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Le cahier de brouillon de Joe Krapov

21 avril 2012

Martine sous la flotte !

120409 002

Bécherel le 9 avril 2012

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20 avril 2012

99 dragons : exercices de style. XII, Dialogue avec des « si » (Joe Krapov)

DDS 190 120324 162- Ne me dis pas que ce dragon ridicule a besoin, pour assurer sa subsistance, de bouffer deux brebis entière chaque jour que Dieu fait ?
- Si !
- Tu ne vas quand même pas nous faire croire qu'il en arrive ainsi à épuiser toute la production ovine d'un royaume entier ?
- Si ! Ca se passe en Libye. Le royaume est petit et le mouton s'accommode mal au désert.
- Et après, il réclame carrément de bouffer un jeune homme ou une jeune fille du pays ? Tu ne te payes pas un peu ma tête ?
- Si ! Ou plutôt non. Les monstres ne marchandent pas, ils prennent. C'est sans doute là une proposition d'un ministre ou d'un courtisan.
- Mais le roi n'a quand même pas accepté une idée aussi stupide ?
- Si !
- Sans compter qu'il organise un tirage au sort pour désigner le bifteck du dodu ! Ca n'existe pas, mon vieux, des rois démocrates !
- Si mais en général ils sont un peu cons, du genre à se casser une hanche en chassant l'éléphant !
- Et c'est la fille du roi qui est désignée pour être la première victime ! C'est pas un peu énorme, ça ?
- Si ! Mais Corneille raconte-t-il autre chose dans ses tragi-comédies ?
- OK, je te concède ça et je passe sur la suite : tu as l'air d'avoir autant de « si » en réserve qu'un bûcheron canadien ou qu'une chanteuse québécoise ! On l'attache au rocher, la fille, et comme par hasard, au moment où le dragon va la bouffer, un aventurier de passage l'affronte, en vient à bout et délivre la jouvencelle ! Ca n'a pas un petit goût de déjà vu ?
- Si ! Mais à chaque fois que Joe le Bouffi va coincer la pauvre Suzy pour la transformer en purée, Zorro aussi est arrivé !

 


- Ce qui me sidère chez toi, c'est ton goût pour les références bien datées et les fins déjantées ! Parce qu'alors, au bout du conte, ce type qui repart en plantant là la donzelle, c'est une chute morale, ça ? Est-ce que ce genre de légende édifiante n'a pas pour vocation au départ de diffuser le fameux « croître et multiplier » sous forme de « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » ?
- Si ! Mais on est sept milliards d'individus sur la terre maintenant et il n'y a plus forcément à bouffer pour tout le monde, juste pour les rois du pétrole. Et puis un héros qui pousse le chariot à provisions au supermarché, sort le chien, fait la vaisselle, regarde TF1 3 h 38 tous les jours et emmène sa tribu à Eurodisney aux vacances, excuse-moi mais je ne trouve pas ça très glamour ! Tu imagines Corto Maltese en charentaises ?
- Non, tu as raison. Le plus étonnant, encore une fois, c'est que tu aies réussi à publier la même histoire que d'habitude sur le Défi du samedi sans que personne ne moufte ! Ils ne sont pas un peu trop gentils avec toi, là-bas ?
- Si ! C'est pô juste, hein ?
- Non, c'est pô juste !
- Allez, n'en fais pas un drame ! Sing « C'est la vie » !


13 avril 2012

RETURN TO FANTASY (Joe Krapov)

- Vous n'auriez pas dû mettre cette robe-là, Rebecca !
- Je ne m'appelle pas Rebecca ! Mon prénom est Alice ! Et vous, qui êtes vous ?
- Moi je suis Daphné du mûrier.
- Vous m'avez l'air d'être un drôle d'animal en tout cas !
- Je ne peux pas dire mon nom. Je suis comme le silence. Dès qu'on prononce mon nom, je n'existe plus.
- Allez, ne me laissez pas sur ma faim !
- Je suis une bombyx !

La drôle de bête explosa, Alice fut projetée sur la case départ, elle relança les dés et fit encore un double six.


- C'est stupéfiant ! Quand je pense qu'on a transformé la cigarette de Lucky Luke en brin d'herbe et que vous vous êtes toujours là sans que personne ne cherche à contrôler ce qu'il y a exactement dans votre narghilé...
- Tss... Tss... Allez y doucement, fillette ! Au cas où vous ne le sauriez pas, le champignon que vous allez croquer après mon départ pour grandir ou rapetisser à volonté... Il n'est pas qu'un peu hallucinogène !

Le vent ! Il entraîna Alice de l'autre côté du miroir et là Twiddledum et Twiddledee lui chantèrent une chanson de leur façon.



N.B. Pour la petite histoire, dans mon pays de Merveilles à moi, M. Jibhaine est le frère aîné de Mademoiselle Zell.

12 avril 2012

Rêve de cahot : poème en prose nihiliste par Joe Krapov

Cet âne qu'O'Hara a bâté de manière éhontée, à qui il fait tirer un bahut Henri III dans les rues de Rohan - quel chahut, quel tohu-bohu sur le vieux pavé ! -, cet âne ahane et rêve.

Il rêve d'un cahot qui le libérerait.

Evohé !


Dételé, échappant au maître incohérent avec lequel il supportait mal de cohabiter, le voilà qui se déhanche et file vers Bahia, le Sahara, Mahé, l'Ohio, Soho, l'Oklahoma à la vitesse de Federico Bahamontes laissant loin derrière lui la cohorte de ses poursuivants

Hélas le cahot ne vient pas.

Que font les fées de l'Ihowa dans leur pull en mohair ? Elles se prennent pour Anne Sinclair et chantent l'air de Pocahontas ? Elles chassent le Dahu ?
Il va encore falloir faire appel à Brigitte Bardot ?
Allez va, petit âne ! Va cahin-caha ! Va trottine, chemine !
Le 21 décembre, le monde se termine ! Après, tu l'auras ton « chaos » !

C'est alors que, du bahut, comme Deus ex machina, sortent Ivanhoé et George, la dame de Nohant. Ils avaient dans cette drôle de cahute leur rendez-vous bihebdomadaire de gamahuchage et plus si affinités cigarières de La Havane. Elle est vêtue en vahiné et renifle un gros bouquet de dahlias. Lui chante un air de Lohengrin et lance au sergent O'Hara son tomahawk de l'Idaho. Puis ils détachent l'âne et s'en vont tous ensemble au musée de l'automobile de Lohéac voler une vieille Delahaye.

L'âne monte sur le toit, à la place du bœuf, et ils s'en vont aux Bahamas passer des vacances de rêve.
Moi je referme mon cahier et sors dehors en fredonnant « L'amour est enfant de Bohême ». J'aime bien les visions de rêve que provoque le vin de Cahors !

MIC 2012 04 09 âne

6 avril 2012

CE QUE LE PIRATE A HACKER DE FAIRE par Joe Krapov

MIC 2012 04 02chat 


L'univers pour but

Pour le conquérir en paix

Photo ou chanson ?

  

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4 avril 2012

99 dragons : exercices de style. X, Acrostiche

DDS188 Ascalon 3Avant tout, il me faut remercier monsieur Gaston, l'inventeur de l'âge de fer. A ce qu'on m'a rapporté, c'était un homme très courageux et il aidait beaucoup sa femme en faisant les courses au mammouth ou en pêchant à la canne-bière la sardine qui bouchait le port de ce qui deviendrait Massilia.

Sinon, je remercie bien le dragon. Sans lui je ne serais pas entrée dans la légende en même temps que dans son lard. Sa connaissance approfondie du métier de cracheur de feu, son goût du chantage affectif, sa cruauté naturelle, son appétit carnassier, tout cela a fait de lui un adversaire redoutable qui s'est très bien défendu mais moi, l'épée Ascalon d'Ashkelon, quand on me cherche, on me trouve !

Chevaliers du royaume de Silène, je vous suis redevable également. Ce sont votre lâcheté, votre couardise, votre manque de courage qui nous ont permis, à Georges et moi, de rester seuls sans concurrence sur le champ de bataille de l'Héroïsme. Ce n'est pas pour dire, mais maintenant que vous êtes devenus chrétiens, il va falloir vous bouger un peu le fion si vous ne voulez pas que les touareg qui vous entourent vous reprennent ce bout de désert où on se demande bien ce que vous glandiez jusqu'à présent !

Aux brebis que je n'ai pu sauver, je demande pardon mais mon maître et moi nous n'avons pas été prévenus à temps du massacre dont vous avez été victimes. A ce qu'il paraît, cette hécatombe fut la plus belle de tous les temps. Alors pour éviter ça la prochaine fois, notez bien le numéro de téléphone de Jojo et appelez-nous.

Loin de moi la pensée d'oublier le professionnel de la profession, le gars Georges de Lydda, celui qui s'escrime depuis des années à faire entrer la foi de Notre Seigneur Jésus-Christ et les valeurs de son Eglise dans les têtes bornées de ces rois serviles, de ces gueux à gueules de métèques et de ces papillons de jeunesse échappés du naufrage d'Alexandrie pour tomber amoureux d'Alexandra. Le temps de vivre dignement est arrivé, à vous de le prendre, hommes au cœur blessé, sinon ce sera le requiem pour n'importe où dans vos hamacs !

On n'oubliera pas non plus de remercier la princesse, si blanche, si pure qui a apporté une note de féminité dans un univers d'une rare violence, mais moi, je n'y peux rien, j'aime ça, le sang qui coule, surtout si c'est moi qui pique le patient.

Nous sommes donc ravies, ma ravissante poignée et moi de recevoir ce « César de l'épée la plus valeureuse de la Chrétienté ». Nous savons très bien que, malheureusement, le temps ne travaille pas en notre faveur. Nous serons détrônées un jour, pour ce qui est de la célébrité, par la grande, l'immense Excalibur, par l'artillerie du général Mac Arthur, les mousquetons, les canons, la bombe à neutron mais c'est la vie et j'aurai eu la satisfaction auparavant, grâce à cette récompense que vous m'attribuez, d'être moi-même, d'une certaine manière, adoubée !

***

L’épée sort de scène avec le fourreau qui lui a été remis par le roi de Silène qui a fait le déplacement. Elle est saluée par un tonnerre d’applaudissements du public. Entre alors le nominé suivant, l’avion Rafale de Marcel Dassault. Comme il a oublié de mettre un bémol à son prix et à sa vitesse supersonique, il traverse la salle en volant, ressort en laissant deux énormes brèches dans les parois du bâtiment qui, déstabilisé dans ses fondations, s’effondre sur les spectateurs et acteurs de cette cérémonie des Césars militaires. Ainsi commencent les premiers sévices subis par le valeureux Saint-Georges qui aboutiront à son interminable et indicible martyre et plus tard à sa canonisation.

2 avril 2012

Univers enf(o)ui

          MIC 2012 04 02 île de la tortue1

Dans l'îl' de la Tortue ça grouille
De gens qu' ont commis des rapines,
D'escrocs, de ladres, de fripouilles,
D'un gros potentiel de vermine.

(Le mond' change peu, en vérité)

Ils sont les rois de la dépouille,
Atteints de fièvres assassines,
Amants d'Entourloupe et Magouille,
Leurs deux redoutables frangines.

(Le Mal n'craint pas la mixité)


          2

Leur sabre qui jamais ne rouille
Lorsqu'il aborde ta sapine
Te liquéfie en ratatouille,
Te caviarde comme aubergine.

(Tu trouveras longue l'éternité !)

Tous ces grands dépendeurs d'andouille
Bientôt la justice divine
Représentée par la patrouille
Viendra les alpaguer, voisine.

(Ouais, c'est comme ça, l'adversité !)


          3

Sur le gibet où l'on dérouille
Roulera la tête mutine
Du pirate qu'on agenouille
Pour lui décoller la rétine

(Et bien plus si affinités)

Et si c'est son corps qui pendouille
Qu'au rythme de la balancine
Sa dernière semence souille
La mandragore des coquines !

(Soucieuses de fertilité)


          4

J'avoue qu'ils me fichent la trouille,
Moi, tous ces gens de la Marine !
Tandis qu'au port mon bateau mouille
Je les oublie et j'imagine,

(Tout empli de sérénité)

Sur un rayonnage tristouille
De littérature enfantine
L'histoire qui nous épastrouille
D'un capitaine qu'on dessine

(Hélas, nous avons perdu pied !)


MIC 2012 04 02 PepitoBottaro_03042005          5

Etions-nous un peu niquedouilles,
Dans cette enfance de feutrine ,
D'imaginer tant de vadrouilles
Autour de cette figurine !

(L'univers était de papier !)

Las Ananas nous voit bredouilles :
La Cacahuète dans la débine,
Ventempoupe fait cuire les nouilles
Et Pepito a une angine

(Lors, difficile de chanter !)

 

1 avril 2012

Ca se passe dans un paradis sur la terre, une

DDS 187 drapeau_canada_1_Ca se passe dans un paradis sur la terre, une contrée de grands lacs, de forêts profondes. Le gibier abonde, on peut le suivre à la trace dans la neige, poser des collets, tirer le caribou ou, plus original, l'orignal au fusil. On commence à situer ?

On récolte la sève sur le tronc des érables pour en faire du sirop et la feuille de cet arbre a fini, elle aussi, par coller au drapeau. La région est vaste, peu peuplée, sauvage au possible et pourtant, la perfection n'étant pas de ce monde, Georgette Pérec est bien en peine.

A l'inverse du sieur Juvet, roi de la disco des années 80 ("Où sont les femmes ?", c'est lui), elle se demande : « Où sont les mecs ? ». Ces pleutres se calfeutrent : ils s'avèrent incapables de remédier à l'état de siège. Il est impossible en effet de sortir de Silène de Mont-Louis, leur village, car un monstre sanguinaire terrorise les passants sur la route menant à la bourgade. Il ne réclame ni brebis ni fille de roi, il dévore tout le monde, ce gros insecte rançonneur, les entrants comme les sortants.

- A grand mal, grand remède ! Prenons notre destin en mains nous-mêmes, les filles ! a déclaré Georgette Pérec. Le moment de mettre fin à la vie de ce tourmenteur sur pattes est arrivé !

L'aimable Canadienne enfile sa canadienne et prend sa canadienne car il lui faudra bien plus d'un jour de route pour atteindre l'ennemi.

DDS 187 aiguiser- Tu vas camper au bord du lac ? lui demande son amie Madeleine Basdelaine. Caaalice ! J'irais bien avec toi mais j'suis ben trop molle du genou ces temps-ci !

- Crisse de Tabarnac ! Je m'en vas l'assassiner, ce dragon ! J'ai entendu une jolie tune d'un nommé Daniel Lejeune dans mes écouteurs. Ca dit ceci : « Je sais une ville au nord de l'Ontario. J'ai là des souvenirs de jours paisibles et bienfaisants. Si jamais j'ai besoin de me ressourcer, je retourne vers elle de manière à renaître. » Moi aussi, Madeleine, je rêve de voir cette ville et des tas d'autres endroits du monde où l'on s'amuse sûrement beaucoup et pour cela, ben, il faut nous débarrasser de c'tenflure de maringouin géant !

- Je t'admire Georgette, mais comment vas-tu faire pour venir à bout de c't affaire ?

- Je vais d'abord affûter mes outils et je l'amadouerai en lui balançant l'air du gars Daniel. Il m'écoutera et pis au moment où lui aussi se sentira « désemparé et sans aide » je lui collerai un grand coup d'ma cognée en gueulant « Timber » ! D'ordinaire j'sus contre la violence mais là, t'avoueras, elle est nécessaire. Comme le maudit gouvernement ne veut pas s'emparer du problème, c'est à nous de le régler, non ?

DDS 187 090819_030


Ainsi fit-elle. Elle se mit en route et parvint face au monstre dans le milieu du troisième jour de son périple. Le gros diptère était au milieu du sentier en train de se taper une broue avec une paille.


Georgette posa sa guitoune, entama sa tune, la bête l'écouta puis, comme un ouragan, la routarde lui monta au pif et, vengeresse, lui planta le fer dans l'antepronotum, lui coupa la somite et la culicida du Gregor Samsa du démon clamsa ! Un coup d'aiguille et le dommage était causé, la cause gagnée et morta la vaca !


***


Depuis ce jour, grâce à la courageuse Georgette Pérec, les maringouins de cette partie du Canada où l'on parle encore le français ont tous rapetissé, ne voulant pas connaître le sort réservé au clone de la bestiole pragoise par notre personnage de maîtresse-femme. Ils sont maintenant tout petits et, pour tout dire, inoffensifs. De plus on trouve auprès de tout bon dépanneur de l'endroit de la crème efficace et des voiles de tulle à se mettre par-dessus la tête pour se protéger des bibittes.

En souvenir de Georgette Pérec, de sa force d'âme, de son regard bleu vosgien et de sa victoire sur le maringouin géant, les générations suivantes ont inventé la journée internationale de la femme. Le 8 mars de tous les ans, on a désormais pour coutume là-bas d'offrir à sa porteuse de brassière d'amour, à sa blonde ou à son agace-pissette préférée une brassée de mignonnes fleurs bleues dont j'ai oublié le nom. Je sais, je n'aurais pas dû. Ce sont peut-être des « Forget-me-not » ? Ca justifierait mon trou de mémoire !

Cette jolie légende aurait pu bien se terminer mais c'était sans compter sur Groscouillu Joliesgosses, le dieu des coupeurs de bois du Canada et des porteurs de pourpoints en tissu écossais et bonnets de castor.
Pour se venger de l'outrecuidance féministe de Georgette et de ses pareilles, pour réparer l'outrage du ravalement de la gent masculine de la région au rang de lopettes indéfendables, Groscouillu Joliesgosses dota les auteures interprètes féminines de ces coins-là d'un organe vocal à faire trembler les épicéas. Cadeau empoisonné ! Du coup on ne comprend même plus, tant elles gueulent, les paroles de leurs bluettes !
Depuis-ce jour, moi-même, je préfère le maringouin de Silène au baragouin de Céline. Comme je dis à mon épouse dans notre vieille automobile : "C'est Dion, tourne le bouton ".

DDS 187 je me souviens


Pour se souvenir davantage encore de Georgette Pérec, « je me souviens » est devenu la devise de cette partie du monde et Mme Marie Travers, dite la Bolduc, a composé et interprété une gaudriole intitulée « Les maringouins ». Si ça vous dit de la turluter avec moi et d'entendre mon ruine-babines à fausses notes, c'est ici !

 

 


Ce texte a été écrit sans utiliser les lettres H,K,Q,W,X,Y et Z.


 

30 mars 2012

Quoi de neuf ? Pérec !

DDS 187 drapeau_canada_1_Ca se passe dans un paradis sur la terre, une contrée de grands lacs, de forêts profondes. Le gibier abonde, on peut le suivre à la trace dans la neige, poser des collets, tirer le caribou ou, plus original, l'orignal au fusil. On commence à situer ?

On récolte la sève sur le tronc des érables pour en faire du sirop et la feuille de cet arbre a fini, elle aussi, par coller au drapeau. La région est vaste, peu peuplée, sauvage au possible et pourtant, la perfection n'étant pas de ce monde, Georgette Pérec est bien en peine.

A l'inverse du sieur Juvet – rien à voir avec Louis ! -, elle se demande : « Où sont les mecs ? ». Ces pleutres se calfeutrent : ils s'avèrent incapables de remédier à l'état de siège. Il est impossible en effet de sortir de Silène de Mont-Louis, leur village, car un monstre sanguinaire terrorise les passants sur la route menant à la bourgade. Il ne réclame ni brebis ni fille de roi, il dévore tout le monde, ce gros insecte rançonneur, les entrants comme les sortants.

- A grand mal, grand remède ! Prenons notre destin en mains nous-mêmes, les filles ! a déclaré Georgette Pérec. Le moment de mettre fin à la vie de ce tourmenteur sur pattes est arrivé !

L'aimable Canadienne enfile sa canadienne et prend sa canadienne car il lui faudra bien plus d'un jour de route pour atteindre l'ennemi.

DDS 187 aiguiser- Tu vas camper au bord du lac ? lui demande son amie Madeleine Basdelaine. Caaalice ! J'irais bien avec toi mais j'suis ben trop molle du genou ces temps-ci !

- Crisse de Tabarnac ! Je m'en vas l'assassiner, ce dragon ! J'ai entendu une jolie tune d'un nommé Daniel Lejeune dans mes écouteurs. Ca dit ceci : « Je sais une ville au nord de l'Ontario. J'ai là des souvenirs de jours paisibles et bienfaisants. Si jamais j'ai besoin de me ressourcer, je retourne vers elle de manière à renaître. » Moi aussi, Madeleine, je rêve de voir cette ville et des tas d'autres endroits du monde où l'on s'amuse sûrement beaucoup et pour cela, ben, il faut nous débarrasser de c'tenflure de maringouin géant !

- Je t'admire Georgette, mais comment vas-tu faire pour venir à bout de c't affaire ?

- Je vais d'abord affûter mes outils et je l'amadouerai en lui balançant l'air du gars Daniel. Il m'écoutera et pis au moment où lui aussi se sentira « désemparé et sans aide » je lui collerai un grand coup d'ma cognée en gueulant « Timber » ! D'ordinaire j'sus contre la violence mais là, t'avoueras, elle est nécessaire. Comme le maudit gouvernement ne veut pas s'emparer du problème, c'est à nous de le régler, non ?

DDS 187 090819_030


Ainsi fit-elle. Elle se mit en route et parvint face au monstre dans le milieu du troisième jour de son périple. Le gros diptère était au milieu du sentier en train de se taper une broue avec une paille.


Georgette posa sa guitoune, entama sa tune, la bête l'écouta puis, comme un ouragan, la routarde lui monta au pif et, vengeresse, lui planta le fer dans l'antepronotum, lui coupa la somite et la culicida du Gregor Samsa du démon clamsa ! Un coup d'aiguille et le dommage était causé, la cause gagnée et morta la vaca !


***


Depuis ce jour, grâce à la courageuse Georgette Pérec, les maringouins de cette partie du Canada où l'on parle encore le français ont tous rapetissé, ne voulant pas connaître le sort réservé au clone de la bestiole pragoise par notre personnage de maîtresse-femme. Ils sont maintenant tout petits et, pour tout dire, inoffensifs. De plus on trouve auprès de tout bon dépanneur de l'endroit de la crème efficace et des voiles de tulle à se mettre par-dessus la tête pour se protéger des bibittes.

En souvenir de Georgette Pérec, de sa force d'âme, de son regard bleu vosgien et de sa victoire sur le maringouin géant, les générations suivantes ont inventé la journée internationale de la femme. Le 8 mars de tous les ans, on a désormais pour coutume là-bas d'offrir à sa porteuse de brassière d'amour, à sa blonde ou à son agace-pissette préférée une brassée de mignonnes fleurs bleues dont j'ai oublié le nom. Je sais, je n'aurais pas dû. Ce sont peut-être des « Forget-me-not » ? Ca justifierait mon trou de mémoire !

Cette jolie légende aurait pu bien se terminer mais c'était sans compter sur Groscouillu Joliesgosses, le dieu des coupeurs de bois du Canada et des porteurs de pourpoints en tissu écossais et bonnets de castor.
Pour se venger de l'outrecuidance féministe de Georgette et de ses pareilles, pour réparer l'outrage du ravalement de la gent masculine de la région au rang de lopettes indéfendables, Groscouillu Joliesgosses dota les auteures interprètes féminines de ces coins-là d'un organe vocal à faire trembler les épicéas. Cadeau empoisonné ! Du coup on ne comprend même plus, tant elles gueulent, les paroles de leurs bluettes !
Depuis-ce jour, moi-même, je préfère le maringouin de Silène au baragouin de Céline. Comme je dis à mon épouse dans notre vieille automobile : "C'est Dion, tourne le bouton ".

DDS 187 je me souviens


Pour se souvenir davantage encore de Georgette Pérec, « je me souviens » est devenu la devise de cette partie du monde et Mme Marie Travers, dite la Bolduc, a composé et interprété une gaudriole intitulée « Les maringouins ». Si ça vous dit de la turluter avec moi et d'entendre mon ruine-babines à fausses notes, c'est ici !

 

 

P.S. Les lecteurs assidus et les lectrices perspicaces auront deviné qu'il s'agissait ici de « 99 dragons : exercices de style. IX, Lipogramme ».
Ce texte a en effet été écrit sans utiliser les lettres H,K,Q,W,X,Y et Z.
Quoi de neuf ? Pérec !

P.S. La photo de Georgette et Madeleine a été fournie par Joye qui est un peu leur voisine !


 

23 mars 2012

99 dragons : exercices de style. VIII, Rêve (Joe Krapov)

Oui, bien sûr, j'ai enregistré « File la laine » et « La légende » hier soir. Mais ça n'explique pas tout. Ce n'est sans doute pas pour cela que j'ai fait ce rêve étrange qui m'a réveillé à trois heures du matin.

J'étais tombé en panne et j'avais dû poser mon avion dans le désert libyen. Pas trop de bobo à l'atterrissage mais il allait falloir que je me débrouille tout seul pour réparer et repartir.

J'étais donc en train de trifouiller dans le quadrimoteur avec mes deux fois cinq doigts quand tout à coup j'ai entendu une petite voix derrière moi qui demandait :

- S'il vous plaît, dessine-nous un bazooka ?!

DDS 186 090521 423Je me suis retourné et je me suis retrouvé face à deux moutons dont un noir et un à cinq pattes.

- Un bazooka ? Est-ce que vous saurez seulement vous en servir ?

- Aucun problème, Red baron ! On a fait nos classes. Je suis le lieutenant Pascal Panurge et celui-ci est le sergent Ovid D. Sheependale.

- Je ne suis pas le Red Baron, je suis le capitaine Georges Poujouly. Et d'abord, contre qui voulez-vous l'utiliser, ce bazooka, si je le dessine ?


- Contre le méchant dragon qui terrorise la contrée. Chaque jour il boulotte deux d'entre nous.


- Bêêênédicte, Bêêêlinda, Bêêêrnadette, Bêêêrthoise, Bêêêttina, Bêêêatrice, Bêêêrengère, Elisabêêêth, Bêêêthsabée, Robbêêêrta, Bêêêrénice et Bêêêrgamotte y sont déjà passées, ajouta le sergent. C'est la Bêêêrézina ! Nous ne sommes plus que deux pelés, trois tondus et une brebis galeuse. Et le roi de Silène s'inquiète, lui aussi !


- Pourquoi ? Le dragon bouffe aussi les rois et se tire avec la galette ?


- Quand tout le troupeau aura été décimé, il y a de fortes chances pour que le monstre réclame de bouffer ses jeunesses. Il aime tout ce qui gigote.

DDS 186 091114 088Tout en les écoutant dérouler leurs doléances de cette façon un peu bébêêête, j'avais continué mes réparations. Je fermai le capot, m'installai aux commande, tournai la clé. Miracle, les hélices se mirent à tourner. J'allais pouvoir repartir et mener « Le petit prince », mon avion chéri, vers d'autres aventures.

- Mon capitaine... Très saint Georges Poujouly... Ne nous abandonnez pas ! Vous êtes notre seul espoir. Tous ces bêêêllâtres de chevaliers qui entourent le roi n'oseront jamais aller affronter la Bêêête du Gévaudan.

- Montez ! leur dis-je, aux deux frisés défrisés. Pas besoin de long discours ni de petit dessin. Vous allez me guider vers l'endroit où sévit ce guignol, j'en fais mon affaire.

Dans son marécage boueux, il était vraiment bien hideux et si je n'étais pas intervenu, cela aurait été une plaie pour le roi de devoir donner sa fille à becqueter à cet effroyable animal.

En deux rafales de mitrailleuse, l'affaire fut réglée. On ne m'a pas surnommé l'allumeur de réverbêêêres pour des prunes - zut, voilà que j'ai attrapé le tic de langage de l'autre, maintenant - !

Le seul problème c'est que le bruit de la mitrailleuse me fit sortir de mon sommeil. Je jetai un œil au réveil à cristaux liquides de la chambre. Il indiqua deux heures, puis, tout aussitôt, trois heures. Ah oui, c'est vrai, on changeait d'heure ce week-end ! Allons bon ! Que de contrariétés ! Pourvu que je me rendorme ! J'ai horreur de découcher et d'aller lire « A la recherche du temps perdu » dans la chambre d'amis en vue de ne pas réveiller Françoise, mon épouse, et de retrouver mon cycle de sommeil.

- Ne te bile pas, Georges, me dirent Panurge et Sheependale, on va t'aider. Ca on sait faire !

DDS 186 laineIl y avait avec eux toutes leurs brebis ressuscitées. Leur laine avait repoussé et, au lieu d'être blanche, elle était devenue multicolore. Chaque épaule d'agneau était devenue un patchwork de fils de couleurs variées savamment emmêlés. Ils se mirent en file indienne et entreprirent de sauter par-dessus une haie.

- Compte nous !

Je les comptai et effectivement, je ne fis ni une, ni deux, je me rendormis.

Au matin, quand le radio-réveil se mit en route, j'entendis Françoise, déjà levée, qui pestait contre le chien :

- Une écharpe à 32 euros, complètement déchiquetée ! Décidément, Câline, tu fais tout pour qu'on te préfère les chats !

DDS 186 120304 032Mon dragon domestique allait encore venir me secouer les puces pour que je sorte de ce lit où je me sentais si bien. Je n'allais tout de même pas lui raconter ce dont j'avais rêvé pendant le reste de la nuit ! Parce que la fille du roi, son trikini à 129 euros, je crois que je lui avais fait subir un sort aussi peu enviable ! Qu'est-ce qu'elle était jolie la sirène de Silène ! Une rousse flamboyante ! Un vrai renard du désert ! Ce n'est pas toutes les nuits qu'on apprivoise un animal pareil ! Mmmh !

Et justement, en rejetant les draps, je l'aperçois. Le trikini en lambeaux est là, à la place qu'occupe d'habitude mon épouse. Je me rappelle alors la chanson « J'ai encore rêvé d'elle et j'ai rêvé si fort que les draps s'en souviennent » du groupe « Il était une fois ».

Si Françoise la voit, cette pièce de lingerie, ça va être le martyre toute la journée pour moi, car ma bergère, native du bélier – ça ne s'invente pas – est d'un naturel très jaloux.


C'est alors que je réagis. La femme que j'ai épousée ne s'appelle pas plus Françoise que je ne me prénomme Georges et, Câline ou pas, nous n'avons pas de chien, de chat ni de mouton chez nous. A part sous le lit peut-être. Et pourquoi est-ce qu'on aurait mis le réveil un dimanche ?

A ce moment-là, le réveil sonne et je me réveille réellement. Avec ce changement d'heure, je trouve qu'on est encore partis pour de beaux décalages !

[signé : Antoine de Saint-Exubêêêrant]

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