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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

28 juin 2012

ETUDE CLINIQUE par Joe Krapov

- Comme tu me vois, Loreille, je suis assez déprimé aujourd'hui.
- Ah bon ? Et pourquoi cela, Lardu ?
- Jamais je ne serai chanteur de reggae adulé à la Jamaïque !
- Toi qui habites rue des Merlus, tu es plus marlou que Marley ?
- Jamais je ne jouerai au tennis contre Jimmy Connors !
- C'est vrai que ça c'est plutôt déso-ro-lant et méga-rosse !
- Jamais je ne ferai de jam-session avec Jimmy Page !
- « Let the spleen come in » chantait déjà Baudelaire !
- Jamais je ne jouerai en duo avec Jimi Hendrix
- Certes le prodige est mort mais tu feras d'autres expériences !

MIC 2012 06 25 le-signe-des-gemeaux

- Jamais je ne saurai lequel des deux gémeaux est Castor et lequel est Pollux !
- Ils ne sont pourtant pas difficiles à différencier : Castor a une queue plate et deux incisives proéminentes alors que Pollux a un accent anglais qui enchante près du manège !
- Jamais je n'aurai de frère jumeau qui habite Longjumeau !
- Rien n'est perdu : tu as peut-être as-tu un sosie de Strasbourg qui pédale dans la choucroute ? Ou une sœur jumelle quelque part avec la courroie et l'étui ?
- Jamais je n'aurai vu Marilyn Monroe en pyjama.
- N'aie aucun regret, elle n'en portait pas. Enfin, du coup, si, tu peux avoir des regrets !
- Jamais, tu ne t'arrêteras de faire des commentaires sur mon mal-être ?
- Non ! J'écris un article sur toi.
- Un article ? De quel genre ?
- Médical. Il sera peut-être publié dans le prochain JAMA.
- Et quel en sera le titre ?
- « De l'influence du « Lac » de Lamartine et du « Où est-ce que j'ai mis mon flingue » de Renaud sur les gémissements de douleur de la personnalité borderline ».
- Aaaargh !
- Qu'est-ce que tu as ?
- Ton projet m'achève ! Je meurs !
- Cause toujours ! Ca, ça n'arrivera jamais !
- Pourquoi ?
- Nous autres, les personnages de fiction, on est immortels !

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24 juin 2012

LE SECRET DE L'HALLA-LIT-CORNE par Joe Krapov

HALLALI 01

 

HALLALI 02- Waoh ! Quel pied ! Alors ? Heureuse ?

- Oui, très heureux. Et toi, heureux aussi ?

- Oui, très heureuse !

Il s'agit ici, allez savoir pourquoi, d'un dialogue entre deux escargots après l'amour. Ne l'oubliez pas avant de marcher sur leur coquille : les escargots sont hermaphrodites.

HALLALI 03

 

HALLALI 04

- C'était très bien... sauf que sur la fin, j'ai bien senti que tu tirais la langue un peu !

- C'est à cause de la musique. Trop molle, trop émouvante. Quand c'est joli comme ça, j'ai le cœur qui bat fort, j'ai plus trop la tête à ce que je fais.

- Pas que la tête. Mais arrêtons de parler de cul. D'ailleurs il va falloir qu'on lève les nôtres. Tu n'oublies pas qu'on doit aller à l'enterrement de la feuille morte ?

HALLALI 05

 

HALLALI 06

- Oh flûte ! Je l'avais oubliée, celle-là ! On y va comment ? A vélo ? Parce que moi, chéri-e, après cette séance de radada, je ne suis pas en état d'y aller ventre à terre.

- On pourrait aller prendre le train à la gare. Du coup, au lieu de parler de sexe, on parlerait de Chaix ! C'est vrai que j'ai beaucoup aimé quand tu m'as fait le coup de la brouette auvergnate !

HALLALI 07

 

HALLALI 08

- C'est une technique que j'ai apprise en lisant « Les Pensées de Pascal ». Il paraît que c'est lui qui l'a inventée !

- La position ?


- Non, la brouette !


- En même temps, est-ce qu'on ne pourrait pas envoyer juste nos condoléances par mail ?


- T'as peut-être pas tort, Totor ! Même si on avait une Jaguar, je suis sûr-e qu'on arriverait en retard, à c'te sépulture !

HALLALI 09

 

HALLALI 10

- Ne critique pas ma façon de conduire ! Je suis prudent, c'est tout ! Je connais la chanson : « Poussez poussez l'escargot late » mais on a vite fait de se faire marcher dessus aujourd'hui avec tous ces gens pressés. Et puis il faut voir comment tu remplis le coffre même quand on part pour trois jours. J'en ai plein le dos d'emporter toujours la maison avec moi !

- L'idéal, ce serait de prendre l'avion pour répondre à l'appel de la feuille morte mais j'ai toujours peur qu'on se ramasse.

HALLALI 11

 

HALLALI 12- Je me souviens, il y a très, très longtemps, avant que je ne fasse ta connaissance, mon moyen de transport préféré, c'était le mammouth !

- Le mammouth ? Ce n'est pas dangereux, ça ?

- Il suffit de bien savoir s'y prendre ! La nuit, quand le mammouth est endormi, tu vas te coller sur une de ses défenses. Après ça, qu'est-ce qu'il peut faire contre toi ?

- Mais dis donc ? Les mammouths... T'as connu l'âge de glace, toi ? Ca expliquerait un peu ta baisse de rythme sur la fin du coït et le fait que tu pratiques si souvent l'amour à la papa !
- Oui, bien sûr, il n'y a peut-être plus la vigueur mais on sent bien l'expérience acquise au fil de temps, non ?
- Quand même... L'âge de glace... Tout ce qui s'est passé depuis...T'as dû en baver, non ?
- Pas tant que ça. Quand on a un côté boy scout, toujours prêt...Ça te dirait qu'on remette le couvert avant d'y aller ? Tant qu'à faire d'être en retard à la drôle de fête à Prévert, autant avoir une raison valable, non ?
- Si tu veux. Mais alors change le MP3 dans le Gastéro-Ipod.
- OK, après on passera par le jardin du voisin. Cet idiot a encore versé un litre de bière belge dans des pots de yaourt !
- Quel gâchis pour lui, quelle aubaine pour nous ! Surtout que l'info selon laquelle on se noierait dedans quand on est pompette, c'est complètement fictif !
- Eh oui, c'est comme la camomille de Toutânkhamon !
- T'as connu Toutânkhamon, toi ? Ben tu pouvais parler, tout à l'heure, sur mes capacités en matière de bandelettes : t'es pas un perdreau de l'année non plus !
- Allez, tais-toi et garde la cadence ! C'est au pied du murmure qu'on voit le colimaçon.
- OK, je m'applique.

Un long silence baveux puis :

- C'est de qui cette musique ?
- Un nommé Jibhaine.
- Il faudrait leur dire aussi aux humains que jamais la haine ne cesse par la haine : les petites pilules bleues qu'ils sèment à notre intention...
- ...on le sait bien que ce n'est pas du Viagra !
- Nous, l'un dans l'autre, on n'a pas besoin de ça ! Et leur chanter qu'on a pour la vie, et pour eux, les beaux yeux de Chimène : « Va, je ne te hais point ! »

Tou(te)s les deux poussent un long spi-râle d'extase et le lecteur-la lectrice de ce texte comprend pourquoi j'écrivais la semaine dernière qu'il valait mieux ne pas parler de l'homme qui a un ascendant en scorpion !

22 juin 2012

Microcosmos (Joe Krapov)

 

- Alors ? Heureuse ?

- Très heureux ! Et toi, heureux ?

- Très heureuse ! *

 

 

* Ne l'oublions pas, les escargots sont hermaphrodites.

15 juin 2012

COURE A CLOCHE-PIEÏ : ZERO ! par Joe Krapov

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120527 136Le 29 mai dernieu la patronne et mai on allit bourlinguer dans la campaigne avec tout un troupiao de villotins comme nous. Un rallye, qu'on appeleu ça. Ce sont un arrachou d'dents et des ensegnous de Rennes qui organisent cet arpentaige de coins perdus de la Haute-Bertaègn. On se véhiculit avec nout' chârte jusque Broualan, au-dessus de Combourg, le villaige de Chateauberiand.



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Ma bounefame et mai, on nous collit dans l'équipe des « mignons troglodytes ». C'est pas qu'on marchit dans la grotte la darnière fois qu'on fut à Lourdes, c'est juste que c'est le nom d'un moiniao de par ici qui fait son fricotaige, son ménaige et son tapaige dans les bosquets du voisinaige. On posit des questions pour savair le nom de l'église, où ce que nichaient les cinq piscines du bled mais ni la servouze du bar, ni la coiffouze ni le plombier-zingou ne surent nous conteu où c'qu'était la plus longue avenue de Broualan.

 

 

 

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Tant pis ! Le troupiao s'ébrouit et une longue file de jouvenciaos forts en goule et de spécialistes du bavardaige s'allongit su' le chemin qui nous menit à la forêt. Ce fut un biao voyaige ! Le solai était d'la partie et toute la compagnie coiffit bientôt de biaos capiaos. On comparit son ramaige avec son piumaige, on batifolit et restit saige pendant un certain kilométraige. Au bout d'une heure, on entrit dans un bouès d'ormiaos. Et pis ao midi , ça gourgoussit là-deden ! L'heure de roûcheu ! On pique-niquit au bord de l'iao, près de l'étang de la Pompe.


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Ah la la ! Les bons bervaches avec lesquels le galipaod accompagnit les tours de pain, le viao fret, la paire et le fromaige. Ah le baio partaige. On bezit une darnière boléed'cidr' pour la route et à partir de là tous les arpentous eurent de l'abattaige ! Après le déshabillaige – pas pour le badinaige ou le mraivaudaige , juste que « i f'sait ti chaod d'un coup ! » –on traversit un ruissiao qui faisait barraige, on glissit dans la forêt sur un passaige pentu, sur un chemin bouillonouz, on cherchit le moine au moulin pis on arrivit au chatè du Landal. C'est là que je participis à la coure à cloche-pieï ! Veuridique !


A mi chemin, je renfilis ma choqe, nouis le laceu mais en repartant je me ramassis la goule de tout mon long, m'écorchis la piao, me cognis le g'nou et les coudes et c'est tout juste si je n'eus pas la cheminze en lambiaos et des bosses au visaige ! Quel sabordaige ! Coure a cloche-pieï : zéro ! Ah le nochu !

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Il n'empêche, malgré cette mésaventure, lorsqu'on dépouillit les questionnaires, le sair, à Combourg, au restaurant « le Romantic », grâce à la fable que j'aveu écrite et que je contis, nous autres les troglodytes mignons, on était les permiers ! Hissez les drapiaos, allumez les flambiaos ! A nous le tropheu !

Depuis, et jusqu'à l'anneu perchaine, je seus dépositaire d'une coupe véritablement hideuse qui trône au-dessus de mon buriao ! Et a c't'heure, je n'attends pus qu'une chouse : c'est d'y r'trourneu à la randonneu des étonnants baladous! Afin de perdre cette horreur, je seus prêt à accumuleu les zéros, quitte même à r'tombeu par terre, par la faute à Voltaire, les nasiaos dans le ruissiao, faute à Jean Jacques Roussiao !


« Je seus pas un zéro, mes faux-pas me collent à la piao ! »qu'y chanteu, Balavoine ! Mai, je rêve de retourneu en faire un de faux-pas ! D'y r'tourneu... au gallo !

13 juin 2012

COURS DE DESASTRAULOGIS par Joe Krapov

Le premier homme a le Soleil dans le cancer. Quand il a vu disparaître tous les fichiers musicaux du site ONMVOICE.COM, le premier juin dernier, il a failli verser une larme. Quelle sensibilité proche de la sensiblerie !

Le deuxième homme à la Lune en gémeaux. Quand il a vu que tous les fichiers musicaux de Joye, de Sebarjo, de Janeczka, de tiniak et Cartoonita avaient disparu du site ONMVOICE, il a dit : « Eh bien si c'est comme ça, je vais me remettre à l'aquarelle ! ». Quelle versatilité proche du versatilbury... Non, ce mot-là n'existe pas, on est juste obligé de dire, comme toujours, « proche du manque de sérieux ! ».

L'homme qui a le Soleil dans le cancer n'arrive jamais à faire son deuil de tout ce qu'il perd en chemin. Il entre dans les cimetières, transforme sa maison en musée, engrange des souvenirs qui le minent un peu, beaucoup, passionnément. Il se perd dans les plis du rideau du théâtre où il se joue des scènes.

Heureusement l'homme qui a la Lune en gémeaux ouvre tout, les livres, les yeux, les recueils de partitions, les pochettes des dévédés, les programmes de l'ordinateur... et les bouteilles ?

- Encore une larme, Joe Krapov ?, propose-t-il au premier.
- Merci, oui, je veux bien, Joe Krapov ! répond celui-ci en tendant son verre

La prochaine fois je vous parlerai de l'homme qui a l'ascendant en scorpion.

Quoique... Non, vaut peut-être mieux pas qu'on parle de celui-là ! Je vais d'abord prendre ma guitare et faire que l'homme au Soleil en cancer et l'homme à la Lune en gémeaux cohabitent amicalement dans ce même corps qui est le mien.

- Tu vas leur chanter quoi, Joe Krapov ? Le Soleil a rendez-vous avec la Lune ? » demande l'homme qui a Neptune en balance.
- Non, répond l'homme qui a Vénus en lion. « Mon amie la rose » !

C'est exact. Vous comprenez, maintenant, pourquoi ça fait du bien de sortir de chez soi et de photographier le monde en silence ?


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8 juin 2012

Black et Mortimer (Joe Krapov)

DDS 197 061217_10bisIl prend quelquefois au soleil la lubie de briller, de brouetter, depuis les limbes, sa lumière au travers des brumes.
Ce timbré oblitère tout ! L'Ombrie, Rome, la mer, la Brière et aussi le pays des terrils où, tout môme, j'ai ouvert des mirettes en billes de loto sur ce monde où l'on touille, ou l'on trime, où l'on rouille, où l'on tue, où l'on meurt mais où l'on aime et chante et rime aussi.
 

Contre le feu de l'éclaireur chacun lutte pour ne pas brûler : Robert le couvreur sur le toit mouille sa tête d'un mouchoir, Gribouille dans la rue s'engouffre dans le métro et va cuire chez lui des tourtes dans d'immenses moules en un four déjà préchauffé.
 

DDS 197 060725_251La rivière, sans détour ni retour, roule ses claires eaux où se baigne une loutre.
Elle va en forêt se mettre bien au frais, coincer la bulle dans un coin de verdure, écouter le roitelet qui lance du haut de l'orme un trille dont est ému plus d'un Milou tiré de chez Tim (1).


DDS 197 111020__018Moi je n'oublie jamais d'obéir à ce metteur en scène du spectacle du monde. Papillon attiré toujours par les sunlights, il y a belle lurette que j'aime à le voir luire.
Je vous fiche mon billet qu'au sortir du boulot, la bouille réjouie, je m'en vais militer pour tous les éclats d'or qu'il met à nos automnes, tous les jeux sans limites que son rayon imbu calcule avec le sombre.
 

DDS 197 reflets 2Et c'est dans ces églises, entourées par ici par les tombes des morts, que je viens recueillir sans bruit dans mon béret l'obole d'Ombre et de Lumière.
Brimée par le vitrail qui ne la laisse entrer que fragmentée ou transformée, limitée par le bleu et les autres couleurs sur les manteaux des saints, elle s'embrume et fait son trou au carrelage, moulue d'avoir perdu à cette loterie.

 

DDS 197 120527 014

Pour moi, c'est dans la boîte, dans le boîtier plutôt !
Lors je gagne la route au-dehors qui flamboie.
L'intérieur des églises me fout toujours la trouille : on s'y meut en silence sous l'œil des Saintes-mères et des statues d'évêques à la mitre mitée obèrent ma conscience.

 
 

Dehors, illimité, libéré de tout boulet, aux orties, aux bleuets et aux morilles même, alors qu'on a dit « Gare... » (2), d'une voix de rémouleur pas toujours affûtée, je puis lancer mes folles bluettes, me faire ouïr par les louloutes, les brus, les rombières et me brouiller même avec elles au prétexte que je les broute ! Ouille ! Ouille ! Non, les filles, on avait dit « pas les coups de boule » ! C'est malin, vous avez chargé la mule avec vos coups de pieds dans les tibias, maintenant je boite !
 

DDS 197 piliersTrouble troubadour d'outre-tombe, je vais ainsi souvent de l'ombre à la lumière et j'y retournerai, sous la motte de terre que vous appelez tombe.
Mais... à chacun son tour !
Oui, j'ai ça quelque part dans ma ligne de mire mais pour ce genre d'embrouille, pour ce brouet infâme, ce n'est pas demain la veille que j'irai poireauter à la billetterie.


En vérité, je vous le dis ! Fiat Lux, encore et toujours !

Et même, comme dit Florent Fouillemerde, Fiat Panda !
 

DDS 197 fiat lux


(1) En allemand, Tintin et Milou deviennent Tim et Struppi. J'ai fait un mix des deux, mon objectif caché étant d'insérer dans ce texte plus de cent mots-anagrammes composés avec les lettres de « OMBRE ET LUMIERE ». Et ces deux-là collaient bien. Zut, mon objectif est révélé, je me suis trahi !

(2) « Gare aux morilles », c'est de qui déjà ? Gotlib, encore une fois, sans doute ! Ou Jean Yanne !

7 juin 2012

Monkey sur la commode par Joe Krapov


l_armee_des_12_singes,4- Tu sais, Loreille, Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais il y a aussi tout un tas de vieux trucs que nous ignorons. Par exemple nous pouvons faire signe avec un singe. 

- Avec un singe ? A quoi tu songes ?

- C’est une anagramme parfaite. Singe, signe. Le film de Terry Gillam peut donc être rebaptisé « Le zodiaque ».

- Ding ? Dong ????

MIC 2012 06 04 niagara-poster- Ben oui, le zodiaque, c’est l’armée des douze signes ! On ignore aussi que « macaque sent toujours me hareng » et que « Y’a gibbon, gibBanania ». De plus moi j’ai toujours cru, à cause de la chanson de Pierre Vassiliu, « Il était tard ce samedi soir », que Cheetah était une guenon. Or quand elle est morte en 2012 on m’a révélé que c’était un mâle. Est-ce qu’on a le droit de recommencer sa vie quand c’est comme ça ? Quand on a vécu plein d’années en prononçant Niagara « Nyagara » à la place de « Nayagara », on devrait avoir le droit de revenir au début, non ? On appellerait ça le parachute du Niagara, un truc doré qui t’empêcherait de tomber de trop haut. Revenir dans sa peau de vingt ans avec ce qu’on a dans la tête à cinquante.

- Ping ? Pong???

MIC 2012 06 04 voiture assiégée par les singes- Oui, je sais, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. Ce serait comme sur la photo où une bande de singes a dévalisé la galerie d’une jeune femme coincée dans son auto et éparpillé le linge autour de la voiture. La première chose qu’on irait (re) faire ce serait de coller notre nez dans les dessous des filles. On y peut quelque chose si ce qu’elles se mettent dessus nous mettent au trente-sixième dessous ?


MIC 2012 06 04 un_singe_en_hiver,1- String strong ! Est-ce que l’amour du linge descend du singe en hiver, Lardu ? Qu’est-ce qu’on y peut si le Mongol aime les vases Ming et Tinguely porte des tongs ? Why is Sing Sing the name of the song ? Claude Nougaro is in the jailhouse now ! Things are so ! Is that wrong ?

- Ça, je l’ignore. Tu reprends un verre de cabernet, c’est de l’Anjou !

- Le cépage de l’Anjou réjouit le sapajou ! Gin ! Gong ! Et l’avion tourne comme un fou en rogne sur le ring. T’as trouvé le dernier ?


MIC 2012 06 04 Le gorille vous salue bien- Le dernier ? Wings ? Yi-king ? Hong Kong ?

- Non, King Kong, Lardu !

- Tu me fais un drôle de cinéma avec ton dictionnaire de rimes toi aujourd’hui !

- C’est un dictionnaire du diable cinéphile ! Le gorille vous salue bien !

- Avec Bing Crosby ?

- Bong !

Devant tant d’inculture, Loreille préfère s’évanouir.

7 juin 2012

LONG MAY YOU RUN, FANNY OF LANINON ! par Joe Krapov

1

A l'aube sur le quai Guenon
Devant le gibbon
Chante la chanson,
La musique de mille nasiques
Et dans la tire fatidique

Jean Babouin notre mécano
Avec son turbo
Valant un magot,
Me rappelle Michel Vaillant
C'était le bon temps
Çui d'Laurent Outan (1)

Lemandrill (2), macaque dingue,
Joueur de whist, E.T.,
Dans le garage f'sait du gringue
A je n'sais quel loris,

Mais j'garde au coeur une souffrance
Quand les makis en légion
Cernaient en haut d'Recouvrance
Les filles de Laninon.

MIC 2012 06 04 voiture assiégée par les singes

2
La plus belle de Laninon,
Fanny Kersauzon,
M'offrit un klaxon,
Un klaxon de fantaisie
C'était elle ma bonne amie.

Elle fréquentait une auto
Remplie d' bonobos
En face du dépôt,
Quand je pense à ses pare-chocs
Je hisse le grand foc :
Ah ! Quelle belle époque !

Ah ! Fanny de Recouvrance !
J'aimais tes yeux malins
Quand ton geste plein d'élégance
Balançait des sagouins.

J'n'étais pas doré sur tranche
Mais les sapajous en feu
Tu venais m'voir le dimanche
En usant tes vieux pneus

3
A c't'heure je suis retraité,
Maître timonier,
Et, vieux chimpanzé,
Je fais le service des phares
Et j'écoute la fanfare

De la meute en son tourment
D'Monza jusqu'au Mans
Quand souffle le vent,
Ayrton Senna s'est planté
Pas du bon côté
Tout s'est écroulé.

Dans c'qui reste de Recouvrance
N'logerait pas un Sarko
Et Fanny ma connaissance
Est morte dans son auto.

J'n'ai plus rien en survivance
Et quand je bois un coup d'trop,
Je sais que ma dernière chance
S'ra d'faire un trou dans l'zoo
[variante : S'ra de changer l'delco].

(1) Laurent Outan : illustre inconnu dont la devise était « Outan en emporte le vent »
(2) Lemandrill : autre illustre inconnu qui était toujours joyeux

N.B. Ce texte est très, très, très librement adapté d'une chanson très très connue (enfin surtout connue de moi), « Long may you run », de Neil Young, une sorte de chanson d'amour dédiée à une voiture-corbillard dont ce vieux singe(r) se servait pour aller faire des grimaces sur scène à ses débuts. Accessoirement aussi il peut se chanter sur l'air de "Fanny de Laninon" mais je ne conseille à personne de le faire !

1 juin 2012

Le panache, elle aime (Joe Krapov)

DDS 196 chapeau


Plume chue du ciel

Je la mets à mon chapeau

Et fais le zozo


DDS 196 plumes

 

30 mai 2012

NUL N'EST MAÎTRE DE SON DESTIN par Joe Krapov

120525 026Adeline Pasdebol ne les voit jamais venir, les malheurs qui lui arrivent. Il faut dire qu'elle n'est pas vraiment bien taillée pour affronter l'adversité. Toute mince et longiligne, vêtue toujours de manteaux longs d'une neutralité et d'un classicisme tels que nul ne la remarque jamais dans la foule, elle n'a de surprenant sur elle que ses jolis yeux noirs et ce casque de cheveux roux qui lui donne un air de gravure de mode. Une gravure de mode de 1906. Yvette Guilbert en moins potelé.

Il y a aussi la paume de sa main dans laquelle une voyante a remarqué une ligne de cœur salement brisée et une ligne de chance pas très droite non plus. Avec son air un peu souffreteux de jeune fille pâle et très sage, on n'est pas surpris de la voir prendre tous les matins le bus n° 4 à l'arrêt République à Rennes pour aller s'enfermer dans le bureau d'une administration là-bas au bout des quais. Elle y fait de la comptabilité ou note les appels pour monsieur Frémiaux quand celui-ci n'est pas encore rentré du restaurant d'affaires dans lequel il a emmené M. Moretti, un client, et le repas doit être bon car le patron tarde à rentrer.

Adeline pour sa part déjeune dans la cuisine de chiches portions restées de son repas de la veille au soir qu'elle réchauffe au four à micro-ondes. Une vie de célibataire jusqu'au bout des ongles, jamais peints, allez savoir pourquoi. Pourtant, quand on s'appelle Pasdebol, ce serait bien d'être un peu verni, non, comme disait madame de Lenclos (1) ?

Quelquefois sa collègue, la grosse Françoise Lheureux, lui tient compagnie pendant ce repas frugal. Elle est tout le contraire, boulotte, énorme même, et l'on se demande si M. Frémiaux ne les a pas engagées intentionnellement aussi différentes l'une et l'autre. Une façon pour lui de se rassurer en regardant son épouse le soir : ni squelettique, ni obèse, ce qu'il faut, là où il faut et comme il faut. Les hommes, c'est rien que des cochons, ça ne raconte que des blagues salées, ça ne pense qu'à ça.

Mais justement, aujourd'hui, au volant de sa Kangoo rouge, Adeline a laissé tomber tous les hommes et abandonné le boulot derrière elle. Elle a traversé Nantes, a pris la route du Croisic et puis a suivi la direction de Noirmoutier. Elle a eu un petit frisson et a serré très fort le volant en franchissant le pont qui rattache l'île au continent car elle n'aime pas bien l'idée de la chute de son auto avec elle dans le vide. C'est là un sentiment idiot car depuis qu'elle conduit elle n'a jamais perdu le contrôle de son véhicule et pourquoi serait-ce justement aujourd'hui que... Ne discutez pas ! Adeline Pasdebol est comme ça et elle ne se refera pas.

120518 133C'est la première fois qu'elle met les pieds et les pneus en Vendée et elle est déjà étonnée et agréablement surprise de ces villages aux maisons basses, aux toits de tuile, aux murs blancs et aux volets bleus. Elle s'est posée au camping de La Guérinière où elle a loué un mobil-home pour quatre jours. Elle a déballé ses affaires, a cassé la croûte car il était treize heures puis elle a repris sa voiture en direction de Noirmoutier-en-l'île. Elle s'est promenée dans les petites rues derrière le château, a mangé une glace sous le ciel bleu mais nuageux puis, pleine de courage, elle s'est engagée sur l'allée Jacobsen, une longue esplanade d'au moins un kilomètre. La voie macadamisée est réservée aux cyclistes et aux piétons. A sa droite elle a le chenal d'accès des bateaux au port de Noirmoutier. A gauche, à la façon des polders de Hollande, ce sont des marais salants dans lesquels on peut voir quelques échassiers blancs qui cherchent là leur pitance sans se soucier plus que cela des promeneurs qui les observent depuis la digue.

Adeline Pasdebol en photographie quelques-uns en prenant garde de ne pas trop s'appuyer contre la balustrade pourtant bien solide. Un peu plus loin, pour photographier un joli chardon « à la Nantaise », c'est-à-dire « en gros plan » (2), elle pose un genou en terre et elle entend « CRAC ! »

120518 226Crac ? Non, ce n'est pas son pantalon, les filles minces les craquent rarement. C'est le lacet de sa chaussure droite qui, rompant en plein milieu, vient de rendre l'âme. On fleurira sa tombe avec des œillets mais un autre jour (3)! Elle arrange le coup comme elle peut avec ses deux moitiés de lacet. Elle en trouverait peut-être en ville, bien qu'elle n'ait pas repéré de mercerie parmi les restaurants et les boutiques de souvenirs. Mais elle est rendue bien plus loin que le milieu du chemin et elle a trop envie d'aller jusqu'au bois de la Chaise pour y voir les cabines de bain blanches et la jetée quasi-anglaise qu'elle a repérées dans son guide des éditions Ouest-France. Alors, Clop, Cataclop, Clop, Cataclop, elle avance, un tant soit peu déséquilibrée par moments mais en se disant que c'est un incident bénin, que ça aurait pu être pire, son pantalon ou une pluie diluvienne. En pensant à cela, elle s'aperçoit que le ciel est devenu gris et se souvient qu'elle n'a emporté ce jour, au vu du beau temps du matin, ni K-Way ni parapluie, ni cape de pluie.

Allons, qu'importe ! Les nuages Baudelairiens et Boudinesques réveillent son désir de peindre – à ses heures perdues elle fait de l'aquarelle. Elle continue de photographier la nature car pour ces courtes vacances elle a décidé de (re)devenir la femme sauvage, la Vénus et le fou à la fois, de céder à l'invitation au voyage. Elle est un peu à l'étranger ici, désireuse de succomber aux tentations.

Au bout de la jetée le chemin tourne à gauche, la ramène dans l'intérieur des terres puis un plaisant panneau indique la direction de la plage. Elle ôte ses chaussures, ses socquettes et marche pieds nus dans le sable. Ploc ! Ploc ! Cette fois ce sont de grosses gouttes de pluie qui dessinent par terre des cercles dentelés. Elle presse le pas. Tout au bout, après les rochers, le chemin longe un camping et il y a un café-restaurant qui ne paie pas de mine mais qui est le bienvenu. Elle s'y réfugie, s'installe à la terrasse sous le vélum et commande un café.

Le patron le lui apporte, il reste posté là, debout, près d'elle et la dévisage longuement. Il lui rappelle vaguement quelque chose à elle aussi.

- Excusez-moi... Je me trompe peut-être... Est-ce que vous ne vous prénommeriez pas Adeline, par hasard ?
- Si, Adeline Pasdebol.

Maintenant elle le remet. C'est Rocky Badluck, son premier amour. Il était guitariste dans un groupe de rock amateur. Son vrai nom c'était Roger Malchance. Tout le monde se moquait d'eux à l'époque. « Pasdebol et Malchance, vous êtes faits l'un pour l'autre ! » leur disait-on en riant.

C'est gênant de le retrouver là, dans l'odeur de graillon de cette gargote qu'il tient où il nourrit et dépanne les campeurs et les randonneurs de passage.

En même temps, ce n'est pas si gênant que cela.

MIC 2012 05 28 la terre vue d'un satellite russeLa preuve : le lundi suivant monsieur Frémiaux a reçu une lettre de démission de sa comptable et Françoise Lheureux a reçu une carte postale d'Adeline : « J'ai rencontré quelqu'un que je n'avais pas vu depuis longtemps. Je crois que je vais habiter au bord de la mer pendant quelque temps. Je te réécrirai pour t'en dire plus long. Prépare-toi à venir nous voir cet été ».

On comprend mieux à la fin de cette histoire pourquoi les Bretonnes trouvent toujours du bon à la pluie. Elles ont de la chance : la terre est recouverte à 70% d'une eau qui ne cesse d'aller et venir. A cause du fil des Parques et du lacet cassé, on comprend mieux aussi pourquoi ce récit s'intitule « Nul n'est maître de son destin » (4).
 

(1) Piqué à Philippe Gelück)

(2) Piqué à Agnès Varda

(3) Piqué à personne, ça m'est venu tout seul en dactylographiant !

(4) En même temps le prénom et le nom du personnage étaient imposés par Anne-Françoise ainsi que la rupture du lacet et les retrouvailles avec le copain de lycée par Dominique, sans compter les titres de poèmes du « Spleen de Paris » fournis par l'animateur quelque peu sadique de notre atelier d'écriture « In Real Life ». J'espère qu'on ne s'y PAUME pas trop dans ce texte, malgré tout ça !

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