailler

Refrain 1

Oui mais les princes n'aiment pas les minces et pour prendre leur pied
Tous ces sacs d'osses, quel sacerdoce, leur font un peu pitié
Sans rembourrage pas d'amarrage ils ne peuv'nt pas durer
Dieu me pardonne ils sont dans la purée.


2

Y veulent bien mais n'peuvent point
C'est pour la ville que ces débiles
Ont besoin d'une femme glaçon
C'est pour paraître, sembler connaître
Tous les couplets d'la chanson
Mais s'ils veulent faire une bonne affaire
Ils se radinent tous ici
Y'a d'la matière dans notre paradis

Refrain 2

Car nous les rondes on est girondes on sait comment y faire
Pour qu'il choisisse l'aile ou la cuisse et fasse bonne chère
Ca les chatouille ça les grassouille ils crient « olé ! olé ! »
Dieu me pardonne dans tous les cas soûlés.
 

MIC 2012 02 13 Hilda

P.S. Cela se chante bien entendu sur l'air de
« La bonne du curé » d'Annie Cordy.

L'illustration, empruntée au site "Mil et une", s'intitule "Hilda"
et elle est signée Duane Bryers.

10 février 2012

Déguisé de toute éternité (Joe Krapov)

Si je farfouillais dans mes photos, je pourrais faire la liste de moult déguisements que j'enfilai naguère : un enfant mousquetaire, un musicien méchamment punk, un militaire (mais ça c'était pour de vrai !).

jpa mousquetaire

Je me suis costumé en pirate, en drapeau belge, en prisonnier du Village de Patrick McGoohan, en fou de jeu d'échecs, en bouffon, en clown, en poireau, en Oliver Hardy, en mineur de fond, en ténor des steppes russes, en Mary Poppins...

Mais le travestissement que je préfère, c'est quand je deviens Joe Krapov ! Coiffé comme Riquet à la Houppe, je monte sur une chaise, j'annonce que je vais m'envoler, et je ne décolle pas !

Cela dit, il faudra bien un jour que je me pose cette question à propos de mon amour du cinéma, des festivals de théâtre de rue, des blogs, des cafés-slam, du music-hall ancien et surtout des derniers carnavals que je photographie à tour de bras. Pourquoi donc suis-je attiré par ces endroits et ces situations dans lesquels on devient, on se montre un(e) autre que soi-même ?

Qu'est-ce qui ne me plaît pas dans la réalité, dans ma réalité ? Y aurait-t-il quelqu'un en moi qui serait prêt à déclarer des horreurs comme celle-ci : « Toutes les civilisations ne se valent pas ! Et par-dessus toutes les autres, il faut placer la civilisation Vénitienne à qui nous devons Vivaldi, Canaletto, Guardi, les gondoles à Venise de Sheila et Ringo, l'invention du ghetto, des lettres de dénonciation anonymes, du touriste pigeon et surtout celle du carnaval qui dure six mois » ?

Ou serais-je prêt, quitte à m'auto-fustiger, à chanter cette méchanceté des VRP ? 

On dirait que la réponse est « oui » ! Tant pis pour vous ! Bon carnaval quand même !
 

JPL 1976 militaire

9 février 2012

CECI N'EST PAS UN PIP ! par Joe Krapov

Pour Santoline d'après une idée de Joye

Pa Gritte et Ma Gritte
Ont une petite
- Une sacrée pépette ! -
Nommée Margareth,
Marguerite,
Mais on dit Grete.
 

MIC 2012 02 06 âneUn jour qu'ils partaient
En pèlerinage,
Avec leurs lainages
Parce qu'il caillait,
Ils croisèrent en route
Une drôle de troupe :
Démocrite portant ses tripes,
Hérodote revenant d' Saint-Trop,
Hippocrate allant à Trappes
Et l'âne des démocrates
A qui tous filaient des trempes
Parce qu'il avait des crampes,
Ahanait, n'avançait plus
Ne se secouait pas les puces.
 

MIC 2012 02 06 Pipe- Hannibal qui manque de peps ! »
Martelait Hérodote qui l'avait confondu avec un éléphant.
- Ane bâté ! Mule du pape ! »
Ajoutait Démocrite allant Daudet-linant.
- Ceci n'est pas une pipe !
Commentait Hippocrate,
J'en ferais le serment
Si je ne rêvais tant, ô soif,
D'un jus de pomme. »

Alors Grete lui tendit sa gourde.
Quand il l'ouvrit cela fit « pop ! »
Car c'était de la limonade.

- Tu vas en prendre pour ton grade
Si tu nous laisses encore en rade ! »
Décrétèrent les camarades
Rassasiés par l'eau gazeuse.

- Tu ne reverras plus ton God
D'ici à Nijni-Novgorod !
Si tu joues au gastéropode
On te confisquera ton Ipod !
Parce qu'enfin, vraiment, c'est raide
Qu'on doive appeler Grete à l'aide
Sous prétexte que c'est
L'âne doux qu' a bu l'eau
Et le veau qu'a bu l'air ! »

Ils burent une autre rasade
Puis les étranges philosophes
S'allongèrent dans les salades
Et s'endormirent en fin de strophe.
Ils s'assoupirent où le meilleur
Est, dans le cœur
(« Car l'étau de l'Etat
N'atteint pas
Les laitues de l'été qui patine »
Comme a dit Lamartine)

Et puis après cet épisode
Pa Gritte et Ma Gritte
Et Grete arrivèrent à Lourdes

Ils entrent dans la Grotte
Et là, ça ne rate pas,
Grete rote selon le rite
Puis soudain s'écrie :« Crotte !
Pa Gritte Ma Gritte,
Le crûtes vous ?
L'âne avait une crête
Et savait la recette
De la poule aux œuf d'or
Qui dure.
Dare Dare
Il faut que l'on retourne
Voir cette vieille carne :
C'était une licorne !

Contée par un russkoff imbibé de vodka
Qui taquinait sa gratte
L'histoire des Gritt s'arrête là.
C'est plus frustrant qu'un tweet
Fût-il signé Schubert :
C'est une chose écrite
Par un pondeur de vers
Qui se moque du monde !

MIC 2012 02 06 flammesMais il y a quand même une moralité :
« Si Pa Gritte est muet,
Si Grete à gars beaux
Comme l'amas Delon donne à boire,
Si l'âne est la licorne,
Ma Gritte est un phénix :
Elle René de ses cendres !

7 février 2012

Les pousseurs de bois (Joe Krapov)


MIC 2012 02 06 Début BirdTrente deux pièces noires ou blanches, lesquelles pour moi ? Les blanches, c'est moi qui commence. Deux gorgées de Vittel et je pousse mon pion.

Je rêvais de surprendre, comme au détour d'un bois, mon adversaire du jour avec une ouverture de derrière les fagots. Je crois que j'ai réussi.

Elle arriva bien vite, la tempête crânienne ! Suant, réfléchissant, le regard effaré devant cette poussée du pion f en premier, Harry K. laissait déjà filer le temps à sa pendule, trifouillant dans sa mémoire, triturant ses neurones surpris pour savoir que jouer contre cet oiseau rare, 1. f4 le début Bird.

MIC 2012 02 06Dieu merci, il n'a pas répondu par le gambit From (1. ... e5) mais il a poussé son pion dame en d5.

Quelques minutes plus tard il s'avéra que nous avions transposé dans une Hollandaise en premier, un stonewall Arthurien : ce fou de Gauvain était en d3, Lancelot sur f3 paré pour sauter en e5 et Perceval derrière piaffant devant Guenièvre pour aller se poster en soutien sur f3.

Harry ne s'est pas méfié de ce qui se profilait : il a pondu un petit roque ! Sur la piste de danse, ma Dame se prépara à jouer les Salomé sous la boule à facettes. Meet me at the wrecking ball

Au bout d'un moment, il a fini par m'énerver aussi à se lever toujours, à marcher rapidement dans la salle du tournoi, à venir se rasseoir inquiet, à battre du pied nerveusement sur le parquet de la salle Galatée et à taper violemment sur la pendule après chacun de ses coups car il était toujours en retard.

Quand j'avançai mon pion en g4 à l'assaut de son cavalier, cela l'embêta au plus haut point. Je me levai alors, pris ma bouteille d'eau, allai voir sur les autres échiquiers comment s'en sortaient mes collègues.

Puis je revins m'asseoir. Il avait joué le fou pour dégager la case où pouvoir replier le cheval menacé. J'ai poussé g5 et j'ai attendu.

Il devint rouge, il éructa, ses yeux roulèrent, il en voyait vraiment de toutes les couleurs. Mais quand la tour vint en h3, il sentit que ça allait chauffer pour son matricule. Fais du feu dans la cheminée, je reviens chez nous

Je le gratifiai d'un sacrifice du cavalier puis je donnai mon fou et le mat s'ensuivit.

C'est ainsi qu'au tournoi open de Guichen, en 1992, moi, Joe Krapov, 1710 points au classement ELO, je battis Harry Krasparov, classé 1930. Avec une combinaison dont il m'avoua à l'analyse qu'elle était un peu dégarnie de dentelle. Je le lui concédai bien volontiers, ajoutant ceci, qui est de Proust, je crois : « Il n'y a rien comme le désir de gagner pour empêcher les choses qu'on fait d'avoir aucune ressemblance avec ce qu'on a dans la pensée ».

Il me regarda interloqué : le pauvre Harry ignorait que dans le fin fond de la Sarthe ou j'exerçais alors mes talents de pousseur de bois, ma réputation d'arnaqueur était déjà assez bien établie !

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2 février 2012

This town is not big enough for both of us ! (Joe Krapov)

Ce Georges Pérec et ses émules, décidément, quels chieurs ce sont !

120129 121Celles et ceux d'entre vous qui me croient Breton se gourent lourdement, se mettent le doigt « in the eye until the knee » si je peux dire (M. Reverso et Mrs Joye me corrigeront si cette tournure est incorrecte). Je ne suis rien qu'un Ch'ti en exil chez les « Breizhou », un immigré presque intégré et je suis très heureux de me trouver ici où je vis et crèche depuis 1997.


Rennes ! Ses spécificités, ses délires, ses monuments, son côté « terriblement stérile » : « Rien n'y prend excepté le feu », dixit un supérieur de prêtres un poil ignifugé qui connut peut-être l'énorme incendie de 1720 et celui du toit surmonté d'emblèmes dorés sous lequel des gugusses en robe( et perruque ?) rendent un minimum de justice encore de nos jours.


120129 026Rennes ! Prenez pitié de moi ! On m'y torture en silence, on obtient de moi que je devienne une espèce de moine bénédictin rongé de chiffres, de listes et de procédures, on m'y trucide sous des tonnes de livres de comptes pour me fournir en retour, en un système de troc presque éternel, le peu de fric que j'utilise pour tortorer, nourrir mon épouse et quelquefois (souvent ? toujours ?) trépider du ciboulot. Oui, c'est ici que je vis et bosse et me meus tel un ongulé de première du désert.

 

Le bus n° 11 m'emmène, que l'on soit lundi, mercredi, jeudi, vendredi vers Cesson-Sévigné. Il tourne toutefois vers senestre et me dépose près du RU, entouré de jeunes gens peu réveillés qui s'en vont étudier toutes sortes de disciplines plus ou moins scientifiques.
 

120128 001Le week-end c'est une musique toute différente. Je me lève moins tôt, j'enfile mes godillots et je descends en ville humer les bonnes odeurs des commerces en extérieur des Lices, remplir de nourritures diverses une gibecière en osier puis je file en toute liberté zyeuter les merveilles et trésors qui m'entourent.

Rennes ! Que vous dire, sinon qu'une rivière coule en son milieu et qu'elle est bien plus jolie que le nom qu'elle porte. « Ouest-torchon » une institution du coin sise rue du pré-Botté pond moult lignes ces temps-ci sur ce sujet rigolo : on projette de doter d'un nom exotique les résidents de notre district : les Breizh-iliens !
 

120129 013Lorsque s'en vient le jour où le Seigneur se repose, je me promène souvent le long des péniches en file indienne qui semblent indiquer, telles les pierres du Petit Poucet sur le sentier du bois, le chemin du centre ville. Comment vous décrire mes coups de cœur, mes tours et détours, mes points de chute ? Que vous dire de cette ville que je chéris si fortement ?
 

111217 A 042Peste soit des Oulipiens, de leur liposuccion kilométrique et de leurs jeux cons-cons ! Mon lexique est restreint d'une voyelle rien moins qu'essentielle et c'est bien ennuyeux de devoir l'éviter ! Peut-être est-il plus simple d'énoncer poétiquement, en peu de sons, tout comme le font les poètes nippons, ces lieux qui me séduisent, ces coins de verdure qui me revigorent, ces étendues cernées de logis où l'on peut voir de jeunes mômes juchés sur des bêtes de bois, (cygne, lion, jument très Disney-Poppinsienne , bidet noir ou gris ou beige que, ni hic ni nunc ni oncques l'on n'entendit hennir ou gémir) ou bien grimpés sur des véhicules divers : gros truck rouge de pompier, zinc dénommé « Petit prince », etc ? (Goûtez-vous comme le périph' coupe le poil ici?)


Je commence donc cet énoncé de lieux "indicibles" de Rennes que l'on peut considérer, si on le désire, comme une suite de devinettes (très géocentrées, indeed forcément, beloved Joye !) :

 

DDS 179 Orphée


Orphée pétrifié :
Hermès enlève Eurydice
Et court vers l'Enfer
 


120129 092Déesse des nuits
Ton chemin cynégétique
Epuise tes chiens
 


DDS 179 Opéra


Un dieu et neuf muses
Se sont perchés sur le toit :
On joue « Othello »



DDS 179 place sainte-anneMère du Seigneur
Reine chérie des Bretons
Ce lieu t'est dédié


(On y vend de vieux bouquins,
Les mômes y tournent en rond)



120129 055


Les rues sont désertes
Doucement le soleil pointe
Le bout de son nez



DDS 179 parmiggiani

Tête découpée,
Victime d'un sculpteur fou
Rue de Coëtquen




120129 017Vénus dénudées,

Coloriées pour, nous dit-on,
Trouver nos voitures

(C'est nous supposer ivrognes :
On ne boit que du jus d'fruit !)


120129 104Volière importée
Edifice un peu chinois
Chez monsieur Bühler



DDS 179 kiosque


Ici, sous le kiosque,
Combien de temps, les scottishs ?
Le biniou s'en fout.


Ce Georges Pérec et ses émules, décidément, quels chieurs ce sont (Sévigné) !

P.S. Le titre de ce texte fait référence à celui d'une chanson des Sparks. (On se venge comme on peut des consignes tordues de son voisin du dessus !). 

1 février 2012

Mélange de pinceaux par Joe Krapov

MIC 2012 30 3 chaisesTrois sièges en ligne :

Vos fessiers trouveront-ils

Repos en ces lieux ?

 

MIC 2012 01 30 rhododendronsLes rhododendrons

Impriment seuls leurs senteurs

Chez les Oberthür

 

C’est chez Lucien Rose

Que j’emprunte des merveilles

Pour mon seul neurone

 

TNB, UBU,

Foire, Cité, Liberté…

Les zéniths de Rennes !

 

MIC 2012 30 dragonTous ces gens qui courent

Derrière un tigre qui vole…

Des chinoiseries !

 


Papiers épinglés,

Pour éviter l’envol,

D’un "clic clic" utile !

 



MIC 2012 30 lénineC’est le crime ultime

Sur les touches en folie :

Sextupler Lénine !

 


MIC 2012 01 30 montre molleFolles montres molles !

Si tu leur demandes l’heure

Ell’s se liquéfient !

 


Viens-y, si tu l’oses

Longer les côtes de Dieppe,

Titanic moderne !

 

MIC 2012 30 jetée de DieppeSuperbe tempête !

Le bon moment pour tester

Ton si frêle esquif !

 

Une mer jetée

Et toujours recommencée :

Briseuse de grève !

 


- M'enfin, Joe Krapov ! Tu t'es complètement gouré ! Ecrire sur sa ville sans employer la voyelle A c'était pour le Défi du samedi de cette semaine ! ??

- Les erreurs ont presque toujours un caractère sacré. N'essaie jamais de les corriger. C'est de Salvador Dali.

- OK ! OK ! A part ça je te signale que t'as une agrafe enfoncée dans le pouce ! 

 - Ce n'est rien. C'est juste un accident de photocopieuse !

27 janvier 2012

37°2 le matin à l’ombre de moi-même (Joe Krapov)


DDS 178 ombre allongée 2Voici qui va plaire aux amoureuses de Moustaki, à celles qui préfèrent rouler dans l’herbe plutôt que de ne jouer les pachas qu’au hamac : mon ombre adore s’allonger !

Voici qui devrait plaire aux marionnettistes qui passent par ici : plus j’expose mon ombre, mes reflets, ma binette et moins j’en sais moi-même sur celui qui, derrière, tire les ficelles de Joe Krapov.


Voici qui devrait plaire au pondeur d’haïku qui joue de la guitare et suit le tour de France avec un braquet de 5-7-5 :

DDS 178 ombre de vélo

Mon ombre est fortiche :
Elle est la seule à pouvoir
Sucer mes deux roues


Voici qui devrait plaire aux amoureux et amoureuses de la Bretagne qui sont aussi fans d’Edith Piaf : « Je ne suis qu’une fille du port, une ombre de la rue ».

DDS 178 ombre de Bretonne

Par contre, si je tombe, je ne sais pas si un ami sort de l’ombre à ma place. Mais je fais tout pour ne pas tomber et je ne me mets pas en travers de la loi de peur de finir ma vie à l’ombre.

Je ne suis pas comme Lucky Luke, non plus : quand il y a du danger  je me tire plus vite que mon ombre.

Enfin voici qui devrait plaire à ma fan d’Iowa (dont je suis fan en retour) : mon ombre joue de la guitare !

DDS 178 ombre de guitariste

Pour illustrer ce dernier point j’aurais pu chanter "L’aventurier" d’Indochine pour évoquer Bob Morane et l’Ombre jaune. J’ai préféré massacrer fort Apache parce que c’est un morceau des... Shadows.


 

111101 066

25 janvier 2012

OPERATION CASSOULET par Joe Krapov

On était sur la fin de la pause de midi et on disputait, avec mon collègue Raymond Lafontaine, une énième partie d’échecs en semi-blitz, comme les attaques sur Londres quatre ans plus tôt, quand l’Obersturmpführer Schultz est entré dans notre bureau.

- Ach, les petits Franzosen, il fa falloir laisser té côté le Springer, le König la Dame und die Türme pour rétourner Arbeit ! Nous fénons t’intercepter ce messache te Ratio-Lontres. Fous né sérez pas troppe té eux pour técoter cette kolossale cochonnerie, che pense !

J’ai posé mon crayon avec la liste des coups de la partie et on s’est penché avec Lafontaine sur le bout de papier que le lieutenant SS venait de nous remettre. Pendant ce temps-là lui considérait la feuille de notation.

1. e4 c5 2. d4 cxd4 3. c3 Cf6 4. e5 bxc3 5. Cxc3 Cf6 6 Cf3 d6 7 . o-o f6 8. Dd5 De7 9. Te1 Ce5…

- Fous poussez le fice chusqu’à encoter fos parties t’échecs ? Schweinhunt ! Chamais fu des fous pareils !

Lafontaine a fait une photocopie du document et on a commencé à travailler chacun de notre côté, nos bureaux se faisant face dans la même pièce. Le message était le suivant :

Cher Hg RV bus PD avec Ag portable Sn car silence Au sous Ne bleu. Tenue Ni exigée. Serai au Zn, pieds sur barre de Cu. Si pas pété Pb d’ici là car Kr présentement avec code d’en fe. Espérons autre camp S si intercepte. Besoin P et Mg car supplice Ta ou H pas de plaisir. Anti ABI fait Sb. Amène As & vieille dent. L. Santé, Ch’timis !

- C’est un nouveau code, j’ai l’impression. Aucune des grilles que j’ai ne donne quoi que ce soit ! » m’a lancé Lafontaine.

- C’est un fait. Travaillons en silence, veux-tu ?

A trois heures de l’après-midi, on était encore dessus à suer sang et eau pour tâcher de comprendre.

MIC 2012 01 23C Cap Blanc nezA cinq heures Lafontaine a dit :

- Je renonce, William. Ca m’énerve trop ce truc. Le « Santé Ch’timis » laisserait supposer qu’ils s’intéressent à la Mer du Nord. Ils peuvent débarquer là s’ils veulent, les Schleus les attendent de pied ferme et l’escalade du Cap Blanc Nez par la face Ouest, ça n’est pas de la tarte. Je vais chez Laurette boire un verre, tu viens avec moi ? »

- Non, je reste là, je crois que je suis sur une piste. Je compose des mots avec les consonnes parasites du message.

Les mots ne donnaient pas grand-chose : hgas, agneau, asta, féta... Autant aller se faire voir chez les Grecs !

MIC 2012 01 23 lanterneA huit heures, j’y étais toujours. J’ai fait monter des sandwiches et de la bière de chez Laurette, comme si j’étais le commissaire Maigret un soir d’interrogatoire. C’est vrai que j’étais en train de bien le cuisiner le bousin ! Bien que l’on soit en juin avec des jours qui rallongeaient, j’ai allumé la lampe en prévision du couvre-feu. Il n’y avait pratiquement plus personne dans la Kommandantür, que moi le dinosaure, le patient, le lourd, l’opiniâtre M. William.

A une  heure du matin, seule ma lampe brillait à l’étage des transmissions. J’ai regardé le lampadaire en répétant comme une litanie « santé Ch’timis santé Ch’timis santé Ch’timis santé Ch’timis santé Ch’timis santé… » et du coup la lumière est venue : Chtimi sans t, ça fait chimie. Je me suis précipité vers le dictionnaire Larousse usagé qui trônait sur nos étagères et je l’ai ouvert à la page des symboles chimiques. Eurêka ! Ca collait à merveille. Patience et longueur de temps avaient fait encore une fois plus que force et que rage.

"Cher Mercure Rendez-vous bus Palladium avec argent,  portable étain car silence or sous néon bleu. Tenue nickel exigée. Serai au Zinc, pieds sur barre de cuivre. Si pas pété plomb d’ici là car Krypton présentement avec code d’enfer. Espérons autre camp soufre si intercepte. Besoin phosphore et Magnesium car supplice Tantale ou Hydrogène pas de plaisir. Anti ABI fait Antimoine. Amène arsenic & vieilles dentelles. Santé, Ch’timis !"

En même temps, je ne comprenais pas le pourquoi de ce message qui restait encore peu compréhensible. J’ai appelé le lieutenant au téléphone. J’ai dû le réveiller, mais il a l’habitude et j’ai la permission. Tant pis pour la « cholie pétite matémoizelle » qui partageait sa nuit (c’était jamais la même mais il l’aimait quand même) la stratégie militaire prime toujours sur le repos du guerrier.

- C’est Saurien, mon lieutenant. J’ai l’impression qu’ils nous ont donné du fil à retordre exprès pour faire diversion. Je vais voir au service des écoutes s’il n’est pas tombé d’autres messages.

- Né mé rappelez pas Saurien, ça peut attentre témain, maintenant ! Gute Nacht !

- Bonne nuit, lieutenant.

 Aux écoutes ils n’avaient qu’un vers de Verlaine à se mettre sous la dent. « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone». Tombé à 21 heures 30. Là j’ai compris tout de suite.

Bien joué les gars ! J’avais passé trois heures de trop à décrypter leur connerie et pendant ce temps-là le D-day était arrivé sans que Lafontaine ou moi ne soyons sur le pont !

J’ai appelé le n° de Lafontaine. Lui aussi je l‘ai réveillé auprès de sa blonde.


MIC 2012 01 23B jeu d'échecs- La tour prend en e2, tu avances le pion en h5, la tour prend en e7, le roi noir va en g8 la dame va en d8 et donne échec et mat. Il est temps de changer de côté et de recommencer une autre partie.

- OK, j’ai compris, à demain.

J’ai raccroché. A demain ou à jamais. Il était temps aussi de disparaître et de se mettre au vert. Les Fridolins avaient perdu la partie et il ne fallait pas qu’on sache comment nous deux avions passé ces années-là à faire du zèle sous leur aile.

Au pire un peu de chirurgie esthétique, au meiux juste des vrais-faux passeports et d’ici quelques mois le savoir-faire de William Saurien irait se vendre aux Américains ou aux Russes. Si c’étaient les Russes, les parties d’échecs seraient plus dures à remporter, on travaillerait plus mais on gagnerait plus aussi. Si c’étaient les Américains aucun souci non plus. Décodeur et polyglotte, c’est la situation idéale dans le monde de l’espionnite pour naviguer de conserve.

20 janvier 2012

Horreur, malheur, salsifis du démon !

MIC 2012 01 16 voyanteMadame Irma était dans sa caravane, occupée à lacer ses chaussures de randonnée quand l’escadron de CRS a fait irruption sur le terrain des gens du voyage. Il n’y a pas eu de panique. Ils se sont déployés en cercle, établissant un cordon de sécurité autour du lieu de résidence de la voyante extra-lucide. Peu après une limousine noire s’est avancée lentement, deux mastards baraqués en sont sortis, les yeux aux aguets puis un tout petit homme avec des Ray-Bans a émergé de la voiture de luxe et il est venu toquer à la porte de madame Irma.

Comme elle n’était pas de service, celle-ci, un peu désarçonnée, a commis la gaffe du siècle. Au lieu du traditionnel « Entrez cher(e) ami(e) ! », la voyante a demandé : « Qui est là ? ».

De l’autre côté, le petit homme s’est dit en lui-même : « Ca commence bien ! » et il est entré.

« Oh non, pas lui ! » a pensé madame Irma en écartant vite fait son sac à dos et son Alpenstock de sa table de travail.

- Bonjour madame. Je viens pour que vous me disiez quel sera mon avenir. Vous permettez que je retire mes lunettes noires ?

- Je vous en prie monsieur le…

- C’est joli chez vous. Ils sont mignons ces petits lumignons !

- C’est du style Henri III. Mon fils les a v… mais passons. Désirez-vous que je lise dans la boule de cristal, les lignes de la main… Ou plutôt non, vu que c’est vous, pour plus de sécurité, je vais vous tirer les tarots de Marseille. Je vais vous faire le jeu de la reine. Asseyez-vous. Voici un jeu de cartes. Battez le puis coupez le.

Le petit homme s’exécute, bat le jeu et coupe.


la_maison-diev- Non, pas comme ça. De la main gauche !

Il hausse les épaules, secoue la tête, un sourire aux lèvres.

- Vous êtes impitoyable. Vous êtes peut-être une Pythie louable mais impitoyable !

- Voilà. Maintenant je retourne cinq cartes.

- je suis bien obligé d’y consentir, n’est-ce pas ? Il y a certaines circonstances où les grands de ce monde peuvent très bien se sentir cons et ici dans cette maison au toit pliable je me sens un peu comme une quiche au thon sans kir à l’apéro du nouvel an chez Emmaüs avec l’abbé Pierre !

- Vous remarquerez que vous avez justement retourné la maison Dieu en quatrième position. C’est ce qui symbolise la famille.

- C’est vraiment bien vu. Je viens justement d’être papa d’une petite fille il y a peu. Elle est jolie, cette carte. Les confettis qui tombent du toit, on dirait ces croquembouches que Marie-Antoinette distribuait aux pauvres quand ils n’avaient plus de pain ! Mais par contre ces deux type à terre, on dirait qu’un escroc mal embouché leur a fait un croc-en-jambe ! Ce qui est bizarre, c’est la couronne qui tombe !

- Il s’agit d’un « banco décroché par le bouc » en termes de divinations.

- Ca me va, aucun de mes concurrents d’avril n’est barbu !

- Vous voyez, en haut à droite, c’est le geste auguste du croupier divin. C’est lui qui fait tomber la couronne, les pièces de monnaie du trésor dévalué et les « branques aux couches ».

- Ah bon, ce sont des couches, les deux trucs blancs par terre ?


la_forcela_justice- Oui, des Pampers ! Mais si vous voulez bien, procédons avec ordre et revenons à la première carte, c’est elle qui indique votre situation présente. Vous avez tiré la force. C’est très bon pour vous, ça par contre, la force. Vous avez le pouvoir sur les choses et vous retenez votre chien de garde.

- Ah mais heureusement que je la freine, ma meute ! Ma cellule de riposte est prête à aboyer même connement à la moindre connerie des autres !

- Je sais d’expérience que quand la caravane passe, les chiens policiers aboient !

- S’il n’y avait que les caravanes, mais il y a aussi les bus au colza ! Sans oublier les paquebots et les triple A qui coulent !

- La deuxième carte symbolise votre destin. Ici, c’est la justice.

- Ca veut dire que tout ce qui m’arrive, c’est justice, n’est-ce pas ?

- Ca veut surtout dire que tout le restant de votre vie vous aurez la justice aux fesses !

                                                    - Ah ça c’est la merde, alors !

l_etoilela_lune- C’est sans doute pour cela que vous avez tiré les Pampers en 4. Maintenant, passons à la troisième carte. Elle symbolise l’amour.

- J’ai tiré l’étoile ! j’ai tiré une star !

- Faites attention ! Certaines étoiles sont filantes. Comme dit le proverbe « une fois le Sauvignon bu on est toujours ému des lignes du nylon mais quand la cruche va trop à l’eau, elle se casse. La cinquième carte indique votre position sociale.

- Je suis dans la lune ?

- Non, vous vous êtes dans le marais, symbolisé par l’écrevisse qui en pince pour le status quo. C’est l’électeur qui est dans la lune, tout le monde est au parfum et au bas du phare peint la meute des candidats aux abois se dispute ses feuilles, autrement dit ses bulletins de vote.

- Je me demande si je ne ferais pas mieux de me présenter en Lybie, finalement ?

- Maintenant je distribue quatre cartes sur chacune de ces cinq cartes. La première dira ce qu’il adviendra de votre présent, la deuxième prédira l’avenir, les autres vos amours, votre famille et votre position sociale dans le futur.

 Il jette un œil rapide sur ce qui est sorti, secoue la tête est dit :

 - Je crois qu’on va s’arrêter là, madame Irma. Il vous reste quatre cartes en main, c’est quoi ?

- Elles représentent l’imprévu et la chance. Voulez-vous que je vous les montre ?

- Non merci. Vous adresserez votre facture à cette adresse, je ne peux pas vous régler autrement, je n’ai plus un sou vaillant sur moi. Et il faut que je file, j’ai encore une usine à visiter.

- Pas de problème. C’est vraiment votre dernier mot ? Etes-vous content, Sire ?

- Oui, merci.

- En ce cas, comme disait l’amie de Balzac, j’ai terminé.

MIC 2012 01 16Hanska 

 Une fois que le petit homme est sorti dehors en se demandant ce qu’elle a bien voulu dire avec son amie de Balzac, Mme Irma regarde en douce les deux cartes qui lui restent.

Pour l’imprévu, il a tiré « Le monde ».

Pour la chance, il a tiré « le bateleur ». "Il n’y a pas là de quoi s’affoler ! pense-t-elle. Pantoufler dans le privé avec un carnet d’adresses comme le sien, ça devrait rapporter plus que de tirer plus les cartes aux gogos. Le changement, c'est le constant, le signe de renaissance, l'oeuf du phoenix. Et nous, ça nous fera de l’air."
Ca lui rappelle que ses amis du club de randonnée « Oxygène » l’attendent à 15 heures 30.

le_bateleur

 - Ah enfin Irma te voilà ! Un peu plus et nous randonnions sans toi !

- Randonnions, Rang d’oignons ! Désolé de vous avoir fait poireauter mais j’ai eu un imprévu de dernière minute : j’ai prédit l’avenir à une grosse légume !

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